La compétence interculturelle chez le comédien

Les définitions et applications de l’interculturel

Les définitions d’une notion

L’advenue de la notion en sociologie

L’interculturalité et le champ interculturel sont des outils en vogue par ce qu’ils semblent adaptés aux mutations des échanges contemporains, à l’importance octroyée à la communication et à ses difficultés. La grille de lecture interculturelle a tout d’abord été élaborée par la recherche en communication, afin de concevoir des outils efficaces pour les professionnels confrontés aux populations migrantes, déracinées, confrontés aux difficultés des barrières de la langue et des pratiques commes les enseignants , les travailleurs sociaux de la petite enfance et de la famille, les cadres travaillant à l’étranger dans les structures délocalisées de l’entreprise. La réflexion interculturelle, toujours ancrée dans la recherche en communication, transfère depuis quelques années ses travaux et son empreinte dans le domaine du management . Un véritable management interculturel se construit, les publications se multiplient ainsi que les séminaires et les séances de formations des « coach » en entreprises .

En rapides termes épistémologiques, au cours des années 2000, les notions d’interculturalité et de champ interculturel se sont fortement développées et ancrées dans le domaine des sciences sociales. Des chercheurs ont dévolu leurs recherches à ce champ et à sa critique, comme J. Demorgon par exemple. Des presses universitaires, telles celles de Grenoble ou de Toulouse Le Mirail se sont saisies de cette veine de recherche. La notion s’est installée dans le paysage, provoquant notamment chez l’éditeur Armand Colin, la publication d’un dictionnaire, dictionnaire de l’altériré et des relations interculturelles, 2003, sous la direction de deux professeurs de sociologie et sciences du langage, Gilles Ferréol et Guy Jucquois, auteurs d’excellentes synthèses dans les publications de l’enseignement  supérieur. Les éditions de l’Harmattan lui accorde une place croissante dans ses publications depuis la fin des années 80 . Des centres de recherches inscrivent leurs travaux dans ce champ, comme celui de Paris 7 Diderot intitulé  »Centre de recherche interculturalité et circulation médiatique des savoirs ». La présente recherche s’inscrit dans cette veine, bien entendu, mais ne souhaite pas élaborer une épistémologie d’une notion pourtant captivante car située à la confluence de notions premières dans le domaine de la communication et de la sociologie : culture, altérité et différence. On tentera ici simplement de bâtir un arrière plan conceptuel afin d’appliquer ces processus et leurs applications au monde du théâtre. La grille de lecture de l’interculturel devrait permettre d’appronfondir l’interaction ritualisée qu’est le théâtre, fonction qui explique peut-être sa permanence dans nos pratiques culturelles, et peutêtre sa nécessité et sa place particulière aux yeux des financeurs publics.

Consacrons-nous assez rapidement, dans un premier temps, à la conception de la culture qui tend à prévaloir dans le champ interculturel, sans nous enliser pour autant dans des débats notionnels déjà opérés : la communication interculturelle s’est saisie de la notion de culture dans sa dimension anthropologique – citons par exemple Kroeber et Kluckohn – et l’a répertoriée par les fameuses cinq rubriques : Etats mentaux / types de comportement/ savoirs-faire / produit de l’application de ces savoirs faire / institutions et modes d’organisations collectifs. La synthèse de ce positionnnement sur la culture est parfaitement menée par Camilleri dans le chapitre  » La culture et l’identité culturelle : champ notionnel et devenir » .

La notion d’interculturel élaborée 

La vision contemporaine a fait évoluer les conceptions totales et téléologiques de la culture (chez M. Foucault ou J. Derrida par exemple, mais aussi M. de Certeau, auteurs qui n’ont pas reculé devant la multiplication des outils et des champs de réflexion). La culture est envisagée comme un processus dynamique, rôle important de la contestation et des conflits . On s’est focalisé sur les mécanismes d’opposition dans la mesure où les identités sont bâties en fonction des différences avec d’autres groupes. »  Les travaux de Michel Wieviorka constitue une étape à ce sujet parfaitement indispensable et éclairante. Dans la place croissante octroyée aux études interculturelles, l’émergence de ce concept dans les grilles de lecture contextualise nettement cette approche. Une épistémologie rigoureuse de la notion serait une nouvelle fois nécessaire afin d’éclairer cette filiation. La pensée que les cultures se bâtissent par rapport à l’Autre dans une dialectique identité / altérité, passé / présent est prégnante dans la vision interculturelle. L’analyse interculturelle envisage les productions et les circonstances du métissage, considérant les signes transférés comme subissant des recontextualisations. N’ayant pas opté pour une approche épistémologique systématique, cette recherche s’appuie une nouvelle fois sur les synthèses opérées par C. Camilleri :

«La pluralité culturelle n’est pas une situation récente ; ce qui est par contre nouveau, c’est la reconnaissance de cette situation et sa systémisation dans tous les actes du quotidien.» ou encore : «(…) le cadre unique et unitaire ne constitue plus le mode de structuration de la personnalité individuelle et collective.» . La compétence première de l’interculturel, est d’ «apprendre à emprunter, à négocier telle ou telle appartenance, voire seulement telle ou telle caractéristique d’une appartenance.» . Nous plaçons au centre de la « pensée » interculturelle la notion fondamentale de négociation identitaire. L’interculturel se focalise sur les dynamiques à l’oeuvre, qu’elles soient explicites ou pas. Ces négociations, mises en lumière par les chercheurs de l’interculturel, semblaient se prêter au théâtre lorsque ce dernier est considéré comme l’espace-temps d’un apprentissage de soi et de l’autre, apprentissage vécu par une double corporalité, celle du spectateur et celle du comédien.

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Table des matières

Introduction
Méthodologie
1 Les définitions et applications de l’interculturel
1.1 Les définitions d’une notion
1.1.1 L’advenue de la notion en sociologie
1.1.2 La notion d’interculturel élaborée
1.1.3 L’interculturalité : une prise en compte consciente et dynamique de l’altérité
1.1.3.1 Recherche de mécanismes internes des sociétés, mouvement entre l’autre
et soi-même
1.1.3.2 L’interculturalité en relation avec l’interaction
1.2 Les échanges : le Même et l’Autre au théâtre
1.2.1 Narration / les histoires : éléments de l’identité
1.2.2 Les processus de traduction de soi et des autres au théâtre
1.2.3 Sur la fonction méta : la médiation interculturelle
1.3 Les conventions
1.3.1 Les coopérations
1.3.2 Les valeurs
1.3.3 La culture
1.3.4 Les territoires
1.3.4.1 Nature des lieux de diffusion
1.3.4.2 La spécificité de la diffusion Jeune Public
1.3.4.3 Répartition des lieux de diffusion de la compagnie Bella
1.3.4.4 La notion de réseau de diffusion
1.3.4.4.1 Un exemple à Nice
1.3.4.4.2 Le théâtre » T » : stratégie de l’interculturel
1.3.4.4.3 Le financement
1.3.5 Le rapport des forces en présence
1.3.5.1 La modélisation greimasienne
1.3.5.1.1 Théâtre  »T »
1.3.5.1.2 Le schéma actantiel de la compagnie Bella
1.3.5.1.3 Le schéma actanctiel de la compagnie Miele
1.3.5.2 Les liens : éléments de conclusion
1.3.5.2.1 La notion de réseau
1.4 Les catégories élaborées de l’interculturel
1.4.1 Catégorisation
1.4.1.1 Ouverture à l’Autre comme centrifuge : Miele
1.4.1.2 Ouverture à l’autre comme centripète : Bella
2 Richesse de la notion de frontière : un imaginaire à l’oeuvre
2.1 La définition du concept de frontière
2.1.1 L’histoire du terme et de la notion
2.1.1.1 Le mot
2.1.1.2 La notion au théâtre
2.2 La notion de frontières pour les comédiens
2.3 La fonction imaginale de la frontière
2.3.1 Les frontières comme lieu d’un apprentissage de Soi et de l’Autre. Une certaine
conception de l’altérité
2.3.2 Le théâtre comme temps et lieu d’une espace transitionnel
2.3.3 Le jeu
2.3.4 La dimension agonistique : le lieu d’un affrontement
2.4 Le paradoxe de la frontière : coupure et suture
2.4.1 Le lieu d’un dialogue et d’une antithèse
2.4.2 La frontière comme lieu d’une régulation
2.4.3 La frontière : un espace liminal
2.4.3.1 La porosité des frontières
2.4.4 La frontière : lieu d’un enjeu de décentralisation
2.4.4.1 Les lieu et enjeu d’une politique particulière
2.4.4.2 Les institutions régionales européennes de la culture
2.4.4.3 L’enjeu européen
2.4.5 La frontière comme obstacle : le lieu de la coopération
2.4.5.1 Les difficultés de la coopération
2.4.5.2 L’inadéquation des outils institutionnels
3 L’interculturalité : vecteur de l’éveil. Pour une sociologie du comédien comme citoyen éveillé
3.1 Les implications politiques de l’interculturel. L’intériorisation des frontières et de
l’interculturalité : toujours vers un art du politique ?
3.1.1 La relation énergie libidinale / théâtre / imaginaire politique
3.1.2 Le chœur
3.1.3Le travail dans la Cité : l’implication du comédien. Maîtrise et appropriation
3.2 La vigilance citoyenne du monde du théâtre
3.2.1 Le discours et la volonté de l’éveil : Bella et Miele
3.2.1.1 Les entretiens au sein de Bella
3.2.1.2 Les entretiens au théâtre « T »
3.2.1.3 Les entretiens au sein de Miele
3.2.2 La notion de résistance
Eléments de conclusion : ce théâtre est-il un véritable otium ? La fonction anthropologique du comédien : le passeur, dire l’Autre et le désir. Une fonction reconnue dans la Cité?
Conclusion

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