La communication : à la fois un vecteur et un outil 

Place dans le paysage actuel

Comme nous l’avons dit précédemment, les enjeux actuels autour du transfert et de l’innovation sont de deux natures. Tout d’abord, l’innovation « est un outil de la compétition industrielle acharnée que se livrent les entreprises et les Etats » . Outre ces objectifs de compétitivité, au niveau des organismes de recherche les liens avec l’industrie sont également en train de devenir un mode de financement majeur. La diminution des financements publics de la recherche contraint de plus en plus les équipes de recherche à s’orienter vers les industriels pour obtenir les budgets nécessaires à leurs travaux. Les enjeux du transfert touchent donc également la pérennité des organismes et de leurs recherches.
Les politiques publiques cherchent plus que jamais à favoriser ces liens étroits avec les structures privées. Nous pouvons tout d’abord constater que l’immense plan de réforme initié en 2004, qui s’est traduit par la loi de programmation de la recherche en 2006 et la loi relative aux libertés et responsabilités des universités en 2007, témoigne d’une volonté de l’État de rapprocher recherche publique et secteur privé. En 2009, la première Stratégie nationale de recherche et d’innovation (SNRI) a été rédigée. Celle-ci positionne la recherche et l’innovation comme le principal moyen, voir le seul, de construire l’avenir du pays. Elle définie trois axes prioritaires :
La santé, le bien‐être, l’alimentation et les biotechnologies
L’urgence environnementale et les écotechnologies
L’information, la communication et les nanotechnologies
La Stratégie nationale de recherche et d’innovation sera renouvelée tous les quatre ans. Selon le document, « l’identification d’orientations claires encouragera une coordination simplifiée des acteurs de la recherche pour une recherche plus efficace et plus compétitive. Elle permettra d’accroître la coopération public-privé, pour que la recherche irrigue mieux les milieux économiques ».
En 2007, un rapport sur la valorisation de la recherche française rédigé par l’inspection générale des finances et l’inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche, a été réalisé dans le but de dresser un bilan de la valorisation de la recherche française. Le constat est alors plutôt négatif puisqu’il souligne qu’ « en dépit des mesures prises depuis la loi sur l’innovation de 1999, la valorisation de la recherche ne progresse pas en France depuis quinze ans » . Malgré des progrès évidents effectués par exemple en matière de sensibilisation des organismes, leur enquête révèle de profondes disparités entre établissements : « Des pans importants de la recherche publique restent à l’écart de la valorisation, en particulier dans les universités et le CNRS » . Une comparaison avec les homologues étrangers les plus avancés ne peut que mettre en évidence un retard considérable pour la majorité des établissements français.
En Allemagne, les contrats avec les entreprises financent 13% de la recherche académique, 6% au RoyaumeUni et 5% au États-Unis, mais seulement 3% en France. La valorisation de la propriété intellectuelle représente, selon les années, entre 3% et 5% du budget de la recherche aux États-Unis, contre 1% en France.
Selon ce même rapport, un handicap structurel pourrait expliquer ces faibles résultats : les structures de valorisation devraient être « rationnalisées » et « professionnalisées » pour un meilleur accompagnement et une facilitation des démarches. Le rapport évoque également une barrière liée aux critiques suscitées dans le monde de la recherche par ce type de pratique, craintes pourtant injustifiées selon leur enquête.
Ainsi, nous avons mis en évidence une lente évolution des rapports entre recherche et industrie. Les enjeux très forts liés à l’innovation, en termes de compétitivité et de croissance des entreprises mais aussi de l’État, donnent aujourd’hui tout leur sens à ces relations public-privé. Nous ne pouvons cependant que constater des résultats médiocres concernant les pratiques effectives en France, d’où la nécessité de comprendre les freins et de mettre en place des outils pour instaurer une vraie dynamique de transfert.

Une des missions principales de l’INRIA

Les particularités de cet organisme de recherche

Contrairement aux autres EPST, l’INRIA est placé sous la double tutelle du ministère en charge de la recherche et du ministère en charge de l’industrie. Ce double statut le place en première ligne pour les relations avec le secteur privé. Une deuxième spécificité de l’INRIA vient du fait qu’il s’agit d’un organisme de recherche spécialisé, contrairement aux universités ou à d’autres EPST comme le CNRS (Centre national de la recherche scientifique). Ces thématiques sont orientées autour des sciences numériques : mathématique, informatique, robotique, etc… Or, ces thématiques ont connu une évolution fulgurante ces cinquante dernières années. Aujourd’hui, les technologies numériques sont omniprésentes et la demande de la société se fait de plus en plus pressante. Cela place une nouvelle fois l’INRIA à l’interface avec le monde industriel pour répondre à la demande sociétale en termes de technologies.

Des chercheurs encore hésitants

Après avoir analysé la situation concernant le transfert technologique à l’échelle de la recherche française, puis à l’échelle de l’INRIA, nous pouvons nous interroger sur la place de ces pratiques dans le métier de chercheur. Les rapports analysés précédemment mettent en effet en évidence le fait que ces questions font « toujours l’objet de discussions au sein de la communauté scientifique » et que « les mesures destinées à développer la valorisation de la recherche ne sont pas sans susciter certaines critiques, parfois vives » . Il est donc intéressant de comprendre les raisons de ces craintes envers les pratiques de transfert technologique. Nous avons mis en évidence dans cette partie, trois facteurs que nous avons identifiés comme pouvant constituer un frein au transfert pour le chercheur.
Pour alimenter la réflexion sur ce point, ainsi que toute la suite du mémoire, plusieurs entretiens ont été menés avec des personnes d’horizons différents. Tout d’abord, des personnels « support à la recherche » s’intéressant à la communication sur le transfert à l’INRIA : un responsable de service communication, un chargé des partenariats et projets d’innovation responsable de service Relations extérieures et valorisation, et une personne chef de projet Transfert et Innovation, membre de la direction de la communication. J’ai également réalisé des entretiens avec des chercheurs de différentes équipes INRIA. J’ai utilisé pour ces entretiens la même grille pour les chercheurs (Annexe B page 56). Pour les personnels « support à la recherche », cette grille a été complétée par des questions concernant leurs activités professionnelles (Annexe B page 54-56).

Une démarche contraignante à haut risque

Cette notion de risque est inhérente à la démarche de transfert. Comme nous l’avons montré, le transfert s’inscrit dans une démarche plus globale d’innovation. Or celle -ci est « un terrain dangereux » car « elle oblige à sortir du connu pour aller dans le domaine de l’incertitude, du risque, du changement, de la perturbation,… » . Selon le type d’innovation, la démarche va se heurter à un certain nombre d’obstacles dans les mentalités qui pourront se trouver du côté de l’industriel, du consommateur, du financeur,…
De plus, la démarche de transfert implique des enjeux financiers très forts. En plus des incertitudes liées à l’acceptation de la technique, il faut donc également tenir compte des incertitudes et risques permanents du marché. La perspective de l’échec engage les chercheurs financièrement, parfois d’un point de vue personnel dans le cas de la création d’entreprise par exemple.
Nous pouvons également noter que ce sont des démarches complexes, qui demandent un fort investissement du chercheur pour être menées à bien. La question se pose donc, du point de vue du chercheur, de l’intérêt d’un tel investissement par rapport au risque encouru.
Cela peut être relativisé par les structures d’accompagnement qui sont mises en place pour faciliter la tâche du chercheur et les démarches à suivre, et par le fait que les actions de transfert ne contiennent pas toutes le même degré de risque, comme nous l’avons indiqué dans la partie A (page 10). Cependant, ces éléments ne sont pas forcement connus des chercheurs (Voir partie C page 43).
À cela vient s’ajouter le fait que ce sont des démarches contraignantes pour le chercheur qui a l’impression d’être dépossédé du fruit de son travail. Ainsi, un chercheur interrogé a clairement exprimé des craintes concernant le fait de ne plus pouvoir utiliser des résultats pour la suite des recherches de son équipe du fait « de perdre les droits dessus ». Un autre a décrit une crainte de « perdre la technologie que l’on est en train de faire » et de ne plus pouvoir l’utiliser par la suite. Ainsi, le chargé des partenariats et projets d’innovation interrogé a insisté sur la nécessité de « ne pas verrouiller les chercheurs dans leur développement scientifique ».

Une mauvaise reconnaissance

Le second point qui va constituer un frein au transfert pour le chercheur est la mauvaise reconnaissance de ces pratiques au sein de la profession. C’est en effet, un point qui revient très fréquemment dans les différents rapports. Selon ceux-ci, la diversité des formes de transfert et les différents domaines qui y sont liés (aspect financier, propriété intellectuelle, économie nationale,…) ne permettent pas de fixer un critère unique et universel pour l’évaluation des activités de valorisation. Il va donc y avoir nécessité de mettre en place de nombreux critères pour chacun de ces aspects. De plus, certains de ces critères sont difficiles à appréhender de manière précise. En 1997, le rapport de la Cour des comptes affirme même, en parlant des commissions de scientifiques chargées de l’évaluation des chercheurs : « Les jugements de ces commissions sur la valorisation ne sont ni homogènes ni clairement affichés : elles ont encore, dans l’ensemble, peu intégré d’autres critères que l’unique l’efficacité d’un chercheur que sont les publications dans des revues à comité de lecture » . Il en découle une mauvaise prise en compte des pratiques de transfert dans l’évaluation des chercheurs, ce qui constitue un frein majeur à leur implication dans ce type de démarche.
Ce point de vue peut être relativisé par les efforts qui sont mis en œuvre actuellement pour compenser cette lacune dans de nombreux organismes de recherche. Le rapport de 2007 affirme en effet que « la valorisation, longtemps considérée comme suspecte dans le monde scientifique français, devient progressivement un élément favorable dans l’évaluation individuelle des chercheurs » . À l’INRIA, la commission d’évaluation s’est intéressée à cette question en 2007, dans le but de proposer des améliorations à apporter au système d’évaluation interne des chercheurs pour une meilleure prise en compte de ces pratiques. Il en est ressorti un rapport sur l’évaluation des transferts qui constate que l’intégration du transfert
dans l’évaluation des chercheurs est encore loin d’être aboutie. L’étude présentée dans ce document confirme en effet que la crédibilité accordée à l’évaluation des publications et des contributions scientifiques n’a pas d’équivalent pour l’évaluation des transferts, et constate une forte « dissymétrie de qualité d’évaluation de ces deux composantes ». Le document propose alors une grille d’analyse des actions de transfert prenant en compte différents critères:
Une description de la nature de « l’objet » transféré
La caractérisation des modalités du transfert
Le rôle du candidat dans le transfert de l’objet décrit
L’impact que le transfert a eu pour son bénéficiaire, et pour l’INRIA
Le rapport détail le contenu et la mise en œuvre de chacun de ces critères pour une meilleure intégration dans le processus d’évaluation des chercheurs, et dans le processus de recrutement.
Nous pouvons également constater que de plus en plus d’organismes mettent en place des prix pour les chercheurs, dont certains sont consacrés à l’innovation ou au transfert. Le CNRS notam ment a créé en 2011 la « Médaille de l’innovation » pour « honorer une recherche exceptionnelle sur le plan technologique, thérapeutique, économique ou sociétal » . L’INRIA a également instauré des prix d’excellence en 2011, dont l’un se consacre à l’innovation en « récompensant un scientifique […] ayant été particulièrement actif dans le domaine du transfert et de l’innovation dans le champ des sciences informatiques et mathématiques. Ce prix s’appuiera notamment sur un partenariat industriel en cours de consolidation ».
Ainsi, les pratiques de transfert ont longtemps été tenues à l’écart des critères d’évaluation des chercheurs, à cause d’une certaine suspicion envers les pratiques mais également à cause de la difficulté de mise en œuvre. Devant les enjeux grandissant concernant le transfert, des efforts notables sont réalisés par les organismes de recherche pour pallier à ce manque. Cette intégration est cependant lente à s’instaurer .
L’un des chercheurs interrogés, affirmant que « la carrière du chercheur se fait sur les publications pas sur le transfert » conclura en disant que « le transfert est donc pénalisant, il n’y a pas d’intérêt pour le chercheur à faire du transfert ».

Des démarches fondamentalement opposées

Danièle Blondel, dans son article Le rôle des scientifiques dans le processus d’innovation, distingue le chercheur et l’innovateur, dont les démarches sont selon elle « intimement imbriquées et constituent toutes les deux des démarches d’apprentissage ». Elle affirme cependant que ces démarches « ne peuvent pas être confondues puisque […] la recherche de nouveaux savoirs est mue dans un cas par la curiosité et dans l’autre cas par l’utilité économique » . Cela rappelle la théorie de Merton selon laquelle la communauté scientifique reposerait sur un ensemble de règles, de valeurs et de normes auxquelles le chercheur est censé devoir se conformer pour atteindre son but d’accroissement des connaissances. Il parle alors d’ »éthos scientifique » désignant un ensemble de normes intériorisées guidant les scientifiques dans leurs pratiques de recherche. Merton met en évidence quatre normes principales qui sont l’universalisme (caractère impersonnel des travaux), le communalisme (production pour la communauté scientifique), le désintéressement (objectivité et intérêt général) et le scepticisme organisé (doute perpétuel et examen par les pairs). Ces normes s’avèrent largement incompatibles avec celles du monde industriel. L’idée de communalisme implique par exemple la notion de bien commun des connaissances produites. Or les actions de transfert introduisent inévitablement la notion de bien marchand dans les pratiques de recherche. De plus, le transfert constitue une barrière à la libre circulation des résultats, qui est le socle de l’activité scientifique.
Recherche et industrie seraient donc deux mondes diamétralement opposés tant au niveau des valeurs que des pratiques ? Force est de constater que les normes décrites par Merton ont fortement évolué. Dans son article Compromis institutionnels et hybridation entre recherche publique et recherche privé, Maurice Cassier décrit notamment les différentes conditions à une hybridation efficace de ces deux mondes en intégrant les intérêts de chacun des parties. Dominique Vinck, professeur de sociologie, parle également d’un « passage d’une science à prétention universelle à une science contextuellement pertinente. L’applicabilité est devenue un préoccupation dominante, loin de la science contemplative, du savoir universel qui prétendait se substituer aux croyances » . Comme lui, les sociologues sont aujourd’hui nombreux pour affirmer qu’une nouvelle manière de concevoir la science est en train d’émerger.
Nous pouvons cependant nous demander jusqu’à quel point ces nouvelles pratiques de recherche impliquant une nouvelle manière de concevoir la circulation des savoir s, la propriété intellectuelle, et les objectifs mêmes du métier de chercheur, se sont répandues dans la communauté scientifique. Le rapport de 2007, note l’existence de critiques parfois vives concernant les pratiques de transfert au sein de la communauté scientifique. Ces craintes font selon le rapport référence notamment à la dépendance de la recherche publique aux intérêts de l’entreprise, mais aussi à la compromission du système de la science ouverte dont les résultats sont exploitables par tous . Une étude réalisée par Dominique Vinck au sein d’un laboratoire très impliqué dans les démarches de transfert permet de révéler que malgré une banalisation et une automatisation de ce type de pratiques au sein du laboratoire, de nombreuses craintes y subsistent. Il constate que « la marchandisation généralisée des connaissances n’est pas une tendance lourde et univoque, même dans les lieux dont c’est la mission » . Il s’appuie pour cela sur de nombreux témoignages des membres du laboratoire qui affirment avoir le sentiment d’être « vendus aux entreprises » par leurs supérieurs hiérarchiques, « d’être une vache à lait », d’être dans une « position de soumission ».
Ce constat est confirmé par les entretiens que j’ai menés auprès de chercheurs et ingénieurs de l’INRIA. Les personnes interrogées ont en effet affirmé de manière globalement unanime que réaliser du transfert revient en quelque sorte à « changer de métier ». De plus, les actions de transfert sont parfois mal perçues au sein de la communauté scientifique car les scientifiques « veulent entendre un discours scientifique de haut niveau » . Or les actions de transfert sont souvent perçues comme très applicatives et moins intéressantes sur le plan scientifique. Selon les chercheurs interrogés, un jeune chercheur  qui souhaiterait faire carrière doit se concentrer sur les publications et ne pas s’investir dans les démarches de transfert.

Une culture de l’innovation à l’INRIA ?

Selon le sociologue Denys Cuche, « la notion de culture est inhérente à la réflexion en sciences sociales ». Selon lui, elle est indispensable car « l’homme est essentiellement un être de culture » et cette approche permet donc d’appréhender la diversité de ses modes de vie et de ses systèmes de valeurs. Ainsi, cette notion de culture constitue un maillon intermédiaire d’analyse pour comprendre les liens qui relient dynamique du transfert et communication vers les chercheurs.
Nous verrons dans cette partie à quoi correspond la notion de culture au sein d’un organisme en nous appuyant sur la notion de culture d’entreprise et en confrontant approche managériale et approche sociologique. Grâce à la mise en place de plusieurs indicateurs, nous mettrons en évidence que les liens forts avec l’industrie constituent un trait important de la culture de l’INRIA, première étape vers une culture de l’innovation.

Mettre en évidence la culture

Définir la culture au sein d’un organisme

Avant toute chose il m’est paru nécessaire de préciser cette notion de culture. Étymologiquement, ce terme vient du mot latin colere signifiant « habiter », « cultiver », ou « honorer » . Cela renvoie donc à une activité humaine mais recouvre plusieurs sens selon le contexte d’utilisation du terme. Selon l’article du dictionnaire Larousse en ligne le terme de « culture » peut désigner tour à tour un ensemble de « connaissances dans un domaine particulier », un « ensemble de phénomènes matériels et idéologiques qui caractérisent un groupe éthique ou une nation, une civilisation », ou encore un « ensemble de signes caractéristiques du comportement de quelqu’un (langage, gestes, vêtements, etc.) ». Nous comprenons donc que le terme « culture » va pouvoir renvoyer à différents concepts selon l’utilisation qui en est faite mais également le courant de pensée dans lequel on s’inscrit. Selon Denys Cuche, « la notion de culture, comprise au sens étendu, qui renvoie aux modes de vie et de pensée, est aujourd’hui largement admise ». De manière plus précise, Maurice Thévenet cite la définition de Schein , selon lui très reprise dans la littérature, selon laquelle « la culture correspond à la fois à des matériaux culturels (rites, langages), à des valeurs et à des références fondamentales, tout cela étant censé guider les comportements individuels». Nous conviendrons de cette définition de départ, pour étendre le concept à une communauté plus spécifique, celle de l’organisation.
En effet, les différentes théories de l’organisation confèrent à l’organisation plusieurs composantes majeures, dont la culture : « Waterman et Peter (2004) considèrent l’organisation comme étant dotée de structures, de systèmes de gestion et d’une culture » . L’expression « culture d’entreprise » est ainsi apparue dans les années 1970 dans les entreprises américaines. En France, la notion fait son apparition dans les années 1980, dans une période de crise économique . Tout comme pour la culture au sens large, la définition de la « culture d’entreprise » fait polémique selon les approches. Étant donné que le terme a émergé, non pas dans le monde des sciences sociales, mais dans celui de l’entreprise, nous nous concentrerons dans un premier temps sur l’approche managériale. Cette approche considère la culture d’entreprise comme « un ensemble de références, partagées dans l’organisation, construites tout au long de son histoire, en réponse aux problèmes rencontrés par l’entreprise » . Nous devons noter que, dans cette approche, la culture est également perçue comme un élément de diagnostic de la stratégie de l’entreprise et un référent pour la mise en œuvre. La culture de l’entreprise est en effet étroitement liée aux comportements des personnes : « La culture est aussi une source de comportements donc de performance parce qu’elle génère des représentations. […] Or ces représentations sont en partie à l’origine des comportements car chacun agit aussi sur la base de schémas mentaux qui orientent la perception de la réalité, de ce qui est possible et souhaitable. »
Dans le cadre de ce mémoire, nous appliquerons ce concept de culture d’entreprise à un autre type d’organisation, les organismes de recherche, en nous appuyant sur l’exemple de l’INRIA. Nous utiliserons cette théorie comme un cadre de lecture de la situation que nous étudions, ce qui nous permettra de faire émerger des tendances dans l’organisation et des solutions de gestion liées à la communication (Voir partie C page 39).

Analyse de l’histoire de l’organisme

Les objectifs poursuivis

Dans un second temps, nous nous sommes intéressés à l’histoire de l’INRIA, en axant principalement l’analyse, comme précédemment, sur un fort ancrage dans cette histoire des liens avec l’industrie. Nous avons choisi une revue publiée à l’occasion des quarante ans de l’INRIA en 2007, nommée Code Source, comme support d’analyse. Quarante numéros de cette revue sont parus durant les quarante semaines précédant l’événement, au rythme d’un numéro par semaine. À chaque parution, il a été diffusé à l’ensemble du personnel INRIA. À l’issue des quarante numéros, une revue brochée a été réalisée et a été distribuée à l’ensemble du personnel. Ce support nous est paru intéressant d’une part car il est uniquement dédié à l’histoire de l’INRIA, dans sa totalité, et d’autre part car il correspond à l’aboutissement d’un travail réalisé par deux historiens. Ce travail historique, qui fut le premier réalisé par l’INRIA depuis sa création, témoigne d’une volonté de renforcer un sentiment d’appartenance à l’organisme et de partager des valeurs liées à des racines communes. Comme nous l’avons vu lors de la définition de la culture d’entreprise, l’histoire est en effet un indicateur très important de la culture d’un organisme et ce genre de travail de diffusion de l’histoire témoigne d’une volonté de diffuser cette culture. Ce travail a été réalisé à partir de sources diverses : archives internes, entretiens, sources publiques (Ministère de l’Industrie, Ministère des Finances, archives nationales, archives présidentielles comme celles de Georges Pompidou), sources privées (entreprises, start-ups, archives personnelles), presse interne et externe et bibliographie diverse.
Chaque numéro de la revue, retraçant les événements d’une année, a été construit sur le même modèle : deux articles rédigés par les historiens au recto et deux témoignages de personnes ayanttravaillé àl’INRIA à l’époque au verso (figure 15). On y trouve également un encadré « Et pendant ce temps » sur les événements ayant marqué l’année concernée et un encadré « Le saviez-vous » sur des événements du domaine des STIC. Enfin, chaque numéro peut contenir des illustrations légendées. Nous avons réalisé une analyse de contenu de la revue pour tester l’hypothèse suivante : « L’histoire de l’INRIA est fortement marquée par des relations fortes avec le monde industriel »

 

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Table des matières
INTRODUCTION 
A. TRANSFERT TECHNOLOGIQUE ET RECHERCHE SCIENTIFIQUE EN FRANCE 
1. Une priorité pour la recherche française
2. Une des missions principales de l’INRIA
3. Des chercheurs encore hésitants
B. UNE CULTURE DE L’INNOVATION À L’INRIA ? 
1. Mettre en évidence la culture
2. Analyse des modes de représentation vis-à-vis de l’extérieur
3. Analyse de l’histoire de l’organisme
4. Conclusion
C. LA COMMUNICATION : À LA FOIS UN VECTEUR ET UN OUTIL 
1. Rôles de la communication
2. Placer le transfert au sein des discours
3. Un brouillage entre communication interne et externe
CONCLUSION 
BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE 
SOMMAIRE DES ANNEXES 
LISTE DES ACRONYMES
TABLE DES FIGURES 
TABLE DES MATIÈRES

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