Le système de riviôres dense du versant sud.
Le role de collecteur d’humidité de Ia forêt du Kilimandjaro a pour consequences les nombreuses rivières d’orientation nord-sud, et les sources permanentes, tandis que dans le bas pays les sources sont le résultat de La percolation de l’eau (Cf figure n°3, p. 20).
Deux principaux affluents concentrent l’écoulement sur le versant sud.
s’agit au nord-ouest du Kikuletwa, et au nord-est du Ruvu. us se rejoignent au reservoir de Nyumba Ya mungu dans Ia plaine et forment le bassm ) hydrographique du Pangani.
Le bassin de Kikuletwa compte Ies rivières Sanya, Kware, Kikafli, Weru Weru, et Karanga. A La confluence du Kikuletwa et de Sanya se trouvent un groupe de sources : Rundugai, Chemka, et Chockaa. Elles foumissent 40 % de l’écoulement de Kikuletwa. D’aprés le rapport de la Japanese Intemationnal Cooperation Agency de 1977, les volumes de l’écoulement moyen annuel de Kikuletwa étaient de 738 millions de metres cube par an (II faut toutefois utiliser ces chiffres avec prudence car des estimations des debits, effectuées pour le projet d’irrigation du bas Moshi, se sont révélées incorrectes ii y a quelques années, et les terres cultivées ont du être réduites).
Sur Ia moitié est du versant sud, le bassin de Ruvu rassemble les nvières de Rau, Mue, himo et Kisangiro (cette dernière ne provient pas des hautes altitudes du Kilimandjaro). Toujours selon les mémes sources, 454 millions de metres cube d’eau s’écoulaient en moyenne chaque année.
C’est sur le versant Sud que la décharge des rivières est Ia plus significative. C’est donc sur ce versant que les potentialités des ressources en eau de surface sont les plus importantes. Le pic de l’écoulement apparalt pendant les mois d’Avril, Mai, et juin oü 60 a 70 % de l’écoulement total annuel se présente (JICA, 1977). La variation des précipitations dans Ic temps et dans l’espace contribue aux variations du régime des rivières . Méme les rivières pérennes voient leur écoulement diminuer pendant Ia saison séche.
A cet ensemble de rivières majeures des hauts pays (Kikafti, Weruweru, Karanga, Rau, Mue, Himo, et Sagana) s’ajoute un réseau secondaire trés dense de dizaines d’affluents. Puis dans les bas pays les rivières deviennent moms nombreuses, et Ia plupart sont intermittentes en raison d’une evaporation plus importante, de l’infiltration, et du nombre de derivations.
Une des caractéristiques les plus importantes par son incidence sur les installations humames, est le traçé de ces rivières, grossièrement perpendiculaire aux courbes de niveau.
Les rivières ont taillé des espaces-reflige
Les pentes du Kilimandjaro morcelées par les cours d’eau, ont donné une série de nombreuses planèzes juxtaposées, d’orientation nord-sud. R. Brunet définit Ia planèze comme un plateau de laves découpé en triangle par les cours d ‘eau divergeants d ‘un cone volcanique de grande dimension. Les planézes sont séparées par des barrancos ou ravins surflancs de cone volcanique (R. Brunet, 1992) au fond desquels coulent les rivières (Cf figure n°5 p. 23).
C’est sur ces planèzes que s’est effectuée l’occupation humaine. Le caractère original de ce peuplement est que chaque chefferie était localisée sur une croupe (Cf figure n°4 p. 22). A Ia fm du 19° siècle, Ic Kiimandjaro comptait 37 chefferies (Stahl, 1964) séparées par les frontières naturelles qu’étaient les profondes vallées aux versants raides. La topographic Ct la vigueur des pentes étaient autant d’obstacles aux envahisseurs venus d’une autre planèze, ou de la plaine, comme les Massai. On peut qualifier ces territoires d’espaces-refuge. Les premiers habitants avaient d’ailleurs colonisé les versants les plus hauts dans le but de s’isoler pour mieux se protéger. La zone d’habitation traditionnelle des Chagga était située entre 1400 et 1800 metres, car au-delà se situait la forét. Us avaient disperse leurs maisons dans la bananeraie, chaque famille avait établi sa propre ferme : Ia kihamba est <<l’unité fonciêre formée de la bananeraie et des huttes d’habitation>> (Devenne, 1996). Chaque planèze avait une identité propre, et parlait un dialecte particulier. L’organisation sociale assurait une division des travaux qui était basée partiellement sur le clan. Tandis que certains clans tels que les Mfongo étaient spécialistes de l’irrigation, d’autres étaient apiculteurs etc.
Dans les années trente, I’ensemble des terres des hauts pays avaient été conquises par les populations chagga cc qui impliquait Ia subdivision des parceiles (les ills d’une famille obtiennent de leur pére un bout de parcelle pour fonder leur foyer). Pour remédier a cc morcellement, les paysans descendirent cuitiver des terres plus basses. Et aujourd’hui bon nombre de ménages des hauts pays ont une parcelle sus les pentes plus basses, ou sham ba , oü dominent mais et haricots (deux tiers d’entre-eux, d’après Poily Gilhingham, 1997).
Depuis les années soixante, le peuplement s’est poursuivi dans ces bas pays, et c’est a cette altitude que la croissance démographique est la plus visible aujourd’hui. Si l’on trouve les plus hautes densités entre 1100 et 1800 metres ( qui sont comprises entre 650 et 1000 habikm2), en-des sous de 900 metres, elles sont d’environ 50 habilcm2, mais Ia croissance démographique y était de 70 % entre 1978 et 1988, contre 20 % aux hautes altitudes, (Gilhinghain, 1997).
Aujourd’hui, l’organisation spatiale du versant est Ic résultat de plusieurs contraintes : climatiques et topographiques, et ensuite ethniques et démographiques. Cela a aboutit a un paysage de planezes de plus en plus densément peuplées au fur et a mesure que l’on monte (on peut trouver des épiceries, Ct le trés consommé Coca Cola jusqu’à quasiment 1800 metres). Face a Ia contrainte majeure de trouver un bout de terre pour vivre, un paysan s’mstalle indifférement sur une planèze différente de ceile de son clan d’origine; dans les bas pays, les populations viennent de différentes chefferies, et sont donc plus éparpiilées dans l’espace. Le modèle chefferie-planéze tend a évoluer vers la mixité dans les bas pays, tandis qu’une structure plus traditionnelle se maintiendrait dans les hauteurs.
A Urn East
Les frontières du Ward d’Uru East sont matérialisées par les deux cours d’eau que sont Mware, a l’est qui prend sa source au-delá de la forét vers 2740 metres, et a l’ouest Mrusunga qui commence plus bas, dans la forét a environ 2130 metres. Au sud, c’est la confluence des deux rivières qui constitue Ia limite sud du Ward vers 850 metres. Au nord, la forêt constitue une frontiére natureile, les dernières habitations se situent autour de 1830 metres sur sa bordure (Cf figure n°6 p. 25).
C’est a l’intèrieur de ces limites que s’est effectuée la colonisation des terres, depuis les sommets des interfiuves jusqu’au fond des depressions. Aujourd’hui le moindre espace de terre est colomsé, si bien qu’en longeant le canal Sambuta de Mwasi South, on peut voir que jusqu’ã proximité des rives de Mrusunga, on trouve bananiers et caféiers.
Si les pluies ont attire les populations, c’est l’orientation du système de rivières qui a déterminé leur installation.
Un système d’irrigation réputé
L’abondance des ressources en eau et la conquête des terres ont mduit l’élaboration d’un système d’irrigation performant a l’origine de la structuration de l’espace montagnard. <<Les originalités des Chagga : leur organisation territonale est plus avancée >>, (Gourou, 1966, p. 131).
En effet Si l’installation des homines a été definitive, c’est parce qu’ils ont créé un ensemble de canaux de derivation d’eau relativement complexe et efficace. Aujourd’hui encore et plus que jamais, us font partie des techniques et des pratiques agricoles des fermiers. C’est un aspect fondamental de l’agriculture chagga, et de l’organisation de l’espace. Aussi nous a t-il semblé primordial d’en décrire le fonctionnement.
Petit historigue de l’irrigation au pays des Chagga
Pour examiner L’ancienneté, Ct comprendre l’état actuel du système d’irrigation Chagga, nous avons utilisé les récits de trois auteurs différents Fidelisi Masao (1974), Alison Grove (1993), et Polly Gillingham (1997). ils ont eux mêmes travaillé sur cet aspect, Ct se sont pour cela appuyés sur les récits de voyageurs ou autres auteurs dont nous n’avons pas trouvé les documents. II s’agit de Dundas C. (1924), Kilimanjaro and its people, Whiterby Londres; ou encore Pike A.G. (1965) Kilimanjaro and the furrow system. Tanganyika Notes and Records, Tanzanie, etc…
Si les origines des canaux au Kilimanjaro ne sont toujours pas connues précisément, Masao et Dundas ont tous deux entamé des recherches et émis des suggestions.
Masao avance que le système d’irrigation serait aussi vieux que l’installation des Chagga au Kilimanjaro : il propose une ancienneté de 300 a 400 ans.
De son coté, Dundas explique la » raison d’être » du système par l’existence de la culture de I’éleusine, irriguée en saison sèche, et utilisée dans la fabrication de la bière locale, la mbege (L’éleusine sera remplacée par La culture du café des les années vingt, qui elle même nécessite d’être irriguée pendant Ia saison sèche).
Polly Gillingham nous montre que cc sujet suscite des désaccords que nous n’expliciterons pas.Touj ours est-il qu’il y a matière a travailler.
Malgré tout nous pouvons dire que l’expédition d’Harry Johnston, dans les années 1880, confirma l’existence des canaux, en rapportant que la quasi totalité des crêtes colonisées par les Chagga avaient chacune leur propre canal d’irrigation. ils avaient construit des petits canaux qui irriguaient les versants terrassés.
Développés d’abord dans les hauts pays, les canaux furent construits sur des terres de plus en plus basses, a mesure que les Européens désinfectaient la plaine et le piémont de la mouche Tsétsé. Les Chagga s’installèrent sur les pentes basses du Kilimanjaro qui témoignent d’un climat plus sec, qui entramna la construction de nombreux canaux partout oü cela était possible.
Pendant Ia période coloniale (en 1890-91, le protectorat britannique est établi sur la côte, celui de l’Allemagne sur l’intérieur), le système se développa, le gouvemement colonial mesura l’importance du role de l’agriculture irriguée, et ne se risqua pas a bouleverser les pratiques d’une population si dense, et d’une region si influente. Dans le but de limiter les gaspillages il oeuvra a Ia construction, et a la modernisation des canaux.
Entre 1900 et 1967, la population rurale flit multipliée par4 ou 5, avec comme corollaire Ia forte augmentation du nombre de planteurs. En effet, au nombre de 3300 en 1923-24, us étaient 87 000 a la fm des années soixante; 90 % des ménages ruraux étaient impliqués (Grove, 1993). A partir de cette période, les besoms en eau flirent énormes, et le nombre de derivations augmenta en consequence. A la fm des années cmquante, Pike affirme: <<ii y a maintenant tant de canaux que la plupart des fermes au Kilimanjaro sont a une courte distance de l’un d’eux . L’enjeu de Ia maltrise des ressources en eau n’est donc pas un phénomène nouveau, et Von peut deja s’mquiéter de savoir si les ressources en eau pour une population nombreuse et en augmentation étaient suffisantes. De même l’écosystème pouvait-il supporter de telles ponctions en eau?
L’existence de ces canaux présente un autre enjeu: Ia réalité sous-jacente des rapports sociaux, et d’une repartition des pouvoirs conditionnés par La gestion du système, et le partage de Feau. En effet, depuis Ia période pré colomale, la gestion du canal relevait de l’autorité du clan (le clan est une unite sociologique constituée d’individus se reconnaissant un ancétre commun; sur chaque crete, ou planèze, était rnstallé tin clan different de celui de Ia planèze opposée). Cette autorité était centrale dans Vutilisation des canaux, leur gestion, et Ia distribution de I’eau. Elle était incamée par Ia personne du leader du canal, personnage respecté et sage, et de notoriété publique (nous étudions ce sujet dans la seconde partie).
Sons Ic gouvemement socialiste, l’autorité du Leader est diminuée. En 1975, les autorités locales réclament Ic contrôle des canaux, Ct veulent assumer la responsabilite de leur gestion. Le Leader Njau (qui porte le nom de son clan) dii village Mahoma a Old Moshi, m’expliqua: « après i’indépendance (en 1961), Nyerere amena le communisme qui venait de Chine, des Mbaiuzi ont été installés dans les villages, us étaient du TANU (le Tanganyika African Nationalist Union est alors le parti nationaliste de Julius Nyerere, élu Président de la République en 1962). us travaillaient pour le Chairman, et leur responsabilité était le paiemenz des taxes au gouvernement. I/s étaient responsables de 10 families, et étaient 10 a 20 par village.Depuis le multipartisme, ii n’y a pius de Mbaluzi, et quand ie gouvernement veut travailler sur les canaux, c’est le leader de clan qu’il vient voir ».
Le gouvemement avait donc un contrôle sur Ia situation. Mais aujourd’hui, l’autorité sur Ic canal revient a un Leader et a I’ensemble de Ia communauté des membres (cette question est l’objet d’un paragraphe de la seconde partie), dans Ia tradition des pratiques de I’irrigation. Dans Ic respect de ces principes, le chapitre 5 des Bye-law (lois locales du village) intitulé Mferyi ya Kyyi (canal du village), écrit par le District Comm issionner (Ofticier responsable du District), et les membres du canal, est reconnu par le gouvernement tanzanien. II reconnaIt l’autorité des utilisateurs et du Leader sur Ic canal.
Parallêlement a cela, dans les années soixante dix, un changement s’opère lie a une politique gouvemementale qui vise a installer des canalisations dteau sans frais, afin d’approvisionner les ménages en eau domestique. Cela a pour consequence La diminution du nombre de canaux. xC’est un contrôle local soutenu qui a assure la survie des traditionst’, (Grove, 1993).
Bien que le nombre de canaux ait diminué, leur role reste de premiere importance, tant par la vigueur de leur nécessité, que par la vie sociale qui s’est déroulée autour de leur utiisation. En outre, le creusement d’un réseau de canaux a participé au marquage de l’espace, ce qui nécessite une étude descriptive du canal.
Description physique du canal
La quasi totalité des informations qui vont être indiquées sont issues d’observations, d’interviews, et de relevés de terrain effectuës dans les villages d’Uru East. De méme, les données chiffrées proviennent d’entretiens réalisés avec les responsables locaux tels que les Maires de village, et Leaders. Les documents statitistiques concernant les canaux sont quasiment inexistants. Certains chiffres sont donc approximatifs. Certaines mesures effectuées par nos soins, avec les moyens du bord, peuvent &re approximatives mais cependant réalistes.
Le cheminement de Feau
L’écoulement se fait par gravité et est dirigé par des sillons, ou canaux creusés dans les versants, a partir de Ia derivation de cours d’eau ou de reservoirs artificiels.
Les canaux conduisent l’eau depuis La source, qui est le plus souvent une rivière, ou a été aménagée une prise d’eau ou intake, ou encore chemchem en kiswahili, et par laquelle l’eau est dérivée. Le canal serpente le long des versants escarpés, jusqu’ã une zone habitée de l’interfluve. A quelques centaines de metres, ou quelques kilométres de l’intake, le canal se subdivise en branches qui sont des méme subdivisées de manière volontaire par les paysans vers leur kihamba (Cf photos n°1 et 2, p. 29). Ces subdivisions sont des rigoles individuelles creusées par Ic paysan,qui peut en modifier a volonté le trace et l’emplacement, selon les besoins, et les contramtes de Ia saison.
Les dimensions du canal
La longueur d’un canal est variable, pouvant atteindre quelques kilomètres a une dizaine de kilomètres. A Materuni, les canaux mesurent dix et douze kilomètres. La largeur du canal diminue du haut vers la bas, et peut mesurer un metre a Ia prise d’eau, puis rétrécir jusqu’à trente a vingt centimetres au mveau des branches. La profondeur vane avec l’altitude et le debit die n’excède pas soixante centimetres, et se situe en aval autour de trente a vingt centimetres. Ce qui est remarquable, c ‘est la régularité de Ia faible pente des canaux, qui se situe autour de dix degrés. Les canaux suivraient approximativement les courbes de niveaux. « En 1924, Dundas admirait l’habileté des Chagga a aligner les canaux sans instrument de mesure » (A. Grove, 1993).
Les ouvrages de tête
La derivation des cours d’eau s’est opérée par des aménagements effectués là oi les conditions du terrain étaient favorables.
La faiblesse de la pente, ou un « replat » du lit de la rivière, favorise l’apparition d’une petite mare oü l’écoulement nest pas turbulent, et permet La division du lit en deux lits distincts dont un servira de canal. C’est Ic cas du canal de Kyoyo a Mwasi South.
La presence de gros blocs de pierre sur le site de la prise d’eau est favorable a la construction d’un muret qui détournera une partie de i’eau au profit du canal. On trouve cc cas de figure touj ours a Mwasi South, a La prise d’eau du canal Sambuta (Cf photo n°3 p. 31).
Mais certains canaux ont bénéficié de projets gouvemementaux, ou d’organisations non gouvemementales, ou plus rarement, de projets finances par les membres du canal. Des ouvrages de tête plus sophistiqués, en ciment, et branches directement sur le canal, ont été construits (Cf photo n°4 p. 31). On trouvé des reservoirs, ainsi que des barrages, comme c’est Ic cas a Kishimundu: le barrage ndichini, qui pourrait stocker 100000 litres, et qui serait utilisé par une cinquantaine de familles.
Par consequent on peut distinguer les différents types d’ouvrages de tête par leur degré de sophistication.
Rappelons que les chiffres utilisés ci-après sont issus de conversations avec le Maire et les leaders du village, et n’ont Pu être compares a aucun document statistique.
Les villageois ont a leur disposition trois canaux construits par les anciens (Cf figure n°7 p. 33). Dans ce village quand nous demandions au maire, ou au vieux leader du canal Karao, de dater la construction du canal, les réponses restaient vagues: « ii y a trés longtemps. »
On distingue dtOuest en Est:
– Ic canal Kyoyo A (Cf photo n°5 p.34), qui derive l’eau de la rivière du même nom, pour irriguer les parcelles de La partie située a l’Ouest et au Sud Ouest de la route principale. La prise d’eau est du second type que nous avons évoqué plus haut (Cf photo n°4 p.3 1) :il s’agit d’un barrage dune douzaine de metres de long environ, et d’une hauteur approximative de cinq metres (Ces mesures ont été effectuées avec les moyens du bord, et ne prétendent guère étre précises). L’eau de la rivière Kyoyo est dérivée en aval stir Ia rive gauche, tandis que le surplus d’eau inutilisé, poursuit son cours, rejoignant Ia rivière Rau. De méme, Ic canal se jette dans Rau. Signalons que ce barrage est l’unique construction d’un gros gabarit observée stir le terrain d’Um East.
Le canal Kyoyo derive Feau scion trois branches, qui seraient utilisées par une centaine de ménages. Le fondateur de ce canal était connu sous Ic nom de Masika, mais aujourd’hui c’est le leader Tumbo qui en a la responsabiité.
– Le canal Kyoyo B, le plus petit, construit après le précédent, est connu sous Ic nom de Karao. H est branché stir Ia même rivière, en amont, et irrigue les parties Nord-Ouest et Est de Ia route principale. Ici la prise d’eau est une petite écluse (Cf photo 1106 p. 34 ), et les premiers metres du canal ont été consolidés dans le but d’empêcher l’eau de se déverser sur le coté, ce qui constituerait un manque a gagner. Le canal se dirige vers Ia route goudronnée, passant au-dessous d’dlle, puis se divise en deux branches : l’une longe la route, tandis que l’autre se dirige d’avantage a I’Est. II déservirait tine dizaine d’utilisateurs. Le leader dii canal est aussi Mr Tumbo.
– Le canal Sambuta, le plus grand, est branché sur la rivière Mrusunga, dont le debit est supérieur a Kyoyo, et suffisement important pour que le canal ne soit jamais sec. La pnse d’eau est traditionnelle, et dite « naturelle »(« natural intake ») par Ic Maire, car construite exciusivement a partir de blocs de pierres trouvés stir le site. Les usagers ont construit un muret, parallèle a la paroi rocheuse, entre lesquels l’eau pénètre. En remontant le canal, on petit constater les nombreux ouvrages de renforcement du canal, faits en ciment, Ct d’autant plus nécessaires sur cc site, que la vigueur de Ia pente est forte. A I’intake Ic canal est large d’un metre environ; 500 metres plus bas, il rétrécit et sa largeur est de 65 centimetres. Au méme endroit Ia profondeur est de 40 cm.
Sur le terrain, on constate que le canal principal ainsi que les branches respectent un parcours qui correspond a des contours déjà traces : ils suivent notamment les limites de parcelles, les voies communales, ainsi que la route principale.
Quelles sont les fonctions du canal?
En nous posant cette question pour Ia premiere fois, nous imaginions que Ia réponse Ia plus évidente était qu’un canal sert a irriguer. Cependant, le long des routes principales, et des voies communales, le terrain me révéla d’autres réalités, Ct de nouvelles questions : d’oà vient l’eau de boisson? Et celle du bétail? Les robinets que l’on peut voir ça et là fonctionnent-ils? A quoi sert l’eau que ces enfants prennent dans le canal ?… Autant de questions qui me firent réaliser que certes tout canal a une fonction d’irrigation, mais qu’à celle-ci s’ajoute la fonction d’approvisionnement en eau domestique.
La fonction d’irrigation du canal
L’ensemble des explications qui suivent au sujet des procédés d’irrigation, sont plus le résultat des entretiens avec les utilisateurs que celui de l’observation, puisque en effet mon séjour s’est situé hors période d’irrigation. Celle-ci n’étant pas nécessaire du fait d’une petite saison des pluies exceptionnellement abondantes, de Novembre 1997 a Février 1998. Je deplore le fait de n’étre pas arrivée plus tot, pour me rendre compte de Ia réalité des pratiques de l’irrigation. Malgré tout, les enquêtes informelles, et les interviews basées sur un questionnaire m’ont permis de bien apprehender Ic problème de l’irrigation.
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Table des matières
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : DANS Q1JELLE MESURE LE FACTEUR EAIJ A T-IL FAVORISE LA STRUCTURATION ET LA MAITRISE DE L’ESPACE GEOG1SPIIIQIJE
Premier Chapitre : line montagne-château d’eau
A) Une pluviométrie favorable a l’installation des populations
1) Un régime des pluies bimodal
2) Une variation des précipitations a l’échelle du temps
Ce que révélent les longues périodes
A Masliw, des précipitations interannuelles relativement constantes
Les caprices de A’fvuli
3) La variabilité des pluies dans I’espace
Du piémont aux plus hautes altitudes
D’un versant a I’autre
B) Des rivières substantielles
1) Le role secondaire du glacier dans l’alimentation des rivières
Breve description
La faible contribution du glacier
2) Le système de rivières dense du versant sud
3) Les rivières ont taillé des espaces-refuge
4) A Urn East
Deuxième Chapitre : Un système d’irrigation réputé
A) Petit historique de l’irrigation au pays des Chagga
B) Description physique du canal
Le cheminement de l’eau
Les dimensions du canal
Les ouvrages de tête
Le cas de Mwasi South a Urn East
C) Queues sont les fonctions du canal 9
1) La fonction d’irrigation du canal
a) Le rOle de l’irrigation au Kilimandjaro
Une irrigation saisonnière a 1′ organisation rigoureuse
Les conditions nécessaires au bon fonctionnement du sysréme d’irrigation.
Comment les paysans procèdent-ils pour irriguer leur parcelle?
Les inégalités spatiales face aux possibilités d’irriguer existent-dies?
De l’intérêt de l’irrigation chagga
2) La fonction d’approvisionnement en eau domestique
Utilité du canal et variété des usages domestiques
Des adductions d’eau existent dans de nombreux villages, aussi pourquoi le canal conserve t-il un role si important?
3) Le système de canaux, élément fondamental de la structuration de l’espace
DEUXIEME PARTIE : EN QUOI L’UTILISATION DES CANAUX A-T-ELLE PU JOUER UN ROLE DANS LA STRUCTURA LiON SOCIALE DES CIIAGA »
Premier Chapitre: gestion et partage de l’eau out favorisé des liens soclauxforts
A) Une communauté d’eau unie et solidaire
Des comportements communautaires forts
Le système clamque comme ((force formatrice >
L’eau, patrimoine collectif
Don de Dieu pour tous, droit et propriété de chacun
Un partage concerté et equitable
Chaque membre est responsable du canal
B)La responsabilité partagée du contrôle de l’eau
1) Un contrôle de l’eau collectif
2) Le comité de l’eau, un organe de decision democratiquement élu
L’élection du Comité
La tâche du ComitC
Les membres du Comité.
3) Le respect de l’autorité du Leader, personnage central de cette entente
Le rOle du Leader
La forte référence au Leader
La forte autorité du Leader: un pouvoir abusif?
4) La communauté du canal a un fonctionnement autonome par rapport a l’institution villageoise
Deuxième Chapitre: Espaces de l’eau et représentations
A) L’espace du canal, espace de vie
1) Les rythmes de l’eau
Des activités journalières
Des travaux et des rites annuels
2) Des espaces imbriques
Espace de culte et de mythe en amont
Espace de déplacements
Espace de production en aval
B).Représentations et perceptions de I’eau
1) L’imaginaire collectif marqué par les récits et légendes recusde Ia tradition orale
Le mythe des fourmies rouges
Les sacrifices humains
Miatie de Mbokomu
2) Espaces des eaux et lieux fantasmés
La forêt mere de l’eau et espace répulsif
L’inconnu Kibo
Des cascades maléfiques
Le canal a une grande valeur affective
TROISIEME PARTIE : L’EAU, UN PRiVILEGE MENACE’
Premier Chapitre : De moms en moms d’eau pour les Chagga ‘
A) Le témoignage des habitants du Kilimandjaro
B) L’évolution des précipitations a long terme
Les pluies de Novembre-Décembre diminuent elles?
Qu’en est-il des totaux pluviómétriques annuels?
Des debits en diminution
C) Des adductions d’eau insuffisantes et au fonctionnement aléatoire .
Un équipement encore insuffisant qui crée des inégalités
Des fontaines publiques
Une nouvelle politique de l’eau.
Deuxième Chapitre : … On une pression de plus en plus en grande sur les ressou rces ?
A) De plus en plus d’hommes
Une population en augmentation
La pression démographique tend a accentuer le morcellement.
Une densification du sol prëoccupante.
B) Une pression croissante sur les ressources
La contamination chimique de l’eau
Augmentation des dénvations
Fragilisation et destruction des sources dans Ia ceinture banane-cafC
C) Concurrence et confl its entre petit paysannat montagnard et grands projets des bas
Une competition pour l’eau ancienne
La rivière Rau: un exemple de la concurrence entre petite agriculture des hauts et grands projets des bas
Les besoins du système d’irrigation d’Uru
Le projet de nziculture du bas Moshi
Troisième Chapitre : La forêt du Kilimandjaro, une immense réserve menace.
A) Besoins et utilisation du bois chez les Chagga
Une utilisation importante du bois.
Les sources d’approvisionnement.
B) Les marges sud de La forêt, un lieu d’approvisionnement ancien
1 )Une zone tampon a longtemps tenu lieu de réserve de bois. 2) Des mesures récentes contre les coupes d’arbres
C) Les empiétements sur Ia forêt, unique alternative au manque de terres
L’extraction de bois
Le pâturage en forêt
Les feux
Des projets pour diminuer les empiétements
CONCLUSION GÉNÉRALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE
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