Lโagriculture et lโรฉlevage constituent la base de lโรฉconomie des communes de Maroaloke. Ils occupent le 90% de la place dans la vie pratique et culturelle de la population paysanne de lโextrรชme sud de Madagascar, en gรฉnรฉral, et de celle de commune en question en particulier. Les paysans de Maroaloke travaillent leurs terres pour les produits vivriers dโautosubsistance. Ces communes รฉtaient le grenier de lโAndroy surtout en ce qui concerne de la production de la culture de sorgho, qui est une cรฉrรฉale adaptรฉ ร la sรฉcheresse et au climat semi- aride de Maroaloke. Toutefois, comme les paysans ont connu beaucoup de problรจmes au niveau des mรฉthodes et techniques appliquรฉs et en plus, par la prรฉsence des รฉpiphyties et les insectes ravageurs, la culture du sorgho est en dรฉclin ร partir des annรฉes 70. Le cardinal ยซ fody ยป ou foudia madagascareinsis figure parmi les oiseaux prรฉdateurs des grains de cette plante.
La culture de sorgho donc ne se pratique plus dans lโAndroy, en particulier dans les communes de Maroaloke ร cause dโinsurmontables รฉpiphyties et de lโinsuffisance trop excessive des prรฉcipitations. Il existe mรชme des annรฉes รฉdaphiquement sรจches. Ces problรจmes ont entrainรฉ la chute de la culture de sorgho et lโaggravation de la famine qui appauvrit progressivement la population de Maroaloke, voire de lโAndroy. La famine est lโun des plus anciens ennemis de lโhomme dans cette partie de Madagascar. En effet, le travail de la terre est la base mรชme de la production des denrรฉes alimentaires et des produits agricoles dโรฉchanges. Il est la principale source dโemplois pour la plupart de la population rurale. Donc, ses produits sont une source de revenus monรฉtaires, de sรฉcuritรฉ รฉconomique.
AYER Gรฉrard estime que ยซ 70 % de la population malgache vivent en dessous du seuil de pauvretรฉ actuellement contre 40 % en 1960 ยป . De nos jours, la lutte contre la pauvretรฉ constitue lโun des axes prioritaires de la politique actuelle de lโEtat malgache. Certes, il y a une interdรฉpendance entre les diffรฉrents secteurs de lโรฉconomie mais la prioritรฉ en matiรจre de dรฉveloppement est accordรฉe au secteur agricole. Toutefois, en dรฉpit des diffรฉrents problรจmes concernant le dรฉveloppement rural, celui-ci exige un esprit dโinitiative et une volontรฉ de la part non seulement du pouvoir politique mais รฉgalement la contribution active des paysans.
ESPACE GEOGRAPHIQUE ET PEUPLEMENT
Situation gรฉographique des communes rurales de Maroalokeย
Les communes rurales de Maroaloake (Maroalopoty et Maroalomainty), comprises entre 46ยฐ8โ et 46ยฐ16โ de longitude Est dโune part et 25ยฐ4โ et 25ยฐ16โ de latitude Sud dโautre part, sโรฉtendent sur des espaces aux formes inรฉgales : des montagnes de dunes sโopposant aux vallons et au plateau de Betsimeda. La toponymie ยซ maroaloke ยป fait rรฉfรฉrence ร lโexistence dans un passรฉ rรฉvolu dโune forรชt primaire offrant beaucoup dโombre. Ces deux communes sโinterpรฉnรจtrent par le fait que certains villages de Maroalopoty sont implantรฉs dans la commune rurale de Maroalomainty. Le phรฉnomรจne inverse est aussi vrai. Elles se trouvent approximativement ร 200 kilomรจtres au Sud du Tropique du Capricorne et ร 400 kilomรจtres de lโex chef-lieu de province (Toliara) par la route. Incluses dans le district dโAmbovombe-Androy, elles sont ร 16 kilomรจtres ร lโEst du cheflieu de la rรฉgion Androy et au bord de lโOcรฉan Indien. Ces communes rurales sโรฉtendant sur 224 kilomรจtres carrรฉs , sont comprises entre la commune rurale dโAnjeke Beanantara au Nord, lโOcรฉan Indien au Sud, la commune rurale de Sampona ร lโEst et celle dโAmbovombe-Androy ร lโOuest. 85 % de la superficie des communes rurales de Maroaloke sont cultivables tandis que les 15% restants sont rรฉservรฉs aux habitations, aux parcs ร zรฉbus et aux tombeaux .
En 1996, suite ร la forte croissance des descendants dโun ancรชtre commun REFOLY, le territoire des Temaroaloke se scindait en deux communes : Maroalomainty occupรฉ par les descendants au teint foncรฉ ร lโEst tandis que Maroalopoty occupรฉ par ceux au teint plus clair ร lโOuest. Il faut ajouter ร ces groupes deux autres clans: les Tezanavo Sorondoha et les Tesevohitse. Les premiers sont issus dโIfotaka (Amboasary-Sud) tandis que les seconds de Sevohitse (Ambovombe-Androy), plus ร lโOuest.
Le climat aride faรงonne ร sa maniรจre les paysages. Les pressions anthropiques sont les facteurs dรฉterminants de la dรฉgradation de lโenvironnement forestier qui, avec la pratique rรฉpรฉtรฉe des feux de cultures, a totalement disparu. Cette disparition de la couverture forestiรจre est consรฉcutive ร lโaccroissement rapide dโune population dโagroรฉleveurs et aux pressions anthropiques. Lโactivitรฉ agricole ร Maroaloke est, dโune maniรจre gรฉnรฉrale, trรจs importante. La culture du sorgho, en particulier, a รฉtรฉ prospรจre.
Environnement naturelย
Relief de dunes et larges plaines
Lโextrรชme Sud de Madagascar est caractรฉrisรฉ par un relief de dรฉpressions fermรฉes. LโAndroy, dans lequel sโinscrit notre zone dโรฉtude, est caractรฉrisรฉ par un relief de roches mรฉtamorphiques descendant du Nord vers le Sud. Il est constituรฉ au Nord-Est par le complexe volcanique de Vohitsiombe avec un empilement alternรฉ de couches basaltiques et de couches rhyolitiques. Ce massif volcanique va en sโestompant par de vastes aplanissements rocheux dominรฉs par des inselbergs rhyolitiques et de larges plaines. Ces derniรจres se prolongent vers le Sud par une zone de plateaux sรฉdimentaires et elles se terminent sur le littoral par des bourrelets dunaires.
Sur le plan topographique et gรฉographique, le relief de Maroaloke est relativement plat au Nord. On distingue des dunes entrecoupรฉes des vallons. La partie septentrionale est une zone sรฉdimentaire faite de plaines et de plateaux de sables roux. Sur la zone littorale prรฉdominent les reliefs de dunes et de vallons ou de cuvettes. La pente de ces plateaux gรฉnรฉralement douce ne dรฉpasse guรจre 3%. Ce qui nโest pas le cas des dunes dont les pentes plus raides peuvent atteindre 6 ร 8%. Ces formations dunaires ont entre 130 et 200 mรจtres dโaltitude. La prรฉdominance des dunes dans les communes rurales de Maroaloke tรฉmoigne de lโacuitรฉ de la sรฉcheresse et de la violence des vents dans cette partie de la rรฉgion Androy.
Les types de dunes rencontrรฉs dans les communes rurales de Maroaloke sont dโรขge relativement rรฉcent (dunes karimboliennes, dunes tatsimiennes, dunes lavanoniennes), cโest-ร -dire quโelles seraient apparues avec lโassรจchement du climat dรป ร la dรฉgradation de lโenvironnement forestier.
La Vรฉgรฉtationย
La vรฉgรฉtation de la rรฉgion a une forte adaptation ร lโariditรฉ du climat. Les formations vรฉgรฉtales sont conditionnรฉes par les impรฉratifs du climat et par la nature des sols. Elles sont caractรฉrisรฉes par une flore et une faune ร fort taux dโendรฉmicitรฉ. Elles recรจlent des espรจces de plantes succulentes, aphylles et de fourrรฉs xรฉrophiles. Dans la sous-rรฉgion รฉtudiรฉe, on observe des formations forestiรจres ร caractรจre xรฉrophile et des forรชts dรฉgradรฉes ainsi que des forรชts de transition menacรฉes par les pressions anthropiques.
Les formations forestiรจres xรฉrophiles se retrouvent gรฉnรฉralement aux abords dโune riviรจre ou dโun fleuve. Ces formations sont prรฉsentes dans la zone de Maroaloke malgrรฉ lโabsence de rรฉseau hydrographique. Elles sont constituรฉes par une couverture vรฉgรฉtale ร prรฉdominance des Euphorbiacรฉes, notamment dโEuphorbiae stenoclada. Ces formations sont remarquables รฉgalement par la densitรฉ des plantes aphylles (dรฉpourvues de feuilles), charnues, ร petites feuilles comme le ยซKILY ยป Tamarindicus indica et ร รฉcorces รฉpineuses telles que les ronces ยซ roy ยป, ร รฉcorces รฉpaisses ร lโinstar des Pourpartia caffra ยซ sakoa ยป. Ces caractรจres confรจrent aux plantes une rรฉsistance contre la sรฉcheresse excessive de la zone. Ce sont des plantes parmi lesquelles figurent de pyrophytes ร rรฉsistance indirecte. Les acacias, utilisรฉs comme brise-vent ne manquent pas dans cette sous-rรฉgion. Les feuilles sont petites, la chute des feuilles se fait en saison sรจche. Toutes ces plantes cherchent ร rรฉduire la perte en eau par transpiration.
Les lianes se voient aussi tout autour des tamariniers. Ce sont des plantes pourvues de trรจs longues tiges et de trรจs longues racines. Elles montent et sโaccrochent sur les arbres comme les tamariniers. Les lianes indรฉpendantes sont nombreuses mais les plus importantes sont reprรฉsentรฉes par des lianes xรฉrophiles ยซ boka ยป. La forme dโadaptation des plantes xรฉrophiles est une rรฉaction ร lโinsuffisance et ร lโirrรฉgularitรฉ des pluies et ร la trรจs forte chaleur. Certaines forรชts deviennent dรฉgradรฉes ร cause des dรฉfrichements. Ces formations dรฉgradรฉes se rencontrent au Nord de Maroalopoty et au Sud des deux communes. Cette action destructive est ร lโorigine de la dรฉgradation forestiรจre. On y rencontre donc du bush peu dรฉgradรฉ ร Didiรฉracรฉes et ร Euphorbiacรฉes.
Le bush รฉpineux est une variante des formations xรฉrophiles, cโest-ร -dire des formations aux plantes adaptรฉes ร la sรฉcheresse. Lโadaptation ร la semi- ariditรฉ multiplie les formes succulentes et รฉpineuses. Ces formations renferment beaucoup de plantes et dโanimaux endรฉmiques. Elles se caractรฉrisent รฉgalement par des plantes de petite taille car frappรฉes de nanisme. Les espรจces reprรฉsentatives les plus reprรฉsentรฉes sont les Euphorbiacรฉes, les Didiรฉracรฉes et les Acacias. La strate buissonnante atteint 2 ร 3 mรจtres de hauteur. Il existe aussi le Flacoutia ramoutchi ยซ lamoty ยป. Cette forรชt renferme de lโAlluaudia procera ยซ fantiolitse ยป ou lโarbre serpentiforme. Sous cette forรชt, on distingue des herbes qui se dรฉveloppent difficilement.
|
Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LES ECOSYSTEMES DE MAROALOKE ET LTIMPORTANCE DE LA FILIERE
CHAPITRE I : – ESPACE GEOGRAPHIQUE ET PEUPLEMENT
1.1.- Situation gรฉographique des communes rurales de Maroaloke
1.2.- Environnement naturel
1.2.1.- Relief de dunes et larges plaines
1.2.2 – Le climat et la vรฉgรฉtation
Le climat
La Vรฉgรฉtation
1.2.3.- Lโenvironnement pรฉdologique
1.3.- Rรฉpartition de la population
1.3.1- Rรฉpartition clanique de la population
1.3.2- Lโinรฉgale rรฉpartition de la population
1.3.3- La population active
CHAPITRE II : – APERCU GENERAL SUR LA FILIERE SORGHO
2.1.- Historique et description morphologique du sorgho
2.1.1- Historique de plantation du sorgho ร Maroaloke
2.1.2- Description morphologique du sorgho
2.1.3.- Conditions รฉcologiques du sorgho
CHAPITRE- III : – PERFORMANCE DE LA CULTURE DU SORGHO
3.1.- Les bases de la performance du sorgho
3.2. – Les aspects de la performance
3.2.1.- Au niveau de lโutilisation
3.3. – Place de la production dans la vie รฉconomique et socioculturelle
3.3.1. โ Place du sorgho dans la sociรฉtรฉ traditionnelle antandroy
3.3.2.- Le sorgho et la vie socio-culturelle
3.3.3.- Le sorgho dans la vie รฉconomique
DEUXIEME PARTIE : LA CULTURE DU SORGHO :UNE CULTURE EN PERTE DE VITESSE
CHAPITRE IV : – FACTEURS DE LA BAISSE DE LA PRODUCTION DU SORGHO A MAROALOKE
4.1.- Difficultรฉs inhรฉrentes aux techniques de production agricole
4.2.- Consommation des semences
4.3.- Lโinsuffisance et lโirrรฉgularitรฉ des prรฉcipitations
4.4- Les รฉpiphyties de sorgho
CHAPITRE V : – ASPECTS DE LA REGRESSION DE LA PRODUCTION
5.1.- La diminution des superficies emblavรฉes
5.2.- La production en rรฉgression
5.3. – Les grandes phases de la baisse de la production
CHAPITRE VI : – IMPACTS DE LA BAISSE DE LA PRODUCTION DU SORGHO
6.1.- Sur lโenvironnement naturel
6.2.- Impacts de la chute de la production de sorgho sur lโรฉconomie
6.3.- Impacts sociaux de la baisse de la production de sorgho
6.3.1.- Les migrations
TROISIEME PARTIE : LES PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT DE LA CULTURE DU SORGHO A MAROALOKE
CHAPITRE VII : – CONDITIONS PHYSIQUES FAVORABLES A LA CULTURE DU SORGHO ET LA POPULATION PAYSANNE DYNAMIQUE
7.1.- Au niveau des superficies cultivables
7.2.- Sols fertiles
7.3- La population dynamique laborieuse
CHAPITRE VIII : – LES INTERVENTIONS DES INSTITUTIONS
8.1.- Le rรดle des (ONG) Organisations Non Gouvernementales
8.1.1.- Crรฉation dโune association locale pour le stockage des semences
8.2.- Le rรดle de l`Etat
8.2.1.- Distribution de variรฉtรฉs de sorgho rรฉsistantes ร la sรฉcheresse
8.2.2.- Crรฉation de stations dโexpรฉrimentation
8.2.3.- Dรฉveloppement social et รฉconomique
8.2.4.- Diffusion des techniques semi-modernes ou modernes
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
GLOSSAIRES
ANNEXES