LA CHLAMYDIOSE ABORTIVE OVINE
CONTROLE DE L’INFECTION
Mesures sanitaires
Comme nous lโavons vu plus haut, les matiรจres infectieuses sont principalement les annexes fลtales, lโavorton, les sรฉcrรฉtions utรฉrines ou vaginales et le lait. La maรฎtrise de la propagation de lโinfection au sein du troupeau passe donc par la protection des brebis naรฏves vis-ร -vis de ces matrices. Il faudrait donc, idรฉalement, isoler du reste du troupeau toute brebis ayant avortรฉ ou ayant donnรฉ naissance ร des agneaux chรฉtifs ainsi que retirer placenta, avorton et litiรจre souillรฉe de lโenclos. Lโรฉlimination stricte est recommandรฉe car les carnivores domestiques (ou sauvages) peuvent participer ร la dissรฉmination des matiรจres infectieuses en les dรฉplaรงant. Une dรฉsinfection des murs et des enclos serait aussi recommandรฉe pour limiter la propagation aux brebis agnelant par la suite (Longbottom et Coulter, 2003). Le port de gants pour aider une brebis ร agneler ou pour manipuler du matรฉriel infectieux et un nettoyage des mains avant toute intervention sur une autre brebis est รฉgalement essentiel.
En cas dโintroduction dโanimaux provenant dโun autre รฉlevage, il serait intรฉressant de connaรฎtre le statut de lโรฉlevage dโorigine vis-ร -vis de la chlamydiose, pour le comparer ร celui de lโรฉlevage acheteur et รฉvaluer si les deux statuts sont compatibles, รฉtant donnรฉ quโune brebis infectรฉe peut excrรฉter des bactรฉries pendant 2 ร 3 ans. Si le statut du troupeau dโorigine est inconnu, lโintroduction est ร รฉviter (Laroucau et al., 2014)
Vaccination
Comme nous lโavons รฉvoquรฉ prรฉcรฉdemment, dans les conditions naturelles, une infection par C. abortus entraรฎne la mise en place dโune immunitรฉ suffisante pour quโun nouvel avortement ne puisse avoir lieu pendant la durรฉe de vie รฉconomique habituelle des brebis dโรฉlevage (5 ร 6 ans en moyenne). Cโest pour cette raison que la vaccination semble une bonne mรฉthode de maรฎtrise des avortements ร C. abortus (Rodolakis et Laroucau, 2015). Dans un premier temps, un vaccin inactivรฉ a รฉtรฉ mis au point en 1951 par M. McEwen et M. Foggie. Il a รฉtรฉ mis en circulation en France sous le nom de Chlamyvax FQND avec une protection conjointe contre la fiรจvre Q. Cependant, ce vaccin nโentraรฎne pas de protection efficace contre le portage et lโexcrรฉtion de C. abortus et ne permet pas de prรฉvenir tous les avortements (des vagues dโavortements ont รฉtรฉ observรฉes dans des troupeaux correctement vaccinรฉs) (Chalmers et al., 1997; Menzies, 2012). En 1979, une souche mutante de C. abortus thermosensible a รฉtรฉ mise au point et a permis le dรฉveloppement dโun vaccin vivant qui protรจge efficacement les brebis contre lโinfection. Cette souche a รฉtรฉ obtenue par mutagenรจse ร la nitrosoguanidine de la souche de rรฉfรฉrence AB7. La souche mutante vaccinale thermosensible 1B se multiplie normalement de 35 ร 38ยฐC (tempรฉrature permissive) sur culture de cellules McCoy mais cent fois moins que la souche sauvage AB7 ร 39,5ยฐC (tempรฉrature restrictive) ce qui correspond ร la tempรฉrature corporelle des brebis (Rodolakis, 1983).Lโinnocuitรฉ et lโimmunogรฉnicitรฉ de cette souche mutante thermosensible en tant que vaccin a รฉtรฉ รฉtudiรฉe pour permettre sa commercialisation. Les rรฉsultats de reproduction de souris inoculรฉes avec diffรฉrentes souches de C. abortus ร 11 jours de gestation, et vaccinรฉes deux mois auparavant avec la souche mutante 1B, sont similaires ร ceux obtenus avec des souris non inoculรฉes (autour de 11-12 souriceaux vivants par portรฉe, le jour du part et 8 jours plus tard). Ces mรชmes rรฉsultats sont significativement diffรฉrents de ceux obtenus avec des souris inoculรฉes sans avoir รฉtรฉ vaccinรฉes (moins de 2 souriceaux par portรฉe). Des expรฉriences similaires effectuรฉes sur des milliers de brebis ont dรฉmontrรฉ lโabsence dโexcrรฉtion, de transmission in utero et de pathogรฉnicitรฉ de la souche 1B aprรจs vaccination, les rรฉsultats de reproduction des brebis vaccinรฉes รฉtant identiques ร ceux de brebis tรฉmoins non vaccinรฉes. Lโinfection de brebis prรฉalablement vaccinรฉes contre C. abortus nโa pas รฉcourtรฉ leur gestation et nโa pas entraรฎnรฉ dโexcrรฉtion de bactรฉries ร la mise bas ; a contrario, lโinfection de brebis non vaccinรฉes a induit des avortements (Rodolakis, 1983; Rodolakis et Souriau, 1983; Chalmers et al., 1997; Rodolakis et al., 1998; Rodolakis et Laroucau, 2015).De plus, une รฉtude menรฉe par Gerber a montrรฉ que la rรฉponse en anticorps induite par la vaccination รฉtait la mรชme que celle induite par une infection naturelle par C. abortus (Gerber et al., 2007). De ce fait, le titre en anticorps ne permet pas de diffรฉrencier les individus vaccinรฉs des individus malades.
Le vaccin contenant la souche 1B thermosensible a รฉtรฉ commercialisรฉ en France dรจs 1996 sous le nom de Tecvax ChlamydiaND, ensuite renommรฉ CEVAC ChlamydiaND (premiรจre obtention dโAMM en dรฉcembre 1996 en France). On retrouve la mรชme souche dans le vaccin Ovilis ChlamydiaND (AMM en mars 2003 en France). Ce sont les deux seuls vaccins de ce type disponibles en France. La vaccination des brebis avec ce vaccin vivant induit une protection aussi forte que celle induite par une primo-infection. Les animaux vaccinรฉs sont efficacement protรฉgรฉs au moins trois ans et on prรฉvient ainsi les avortements et lโexcrรฉtion de C. abortus chez les animaux vaccinรฉs initialement naรฏfs (Rodolakis et Souriau, 1983). Ce vaccin est รฉgalement efficace vis-ร -vis des souches de C. pecorum (Rekiki et al., 2004). Cependant, il ne modifie pas lโรฉvolution de la maladie pour les brebis dรฉjร infectรฉes au moment de la vaccination. Ces derniรจres peuvent donc avorter ou mettre bas des agneaux vivants infectรฉs, pouvant avorter ร leur tour. La vaccination des femelles ayant avortรฉ ou dรฉjร infectรฉes est donc inutile.Le protocole vaccinal conseillรฉ consiste ร vacciner tout le cheptel la premiรจre annรฉe puis seulement les agnelles de renouvellement les annรฉes suivantes. Pour un taux de renouvellement de 20%, le cheptel est donc protรฉgรฉ au bout de 5 ans environ. Une autre stratรฉgie consiste ร ne vacciner que les agnelles mais on rallonge alors la durรฉe nรฉcessaire ร la couverture vaccinale totale du troupeau. Le premier schรฉma prรฉsente lโavantage de limiter lโexcrรฉtion par les brebis infectรฉes latentes et la dissรฉmination de lโinfection parmi les brebis adultes encore naรฏves. La vaccination contre la chlamydiose avec un vaccin vivant est donc la seule solution ร lโassainissement dโun cheptel infectรฉ mais elle atteint ses limites tant quโil subsiste des animaux infectรฉs latents (Bouakane et al., 2005). Il est รฉgalement important de prendre en compte les mรขles dans le protocole de vaccination mรชme si, comme รฉvoquรฉ plus haut, la transmission vรฉnรฉrienne nโa pas รฉtรฉ clairement รฉtablie.Un rappel trois ans aprรจs la primo-vaccination est conseillรฉ (Bouakane et al., 2005). Cependant, une รฉpreuve virulente rรฉalisรฉe trois ans aprรจs la vaccination a montrรฉ que les brebis รฉtaient toujours protรฉgรฉes. On estime donc que les rappels ne sont pas nรฉcessaires pendant la durรฉe de vie รฉconomique de lโanimal (Rodolakis et al., 2013).
Guide du mรฉmoire de fin d’รฉtudes avec la catรฉgorie Contrรดle de lโinfection |
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Table des matiรจres
Table des tableaux
Table des figures
Liste des abrรฉviations
Introduction
I. La chlamydiose
A. Etiologie
B. Epidรฉmiologie
C. Pathogรฉnie
D. Signes cliniques et lรฉsions
E. Diagnostic
1. Sur les produits dโavortement
2. Sur le sรฉrum maternel
3. Performance des tests
F. Traitement
G. Contrรดle de lโinfection
1. Mesures sanitaires
2. Vaccination
II. Etude des facteurs de risque dโune infection ร C. abortus en contexte vaccinal et รฉtude du typage des souches responsables des avortementsย
A. Etude prรฉalable
B. Matรฉriel et mรฉthodes
1. Prรฉlรจvement des รฉchantillons
a) Protocole de prรฉlรจvement et dโanalyse
b) Matรฉriel nรฉcessaire au prรฉlรจvement des รฉchantillons
2. Analyses PCR et sรฉrologiques
3. Enquรชte en รฉlevage
4. Echantillonnage des รฉlevages
a) Choix des รฉlevages
b) Reprรฉsentativitรฉ de lโรฉchantillon
5. Tests statistiques utilisรฉs
C. Rรฉsultats
1. Rรฉsultats des analyses de laboratoire
2. Exploitation des rรฉsultats de lโenquรชte
a) Caractรฉristiques des รฉlevages
b) Relation entre taille des รฉlevages et prรฉsence de C. abortus
c) Comparaison du nombre dโavortements par catรฉgorie dโรฉlevage
d) Analyse des protocoles de vaccination
e) Analyse des mesures sanitaires
f) Analyse des traitements antibiotiques rรฉalisรฉs
III. Discussion gรฉnรฉrale
Conclusion de la thรจse
Bibliographie
Annexes
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