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La Chine diffère-t-elle des occidentaux ?
Le livre blanc sur la politique africaine de la Chine précise d’ailleurs que « la Chine oeuvre à établir et développer un nouveau type de partenariat stratégique marqué par l’égalité et la confiance mutuelle sur le plan politique, la coopération dans un esprit gagnant-gagnant ». La Chine, à travers le Livre blanc du 12 janvier 2006, exprime:« Renforcer sa solidarité et sa coopération avec les pays africains, c’est de tout temps l’une des pièces maîtresses de la politique extérieure d’indépendance et de paix de la Chine. Fermement attachée au maintien et à l’épanouissement de l’amitié traditionnelle sino-africaine, et prenant en considération les intérêts fondamentaux des peuples chinois et africains, la Chine veille à établir et à développer un nouveau type de partenariat stratégique avec l’Afrique, caractérisé par l’égalité et la confiance réciproque sur le plan politique, la coopération conduite dans l’esprit gagnant-gagnant sur le plan économique et le renforcement des échanges sur le plan culturel ».
Le ministre des affaires étrangères chinoisWang Yi ne disait pas autre chose en déclarant « Nous ne suivrons jamais les pas des colons occidentaux et notre coopération ne se fera jamais au détriment des intérêts de l’Afrique ».
En effet, la Chine octroie sa coopération au nom de la solidarité sud-sud. Lors de sa visite dans dix pays asiatiques et africains du décembre 1963 à février 1964, Zhou Enlai a proposé cinq principes directeurs de la relation sino-africaine (également valable pour les pays arabes) et huit principes pour l’aide de la Chine aux pays africains.
Ainsi, dans sa relation avec ses pairs, elle se base sur cinq principes qualifiés de « principes de la coexistence pacifique »35qui sont le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, la non-agression mutuelle, la non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures, l’égalité et la réciprocité des avantages et la coexistence pacifique.
Dans son discours à Accra en 1964, Zhou Enlai énonce « huit principes » qui régissent encore aujourd’hui l’aide chinoise, même si leur interprétation a changé au cours du temps : l’égalité entre les partenaires, les bénéfices mutuels, le respect de la souveraineté, l’utilisation de dons ou de prêts sans intérêt et l’allégement des charges, le renforcement du bénéficiaire, le respect des obligations, l’égalité de traitement entre exports chinois et locaux.
La Chine qualifie donc son aide de coopération sud-sud, dans sa relation avec les pays pauvres du Sud, elle préconise alors un partenariat caractérisé par l’égalité et la confiance mutuelle sur le plan politique d’une part et la coopération mutuellement bénéfique sur le plan économique d’autre part. La Chine déploie donc sa coopération au nom de la « solidarité Sud-Sud », puisque comme l’Afrique, la Chine avait connu le joug colonial. Comme elle, son économie reposait alors sur une base essentiellement agricole.
Une position qui exerce beaucoup d’attrait auprès de certaines élites africaines et qui permet à la Chine de se démarquer des occidentaux avec leur approche plutôt assistantialiste36 voire infantilisante, en privilégiant une forme de partenariat d’égal à égal entre pays historiquement dominées. Une coopération qui ne peut être que profitables aux deux parties.
LE DIALOGUE D’AMITIE ENTRE CHINE ET MADAGASCAR
La relation entre la Chine et Madagascar est une relation de longue date (Chapitre 1). Aujourd’hui la Chine se présente comme un grand investisseur à Madagascar (Chapitre 2). Une relation bien entretenue sous le principe de non-ingérence dans nos affaires intérieures (Chapitre 3). S’il s’est avéré que la mondialisation n’est ni totalement bénéfique ni totalement dangereuse en tous points pour Madagascar (Chapitre 7), il semble au contraire qu’elle soit porteur d’ambivalence, si notre culture (Chapitre 5) notre politique nationale migratoire (Chapitre 5) se trouvent fragilisées par le processus, quid de la réalité d’un partenariat gagnant-gagnant proposé par certains acteurs comme la Chine (Chapitre 4)
L’amitié de longue date entre la Chine et Madagascar
Pour le cas de Madagascar, la rencontre entre les habitants de la Grande Ile et les Chinois remonte loin dans le temps particulièrement au XIXe siècle , c’est à l’aune de l’avènement de la colonisation française que les premières vagues importantes accostent sur les rivages malgaches. Les contexte politiques et économiques de cetet époque ont été favorables à leur installation.
Entre 1896 (date du début de la colonisation) et le début des années 1900, au moins trois vagues migratoires sont enregistrées. Elles sont composées essentiellement des coolies43 que les Français ont sollicités pour les travaux de construction d’infrastructures de la nouvelle colonie (construction de route, de chemin de fer, des voies d’eau…).
D’autres Chinois s’implantent également dans le pays en transitant par les îles Mascareignes (île Maurice et La Réunion). Mais à partir des années 1930, la majorité des migrants chinois viennent directement de la Chine. Avec l’invasion japonaise de la Chine continentale ; en 1946, on dénombre 5 573 migrants chinois à Madagascar contre 2 780 en 1936.
Avec la progression numérique des migrants chinois, ceux-ci acquièrent des positions économiques importantes en dépit de l’hostilité des autorités coloniales qui ont tenté de limiter leur importance en tant qu’acteurs économiques45. En effet, ils se sont spécialisés dans l’import-export en tant que collecteurs et/ou distributeurs particulièrement en zones rurales.
Actuellement, les descendants de ces « anciens Chinois » tiennent encore ces rôles parallèlement aux commerçants originaires des hautes-terres centrales qui se sont aussi spécialisés dans ce secteur d’activités.
Cela semble peut être très caricatural mais les relations de Madagascar avec la Chine dans les années 1990 est à l’image d’un caméléon tâtonnant et changeant de couleur en fonction de son environnement. Une relation envenimée par les questions géopolitiques qui opposent la République Populaire de Chine à Taiwan.
La relation bilatérale, d’Etat à Etat, entre la Chine et Madagascar débute au moment de la naissance de la République en 1958. Cette année-là, la République populaire décide d’ouvrir dans la capitale malgache un consulat. Quand celle-ci accède à l’indépendance deux années plus tard, la Chine y installe une ambassade. Débute alors un partenariat souvent ambiguë.Les relations sino-malgaches ont connu un développement favorable dans l’ensemble malgré les revers causés par les questions géopolitiques opposant la République Populaire de Chine et la République de Chine.
Le 06 Novembre 1972, la République Populaire de Chine et la République de Madagascar ont officiellement établi des relations diplomatiques. Cet évènement, qui a marqué un important jalon dans l’histoire des relations sino-malgaches, a rapproché ces deux pays.
Malgré le début d’une relation diplomatique normale, le rapport entre les deux pays est longtemps empoisonné par les questions géopolitiques opposant la Chine communiste et la République chinoise implantée à Taïwandonnant une certaine ambigüité dans la relation des deux pays.
La Chine un grand investisseur à Madagascar
L’exploitation des données des IDE montrent que la France reste le premier investisseur direct à Madagascar. Cependant, la part qu’elle détient s’est érodée au fil des années. Si elle représente la moitié en 2002-2003, elle diminue à 38 % des capitaux étrangers en 2004-2005. En terme d’évolution, ce sont les IDE chinois qui connaissent alors une forte progression avec un taux de 1 144 % entre 2003 et 2004 et de 296 % entre les deux années suivantes.
L’exploitation des données sur les IDE chinois à Madagascar permet de constater que la Chine a surtout investi dans six principales branches d’activités et plus particulièrement dans celle des « activités extractives » qui présentent à elles seules 97,2 % de son stock d’IDE. Les Chinois investissent également dans la branche « activités de fabrication » (en deuxième position dans son stock d’IDE à Madagascar). Enfin, les branches « commerce », « transports, auxiliaires de transport et communication », « activités financières » et « immobilier, location et services rendus aux entreprises » concentrent près de 0,4% de ce stock..
L’un des secteurs où la Chine est fortement présente à Madagascar est les activités extractives. Celles-ci permettent de voir non seulement la nature des relations qu’entretient la Chine avec Madagascar, mais plus largement celles que la Chine entretient avec les pays africains.
Dans sa relation avec la Chine, Madagascar a priorisé trois domaines d’intervention, à savoir l’extraction et l’utilisation des ressources naturelles, les investissements et la coopération financière et enfin les énergies propres et durables. Mais c’est le premier domaine qui reste le plus important.
sable…).
Dans les moyennes et grandes mines, trois importantes entreprises ont été inventoriées en 2013. Il s’agit de Wuhan Iron and Stelle (Wisco) qui exploite le fer de Soalala, de Mainland Mining dans l’exploitation de l’ilménite sur la côte orientale et enfin Sino Afrique dans l’exploitation del’or dans la région de Maevatanana (centre-ouest).
En ce qui concerne le pétrole, les entreprises étrangères sont pour le moment dans la phase d’exploration. Dans ce domaine, la Chine est également présente à Madagascar avec les filiales de Sunpec dans son activité, celui-ci a noué des partenariats avec Hong Kong & China Gas et Yanchang Petroleum Group-Yapec. Ces entreprises bénéficient des licences sur des blocs situés dans la partie méridionale du pays (Madagascar Southern Petroleum Ltd (MSPL) : bloc 3112 à Toliara, Madagascar Energy International Ltd (MEIL) : bloc 3113 à Sakaraha et Madagascar Petroleum International Ltd (MPIL) : Bloc 2104 à Bekodoka) ou dans le nord-ouest (Madagascar Northern Petroleum Ltd (MNPL) : bloc 2101 à Antsohihy).
En effet, la société Chinoise YanchangPetrolum Corporation a fait un accord avec Sunpec (Sino UNionPEtrolum Corporation) en 2010. Une entente qui a permis à YanchangPetrolum d’engager l’exploitation des deux blocs pétroliers : Bloc 3113 et Bloc 2104 à Sakaraha au sud de Madagascar. En 2005, la compagnie chinoise Sunpec14 a signé un contrat d’intervention sur quatre blocs dont deux à Sakaraha et deux dans les régions de Boeny à l’Ouest du pays, et un projet de construction de raffinerie à Madagascar. Suite aux résultats décisifs de la potentialité du gisement de Sakaraha, 15% de l’exploitation furent achetés par YanchangPetrolum Corporation. Pour cette acquisition, la société a gagné 30 ans de droit de production de gaz naturel.
Un partenariat d’égal à égal
« Nous ne suivrons jamais les pas des colons occidentaux et notre coopération ne se fera jamais au détriment des intérêts de l’Afrique » disait Wang Yi, ministre des affaires étrangères chinois. La coopération bilatérale sino-malgache se manifeste dans deux domaines distincts : le domaine économique et commercial d’une part et le domaine humain, éducatif et culturel d’autre part. Il est à noter que l’aide de la Chine est fortement adossée aux investissements et aux relations commerciales. Le tout fait en réalité partie intégrante d’un « package » global ce qui rend difficile de mesurer les montants accordés à titre d’aide au développement et leur répartition (entre dons, prêts concessionnels, annulations de dette, etc.).
Prenons par exemple l’annulation des dettes gouvernementales liées aux prêts sans intérêt arrivant à échéance ou l’accord des prêts préférentiels et des crédits acheteur préférentiels aux pays les moins développés de l’Afrique dont a jouit Madagascar, des mesures que le gouvernement chinois prennent à l’égard des pays moins avancés en général.
La signature de plusieurs accords axés dans le domaine économique. En 2007 par exemple, sur les 16 accords signés, 6 ont directement un intérêt économique. Des sommes ont été injectées sous forme d’aide. La chine a injecté 240.290.000 de yuans et 50.000.000 de dollars américains dans l’économie malgache ; dont 180.290.000 de yuans annulation de la dette malgache 60.000.000 de yuans sous forme de don et les 50.000.000de dollars américains sous forme de prêt. Selon Pékin, la Chine a mis en place un nouveau système où elle tient compte des besoins de ses partenaires et réalise des projets d’infrastructures en échange d’un accès aux matières premières. Les deux parties sont gagnantes dans cet échange..
Prenant l’exemple de Mainland Mining Ltd, cette entreprise explore l’ilménite et le Zircon dans les régions Analanjirofo et VatovavyFitovinany, tout comme la société ChangyiZhanguyanTungste à Maevantanana pour l’exploration aurifère. Mainland Mining Ltd s’est vue octroyer une concession de 26. 000 carrés miniers 13 qui s’étend de Vatovavy à Farafangana soit 2.210 000 ha ou 400 km de de côté, pour un nouveau projet de recherche.
A l’exemple de ce qui se passe dans plusieurs pays africains, Mainland s’engage à :
– construire une usine de séparation pré concentré d’ilménite pour produire annuellement 900.000 tonnes d’ilménites purs ; 35.000 tonnes de Zircon et 1.000 tonnes de rutile à partir de 2016.
– une usine de production de dioxyde de titane de 35. 000 tonnes par an.
– construire un barrage hydroélectrique de 60 MW sur le site d’Ivolobe Toamasina dont 30 MW pour les besoins en énergies des usines.
– construire un port destiné à l’exportation des produits miniers et commerciaux.
– créer plus de 10 .000 emplois directs pour les travaux de recherche et de construction et 1.000 autres suppléments pour l’exploitation.
Certes, il y a des avantages comme par exemple la mise sur pied d’un centre de recherche agricole pour le riz hybride à Madagascar dont l’objectif est de promouvoir une révolution verte. On peut citer entre autre l’appui du gouvernement de la République Populaire de chine dans la mise en oeuvre de l’institution telle que l’EDBM (Économico, Développement Bord of Madagascar) afin de favoriser l’implantation des investissements chinois dans la grande île.
Mais force est d’admettre que nous sommes manipulés dans cette forme de collaboration, l’on a l’impression qu’on ne s’endette pas et que c’est gagnant –gagnant et pourtant, en réalité on engage nos ressources.
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Table des matières
Partie 1 CHINE-AFRIQUE : VERS LA COMMUNAUTE D’INTERET
Chapitre 1) la chine et l’Afrique : un intérêt politique déjà ancien
Chapitre 2) La percée chinoise après l’an 2000 : vers un intérêt économique de plus en plus marqué ?
Chapitre 3) Structure des échanges sino-africains
Chapitre 4) La Chine diffère-t-elle des occidentaux ?
Partie 2 LE DIALOGUE D’AMITIE ENTRE CHINE ET MADAGASCAR
Chapitre 1) L’amitié de longue date entre la Chine et Madagascar
Chapitre 2) La Chine un grand investisseur à Madagascar
Chapitre 3) Le principe de non-ingérence dans les affaires internes, qui sert qui ?
Chapitre 4) Un partenariat d’égal à égal : gagnant-gagnant vraiment
Chapitre 5) La conception de notre développement à travers notre culture
Chapitre 6) La politique malagasy en termes de délivrance de visa
Chapitre 7) Madagascar dans la mondialisation
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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