La CCEMS sous influence de gros pôles urbains

 L’Axe Seine: un contexte particulier pour la CCEMS 

Le territoire normand est en pleine mutation avec l’union des régions Haute Normandie et Basse Normandie. A cela s’ajoute une volonté politique d’unifier tous les territoires le long de la Seine, de Paris au Havre grâce à un projet d’ampleur : l’Axe Seine. Les intercommunalités, qui n’ont pas toutes le même poids dans ce contexte régional, doivent envisager leur développement en étroite cohésion avec leurs voisines. C’est pourquoi nous nous intéresserons d’abord à l’Axe Seine, pour ensuite comprendre comment les territoires s’organisent autour de cet axe, et étudier la place de la CCEMS et de ses voisins dans cet axe.

Contexte 

30 avril 2009 : c’est le début de la mobilisation des présidents d’agglomérations et des maires de Rouen, Paris et Le Havre pour le « Grand Paris », en faveur du développement attractif, durable et solidaire de l’Axe Seine. L’enjeu principal est la structuration des activités portuaires et logistiques, dans un contexte de concurrence mondialisée, afin de renforcer la synergie entre la logistique, l’industrie, la distribution, les services, le commerce… tout en améliorant les flux et le report modal entre le fleuve et la voie ferrée). Le système urbain reliant la région francilienne et l’estuaire normand – composé de grands pôles tels qu’Evreux, Vernon, ou des groupements communaux comme Seine-Eure et Eure Madrie Seine – représente près de 230 000 habitants, 10 000 entreprises et 100 000 emplois. Selon RFF, c’est près de 5,8 millions de passagers qui circulent tous les ans entre l’Ile de France et la Haute-Normandie, et plus de 2,4 millions entre l’Ile de France et l’Eure, représentant ainsi 41% des échanges (Gaillon/Val de Reuil : 1,3 millions). C’est là que nous pouvons voir les atouts du territoire eurois situé sur cet axe stratégique, et particulièrement celui de la CCEMS avec sa gare à mi-chemin entre Rouen et Paris. Le département entend par ailleurs affirmer une réelle volonté de développement, en prenant compte certains territoires limitrophes dont il est nécessairement dépendant, pour composer avec les projets de l’Axe Seine. Véritable carrefour de transit et 7 e département industriel, l’Eure, notamment autour de la vallée de la seine, fait partie des aires à développer dans le but d’attirer des filières créatrices de valeur ajoutée. De plus, le territoire accueille déjà des filières économiques dynamiques comme la chimiepharmacie, cosmétique, aéronautique, logistique.

L’axe économique

Les projets sur la CCEMS coïncident avec les axes opérationnels de l’Eure¹, définis dans le cadre de l’Axe Seine:

Les projets sur la CCEMS coïncident avec les axes opérationnels de l’Eure¹, définis dans le cadre de l’Axe Seine:

1. « Créer une ou deux plateformes multimodales fluviales et développer des zones logistiques » Les objectifs de l’Axe Seine sont de contribuer à l’élan des ports et à l’irrigation des territoires grâce au développement de la filière logistique. Le projet « Seine Gateway » a pour but d’améliorer les connexions et organiser un réseau autour de 3 ports principaux : Paris, Rouen, Le Havre, en s’appuyant sur des plateformes multimodales pour atteindre rapidement le bassin de consommation parisien.

Un des projets consiste à développer une plateforme multimodale bord à quai au sein de la CCEMS (St Pierre la Garenne, Gaillon, Aubevoye). En effet, la ZI St Pierre-laGarenne /Gaillon/Aubevoye présente une surface foncière d’environ 380 ha, et dispose d’un potentiel de requalification. Des moyens ont été engagés par la CCEMS dans son récent projet d’investissement (convention Région/Département/CCEMS), à hauteur de 50 000€, pour la restructuration des friches industrielles (terrain EDF de 55 ha, parcelle en friche de 20 ha). En termes de desserte, cette zone est reliée par la voie ferrée et le fleuve. Elle bénéficie de la proximité de l’A13 et des services du centre bourg gaillonnais. Par ailleurs,  le linéaire du fleuve est considéré comme facilement exploitable (approche envisageable bord à quai selon VNF), avec un découpage à plusieurs accès direct sur le fleuve pour les entreprises implantées. La ZA des Champs Chouettes à Saint Aubin-Sur-Gaillon s’inscrit dans ces projets à vocation logistique, notamment à travers le poids de certaines de ses entreprises déjà présentes : LTD Logistique, DIFFUSION PLUS (leader en marketing direct), et qui représentent des pôles d’emplois assez importants. Aubevoye présente également un pôle logistique intéressant pour ce projet, avec son entreprise ITM LAI (LOGISTIQUE ALIMENTATION INTERNATIONALE) (entreposage et stockage frigorifique). L’Eure et la CCEMS disposent donc d’un certain savoir-faire en services de production et de logistique, du conditionnement au transport, en plus d’une localisation stratégique ou privilégiée.

2. « Créer des pôles tertiaires à proximité immédiate des gares reliées à Paris et valoriser (ou reconvertir) des friches urbaines à proximité des gares » Ce projet s’inscrit dans les objectifs de l’Axe Seine qui mettent en avant la promotion d’un développement équilibré des bassins de vie de la Vallée de la Seine, ainsi que la contribution au renouvellement économique et au changement d’image de la vallée. La CCEMS s’inscrit dans les enjeux de valorisation des pôles urbains et secondaires, et des projets de développement économique.

Développement du pôle tertiaire de Gaillon-Aubevoye, enjeux autour de la gare: Les gares de Vernon, Evreux, Aubevoye-Gaillon, Bernay, Gisors… sont des nœuds importants du trafic de voyageurs entre la région parisienne et le département. Ces villes sont par ailleurs des pôles d’emplois locaux attractifs, au sein de tout un réseau de pôles structurants. La Communauté de Communes Eure Madrie Seine a lancé une étude foncière dans le but de restructurer le secteur gare. L’objectif étant la réhabilitation et la rénovation du pôle global d’échange, et le déploiement de nouveaux locaux d’activités. 40 000 € seront engagés pour le pôle tertiaire autour de la gare.

La CCEMS s’inscrit également dans des enjeux visant à conforter les filières industrielles et de recherche euroises : Aubevoye est identifié comme un pôle de recherche et développement (R&D) dans le projet de l’Axe Seine, tandis que Gaillon et St-Pierre-laGarenne présentent des enjeux importants en termes d’emballage (entreprise Linpac Allibert, fabrication d’emballages plastiques), aéronautique et chimie-cosmétique. Enfin, la CCEMS s’inscrit dans des enjeux plus généraux de préservation des espaces naturels et zones humides, et de développement du tourisme notamment aux abords de la Seine, comme l’aménagement de véloroutes sur les bords de la Seine et dans le territoire eurois. Cependant, la visibilité et l’attractivité touristique de la CCEMS semble encore réduite.

L’Axe touristique

Le tourisme est considéré comme un des atouts du territoire normand, et comme une base de son économie. Cette économie s’appuie sur des sites de renommée nationale voire internationale : Plages du débarquement, Côte (Honfleur, Etretat), Rouen (Cathédrale, vieux Rouen…), Giverny (maison de Monet de Musée des impressionnismes),…

Sur le territoire Normand, c’est donc plus de 44 000 emplois liés au tourisme, ce qui en fait la 7e Région française dans ce domaine. A proximité directe du territoire Eure Madrie Seine, les Andelys et Giverny représentent des pôles touristiques importants avec plus de 20 000 entrées (cf partie 2.6 Tourisme, p.70). Gaillon, situé sur cet axe touristique en progression au niveau de la fréquentation, présente un réel potentiel : château, jardins hauts et bas, maison du XVIe siècle. Pourtant, la commune manque d’atouts promotionnels et peine à améliorer son attractivité. La carte des sites touristiques de l’Axe Seine (cf. Figure 3) en est très évocatrice avec l’absence du château de Gaillon qui représente pourtant un réel potentiel touristique et un des enjeux de financements de la Région (CPIER 2015-2020). En effet, en juin 2015, un contrat de plan interrégional Etat-Région CPIER 2015 -2020 devait être signé, et le mandat de négociation mentionne un accompagnement et des financements pour les projets et les études de valorisation des berges de la Seine et des friches industrielles. Des financements seront aussi accordés par l’Etat pour le développement touristique, la valorisation et la restauration des sites patrimoniaux .

Une politique globale de financements et d’actions, au sein du territoire communautaire mais aussi avec les territoires voisins, pourra peut-être permettre à la CCEMS de profiter davantage des dynamiques de pôles touristiques voisins.

L’Axe mobilité : La LNPN, quel impact possible ?

La CCEMS se situe en plein cœur de l’axe de mobilité destiné à relier la porte d’entrée maritime au bassin parisien. Par la présence de ports fluviaux en bord de Seine et d’une gare sur le pôle Gaillon Aubevoye, le territoire Eure Madrie Seine se situe au centre des projets et des enjeux en termes de transports de voyageurs et de marchandises. Les axes de transports (A13, Voie ferrée, Voie fluviale) de la CCEMS sont des atouts dans la politique de multi-modalité engagée.

La Ligne Nouvelle Paris Normandie est un des défis associés à cette mobilité. Selon la SNCF et les acteurs associés, elle permettra d’améliorer le quotidien des voyageurs, avec des trains plus ponctuels, plus fréquents et plus rapides (250 km/h en Normandie, jusqu’à 200 km/h en Ile-de-France pour certains trains). Les trains rapides seront donc orientés sur cette nouvelle ligne, pour améliorer le développement des dessertes locales sur les lignes existantes, tout en étant en cohérence avec le projet du Grand Paris.

Plusieurs villes anticipent l’arrivée de cette ligne en développant leur quartier gare comme Vernon, Evreux, Louviers-Val de Reuil, Rouen, Caen, Le Havre. Elles projettent de faire de leur quartier gare des quartiers multifonctionnels (quartiers dédiés à la fois au logement, aux loisirs et à de l’économie tertiaire), très reliés aux autres pôles du territoire .

La LNPN ligne Paris Le Havre semble être orientée vers un report du trafic afin de destiner l’axe historique à du transport de marchandise dans le but de fluidifier le trafic existant. Bien que Gaillon/Aubevoye soit identifiée comme un pôle multimodal, il est possible que la nouvelle ligne de train contourne cette gare. Les transports de voyageurs seraient alors accentués sur les grands axes (Rouen Paris, Caen Evreux) en défaveur de la desserte de la CCEMS. L’impact étant difficile à identifier pour le moment dans ce projet encore émergeant (le choix du tracé n’est pas encore clairement défini). Réaliser des études sur les friches permettrait à la CCEMS de connaitre son potentiel en lien avec les projets de l’axe Seine. Ainsi l’intercommunalité pourrait s’engager en amont dans cet axe de mobilité, sachant que sa position stratégique est l’un de ses atouts principaux.

RÉSUMÉ – L’Axe Seine 

• Des secteurs à enjeux (friches industrielles) pour le développement économique, de par leur localisation (autoroute, voir ferrée, voie fluviale).
• Des filières d’excellence déjà présentes sur le territoire (entreprises de logistiques et d’emballage à Gaillon/ Aubevoye et Saint-Aubin) .
• Des moyens financiers récemment engagés pour le développement économique et touristique de la CCEMS (convention d’objectifs CCEMS/Région/ Département du 18 mars 2015).
• Le tourisme, un fort potentiel, mais qui peine à s’affirmer sur le territoire : fautil développer la coopération intercommunale et intercommunautaire ?
• La Ligne Nouvelle Paris Normandie, un impact difficile à mesurer, mais comment s’inscrire dans ce projet imminent ?

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Table des matières

Introduction
1. La CCEMS sous influence de gros pôles urbains
1.1. L’Axe seine, un contexte particulier
I. Contexte
II. L’Axe économique
III. L’Axe touristique
IV. L’Axe mobilité : La LNPN, quel impact possible ?
1.2. La CCEMS dans son bassin de vie
I. Des intercommunalités voisines avec des projets de territoires
II. Une dépendance forte aux autres territoires
1.3. Les compétences de la CCEMS: Quels sont les axes prioritaires de ses actions?
I. Les compétences
II. Les services
III. Le développement économique et le tourisme
1.4. Conclusion sur la place de la CCEMS dans le contexte régional et départemental
2. Gaillon, une commune en interaction avec son territoire
2.1. Population et emploi
I. L’évolution de la population gaillonnaise
II. Caractéristiques principales de la population gaillonnaise
III. L’offre d’emplois pour les gaillonnais
IV.Une population appauvrie
2.2. Logement et Marché Foncier
I. La capacité d’emprunt des gaillonnais
II. L’offre de logements sur Gaillon
III. Le besoin en logement: Technique du Point Mort
IV. Le problème de la vacance à Gaillon
V. La concurrence entre le neuf et l’ancien
2.3. Services et équipements
I. L’offre en équipements dans la CCEMS
II. Le rôle essentiel de Gaillon, commune centre de la CCEMS, dans l’accessibilité aux équipements
2.4. Accessibilité et mobilité
I. La place de Gaillon dans le système régional et départemental
II. Gaillon au sein de la CCEMS
2.5. Cadre de vie
2.6. Tourisme
3. Quelle politique de développement pour Gaillon et la CCEMS ?
3.1 Le développement de la CCEMS
I. Pourquoi le développement gaillonnais doit-il s’orienter vers une politique à plus grande échelle (intercommunale) ?
II. Mise en place PLUi: Une opportunité pour revoir son développement ?
3.2 Une politique de développement urbain peu définie
I. … qui était celle de Gaillon jusqu’à aujourd’hui…
II. … et qui aggravera les disfonctionnements de la commune.
3.3 Les enjeux sont multiples et transversaux
4. Une stratégie à différentes échelles
4.1 Stratégie a l’échelle intercommunale
4.2 Une stratégie transversale pour la commune
4.3 Une action plus centrée sur le centre bourg
4.4 Pourquoi mettre en place une stratégie de renouvellement à différentes échelles?
4.5 Comment mettre en place cette stratégie? La création d’un comité de pilotage
Conclusion

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