Le contexte de vie, la motivation et les compétences des élèves sont extrêmement variés à l’école. Certains d’entre eux arrivent à entrer dans les apprentissages tandis que d’autres rencontrent des difficultés plus ou moins graves. Les classes sont en général composées d’élèves hétérogènes, certains ayant de grandes facilités et d’autres de grandes difficultés d’apprentissage. Lors de mon année de formation en tant que professeure des écoles stagiaires dans une classe de CM2, j’ai pu remarquer cette hétérogénéité, notamment, lors des séances de production d’écrits.
Dans un premier temps, dans le cadre de ce mémoire, je souhaitais étudier précisément la mise en place d’un dispositif de différenciation pédagogique ; une carte mentale, pour trois de mes élèves dyslexiques en production d’écrits. Cependant, au fur et à mesure de mon étude, j’ai pu constater que ce dispositif pouvait être bénéfique pour chacun de mes élèves. J’ai donc eu la volonté de montrer que des outils pensés pour des élèves dyslexiques peuvent également être utiles à ceux qui n’ont d’emblée de besoins particuliers. Ainsi, cette recherche étudie les différents apports, usages et enjeux de la carte mentale par mes élèves de CM2 sollicités en rédaction de textes. Le choix de ce sujet s’explique par différentes raisons:
Tout d’abord, il répondait à mes interrogations sur l’élaboration et l’utilisation d’un outil en production d’écrits. Je cherchais à aider au mieux mes élèves de CM2 à planifier et organiser leurs écrits. Cette recherche m’a donc permis de trouver des solutions, des réponses à mes questions.
Ce thème aborde également le côté très humain de l’enseignement. Les élèves qui sont confrontés à des difficultés d’apprentissage, tel que les élèves dyslexiques, ont besoin d’être entourés, d’être soutenus tout au long de leur parcours scolaire. Lors de mes premiers mois dans une classe de CM2, la production d’écrits n’était pas une activité évidente pour les élèves. La mise en place de cet outil m’a permis les aider et de leur alléger la tâche notamment lors d’étapes cruciales en production d’écrits : la planification et l’organisation de l’écrit.
Il me semble indispensable, en tant que professeure des écoles de savoir comment aider mes élèves à surmonter leurs difficultés notamment en production d’écrits. Cette question méritait, selon moi, d’être approfondie, ce qui est l’objet de cette étude.
Mes recherches documentaires sur la production d’écrits, le processus d’écriture et la carte mentale m’ont d’autant plus donné la possibilité d’entrer de manière concrète dans mon travail de recherche, d’obtenir des réponses à mes questions et de me conforter dans mon choix de sujet.
D’après Philippe Perrenoud (1997) « la différence existe à l’état sauvage entre les individus ». En effet, chaque élève n’a pas la même expérimentation de vie, le même capital de connaissance, les mêmes compétences ou encore le même rapport au savoir. Ainsi, dans le cadre scolaire, chacun est différent, que ce soit au niveau de ses aptitudes, de ses capacités ou de ses motivations. Il est donc important de prendre en compte cette hétérogénéité en différenciant son enseignement afin de répondre à des besoins identifiés chez les élèves. Sachant qu’ils évoluent à leur propre rythme, il faut donc d’après Philippe Perrenoud (1997) « individualiser son enseignement (autrement dit) mettre en place une personnalisation des parcours de formation ». Cela passe par le recours à une pédagogie différenciée.
D’après Philippe Meirieu (2016), la pédagogie différenciée « consiste à multiplier les itinéraires d’apprentissage en fonction des différences existantes entre les élèves, tant sur le plan de leurs connaissances antérieures, de leurs profils pédagogiques, de leurs rythmes d’assimilation, que de leurs cultures propres et de leurs centres d’intérêt ». Ainsi, elle permet d’ouvrir à un maximum d’enfant les portes du savoir, du savoir-faire et du savoir-être, notamment en mettant à leur disposition des situations d’apprentissage et des outils variés. D’après Bernard Rey (1998) « la pédagogie différenciée est la pédagogie qui tient compte des particularités de chaque enfant ». Dans chaque groupe d’apprenant, il y a des besoins hétérogènes. Il faut, en tant qu’enseignant, apprendre à diversifier nos supports d’apprentissage afin de permettre à tous, malgré l’hétérogénéité existante, d’avoir des objectifs communs. Pour cela, des dispositifs pédagogiques peuvent être mis en place en classe.
D’après Anne-Marie Chartier (2000), le dispositif pédagogique est « un ensemble de moyens organisés, définis et stables conduit pour répondre à un problème récurrent». C’est au travers de ces dispositifs de soutien que les enseignants adaptent leurs pratiques à la diversité et l’hétérogénéité des élèves. Pour s’adapter au rythme des élèves, il est possible de proposer des outils leur permettant de se construire des repères. Cela peut également être utile pour les élèves atteints de troubles d’apprentissages tels que la dyslexie. D’après Gavin Reid et Shannon Green (2012) mettre en place des outils d’aide fait partie des nombreuses stratégies qui peuvent être mises en place pour détourner certaines difficultés d’apprentissage. Ces outils peuvent être de différentes natures et concerner différentes matières en s’adaptant aux besoins de l’élève : une bande numérique, des sons illustrés par des dessins, des motsoutils, une carte mentale pour les notions de grammaire par exemple. Un outil qui permet de synthétiser des connaissances peut être pratique et rassurant pour les élèves ayant des besoins particuliers. Chaque élève a sa propre utilisation de l’outil : pour les élèves à besoin particulier les outils peuvent aider à entrer dans l’apprentissage et alléger la tâche tandis pour les élèves ayant des facilités ils peuvent servir à approfondir leurs capacités. La production d’écrits étant une activité très hétérogène, j’ai décidé de centrer mes recherches sur un outil en particulier : la carte mentale D’où les interrogations et la problématique suivante : comment s’organise le processus d’écriture ? qu’est-ce qu’une carte mentale et en quoi elle permettrait à mes élèves d’organiser et planifier leurs écrits, autrement dit, de faire évoluer leurs textes ?
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Table des matières
Introduction
I. La carte mentale comme dispositif de différenciation pédagogique en production d’écrits
I.1. La différenciation pédagogique face à l’hétérogénéité scolaire
I.1.1. Pourquoi différencier ?
I.1.2. La mise en place d’une pédagogie différenciée
I.1.3. La mise en place de dispositifs pédagogiques
I.2. La production d’écrits et le processus rédactionnel
I.2.1. La production d’écrits : définition
I.2.2. Le processus d’écriture
I.2.2.1. Le processus d’écriture : gestion de différentes contraintes
I.2.2.2. Le modèle de Hayes et Flower
I.2.2.2.1. L’opération de planification
I.2.2.2.2. L’opération de mise en texte
I.2.2.2.3. L’opération de révision du texte
I.3. La carte mentale
I.3.1. Définition
I.3.2. Comment se construit une carte mentale ?
I.3.3. Le lien entre la carte mentale et la théorie des intelligences multiples d’Howard Gardner
II. Expérimentation de la carte mentale en production d’écrits : contexte et caractéristique du protocole
II.1. Constats en amont de l’expérimentation
II.2. Descriptif du protocole d’expérimentation
II.2.1. Descriptif des séquences de production d’écrits proposées dans le cadre de l’expérimentation
II.2.1.1. Organiser son récit à partir d’une carte mentale : le schéma narratif (voir annexe 7)
II.2.1.2. Produire un écrit pour se présenter à partir d’une carte mentale (voir annexe8)
II.2.1.3. Inventer et écrire une histoire à partir d’une carte mentale numérique collective (voir annexe 9)
II.2.2. Le recueil de données : les méthodes employées
III. Traitement et analyse des données recueillies à l’issue des expérimentations
III.1. La carte mentale en production d’écrits : objet de différents usages
III.1.1. La carte mentale : un outil pour entrer dans l’écrit ou pour « fouiller son écrit »
III.1.2. La carte mentale : un outil pour mieux planifier et organiser son texte
III.1.2.1. La carte mentale facilite l’organisation d’un texte en paragraphe
III.1.2.2. La carte mentale permet de détailler des idées et formuler des liens : travailler par association d’idées
III.1.3. Un outil avec différents contenus
III.2. Le point de vue des élèves concernant l’utilisation de la carte mentale en production d’écrits
Conclusion
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