Le fonctionnement des écosystèmes repose essentiellement sur les interdépendances entre individus vivant dans un même milieu (Combes, 2001). Il existe toute une gamme d’interactions qui s’établissent entre individus d’espèces différentes. Parmi ces interactions, il existe plusieurs types d’associations et de cohabitations entre les êtres vivants, dont le parasitisme fait partie. Il s’agit d’un mode de vie très répandu (à l’heure actuelle près de 50% de la biodiversité totale de la planète serait soumise au parasitisme) dans lequel des individus d’espèces radicalement différents vont vivre en étroite relation (Combes, 2001). C’est en fait l’exploitation du vivant par le vivant. L’association hôte parasite n’est nécessaire qu’au parasite, car lui seul profite de cette coexistence. Il vit aux dépens de son hôte, qui lui fournit une source de nourriture ainsi qu’un habitat. Dans la plupart des cas, s’il ne trouve pas d’hôte, le parasite est voué à une mort certaine. La survie d’un parasite dépend donc de celle de son hôte (Marchand, 1994).
Le parasitisme peut donc se définir comme une association hétérospécifique obligatoire dont une espèce, l’hôte, sert de milieu à l’autre, le parasite. Le but premier d’un parasite, n’est pas donc de tuer son hôte, mais d’en tirer profit le plus longtemps possible, mis à part ceux pour qui la mort de l’hôte permettra d’assurer la continuité de l’espèce (Grabda, 1991). Le bilan des réactions hôte-parasite, selon Combes (1995), est à l’origine de l’instauration d’un équilibre dynamique prolongé des deux partenaires qui interagissent et tendent de ce fait à former un système fonctionnel dans lequel il est obligatoire que les défenses de l’hôte soient proportionnelles aux agressions du parasite. En effet le nombre de parasites nécessaire pour nuire au poisson varie considérablement selon l’hôte, sa taille et son état de santé. En revanche beaucoup d’espèces de parasites sont dans une certaine mesure spécifique d’un hôte donné et ne peuvent infester qu’un seul individu de la même espèce. De ce fait, à un parasite quel qu’il soit, il convient d’associer la dénomination spécifique et générique de son hôte.
La carpe commune (Cyprinus carpio Linnaeus, 1758)
Position systématique
L’espèce Cyprinus carpio (Linnaeus, 1758) est un poisson téléostéen appartenant à la famille de cyprinidae. Cette dernière compte plus de 2000 espèces avec approximativement 340 genres (Rafael et Doadrio, 1998).
La classification adoptée est celle de Nelson (1994). La position systématique est la suivante :
Embranchement : Chordata
Classe : Actinoptérygiens
Ordre : Cypriniformes
Famille : Cyprinidae
Genre : Cyprinus
Espèce :Cyprinus carpio (Linnaeus, 1758).
❖ Origine
Cette espèce est originaire d’Asie centrale, avec une extension naturelle vers l’est (Chine), le sud et l’ouest (bassin de l’Euphrate et du Danube). Elle a été introduite en Europe (Italie) par les romains. A l’heure actuelle, elle est présente dans toute l’Europe occidentale sauf dans les régions froides (Norvège, Russie septentrionale) et elle est bien implantée en Europe centrale (Hongrie, Tchécoslovaquie, Roumanie). Elle est considérée comme l’un des poissons les plus colonisateurs dans le monde (Bruslé, 2001) .
❖ Description
Chez la carpe commune le cops est entièrement recouvert d’écailles, 33 à 40 grandes écailles étant réparties le long de la ligne latérale (Terofal, 1987). Au contraire, la carpe miroir est dépourvue d’écailles à l’exception d’écailles au niveau de la ligne latérale (Keith et Allardi, 2001). La carpe commune possède un corps allongée, trapu, peu comprimée latéralement (Terofal, 1987 ; Keith et Allardi, 2001), le dos est sombre et présente une coloration de grisvert à gris-brun cette coloration est variable suivant l’habitat. Sur les flancs, les écailles présentent des reflets dorés. Le ventre est blanc crème ou jaunâtre (Spillmann, 1961 ; Keith et Allardi, 2001). La bouche est terminale et protractile, avec 4 barbillons (2 longs et 2 courts) sur la lèvre supérieure (Terofal, 1987). Elle ne possède pas des dents buccales mais des dents pharyngiennes, la nageoire dorsale est longue et tronquée, dépourvue de rayons épineux ; ainsi que la caudale est bien échancrée. Il existe un très grand polymorphisme (hauteurlongueur, écaillure, couleur….) lié à des fortes aptitudes d’adaptabilité à des conditions de milieu variées (eaux courantes, eaux stagnantes, eaux saumâtre). Des différences importantes séparent les carpes sauvages des carpes domestiques d’élevage les premières à corps plus cylindrique et oblong, les secondes à corps plus haut et plus massif (Bruslé et Quignard, 2001).
Durant la période de reproduction, les mâles se distinguent par la présence de tubercules au niveau de la tête et du corps (Keith et Allardi, 2001 ; Terofal, 1987). Les individus adultes mesurent de 25 à 75 cm de long mais peuvent atteindre exceptionnellement jusqu’à 120 cm (Terofal, 1987). La durée de vie de la carpe est de 40 ans (Melanie et al., 2007).
❖ Habitat
Cette espèce est grégaire (Bruslé et Quignard, 2001), cependant elle s’isole avec l’âge (Crivelli, 2001) et benthique, sédentaire et nocturne. Elle est photophobe ; sélectionnant les habitats à faible intensité lumineuse avec des variations saisonnières (Bruslé et Quignard, 2001). La carpe se rencontre dans les parties calmes des rivières, étangs et lacs dont le substrat est fait de sable, de vase et riche en végétation aquatique. Elle passe l’hiver enfouie dans la vase et s’active au printemps (Terofal, 1987 ; Keith et Allardi, 2001).La carpe est un poisson qui vit dans le fond mais cherche sa nourriture dans les couches intermédiaires et supérieures de la colonne d’eau. La meilleure croissance est obtenue quand la température de l’eau oscille entre 23 et 30C°. Elle a une grande tolérance aux variations de l’habitat et notamment à la désoxygénation des eaux durant la période chaude, le poisson peut survivre aux périodes froides de l’hiver. Une salinité jusqu’à 5‰ est tolérée. La gamme de pH optimale est entre 6,5 et 9.
❖ Régime alimentaire
La carpe est omnivore et se nourrit de petits animaux benthiques (larves d’insecte, mollusques, crustacés, etc.) et de végétaux (Terofal, 1987 ; Keith et Allardi, 2001). L’activité alimentaire est dominante au début et à la fin de la journée et la nuit. Son activité trophique est très élevée durant l’été mais elle cesse de se nourrir à des températures inférieures à 6C° et supporte bien les longues périodes de jeûne.
❖ Reproduction
La carpe commune est considérée comme un poisson « migrateur » qui se déplace vers les prairies inondées lors de sa période de reproduction (Crivelli, 2001). Les femelles deviennent matures à partir de leur 3éme année, et les mâles à partir de 2ans (Keith et Allardi, 2001), la reproduction se déroule entre mars et août dans la végétation et en eau peu profonde. La fécondité moyenne est de 100.000 œufs/kg, les œufs sont collés grâce à leur mucus sur la végétation aquatique.
La carpe peut s’hybrider avec le carassin, espèce assez similaire, ce qui donne naissance à des individus stériles aux caractères intermédiaires entre les deux espèces (Spillman, 1961 ; Keith et Allardi, 2001).
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Table des matières
Introduction
1. Matériel et méthodes
1.1 Zone d’étude
1.2. Présentation des poissons hôtes
1.2.1. La carpe commune (Cyprinus carpio Linnaeus, 1758)
1.2.2. Le barbeau (Barbus barbus callensis, Valenciennes 1842)
1.3. Mesure des paramètres physicochimiques de l’eau
1.4. Capture et traitement des poissons
1.5. Etude de la croissance
1.5.1. Croissance linéaire
1.5.2. Croissance relative (relation taille-poids)
1.5.3. Coefficient de condition de Fulton
1.6. Reproduction
1.6.1. Proportions des sexes
1.6.2. Détermination de la période de ponte
1.7. Régime alimentaire
1.8. Indices parasitaires
1.9. Indices écologiques
1.10. Analyse statistique
2. Résultats
2.1. Caractérisation de la population de carpe
2.1.1. Proportions des effectifs des classes de taille des carpes
2.1.3. Variation mensuelle de la sex- ratio
2.1.4. La croissance linéaire des carpes
2.1.5. La croissance relative des carpes
2.1.6. Coefficient de condition(k)
2.1.7. Reproduction
2.1.7.1. Rapport gonado-somatique (RGS)
2.1.7.2. Rapport hépato-somatique (RHS)
2.1.8. Régime alimentaire des carpes
2.1.8.1. Coefficient de vacuité (Cv%)
2.1.8.2. Fréquence d’apparition des proies (F%)
2.2. Caractérisation de la population de barbeau
2.2.1. Proportions des effectifs des classes de taille de barbeau
2.2.2. Distribution saisonnière des tailles des barbeaux
2.2.3. Variation mensuelle de la sex-ratio
2.2.4. La croissance linéaire des barbeaux
2.2.5. La croissance relative des barbeaux
2.2.6. Coefficient de condition(k)
2.2.7. Reproduction
2.2.7.1. Rapport gonado-somatique (RGS)
2.2.7.2. Rapport hépato-somatique (RHS)
2.2.8. Régime alimentaire des barbeaux
2.2.8.1. Coefficient de vacuité (Cv%)
2.2.8.2. Fréquence d’apparition des proies (F%)
2.3. Les indices écologiques
2.4. Les indices parasitaires
2.4.1. Dénombrement des parasites recensés
2.4.2. Répartition saisonnière des indices épidémiologiques
2.4.3. Indices épidémiologiques de chaque espèce parasite
2.4.3.1. Dactylogyrus anchoratus
2.4.3.2. Dactylogyrus sp
2.4.3.3. Argulus foliaceus
2.4.3.4. Ergasilus sp
2.4.3.5. Ligula intestinalis
2.4.3.6. Bothriocephalus acheilognathi
2.4.3.7. Contracaecum sp
2.4.3.8. Anisakis sp
2.4.3.9. Acanthogyrus sp
2.5. Paramètres environnementaux et parasitisme
3. Discussion
Conclusion
Références
Annexe