La biodiversite urbaine
Les zones urbaines sont des milieux extrêmement perturbés par les activités humaines. Par conséquent, beaucoup d’espèces indigènes ne peuvent faire face à de tels changements et disparaissent localement (ou totalement) suite à ces perturbations. Jusque dans les années 1970, l’opinion s’est maintenue selon laquelle peu d’espèces pouvaient vivre dans les villes (Blandin et al., 1981; Arnould & Cieslak, 2004; Arnould, 2006). La biodiversité urbaine n’a retenu l’attention des scientifiques que depuis peu, puisque la conservation a toujours été associée à la nature imaginée d’un milieu vierge où l’homme est exclu (Mille & Hobbs, 2002).
Lors de la Conférence internationale sur la biodiversité intitulé Science et gouvernement tenue à Paris en 2005, une des préoccupations largement partagées a été la sauvegarde des éléments naturels dans les milieux urbains (Paris, 2005). Ceci a permis de poser la question de la conservation de la biodiversité urbaine au cœur des politiques de développement durable. Cependant force est de reconnaitre la complexité relative à la tâche. La difficulté majeure réside évidemment dans l’application des principes de gestion des milieux naturels qui sont conçus pour des milieux naturels relativement « vierge », à des milieux naturels urbains où l’homme à tendance à concevoir son milieu de vie comme étant distinct de la nature (Arce Sandra, 2009). Du point de vue de la recherche, peu d’études écologiques ont été menées dans les milieux urbains. Par exemple, selon McIntyre et al., (2000), une revue des articles publiés entre 1993 et 1997 dans les publications scientifiques principales indique que seulement 25 de 6157 articles, soit 0,4%, traitent des espèces urbaines ou portent sur des milieux urbains (Arce Sandra, 2009 in McIntyre et al., 2000). Aujourd’hui les prévisions montrent que près de 70% de la population de la planète vivra en zone urbaine en 2050, ampliants des problèmes tels que la pollution de l’air, la congestion des transports et la gestion des déchets (OCDE, 2012). De ce fait, la conservation de la biodiversité en milieu urbain s’avère être un défi en raison de la complexité propre du système où les effets environnementaux sur les milieux physiques englobent de multiples interactions résultant des dynamiques sociales et écologiques (Grimm et al., 2008). Dans cette optique, des raisons très pragmatiques, nous amènent à protéger cette biodiversité pour les services écosystémiques qu’elle apporte tels que la régulation du microclimat local, la réduction du bruit, le drainage des eaux usées et enfin tous les services d’ordre social et psychologique (Bolund & Hunhammar, 1999; Chiesura, 2004).
Les espaces verts
Définition
Relativement nouvelle, la notion d’espace vert appartient au vocabulaire de la planification urbaine et paysagère comme à celle de l’urbanisation paysager. Ce terme fut utilisé que durant les années 1960. Il implique la notion de « verdure » même si son sens n’est pas précis. Ce mot possède une dimension générique importante qui permet une large utilisation du terme quel que soit le type de couverture végétale (Adra Ali-Khodja, 2011).
Dans les agglomérations urbaines, l’espace vert désigne des terrains non encore bâtis, végétalisés. A cet effet, ces milieux sont souvent perçus comme des réserves foncières et donc des terrains à développer quand l’opportunité se présente. Cependant, il existe plusieurs expressions relatives à la même signification car le mot espace vert possède une dimension générique importante qui permet une large utilisation du terme quelque soit le type de couverture végétale. Raison pour laquelle Perrin J. le définissait ainsi lors d’un colloque de Marly en 1979 ; « le terme « espace » vert comporte des significations différentes. Il concerne aussi bien l’arbre isolé dans les zones résidentielles que les espaces naturelles plus grands en passant par toutes les formes intermédiaires telles que le square de quartier, le jardin public, le parc périurbain et la forêt de promenade » (Perrin, 1979). Toutefois certains urbanistes estiment que l’expression « espace vert » est inadaptée pour désigner un parc, un square qui éveille des images fortes, des ambitions distinctes et évidentes.
Par contre Philippe Thébaut et Anne Camus (1992) indique que « espace vert désigne communément dans un ensemble urbain ou péri-urbain, une zone dotée de végétation pouvant aller du simple square à l’aménagement d’un grand parc en passant par les plantations routières (Adra Ali-Khodja, 2011). Considérées comme un bon fonctionnement du bon équilibre architectural de l’espace urbain, les espaces verts urbains constituent des éléments essentiels de la qualité du cadre de vie en ville (Stefulesco, 1993 in Adra Ali-Khodja, 2011).
Fonctions des espaces verts
Face aux enjeux de construction d’un environnement de proximité convenable pour l’homme en ville, les populations ont exprimé durant ces dernières décennies plus d’intérêt de pouvoir bénéficier de la présence d’une nature diversifiée (Nilson et al., 2000; Osseni, 2014). Cette intérêt se manifeste par la présence du végétal qui intégre les nouveaux modèles de la ville conviviale, faisant des infrastructures vertes un outil de structuration de l’urbain (Mollie, 2009; Osseni, 2014). Ainsi, les villes abritent de nos jours, un nombre relativement élevé de formations végétales plantées telles que des pelouses, les plantations d’alignement, les jardins publics, les parcs, les espaces verts et arbres isolés (Clergeau, 2007; Osseni, 2014). Le choix accordé à ces infrastructures s’explique dans le fait que les fonctions qu’assurent ces milieux sont muliples dans le sens où ils sont souvent considérés comme des lieux d’instruction des sciences naturelles pouvent influencer le développement de l’identité du résident avec le lieu et la communauté à travers un sentiment de sécurité. Ces infrastructures enrichie souvent notre environnement urbain en constituant des barrière contre le bruit et la poussière (Adra AliKhodja, 2011).
Laurie, (1979) a identifié cinq fonctions relative à cette végétation urbaine. La première est d’ordre sanitaire, la seconde est relative à la mortalité, la troisième liée au développement du mouvement romantique et à l’esthétique, la quatrième concerne l’économie et la cinquième l’éducation. Ces milieux plus particulièrement les espaces vert améliorent l’environnement des villes selon trois modes : social en tant que lieu de repos et de promenade à la portée de tous, biologique pour la production d’oxygène des arbres et leurs contributions à l’atténuation des bruits, esthétique en fin comme compensation de l’espace bâti (Nilson & Randrup, 1997; Osseni, 2014). Sur le plan de l’éducation, la création des espaces verts et l’introduction de la nature dans les centres urbains incitent cette population de tout âge à se mettre en contact avec les plantes. Ainsi donc, en les observant dans leur milieu naturel, on apprend à mieux apprécier la richesse de la nature, la beauté et la complexité de la croissance et à prendre conscience de la nécessité de les respecter et de les protéger partout où ils se trouvent (Emery, 1986). Sur le plan de l’importance des espaces verts pour le bien-être et la santé de l’homme, beaucoup de gens sont aujourd’hui convaincus que le contact avec les arbres et d’autres végétaux est bénéfique aussi bien pour le bien-être physique que psychique. L’aménagement paysager rend tout simplement les personnes heureuses en diminuant le niveau de stress, en tempérant les sentiments négatifs comme l’anxiété, la peur, la colère, la déprime et la tristesse. Ulrich et al., (1990) soutiennent que même un contact de courte durée avec la nature pendant les heures de loisirs est très important pour les citadins car ceci leur permet de récupérer sur le plan physiologique et de rétablir leur énergie physique.
Les notions de foresterie urbaine et d’urbanisation
La notion de foresterie urbaine n’est pas neuve et ses possibilités d’expansion vont en augmentant, notamment dans les pays en développement où l’urbanisation croit à un taux accéléré, et où une société jadis en grande partie rurale se transforme en une société essentiellement urbaine. Suivant les chiffres des Nations Unies, (1992), seules 37% de la population des pays en développement étaient urbanisées en 1990 et que d’ici 2025 ce pourcentage atteindra 61%. Ainsi d’après le rapport des Nations Unies, (2014), plus de la moitié de la population du monde vit dorénavant dans les zones urbaines. Correctement planifiée, la croissance urbaine devrait permettre d’améliorer l’accès à l’éducation, à la santé, aux logements et à d’autres services, d’ouvrir des nouveaux débouchés et de mieux maîtriser l’impact de l’homme sur l’environnement. Cependant parallèlement les villes modifient significativement leur environnement. L’urbanisation rapide pose des problèmes en matière de planification urbaine viable et de gouvernance en particulier dans les localités qui n’y sont pas bien préparées. L’ampleur et le rythme de l’urbanisation diffèrent grandement d’une région à une autre et encore plus d’un pays ou d’une ville à une autre. Les régions de l’Amérique latine et des Caraïbes sont maintenant majoritairement citadine avec les trois quarts de sa population vivant en zone urbaine en 2014. Les régions de l’Amérique du Nord et nombreux pays d’Europe présente un niveau d’urbanisation comparable à celui de ces régions. Par contre l’Afrique et l’Asie sont beaucoup moins urbanisées puisque seuls 41% et 47% de leurs populations respectives vivent en zone urbaine. Ces deux régions qui partent de niveau faible, devraient connaître un taux d’urbanisation plus rapide que les autres entre 2014 et 2050 (Nations Unies, 2014).
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
Chapitre I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1. 1. Diversité biologique au Sénégal
1. 2. La biodiversite urbaine
1. 3. Les espaces verts
1. 3. 1. Définition
1. 3. 2. Fonctions des espaces verts
1. 4. Les notions de foresterie urbaine et d’urbanisation
1. 5. La notion de Jardin Botanique
1. 5. 1. Origine des Jardins Botaniques dans le monde
1. 5. 2. Définitions
1. 5. 3. Situation des Jardins Botaniques dans le monde
1. 5. 4. Répartition des Jardins Botaniques dans le monde
1. 5. 5. Les différents types de Jardins Botaniques
1. 6. La résilience urbaine
1. 7. La gestion des ressources naturelles au Sénégal
1. 7. 1. Notion de Gestion
1. 7. 2. Les politiques sectorielles de l’environnement au Sénégal
1. 7. 3. Contexte de changement climatique
1. 7. 4. L’education relative a l’environnement (ERE)
Chapitre II : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
2. 1. Situation géographique
2. 2. La géomorphologie
2. 3. L’hydrographie
2. 4. Le climat
2. 5. La végétation
2. 6. Le type de sol
2. 6. Le Jardin Botanique du Département de Biologie végétale
2. 6. 1. Historique de ce Jardin Botanique
2. 6. 2. Description du Jardin Botanique du département de Biologie végétale
2. 6. 3. Organigramme du Jardin Botanique du Département de Biologie Végétale
2. 7. La réserve spéciale botanique de Noflaye
Chapitre III : Structure de la flore du Jardin Botanique du département de biologie vegetale (FST/UCAD/SENEGAL) et de la Réserve Spéciale Botanique de Noflaye (Sénégal)
3. 1. Introduction
3. 2. Méthodologie
3. 2. 1. Présentation de la zone d’étude
3. 2. 2. Revue de la bibliographie
3. 2. 3. Méthode de collecte
3. 2. 4. Traitements des données
3. 3. Résultats
3. 3. 1. Flore du Jardin Botanique
3. 3. 1. 1. Composition spécifique
3. 2. 2. Flore de la Réserve Spéciale Botanique de Noflaye
3. 3. 2. 1. Composition spécifique
3. 3. 2. 2. Dynamique des espèces de 1991 à 2018
3. 3. 2. 2. 1. Comparaison du nombre de familles, genres et espèces présentes dans la « réserve » en 1957 (Adam J. G.), 1991 (Ilboudo J. B.), 2010 (Faye E.) et en 2018 (Diouf J.)
3. 3. 2. 2. 2. Espèces absentes en 2018
3. 3. 2. 2. 2. Espèces nouvellement apparues en 2018
3. 4. Discussion partielle
3. 4. 1. Flore du Jardin Botanique
3. 4. 2. Flore de la RSBN
3. 5. Conclusion partielle
Chapitre IV : Structure et dynamique de la flore et la végétation ligneuse du Jardin Botanique (UCAD/FST/BV) et de la Réserve Speciale Botanique de Noflaye (Sénégal)
4. 1. Introduction
4. 2. Méthodologie
4. 2. 1. Méthode de collecte des données de la flore et de la végétation ligneuse terrestre dans le Jardin Botanique
4. 2. 2. Méthode de collecte de la flore et de la végétation ligneuse terrestre dans RSBN
4. 2. 3. Traitement de données
4. 3. Résultats
4. 3. 1. La végétation du Jardin Botanique
4. 3. 1. 1. Structure de la végétation ligneuse du Jardin Botanique
4. 3. 1. 2. Contribution spécifique centésimale (CSPc)
4. 3. 1. 3. Structure de la végétation du Jardin Botanique
4. 3. 1. 3. 1. Structure horizontale de la végétation ligneuse dans le Jardin Botanique (DHP)
4. 3. 1. 3. 2. Structure verticale de la végétation ligneuse dans le Jardin Botanique (Hauteur)
4. 3. 1. 3. 3. Importance spécifique de régénération par parcelle dans le Jardin Botanique (ISR)
4. 3. 1. 4. Relation entre hauteur et Diamètre à hauteur de poitrine dans le Jardin Botanique
4. 3. 1. 5. Distribution spatiale des espèces dans le Jardin Botanique
4. 3. 2. La végétation de la RSBN
4. 3. 2. 1. Structure de la végétation ligneuse
4. 3. 2. 2. Structure de la flore
4. 3. 2. 3. Contribution spécifique (CSP) dans la RSBN
4. 3. 2. 4. Structure globale, dynamique et tendances évolutives des espèces dans la RSBN
4. 3. 2. 4. 1. Structure horizontale de la végétation ligneuse (DHP)
4. 3. 2. 4. 2. Structure verticale de la végétation ligneuse (Hauteur)
4. 3. 2. 4. 3. Importance spécifique de régénération (ISR)
4. 3. 2. 5. Relation entre hauteur et Diamètre à hauteur de poitrine dans la RSBN
4. 3. 2. 6. Distribution spatiale des espèces dans la RSBN
CONCLUSION GENERALE