L’agriculture
Globalement, les profils de spéculation dans la région indiquent une forte diversification des cultures : cultures vivrières, de rente et industrielles sont présentes partout, en intensité variable. Par ailleurs, la région Atsinanana dispose d’un potentiel agricole qu’on peut mesurer par la disposition de ses surfaces cultivables (115 600ha). Par rapport à l’objectif de cette étude, il importe surtout de voir la méthode et les techniques de culture utilisées par les agriculteurs qui sont susceptibles de nuire la biodiversité.
Méthodes et techniques de culture utilisées Les types de culture pratiqués dans la région concerne les cultures vivrières (manioc, maïs, patate etc.) représentant environ 20% de la culture totale ; les cultures de rentes (canne à sucre, café, girofle, poivre) représentant environ 30% de la culture totale ; la plupart des cultures fruitières (banane, litchi, ananas, agrumes) d’environ 40%demeurent insuffisamment développées et ne fournissent que des produits de subsistance. La majeure partie des paysans de la région utilise la technique agricole traditionnelle à l’occurrence la culture sur brûlure Les techniques mécanisées restent encore très peu vulgarisées dans la région et sont les moins utilisées par les paysans même si en termes de productivité et de rendement ils sont beaucoup plus importants.
Les cultures vivrières Presque la totalité des paysans pratiquent la riziculture. Du fait, de l’insuffisance ou de la difficulté de l’aménagement des sols alluviaux en rizière, la culture sur brûlis est très pratiquée dans la zone de Toamasina. Outre les phénomènes de déforestations, au niveau des zones à terrain de forte pente, les phénomènes d’érosion massive sont très rencontrés aux alentours de la Ville de Toamasina. Il y a lieu de préciser que selon les enquêtes menées à l’endroit de la population riveraine du fleuve d’Ivondro, une partie importante de leur rizière est frappée d’ensablement, la diminution du régime hydraulique est très ressentie. Il a été souligné aussi par la population que la période sèche est devenue très longue et soudainement, l’eau arrive abondamment dans une période très courte.
La biodiversité marine et littorale
La biodiversité marine est l’ensemble de la diversité biologique propre aux océans ou en dépendant très directement. Il est important de préciser que la notion de biodiversité marine évolue de jour en jour. Actuellement, outre les espèces strictement inféodées aux eaux salées et marines, on peut inclure des espèces littorales typiques de l’estran et de ses mares résiduelles, des eaux saumâtres, des algues, des lagunes, estuaires ou de certaines mangroves ; des espèces semi-aquatiques telles que les oiseaux de mer, loutres de mer, phoques, morses, etc. qui dépendent de la mer pour une partie de leur cycle de vie. Certaines espèces effectuent une partie de leur cycle de vie en eau douce (anguille, salmonidés). Le Ministère Français de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie est encore allé plus loin pour dire que la biodiversité marine et littorale comprend : « les récifs coralliens et les écosystèmes associés qui sont de gigantesques réservoirs de biodiversité, les parcs naturels marins qui permettent une nouvelle gouvernance entre les usagers, les professionnels de la mer, la gestion des espèces marines protégées et des ressources minérales ».
Les indices scientifiques sur la sensibilité et la vulnérabilité de la biodiversité marine
Sur le plan écologique, plusieurs études ont démontré qu’il existe une corrélation positive importante entre l’abondance des poissons coralliens et de leur diversité avec la couverture corallienne du benthos (Luckhurst and Lukhurst 1978; Bell and Galzin 1984). William (1986) a montré que la dégradation des coraux peut affecter certaines espèces de poissons, principalement ceux qui se nourrissent de polypes ou utilisent les coraux comme habitat. Howard et Brown (1984), ont montré que les coraux peuvent accumuler des métaux lourds aussi bien dans la cellule de leurs tissus que dans leur squelette. Plusieurs invertébrés marins qui constituent les proies des poissons coralliens dépendent des coraux en termes de nourriture ou d’habitat (Viarengo and Nott, 1993). En outre, l’accumulation de métaux lourds (Cadmium, Chrome, Cuivre, Fer, Nickel, Cobalt, etc.) par les macroalgues et la capacité de ces derniers de les concentrer jusqu’à un niveau assez élevé ont été aussi étudiés par plusieurs chercheurs, entre autres, Melhuus & al. (1978); Bryan 1983; Soederlung & al. 1988 ; Morugadas &al. 1995. Il est évident que la contamination des algues peut affecter les poissons herbivores (ex : marguerites ou Siganidae). Toutes ces constatations permettent de comprendre combien il est important d’étudier les récifs coralliens et la structure des populations des poissons récifaux. Depuis 2008, le CNRO a effectué un suivi biannuel sur les zones d’activités du projet Ambatovy mais le suivi a été interrompu temporairement en 2010-2011. Les données collectées et présentées dans cette analyse sont les fruits des interventions dans le cadre du contrat entre le CNRO et le projet Ambatovy. En effet, sur le plan scientifique, il est plus judicieux de prendre en compte les précédentes interventions dans la mesure où cela permet de voir les tendances d’évolution de l’état de l’environnement marin dans les environs de Toamasina. Toutefois, les interprétations des données nous sont propres. Sur le terrain, il s’agit de continuer à collecter toutes les données relatives à l’écosystème marin, pouvant permettre d’apprécier les tendances d’évolution des différents sites. Pour ce faire, des échantillons d’eau, de sédiments et d’organismes marins sont collectés pour pouvoir analyser leur concentration en métaux lourds en laboratoire. En fonction de leur disponibilité, les échantillons de biotes à collecter peuvent être des poissons, des algues ou des bivalves etc. Ce qui est important à noter c’est que ces échantillons sont des organismes dotés de capacité de filtration ou de bioaccumulation vis-à-vis des métaux lourds. L’état de santé des récifs, notamment les couvertures coralliennes du benthos est suivi, et cela, depuis la mise en place du système de suivi en 2008.
Récif de l’Ile aux Prunes
C’est un récif frangeant qui cercle le petit îlot de l’Ile aux Prunes. On y trouve un platier récifal assez dégradé marqué par l’abondance des débris coralliens qui semble indiquer une dégradation mécanique importante des coraux. Cette dégradation serait le résultat d’activités hydrodynamiques importantes notamment pendant les périodes cycloniques qui occasionnent la fragmentation des branches des coraux, voire l’arrachement de plusieurs colonies. De ce fait, on note que les colonies coralliennes sont formées par des espèces massives constituées notamment par les genres Porites26, Goniastrea27, Diploastrea28 et sub-massifs comme Pocillopora verrucosa, Pavona clavus, Galaxea fascicularis etc. On rencontre aussi à l’Ile aux Prunes des colonies d’éponges marines, des coraux mous ou Alcyonnaires des algues calcaires. La pente externe, aux environs de 13 à 18 mètres de profondeur est de type pente externe à éperons-sillons. La formation des sillons témoigne d’une activité hydrodynamique importante car ce type de structure constitue la résultante de la force érosive des vagues et de l’activité constructive des coraux. Il faut noter que dans les zones calmes, par exemple la côte Ouest, les pentes externes s’avancent en glacis, c’est-à-dire en pente douce vers le large sans être creusées en sillons par les vagues. Le transect effectué au niveau du platier récifal de l’Ile Aux Prunes, au mois de juillet 2014, permet de constater une couverture corallienne de 40,5% contre un pourcentage de 44,67% pour la composante « Abiotique » (cf. Fig.2). Il faut signaler que la composante abiotique représente tout ce qui ne sont pas vivants notamment les sables, vases, rochers etc. Dans la pratique, cette composante donne une idée sur le taux de sédimentation au niveau d’une zone récifale. Ce résultat reflète bien le contexte in-situ à l’Ile Aux Prunes parce que la désagrégation des débris coralliens contribue à augmenter le pourcentage des sédiments notamment les sables coralliens sur le platier. En ce qui concerne les autres composantes, les algues représentent 4,67% de la couverture du substrat, la composante « autres » qui regroupent les Eponges marines et les coraux mous s’élève à 9%. L’une des remarques les plus importantes qu’on a noté durant cette étude c’est l’absence des algues rouges du genre Galaxaura. On attend de voir les prochaines interventions pour pouvoir bien trancher si cette disparition est périodique (en alternance entre période chaude et période froide) ou bien définitive. Enfin, la composante « énalgué » indique les coraux morts couverts de gazons algaux avec un taux de couverture de 1,17%. Cette dernière composante donne une idée de l’impact du blanchissement corallien.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I CONNAISSANCE DE LA ZONE ENVIRONNANTE DE LA VILLE DE TOAMASINA
CHAPITRE 1 PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D’ETUDES
1.1 Les milieux physiques
1.1.1 Localisation
1.1.2 Conditions climatique de la zone d’étude
1.1.3 Morphologie
1.1.4 Hydrologie marine
1.2 Milieux biologiques
1.2.1 Faune marine
1.2.2 Ressources halieutiques
CHAPITRE II : IMPLANTATIONS ET PRINCIPALES ACTIVITES ANTHROPIQUES A TOAMASINA
2.1 L’industrie
2.1.1 Le Port
2.1.2 Galana et l’huilerie industrielle de Toamasina
2.1.3 Ambatovy
2.2 Le Tourisme
2.2.1 Les sites touristiques
2.2.2 L’évolution du nombre de touristes
2.2.3 La capacité d’accueil
2.3 La Pêche
2.3.1 La pêche traditionnelle
2.3.1.1 Produits d’eau douce de la pêche traditionnelle
2.3.1.2 Produits d’eau de mer de la pêche traditionnelle
2.3.2 La pêche artisanale
2.3.3 La pêche industrielle
2.4 Les PMI-PME
2.5 L’agriculture et l’élevage
2.5.1 L’agriculture
2.5.1.1 Méthodes et techniques de culture utilisées
2.5.1.2 Les cultures vivrières
2.5.2 L’élevage
CHAPITRE III : LA BIODIVERSITE MARINE ET LA METHODE DE COLLECTE DES DONNEES
3.1 La biodiversité
3.1.1 La biodiversité marine et littorale
3.1.2 L’importance de la biodiversité marine
3.2 Les principales composantes chimiques des déchets et des éléments polluants de Toamasina
3.2.1 Les déchets et les éléments polluants
3.2.2 Les composantes chimiques des déchets sur la zone d’étude
3.3 Les indices scientifiques sur la sensibilité et la vulnérabilité de la biodiversité marine
3.4 Méthodologie d’analyse
3.4.1 Logistique et stratégie d’intervention
3.4.2 Technique d’échantillonnage
3.4.3 Hypothèse d’analyse et restitution
3.4.3.1 Données relatives à la sensibilité du milieu
3.4.3.2 Données relatives à la vulnérabilité
PARTIE II DIAGNOSTICS, RESULTATS ET PERSPECTIVES DE REDUCTION DES RISQUES : « STRATEGIE D’ACTION POUR UNE BONNE RESILIENCE »
CHAPITRE IV : DIAGNOSTICS ET RESULTATS PAR SITE
4.1 Les grandes typologies de milieux et de peuplements
4.1.1 Les formations récifales coralliennes
4.1.1.1 Récif de l’Ile aux Prunes
4.1.1.2 Récif de Nosy-Faho
4.1.2 : La zone non corallienne
4.2 Etude de la structure de population des poissons récifaux
4.3 Suivi de la qualité de l’eau, des sédiments et des biotes
4.3.1 Analyse de la qualité de l’eau
4.3.2 Résultats de l’analyse de la qualité des sédiments et des sardines
CHAPITRE V : CADRE JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL PLURIEL MAIS INSUFFISANT
5.1 Les textes internationaux sur la prévention des catastrophes
5.1.1 Le Cadre d’action de Hyōgo
5.1.2 Stratégie Régionale pour la Prévention des Catastrophes
5.2 Les institutions concernées par la RRC à Madagascar
5.2.1 La Stratégie Nationale de Gestion des Risques et des Catastrophes
5.2.2 Les structures institutionnelles
5.3 Les faiblesses des textes sur la GRC
5.3.1 Le Décret MECIE
5.3.2 La Charte de l’environnement
5.3.3 La politique industrielle de la RRC
CHAPITRE VI : REDUCTION DES RISQUES DES ACTIVITES ANTHROPIQUES SUR LA BIODIVERSITE MARINE
6.1 Renforcement du système juridique en matière d’environnement marin
6.1.1 Modification textuelle et structurelle
6.1.2 Garantie de l’exécution des dispositions légales en vigueur
6.1.2.1 Le respect du processus d’exécution de texte
6.1.2.2 Dotation des moyens
6.1.2.3 L’engagement Etatique
6.2 Développer l’effort national en faveur de la protection de l’environnement marin
6.3 Développer la coopération avec les grandes entreprises
6.4 Développer la politique des gestions des déchets : le traitement de déchets
a) La valorisation
b) Le recyclage
c) L’incinération
d) Le compostage et la fermentation
e) Le traitement mécano-biologique
f) La pyrolyse et la gazéification
6.5 Renforcer le contrôle
6.6 Instauration de la culture environnementale
6.6.1 La sensibilisation
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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