LA BIO-ÉCOLOGIE ET L’ENVIRONNEMENT DU CRIQUET PÈLERIN
L’ENVIRONNEMENT DU CRIQUET PÈLERIN
Le Criquet pèlerin en phase solitaire hante les déserts chauds de l’Ancien Monde. En phase grégaire, il envahit les bordures semi-arides, voire humides des zones désertiques, méditerranéennes ou tropicales. Dans ces milieux contrastés, chaque population bénéficie d’un environnement fluctuant, qui lui permet un développement plus ou moins complet. Un environnement se caractérise par des conditions du milieu et les conditions écologiques existant dans une zone géographique déterminée. La détermination de l’extension géographique de chaque milieu conduit à la délimitation d’unités territoriales écologiquement homogènes (UTEH). Placées dans un même milieu, une population solitaire et une population grégaire de Criquet pèlerin auront des perceptions différentes (Duranton & Lecoq, 1990). Un biotope à Criquet pèlerin est une unité territoriale écologiquement homogène susceptible d’offrir des conditions plus ou moins favorables au développement des populations de cet acridien, ce qui implique que les biotopes sont donc spatialement et temporellement délimités (Duranton & Lecoq, 1990).
Ce schéma (figure 3) présente les différentes aires de dispersion du Criquet pèlerin selon sa phase. L’aire d’invasion est l’ensemble des territoires susceptibles d’être contaminés par les populations grégaires. Elle est la plus large car les imagos grégaires ont les exigences écologiques les moins contraignantes. L’aire de reproduction des grégaires est la zone où le Criquet pèlerin grégaire est capable de se reproduire. Elle évolue avec les conditions écométéorologiques et est englobée dans l’aire d’invasion. L’aire de dispersion des solitaires est l’ensemble des zones où le Criquet pèlerin solitaire peut vivre ou survivre. L’aire grégarigène est constituée de territoires écologiquement complémentaires qui assurent le maintien des populations en phase solitaire et la possibilité de transformation phasaire si les conditions écométéorologiques sont favorables. Elle possède en son sein les foyers de grégarisation. Le foyer de grégarisation est une entité territoriale où des conditions éco-météorologiques favorables induisent des pullulations acridiennes et des phénomènes de densation conduisant à la transformation phasaire. Contrairement aux quatre premières aires du Criquet pèlerin, les limites du foyer de grégarisation évoluent selon les conditions climatiques.
BIBLIOGRAPHIE ET ÉTUDES DISPONIBLES SUR LE CRIQUET PÈLERIN AU MALI
Pour réaliser une synthèse bibliographique, une base de données bibliographique pour le Mali a été créée sous Référence Manager. Cette base contient 317 références dont 215 sur les acridiens au Mali (Criquet migrateur) et seulement 18 sur le Criquet pèlerin. Il faudra ensuite consolider régulièrement cette base pour une utilisation pour les futures générations. Les premiers documents faisant cas du Criquet pèlerin datent de 1934 (Zolotarevsky & De Lepiney, 1934). Ces auteurs ont effectué une mission de prospection dans le cercle de Nara au Mali et de Nema en Mauritanie. Mallamaire (1950) a fait une observation biométrique concernant le Schistocerca gregaria en Afrique Occidentale Française dans les années 1930. Les premières signalisations datent de Janvier 1941 dans le lac Gouber à Goundam (Mallamaire & Roy, 1954). La FAO a mené plusieurs programmes de recherches au Mali à travers des projets, financés sur le fond spécial des Nations Unies sur le Criquet pèlerin. Ces programmes ont porté sur l’accompagnement des équipes de prospection et leur renforcement de capacité dans leur mission de surveillance de l’aire grégarigène au Mali. L’Organisation Commune de Lutte Anti-acridienne (OCLA) a mené des missions de prospection en 1961 dans les zones situées dans les parties frontalières entre le Mali et la Mauritanie.
Elle a fait une analyse sur la distribution des occurrences et des signalisations acridiennes. L’OCLALAV a également effectué des recherches à travers son unité de recherche à la base à Gao de 1965 à 1976. D’autres études occasionnelles ont été réalisées par Skaf (1978) dans le cadre de l’OCLALAV et de la FAO ; en particulier, l’étude sur les cas de grégarisation du Criquet pèlerin en 1974 dans le Tamesna malien et au Sud-ouest de la Mauritanie (Skaf, 1978). Le professeur Pasquier a également dirigé des prospections conjointes Mali Mauritanie en 1970 (Anonyme (OCLALAV), 1970). Des missions de prospection écologiques et acridiennes ont été également faites sur le terrain par Popov (1969 ; 1982 ; 1988). L’étude de Popov, Duranton & Gigault (1991) couvre aussi le Mali. L’atlas préparé pour la FAO (Popov, 1997) constitue un document de synthèse qui couvre les zones de reproduction et les principaux axes de déplacement des essaims en période d’invasion et de rémission sur l’ensemble de l’aire de distribution du Criquet pèlerin dont le Mali.
Enfin, Popov a aussi participé aux travaux préliminaires de terrain en vue de l’élaboration d’une carte des biotopes acridiens de la région de Kidal par la coopération allemande, GTZ (Voss & Dreiser, 1994). La situation des archives actuelles de Criquet pèlerin sur le Mali reste précaire. La base OCLALAV de Gao devenue depuis propriété du service national de protection des végétaux du Mali et Base principale du CNLCP ne dispose pas de moyens efficaces pour restaurer les archives. Il faut également signaler qu’une grande partie de ces informations se trouve à Dakar au Sénégal au siège de l’OCLALAV et reste aujourd’hui totalement inaccessible.
LES DONNÉES MÉTÉOROLOGIQUES
Après les indépendances, chaque pays africain s’est doté d’une structure en charge de la gestion des phénomènes météorologiques. Au Mali, la direction nationale de la météorologie est un service public sous la tutelle du département des transports et des travaux publics. Les informations sont recueillies également par les services déconcentrés de l’agriculture dans chaque localité du Pays. Le pays dispose de 56 stations dont 11 dans le nord du pays avec une moyenne d’âge de 50 ans. Le service de la météorologie au Mali a mis en place un groupe de travail pluridisciplinaire auquel est associé le CNLCP pour le suivi de la campagne agricole. Ce groupe donne la situation décadaire de l’évolution de la campagne agricole encours. C’est l’occasion pour le CNLCP d’accéder à toutes les informations agro météorologies pour la planification de ses opérations de prospection.
Les données sont collectées sur 56 stations météorologiques, réparties de façon irrégulière sur le territoire malien (figure 8). Ces stations fournissent des données météorologiques générales : pluviométrie, températures (minima et maxima), humidité de l’air (minima et maxima), aérologie (force et direction du vent) et évapotranspiration (ETP), sur des pas de temps journaliers, décadaires, mensuels et annuels. Ces données sont présentées sous forme de tableau Excel. D’autres informations relatives aux conditions météorologiques sont collectées par les équipes de prospections. Ces données ponctuelles sont uniquement utiles, au jour le jour, pour la gestion de la lutte antiacridienne, mais n’ont aucune utilité pour des études à moyen terme.
La zone de l’Adrar des Iforas
L’Adrar des Iforas regroupe un ensemble de relief montagneux au nord est du Mali. Il forme l’extrême sud ouest du massif du Hoggar. Il est le point de départ de nombreux oueds qui offrent des conditions favorables au Criquet pèlerin tant à au niveau des bassins de collecte qu’aux abords des montagnes dans les bassins de transit et d’accumulation des eaux. Son fonctionnement est décalé dans le temps par rapport au Timétrine et survient dès l’arrivée des premières pluies. La présence des ailés solitaires survient à partir du mois de juin sur 3 quarts de degré carré de 1 à 5 d’occurrence et trois autres de 6 à 25 d’occurrence. Le pic est atteint en juillet avec une occurrence d’un quart de degré carré de 26 à 65, deux de 6 à 25 et 4 de 1 à 5. Du mois d’août jusqu’en décembre, on assiste à une dispersion des ailés sur une superficie plus grande et enfin une réduction importante en janvier. La présence de larves dans cette région est très faible en janvier, un seul quart degré carré situé dans le bassin de Bouréssa avec une occurrence de 1 à 5.
En juillet, de nombreuses larves sont signalées avec une occurrence de 6 à 25. Elles correspondent à la première reproduction. Cette tendance se poursuit jusqu’en novembre (2ème reproduction) mais avec une fréquence moindre et plus dispersée sur l’ensemble de la région. L’analyse suivant la carte des régions naturelles montre que seul un quart de degré carré ne présente aucune signalisation de Criquet pèlerin. Sur l’ensemble de la période d’étude, deux pôles se forment autours du point à fréquence nulle. Il s’agit de l’extrême nord d’Adrar des Iforas (Bouréssa) et du Sud-Adrar des Iforas (vers Agala). A ce point une zone transversale se dessine du côté du Tilemsi. Ces différentes zones constituent les points à hautes fréquences avec une occurrence de 6 à 25.
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Table des matières
INTRODUCTION
1.LA BIO-ÉCOLOGIE ET L’ENVIRONNEMENT DU CRIQUET PÈLERIN
1.1. La bio-écologie du Criquet pèlerin
1.1.1.Le polymorphisme phasaire du Criquet pèlerin
1.1.2.Les invasions généralisées
1.1.3.La biologie du Criquet pèlerin
1.1.4.L’écologie
1.2. L’environnement du Criquet pèlerin
1.2.1.Les aires grégarigènes
1.2.2.Complémentarité écologique saisonnière des aires grégarigènes
1.3. Le Criquet pèlerin au Mali
1.3.1.Le Mali et la lutte antiacridienne
1.3.2.L’environnement du Criquet pèlerin au Mali
2.PRINCIPES ET MÉTHODES
2.1. Bibliographie et études disponibles sur le Criquet pèlerin au Mali
2.2. Les données météorologiques
2.2.1 Choix des données
2.2.2 Données disponibles
2.2.3 Fréquences mensuelles des précipitations
2.3. Données acridiennes
2.3.1 Origine des données acridiennes
2.3.2. Caractéristiques des données acridiennes
2.3.3. Diagnostic et conditionnement des données
2.3.4.Structure des données
2.4. Analyse fréquentielle géo-référencée
2.4.1. Analyse spatiale des données
2.4.2. Analyse temporelle des données
2.4.3. Analyse en fonction des phases et de la phénologie
2.5. Le SIG utile à la caractérisation écologique des acrido-régions
3.RÉSULTATS
3.1. Données de la météorologie au Mali
3.2. Les régions naturelles
3.2.1. Adrar des Iforas
3.2.2. Le Timétrine
3.2.3. Tilemsi (centre, haut et bas)
3.2.4. Tin-Missao
3.2.5. Tamesna
3.2.6. Agala Nord
3.2.7. Azaouad
3.2.8. Gourma de Gao
3.3. Données acridiennes
3.3.1. Description des données
3.3.2. Analyse fréquentielle géo-référencée
3.3.3. Analyse cartographique en fonction des phases et de la phénologie
3.3.4. Analyse factorielle des correspondances : identification des acrido-régions
3.3.5. Occurrence des états phasaires et phénologiques
3.3.6. Occurrence des solitaires
3.3.7. Occurrence des larves solitaires
3.3.8. Occurrence des transiens
3.3.9. Occurrence des larves transiens
3.3.10. Occurrence des grégaires
3.3.11. Occurrence des larves grégaires
3.4. Cartes d’occurrence mensuelle
3.4.1. Occurrence mensuelle des solitaires
3.4.2. Occurrence mensuelle des larves solitaires
3.4.3. Occurrence mensuelle des transiens
3.4.3. Occurrence mensuelle des transiens
3.4.4 Occurrence mensuelle des larves transiens
3.4.5. Occurrence mensuelle des grégaires
3.4.6. Occurrence mensuelle des larves grégaires
3.5. Occurrence géographique du Criquet pèlerin par région naturelle
3.5.1. Présence du Criquet pèlerin
3.5.2. Présence de larves
3.5.3. Présence de solitaires
3.5.4. Présence de larves solitaires
3.5.5. Présence de transiens
3.5.7. Présence de grégaires
3.5.8. Présence de larves grégaires
3.5.9. Présence de larves solitaro-transiens
3.6. Occurrence géographique en fonction des situations acridiennes
3.6.1. Occurrence des larves solitaires en période de rémission
3.6.2. Occurrence des solitairo-transiens en période de rémission
3.6.3. Occurrence des solitaires en période de rémission et de résurgence
3.6.4. Occurrence de grégaires en période d’invasion
3.7. Caractérisation de zone de haute fréquence acridienne
3.7.1. La zone du Timétrine
3.7.2. La zone de l’Adrar des Iforas
3.7.3. La zone du Tilemsi
3.7.4. La zone du Tamesna
3.7.5. La zone du Gourma de Gao
3.7.6. Conclusion
3.8 Le cycle biologique du Criquet pelerin solitaire au Mali
4.DISCUSSION
4.1. Limites de l’étude
4.2. Implications opérationnelles
4.2.1. Au niveau du Mali
4.2.2. Au niveau régional
4.3. Travaux futurs à envisager
4.3.1. Une délimitation actualisé et précise des régions naturelles
4.3.2 Télédétection et lutte antiacridienne
4.3. Contraintes et difficultés
CONCLUSION
ANNEXES
ANNEXE I : Les stations météorologiques du Mali : Normale pluviométrique décadaire
ANNEXE II : Fiches de prospection et de traitement de l’OCLALAV.
ANNEXE III : Cartes des zones de traitement par l’OCLALAV
ANNEXE IV : occurrence trimestrielle des solitaires
ANNEXE V : occurrence trimestrielle des larves solitaires
ANNEXE VI : occurrence trimestrielle des transiens
ANNEXE VII : occurrence trimestrielle des larves transiens
ANNEXE VIII : occurrence trimestrielle des grégaires
ANNEXE IX : occurrence trimestrielle des larves grégaires
ANNEXE X : Situation acridienne trimestrielle au mali de 1965 à 2008
BIBLIOGRAPHIE
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