Des gestes et des attitudes professionnels bienveillants
En 2010, Zielinski dans son โouvrage ยซ L’รฉthique du care : Une nouvelle faรงon de prendre soin ยป รฉtudie lโรฉtude du care. Cette derniรจre, fondรฉe par Carol Gilligan en 1982 aux Etats-Unis, est dรฉfinie par ยซ la capacitรฉ ร prendre soin dโautrui ยป. Selon elle, cette capacitรฉ est une disposition, et sereflรจte dans les pratiques sociales. Afin de se soucier de quelquโun, il est donc nรฉcessaire de ยซ constater lโexistence dโun besoin, de reconnaรฎtre la nรฉcessitรฉ dโy rรฉpondre, et dโรฉvaluer la possibilitรฉ dโy apporter une rรฉponse ยป (Zielinski, 2010). Ces thรฉories du care ou de la sollicitude, mettent lโaccent sur la nรฉcessitรฉ de sโadapter aux situations concrรจtes vรฉcues en classe, elles dรฉfinissent ainsi des gestes professionnels bienveillants. Ici, lโenseignant bienveillant porte un intรฉrรชt ร ses รฉlรจves en lโencourageant ร penser, ร accepter divers points de vue, ร ouvrir son esprit, il porte de lโattention ยซ au fait quโils apprennent, travaillent, et mobilisent au maximum leurs capacitรฉs. ยป (Rรฉto, 2017). Les enseignants doivent sโadapter aux รฉlรจves, en diffรฉrenciant le contenu dโapprentissage, en prenant en compte leur bien-รชtre, en dรฉveloppant un cadre qui soit sรฉcurisant, et, tout ร la fois, exigeant. Ils peuvent privilรฉgier notamment la coopรฉration et le travail en petits groupes. Lโรฉvaluation nโest pas utilisรฉe dans un but de hiรฉrarchisation de la classe, mais dans un but de notation des rรฉussites et des progrรจs des รฉlรจves. Ils doivent รฉgalement comprendre leurs difficultรฉs, et les analyser afin dโy remรฉdier.
Les gestes, mais รฉgalement les attitudes non verbales (positionnement, sourireโฆ) demandent donc un investissement auprรจs de lโenseignant. Il doit redoubler dโefforts dans la relation ร lโรฉlรจve mais รฉgalement dans sa pรฉdagogie. Pour porter un intรฉrรชt ร ses รฉlรจves, lโenseignant va devoir utiliser lโerreur comme un outil pรฉdagogique, ayant pour but de diffรฉrencier son enseignement. Il va mesurer cette derniรจre ร travers une รฉvaluation quotidienne. Il adaptera son apprentissage aux diversitรฉs de ses รฉlรจves, tout en favorisant les pratiques coopรฉratives et lโencouragement ; et en travaillant la gestion des รฉmotions et des conflits.
Partant de ces faits, il est nรฉcessaire de les expliciter afin de les instaurer dans la pratique.
Lโerreur : un outil pรฉdagogique
Lโerreur a รฉtรฉ perรงue diffรฉremment au cours de lโHistoire ; et son statut se modifie.
Evelyne Blain-Joguet en 2012 ร travers son ouvrage ยซ Au cลur de lโerreur ยป analyse cette รฉvolution de lโerreur par le biais des modรจles dโapprentissage.
Dans un modรจle transmissif oรน lโenseignant ne fait que transmettre son savoir sans intervention de lโapprenant, lโerreur est perรงue telle une faute. La faute est celle de lโรฉlรจve, qui nโaurait pas รฉtรฉ assez attentif et nโaurait donc pas investit toutes ses capacitรฉs.
Au dรฉbut du XXรจme, le modรจle comportementaliste, issu de la psychologie behavioriste considรจre lโapprentissage comme un automatisme. Lโindividu apprend par rรฉpรฉtition, par conditionnement et par imposition dโidรฉes. Lโenseignant doit donc dรฉcomposer son enseignement en รฉtapes simples afin de guider les รฉlรจves ร contourner les difficultรฉs. Lโerreur est donc perรงue comme une faute, mais dans ce modรจle elle est attribuรฉe ร lโenseignant.
Et enfin, pour le constructivisme, Blain-Joguet reprend Meirieu ยซ lโapprentissage est une histoire qui met en prรฉsence un dรฉjร -lร et une intervention extรฉrieure ; une histoire oรน sโaffrontent des sujets et oรน travaillent et sโarticulent, jamais trรจs facilement, intรฉrioritรฉ et extรฉrioritรฉ, รฉlรจve et maรฎtre, structures cognitives existantes et apports nouveaux ยป (Meirieu, 1988). Dans ce modรจle constructiviste, lโerreur ne doit pas รชtre oubliรฉe mais doit รชtre remplacรฉepar des conceptions correctes. Cette maniรจre de prendre en compte lโerreur va influencer leclimat de confiance dans la classe. Pour agir en tant quโรฉducateur bienveillant, lโenseignant doitfaire comprendre aux รฉlรจves que lโerreur est essentielle dans le processus dโapprentissage. Elle ne devient plus une faute mais un moyen de faire progresser le groupe et de construire le savoir.
Lโerreur va devenir un outil รฉducatif qui permet une mise en place de pratiques pรฉdagogiquesdiffรฉrenciรฉes visant ร rรฉguler les apprentissages. Pour mesurer ces erreurs, il est nรฉcessaire demettre en pratique des รฉvaluations quotidiennes.
Lโรฉvaluation positive au service des apprentissages
Les gestes bienveillants mettent en รฉvidence lโimportance de lโobservation attentive chez lโenseignant ; en vue dโapporter ร ses รฉlรจves une rรฉponse non seulement immรฉdiate, mais aussi adaptรฉe. Celui-ci va donc รฉvaluer continuellement ses รฉlรจves pour leur assurer un suivi.
Les รฉvaluations vont donc permettre ร lโenseignant de connaitre les procรฉdures de rรฉsolution de leurs รฉlรจves. Grรขce ร ces derniรจres, il va pouvoir รฉtablir un diagnostic des erreurs, et ainsi mettre en place des remรฉdiations. Lโรฉvaluation doit cependant รชtre positive, cโest-ร -dire quโelle doit permettre aux รฉlรจves de prendre en compte leurs performances et les progrรจs restants ร effectuer, tout en รฉvoluant dans un climat paisible.
La Loi dโOrientation de 2013, met en avant cette ambition dโรฉvaluer sereinement les performances des รฉlรจves. La notation ne doit pas รชtre vรฉcue comme une sanction mais comme un accรจs ร la connaissance. Les รฉlรจves doivent pouvoir connaitre leurs points forts, leurs rรฉussites et le cheminement de leurs progrรจs. La prise en compte de lโรขge, de la maturitรฉ de chacun des รฉlรจves est un aspect indispensable dans lโรฉvaluation. Les rรฉsultats de celle-ci vontpermettre ร lโenseignant dโadapter son enseignement aux divers profils de ses รฉlรจves.
La pรฉdagogie diffรฉrenciรฉe
Marlรจne Pinceau, en 2020, de lโInstitut Coopรฉratif de lโรcole Moderne รฉtudie la pรฉdagogie de Cรฉlestin Freinet. Dans ses recherches, elle montre que Cรฉlestin Freinet, prรฉcurseur de la diffรฉrenciation, met en place dans sa pรฉdagogie des plans de travail individualisรฉs. Ses รฉlรจves effectuent les tรขches, fournies par le plan de travail, ร leur rythme tout en รฉtant autonomie. Lโenseignant, sโadapte aux รฉlรจves en prenant en compte leurs diversitรฉs, tel un enseignant bienveillant. En connaissant leurs difficultรฉs, il va les analyser et agir en fonction de leurs besoins ; ce qui permettra de diminuer de potentiels dรฉcrochages scolaires. Lโenseignant peut diffรฉrencier de plusieurs maniรจres ; il va pouvoir adapter la tรขche, le support, la consigne, les outils mis ร disposition et ses interventions. Il devra รฉgalement mettre en place des dispositifs de remรฉdiation et de soutien, afin de faire progresser lโensemble de la classe pour quโils atteignent les compรฉtences nรฉcessaires.
La diffรฉrenciation peut se faire en amont, mais lโenseignant ne peut pas tout prรฉvoir, il faudra donc, de plus, guider les รฉlรจves en fonction des observations effectuรฉes sur le terrain.
Cependant, sโadapter aux รฉlรจves ne signifierait-il pas se dรฉbarrasser de lโexigence รฉducative ?
Il faut donc ยซ s’appuyer sur ce qu’ils sont, se mettre ร leur portรฉe mais ne pas se mettre ร leur niveau ยป (Meirieu, 1996). Il est donc important de garder une exigence รฉlevรฉe, et de ne pas se fixer une image dโun รฉlรจve, ce qui engendrerait une diffรฉrenciation nรฉgative dans les apprentissages. En effet, les รฉtudes de Rosenthal et Jacobson, dans lโouvrage ยซ Pygmalion ร lโรฉcole ยป (1968) montrent que les hautes exigences de lโenseignant influencent la rรฉussite des รฉlรจves. Trouilloud & Sarrazin, en 2003 dans ยซ Les connaissances actuelles sur lโeffet Pygmalion : Processus, poids et modulateurs ยป dรฉtaillent ces expรฉriences avec une vision plus rรฉcente. Pour รฉtudier ce phรฉnomรจne, Rosenthal et Jacobson ont menรฉ une enquรชte auprรจs dโenseignants. Ils ont fait croire ร ces derniers quโune partie des รฉlรจves รฉtaient ยซ des prometteurs ยป, qui, de fait, allaient mieux rรฉussir. En calculant le QI des รฉlรจves, en dรฉbut et en fin dโexpรฉrimentation, ils ont observรฉ que les รฉlรจves dits ยซ prometteurs ยป avaient un score au test QI plus รฉlevรฉ que lโautre groupe de la classe. Les attentes des enseignants influencent donc les performances des รฉlรจves.
Comme nous lโavons vu prรฉcรฉdemment, la bienveillance est synonyme dโexigence et donc de rรฉussite. Il faut donc diffรฉrencier tout en gardant un niveau dโexigence รฉlevรฉ mais explicitรฉ. Freinet, pรฉdagogue bienveillant du XX, prenait en compte les diffรฉrences entre ses รฉlรจves. Pour les aider ร mieux travailler, et ร enrichir leurs capacitรฉs, il utilisait รฉgalement des pratiques coopรฉratives.
Les pratiques coopรฉratives
Tout individu possรจde des connaissances et des reprรฉsentations ; il parait donc primordial dโen tirer profit en les faisant circuler au sein de la classe. Cette derniรจre est une juxtaposition dโindividus qui accรจdent aux apprentissages ร des rythmes variรฉs. Afin de valoriser cette hรฉtรฉrogรฉnรฉitรฉ, il est nรฉcessaire de favoriser les รฉchanges et ยซ les conflits cognitifs ยปentre les รฉlรจves. Comme le mentionne dโailleurs Masson en 2018, ยซ mettre les รฉlรจves en groupe pour travailler affecterait directement leurs processus cognitifs dโapprentissage (โฆ), et quโen plus elles sont susceptibles dโรชtre plus opรฉrantes que celles quelโon avait รฉlaborรฉes ยป.
Les pratiques coopรฉratives, par dรฉfinition, reprรฉsentent les situations oรน les รฉlรจves apprennent ร plusieurs. Cette dimension didactique est prรฉsente au sein des programmes, et plus prรฉcisรฉment dans le SCCCC. Les pratiques coopรฉratives ne sont pas innรฉes chez les individus ; il est donc nรฉcessaire dโapprendre ร travailler ensemble selon des rรจgles dรฉfinies. Dans le domaine รฉducatif, il existe diffรฉrentes formes de pratiques coopรฉratives comme lโaide, lโentraide, le tutorat et le travail de groupe. Ces termes peuvent paraรฎtre similaires dans le sens commun, mais possรจdent, en rรฉalitรฉ, des divergences dans leur dรฉfinition, cโest pourquoi je me suis inspirรฉe de la confรฉrence de Sylvain Connac, Maรฎtre de Confรฉrences en Sciences de l’Education, pour les diffรฉrencier : Lโaide est caractรฉrisรฉe par la transmission de connaissances et de compรฉtences dโun รฉlรจve expert ร un รฉlรจve dans le besoin. Elle doit รชtre volontaire : lโรฉlรจve qui va aider doit en avoir envie, et lโรฉlรจve aidรฉ doit en ressentir le besoin. Pour que cette dรฉmarche soit efficace et que les acteurs en profitent, du point de vue des apprentissages, il est nรฉcessaire que lโinitiative vienne des รฉlรจves et non de lโenseignant. Lโentraide est une situation oรน les รฉlรจves vont sโassocier dans un contexte informel. Ils vont donc, ensemble, dรฉnouer un problรจme, tenter de rรฉsoudre une difficultรฉ. Lโenseignant nโa en revanche ni programmรฉ, ni organisรฉ la situation de coopรฉration.
Le travail de groupe est une situation mise en place par lโenseignant dans un cadre formel. Il organise le travail en effectuant des choix, sur la sรฉlection des groupes par exemple. Les รฉlรจves sont placรฉs dans une ยซ situation-problรจme ยป en vue de faire รฉmerger divers points de vue, en les justifiant, et en les acceptant. Cette organisation permet de crรฉer des conflits sociocognitifs qui permettront aux รฉlรจves de complรฉter leurs connaissances ร lโaide de celles des autres.
Le tutorat, est une autre forme de pratique oรน les รฉlรจves coopรจrent. Cette forme dโaide est institutionnalisรฉe, lโรฉlรจve qui accompagne doit รชtre formรฉ. Cette formation nรฉcessite la comprรฉhension de plusieurs aspects. Le tuteur, pour pouvoir aider un de ses camarades, doit tout dโabord avoir terminรฉ son travail pour se rendre entiรจrement disponible. Il doit รฉgalement รชtre volontaire, et sโexprimer en chuchotant. Il faut que le tuteur ait compris le travail ร effectuer pour aller secourir son camarade ; sinon cโest un autre tuteur qui viendra lโaider. Il est en mesure dโutiliser les documents utiles pour rรฉsoudre la tรขche, tels que des leรงons ou des fiches outils. Il ne se moque pas de lโรฉlรจve qui se fait aider, bien au contraire il lโencourage et le fรฉlicite. Afin de rรฉussir ร aider son camarade, il peut lui relire et lui rรฉexpliquer la consigne si celle-ci nโest pas comprise. Il peut รฉgalement donner des exemples en lui montrant comment faire, lui poser des questions sur ce quโil a compris et lui donner des astuces quโil utilise luimรชme pour rรฉaliser la tรขche. Du cรดtรฉ de lโรฉlรจve aidรฉ, celui-ci doit dโabord essayer de rรฉsoudre lโactivitรฉ seul. Lโรฉlรจve en demande dโaide doit poser une question prรฉcise, il รฉcoute son tuteur avec attention et sโimplique dans son travail. A la fin de son intervention, il remercie son tuteur.
La persuasion verbale
La persuasion verbale concerne les attitudes verbales que lโenseignant bienveillant va avoir envers ses รฉlรจves. Il va les encourager, les complimenter, les conseiller, les fรฉliciterโฆ Dans lโouvrage de Masson, il dรฉtaille une expรฉrience rรฉalisรฉe en 1925 par Elizabeth B. Hurlock des รฉlรจves de 6 รจme . Elle divise le groupe en trois : ceux qui vont รชtre rรฉprimandรฉs, ceux qui vont รชtre fรฉlicitรฉs et enfin ceux qui vont รชtre ignorรฉs. Elle conclut, ร travers cette expรฉrimentation, que les รฉlรจves qui sont rรฉprimandรฉs et ceux qui sont fรฉlicitรฉs augmentent leurs compรฉtences de la mรชme maniรจre ; alors que les compรฉtences des apprenants ignorรฉs se stabilisent. En revanche, sur le long terme, le groupe fรฉlicitรฉ va voir ses capacitรฉs sโintensifier ; contrairement au groupe des rรฉprimandรฉs qui voit ses aptitudes diminuer. Au regard de cette รฉtude, il parait donc nรฉcessaire dโencourager ses รฉlรจves au dรฉtriment de les rรฉprimander ou de les ignorer.
Par consรฉquent, du fait de lโeffet de Rosenthal, les attentes sont dรฉcisives de la rรฉussite scolaire. De maniรจre inconsciente, la conduite dโun individu change en fonction de ce quโautrui le considรจre capable dโeffectuer. Ainsi, le fait de le considรฉrer de maniรจre bienveillante aura un impact sur ses comportements. Il faut donc encourager les รฉlรจves et prendre en compte leurs รฉmotions pour quโils puissent percevoir la confiance que les enseignants ont en eux.
La gestion des รฉmotions
La bienveillance de lโenseignant passe รฉgalement par la prise en compte des รฉmotions des รฉlรจves. Pour devenir autonome, ces derniers doivent รชtre capables de gรฉrer leurs รฉmotions.
Cette conduite peut รชtre travaillรฉe, comme cite Julien Masson, en 2018 : ยซ la capacitรฉ de mener ร bien un raisonnement prรฉcis sur les รฉmotions et la capacitรฉ dโutiliser les รฉmotions et les connaissances รฉmotionnelles pour amรฉliorer la pensรฉe. ยป (Mayer & al, 2008). Il est donc nรฉcessaire de travailler sur cette gestion des รฉmotions afin de rรฉguler ces derniรจres pour dรฉvelopper le bien-รชtre des individus et donc leur rรฉussite scolaire.
Les รฉmotions traversรฉes chez un individu sont liรฉes ร leurs capacitรฉs cognitives.
Ressentir des รฉmotions positives (joie, sรฉrรฉnitรฉ, amour, curiositรฉโฆ) permet de mettre en ลuvre de meilleures stratรฉgies afin de rรฉsoudre les tรขches scolaires, et donc de rรฉussir plus facilement.
Cet effet sโexplique par le processus neural qui devient plus performant quand lโindividu est traversรฉ par des รฉmotions positives. Au contraire, les รฉlรจves qui font souvent face ร des รฉmotions nรฉgatives (angoisse, douleur, colรจreโฆ) ont des difficultรฉs ร rรฉsoudre la tรขche. En effet, le cerveau envoie certaines hormones, nรฉfastes quant au fait de penser et de rรฉflรฉchir. Il faut donc prendre en compte les รฉmotions et les sentiments des รฉlรจves, en portant attention ร leur langage verbal et non verbal, ainsi quโaux comportements qui donneront des indications sur leur รฉtat รฉmotionnel.
La rรฉsolution de conflit prend aussi toute sa place dans la gestion des รฉmotions. Se sentir bien ร lโรฉcole cโest รชtre en sรฉcuritรฉ, et donc ne pas recevoir de violence. La rรฉsolution de conflit permet de rรฉduire cette violence scolaire, et donc lโapparition dโรฉmotions nรฉgatives venant in fine perturber lโapprentissage. Enseigner la bienveillance, cโest รฉgalement enseigner des aptitudes ร aimer et ร pouvoir pardonner. La prise en compte des rรฉsolutions de conflit a pour objectif lโรฉpanouissement des รฉlรจves et le fait quโils se sentent en confiance ร lโรฉcole. Cโest grรขce ร ces deux aspects bienveillants quโils pourront รชtre en rรฉussite (Masson, 2018).
Les situations angoissantes doivent donc รชtre รฉvitรฉes afin ne pas impacter le processus neuronal. La faรงon dont est prรฉsentรฉe une activitรฉ va donc impacter sa rรฉsolution.
La prรฉsentation de la tรขche
On pourrait penser que la maniรจre dont lโenseignant introduit la tรขche ร ses รฉlรจves nโinfluencera pas leur rรฉussite. Nรฉanmoins, dans lโouvrage de Masson, il mentionne lโรฉtude de
LaPorte & Nath, rรฉalisรฉe en 1976. Cette derniรจre, avait รฉtรฉ menรฉe afin dโexposer les consรฉquences de cette formulation de dรฉpart sur la rรฉussite des รฉlรจves.
Dans cette expรฉrience, les รฉlรจves avaient pour mission de mรฉmoriser un texte. La classe a รฉtรฉ divisรฉe en trois groupes, au premier groupe รฉtait dit que la tรขche รฉtait ยซ difficile ยป, au deuxiรจme quโelle รฉtait ยซ simple ยป et au troisiรจme, elle leur รฉtait prรฉsentรฉe en disant ยซ faites de votre mieux ยป. รtonnamment, le groupe ayant le mieux rรฉussi est celui ร qui on avait prรฉsentรฉ la tรขche comme รฉtant difficile. Quand les chercheurs รฉnoncent ยซ faites de votre mieux ยป, les รฉlรจves rรฉussissent moins, car ils attribuent moins dโimportance ร la rรฉussite.
Masson parle de thรฉorie dโattribution, ยซ ร quoi jโattribue ma rรฉussite ou mon รฉchec ? ยป.
Dรจs lors que lโactivitรฉ est difficile, lโรฉlรจve va tirer plus de bรฉnรฉfice ร rรฉussir que quand la tรขche est facile. Lโรฉlรจve va donc mettre en ลuvre plus de stratรฉgies pour accroรฎtre son estime de soi.
Si lโรฉlรจve รฉchoue, lโerreur ne sera pas perรงue comme une faute, รฉtant donnรฉ que la tรขche รฉtait ยซ trop ยป difficile ; elle sera seulement perรงue comme lรฉgitime car inaccessible.
Tout au long de leur vie, les individus mettent en place des stratรฉgies afin de protรฉger leur estime de soi. Ils peuvent remettre la faute sur un autre individu, se comparer aux autres et souvent ร des pairs (comme les camarades de classe), ou encore se dรฉsengager (dans une discipline par exemple) en disant quโils ne rรฉussissent jamais dans celle-ci. Et enfin, ils peuvent se rassurer et รชtre rassurรฉs par les autres, dโoรน lโimportance de la persuasion verbale et du sentiment dโappartenance.
La tรขche peut รฉgalement รชtre prรฉsentรฉe en vue dโune rรฉcompense. Deci en 1971, rรฉalise une expรฉrience auprรจs dโenfants, dont les rรฉsultats prouvent lโattirance vers une activitรฉ oรน il y a une rรฉcompense. La rรฉcompense va motiver les รฉlรจves ร la rรฉalisation dโune activitรฉ ; nรฉanmoins, lorsquโelle est รฉliminรฉe, les รฉlรจves ne vont plus du tout vers elle. La rรฉcompense brise lโintรฉrรชt intrinsรจque dโune activitรฉ. De plus, cette derniรจre ne fait pas partie de la bienveillance, car รชtre bienveillant ne signifie en aucun cas รชtre ยซ gentil ยป avec ses รฉlรจves en leur proposant une rรฉcompense. Lโรฉcole a pour objectif dโapprendre ร devenir un citoyen autonome ; tandis que la rรฉcompense est nรฉfaste pour le dรฉveloppement. Elle rend lโapprenant dรฉpendant de celle-ci et enlรจve le plaisir dโapprendre. Lโacquisition de connaissances et de compรฉtences devrait รชtre la seule rรฉcompense.
A travers ces gestes, on comprend que la bienveillance ne repose pas exclusivement sur des attitudes inconscientes de lโenseignant, mais sur des pratiques claires et dรฉfinies. Lโenseignant doit donc redoubler dโeffort en engageant des moyens et des investissements en vue de prendre en compte lโhรฉtรฉrogรฉnรฉitรฉ de sa classe, et ainsi rรฉpondre aux besoins et au bien-รชtre des รฉlรจves.
La bienveillance demande donc une surcharge de travail ร lโรฉgard de lโenseignant. Il parait donc nรฉcessaire dโรฉvaluer les consรฉquences de la bienveillance sur les รฉlรจves.
Les vertus de la bienveillance au service de la rรฉussite scolaire
La bienveillance, toujours mรชlรฉe ร lโexigence, participe donc ร la construction de lโapprenant. Grรขce ร elle, il dรฉveloppe plus activement son sentiment dโefficacitรฉ, sa motivation, ainsi que son dรฉveloppent personnel. Toutes ces aptitudes vont jouer un rรดle dans la rรฉussite scolaire des รฉlรจves. ยซ Plus gรฉnรฉralement, cโest pourquoi faire acte de bienveillance est aujourdโhui amplement encouragรฉ dans la sphรจre scolaire. ยป (Giron, 2018)
Le climat scolaire
La bienveillance impacte positivement le climat scolaire, qui devient donc favorable aux apprentissages, et donc ร la rรฉussite des รฉlรจves. Cohen & al., en 2013, dรฉfinissent le climat scolaire ร travers 5 piliers :
Les relations de lโensemble de la communautรฉ รฉducative. Plus prรฉcisรฉment les relations entre lโรฉlรจve et lโenseignant, les relations entre les pairs, et รฉgalement les relations entre les professionnels au sein de lโรฉtablissement. Lโenseignement et lโapprentissage qui concernent la qualitรฉ de lโinstruction, la diffรฉrenciation effectuรฉe par lโenseignant, ses attentes, le statut attribuรฉ ร lโerreur et ร lโรฉvaluationโฆ La sรฉcuritรฉ, quโelle soit physique ou รฉmotionnelle. Cet aspect montre lโobligation dโun cadre solide et dโune importance de lโautoritรฉ de lโenseignant.
Pour cela, ensemble, lโenseignant et ses รฉlรจves devront crรฉer des rรจgles. Il faut un nombre limitรฉ de rรจgles, qui ne doivent pas รชtre complexes, afin quโelles soient comprises par tous. Cela renforce lโidรฉe que la bienveillance ne signifie en aucun cas le laisser faire. Puis, lโenvironnement physique de la classe, de lโรฉtablissement, faisant appel ร lโadaptation de lโespace et au matรฉriel adรฉquat pour les รฉlรจves. Et enfin, le sentiment dโappartenance, le ยซ sentiment dโรชtre reliรฉ ร la communautรฉ scolaire ยป, lโenthousiasme de lโenseignant et des รฉlรจves qui est vecteur de rรฉussite scolaire. Un รฉlรจve qui est bien ร lโรฉcole va pouvoir mieux apprendre. Il va dรฉvelopper un meilleur sentiment dโefficacitรฉ, et de la motivation.
Ces cinq piliers du climat scolaire peuvent donc se dรฉvelopper efficacement grรขce ร la bienveillance. Ce dernier, crรฉรฉ grรขce ร la bienveillance, aura un impact sur la motivation des รฉlรจves, et donc sur la rรฉussite scolaire. ยซ Lโatmosphรจre positive et sรฉcurisante que crรฉera lโenseignant aura un impact sur leur motivation ร apprendre ยป (Masson, 2018).
La motivation et le sentiment dโefficacitรฉ personnelle
La motivation est indispensable ร lโรฉcole ; cependant, elle nโest pas toujours prรฉsente chez les รฉlรจves. Pour assurer cette derniรจre, il existe deux entrรฉes. La premiรจre est la compรฉtition, lโenseignant met en avant les performances des รฉlรจves. La deuxiรจme, elle, est la motivation par la progression, par lโenvie de nouvelles maitrises et de nouveaux savoirs.
Lโenseignant, en suivant de prรจs ses รฉlรจves, va leur donner des feedbacks immรฉdiats. Ces rรฉtroactions sur les progrรจs et les difficultรฉs des รฉlรจves leur permettent de percevoir les efforts quโils restent ร acquรฉrir pour atteindre lโobjectif fixรฉ par lโenseignant. Ce nโest pas lโรฉlรจve qui rรฉussit qui doit รชtre encouragรฉ et fรฉlicitรฉ, cโest lโรฉlรจve qui progresse. La compรฉtition ne rentre pas complรฉtement dans le cadre de la bienveillance, car elle est profitable aux รฉlรจves dรฉjร performants. Elle peut รชtre nรฉfaste pour ceux qui ont des difficultรฉs, qui vont ressentir une peur de lโerreur, du regard des autres et qui vont se dรฉcourager.
La mรฉthodologie de lโexpรฉrimentation
Compte tenu de ma problรฉmatique et de mes hypothรจses, jโai รฉlaborรฉ plusieurs outils pour mesurer lโimpact de la bienveillance sur le bien-รชtre et la rรฉussite scolaire des รฉlรจves.
Les outils pour mesurer lโรฉtat initial et final des รฉlรจves de CE1
Cette annรฉe, tout au long de ma pratique, jโai rรฉalisรฉ une observation fine des divers comportements prรฉsents au sein de la classe. Pour les mรฉmoriser, jโai utilisรฉ un journal de bord. Ce dernier me permettait de noter des constats au regard de mon รฉtude, tels que des attitudes et des รฉlocutions dโรฉlรจves ; ainsi que des idรฉes pertinentes qui me venaient ร lโesprit en vue de rรฉaliser mon expรฉrimentation.
Le bien-รชtre
Afin de mesurer les reprรฉsentations initiales des รฉlรจves de CE1 sur leur propre bien-รชtre, jโai rรฉalisรฉ un questionnaire (Annexe 1). Ce dernier a รฉtรฉ complรฉtรฉ une premiรจre fois durant le mois de Novembre. Composรฉ de dix questions, les รฉlรจves devaient rรฉpondre selon quatre items : pas du tout dโaccord (niveau 0), plutรดt pas dโaccord (niveau 1), plutรดt dโaccord (niveau 2) et tout ร fait dโaccord (niveau 3). A chaque รฉchelle, jโai insรฉrรฉ un ยซ รฉmoticรดne ยป pour que les รฉlรจves se reprรฉsentent plus efficacement les diffรฉrents รฉchelons de ce dernier. Il รฉtait nรฉcessaire que le questionnaire soit exhaustif afin de collecter toutes les informations indispensables ร lโanalyse. Les trois premiรจres questions concernaient le ressenti des รฉlรจves ร lโรฉcole. Les trois suivantes les interrogeaient sur leur confiance en moi, leur confiance en eux, et sur lโenvie dโapprendre ร lโรฉcole. Les quatre questions finales permettaient dโinterroger la reprรฉsentation des รฉlรจves sur le double niveau.
Jโai dรฉcidรฉ de faire passer le questionnaire aux six รฉlรจves de CE1 prรฉsents dans ma classe. Jโai explicitรฉ sa rรฉalisation car ils nโavaient pas encore รฉtรฉ amenรฉs ร rรฉpondre ร ce type de document.
Ces รฉlรจves avaient entre 7 et 8 ans. Mon รฉchantillon รฉtait composรฉ de 3 filles et de 3 garรงons.
Je nโai pas fait passer le questionnaire aux รฉlรจves de grande-section, car il me paraissait peu adaptรฉ pour leur niveau.
Le questionnaire visait ร mesurer lโรฉvolution du bien-รชtre des รฉlรจves au cours de lโannรฉe scolaire. Cependant, pour rรฉpondre ร mes hypothรจses, il fallait รฉgalement que je mesure les performances scolaires de ceux-ci.
Les performances scolaires
Concernant lโรฉvaluation des performances, jโai utilisรฉ deux exercices provenant des รฉvaluations nationales : un exercice de mathรฉmatiques sur la reprรฉsentation des nombres entiers (Annexe 2), et un exercice en franรงais sur la comprรฉhension de texte (Annexe 3).
Jโai choisi dโutiliser les exercices dโรฉvaluations nationales car je considรจre les consignes de passation comme cadrรฉes. En effet, les modalitรฉs de travail, les consignes et le temps destinรฉ ร la rรฉalisation de lโexercice sont explicitรฉs. Cet aspect garantissait lโobjectivitรฉ de la passation.
De plus, grรขce ร ces exercices, jโai obtenu des rรฉsultats de mes รฉlรจves en trois temps (dรฉbut, milieu et fin dโannรฉe) me permettant ainsi de comparer lโรฉvolution des performances scolaires.
En ce qui concerne le choix des exercices des รฉvaluations nationales, ils ont รฉtรฉ sรฉlectionnรฉs en fonction des difficultรฉs rencontrรฉes dans leurs rรฉsolutions. Il me paraissait plus pertinent dโutiliser des exercices qui avaient รฉtรฉ difficilement exรฉcutรฉs en dรฉbut dโannรฉe ; sans quoi je nโaurai pu mesurer lโeffet de mes dispositifs sur la rรฉussite scolaire des รฉlรจves.
Lโexercice de mathรฉmatiques รฉvaluait la capacitรฉ des รฉlรจves ร rechercher un nombre parmi diffรฉrentes dรฉcompositions, en un temps donnรฉ. Individuellement, ils avaient deux minutes pour rรฉaliser lโexercice.
Quant ร lโexercice de franรงais, les รฉlรจves avaient 3 minutes pour lire le texte donnรฉ, plusieurs fois si nรฉcessaire. Je lisais ensuite les questions et modalitรฉs de rรฉponses, et ils avaient pour consigne dโentourer la bonne rรฉponse en lโespace de 15 secondes. Lโexercice comprenait quatre questions de comprรฉhension. Ces derniรจres portaient sur lโexplicite du texte, mais รฉgalement sur son implicite. Le texte racontait lโhistoire dโenfants, rรฉalisant un barrage dans une riviรจre, dans le but de se baigner. La premiรจre des questions interrogeait les รฉlรจves sur le lieu du dรฉroulement de lโhistoire ; la deuxiรจme sur le moment de celle-ci, la troisiรจme sur les raisons du surnom que leur donne leur maman ยซ les petits castors ยป et la derniรจre sur le but dโeffectuer un barrage.
Afin de mesurer les effets des dispositifs sur le bien-รชtre et la rรฉussite scolaire des รฉlรจves, le questionnaire ainsi que les exercices susmentionnรฉs seront ร nouveau redistribuรฉs aux six รฉlรจves de CE1 en dรฉbut de la pรฉriode 5.
Les pratiques coopรฉratives
Le climat scolaire positif peut exister par le biais des diverses relations existantes danslโensemble de la communautรฉ รฉducative. Lโรฉlรจve doit ressentir un sentiment dโappartenance, il doit se sentir bien ร lโรฉcole et partager avec ses pairs. Pour rรฉpondre ร ces besoins essentiels, jโai instaurรฉ du tutorat et du travail de groupe au sein de ma classe.
Pour organiser sa mise en place, jโai lancรฉ, en amont, une discussion avec lโensemble des CE1. Nous avons รฉchangรฉ sur ยซ ce quโรฉtait le tutorat, son rรดle, de quelle maniรจre il intervenait auprรจs des รฉlรจves, comment il rรฉagissait face ร un รฉlรจve qui ne voulait pas lโรฉcouter โฆ ยป Ensuite, je leur ai expliquรฉ que pour devenir tuteur, il fallait passer un diplรดme et plus prรฉcisรฉment ยซ le brevet des tuteurs ยป (Annexe 7). Ce brevet devait se rรฉaliser sous la forme du volontariat. En aucun cas un รฉlรจve devait se sentir dans lโobligation de le passer. Si le brevet รฉtait rรฉussi, ils pouvaient devenir tuteur et obtenir un diplรดme (Annexe 8).
Lโensemble des รฉlรจves de CE1 ont voulu passer le brevet et il a รฉtรฉ obtenu par lโunanimitรฉ.
Ensuite, jโai utilisรฉ le ยซ Tรฉtraโaide ยป (Annexe 9), un outil pรฉdagogique, dรฉtaillรฉ dans la confรฉrence de Connac, permettant dโorganiser les situations de coopรฉration. Cette pyramide sert ร indiquer lโรฉtat de lโรฉlรจve dans son travail afin que ses autres camarades le perรงoivent. Les รฉlรจves placent dans le coin de leur table le Tรฉtraโaide. Chaque sommet a diffรฉrentes couleurs, qui ont toutes une signification. Le jaune signale que lโรฉlรจve a une question non urgente, les รฉlรจves peuvent donc finir leur travail avant dโaller aider un camarade qui avait placรฉ sa pyramide sur le jaune. Au contraire, quand la pyramide est placรฉe sur le rouge ยซ jโai une question urgente ยป, les diffรฉrents tuteurs sont autorisรฉs ร arrรชter leur travail pour aller aider lโรฉlรจve en demande. Si lโรฉlรจve a, sur sa table, le sommet de sa pyramide sur le vert cela signifie que tout va bien, le bleu indique aux autres รฉlรจves que ยซ jโaide ou je suis aidรฉ(e) par quelquโun ยป. Les รฉlรจves se servent donc de cette pyramide afin dโรชtre autonomes dans leur coopรฉration.
Aprรจs avoir appris aux รฉlรจves ร aider un camarade quand il en a besoin, ils pouvaient, une fois leur travail terminรฉ, aider les GS au sein des diffรฉrents ateliers.
Jโai รฉgalement inscrit ma classe au ยซ Rallye Math de Savoie ยป. Dans ce dispositif, les รฉlรจves sont placรฉs dans un travail de groupe. Ils doivent coopรฉrer pour rรฉsoudre des problรจmes mathรฉmatiques. Il y a cinq phases dโentrainement, chaque phase รฉtant constituรฉe dโune รฉtape individuelle de dix minutes, dโune รฉtape collective de quinze minutes et dโune รฉtape oรน les รฉlรจves ont 5 minutes pour entourer une rรฉponse parmi des propositions. Lโobjectif final de la derniรจre phase est de rรฉussir ร se mettre dโaccord pour fournir une seule rรฉponse. Les รฉlรจves doivent donc sโรฉcouter, รฉchanger et confronter leurs procรฉdures de rรฉsolution pour accepter ou rรฉfuter les arguments des uns et des autres. A la fin de ces phases dโentrainement, les รฉlรจves rรฉalisent lโรฉpreuve du Rallye Maths, se dรฉroulant de la mรชme maniรจre. Dโautre part, jโai rรฉalisรฉ toutes les phases de recherches mathรฉmatiques en binรดme.
Toutes ces initiatives avaient pour but dโobserver dโune part la corrรฉlation entre les pratiques coopรฉratives, entre les CE1, mais รฉgalement avec des enfants plus jeunes ; et dโautre part lโamรฉlioration des relations, de la cohรฉsion de groupe et donc la bienveillance entre pairs.
Au cours de cette annรฉe scolaire, jโai donc fourni un investissement quotidien pour atteindre des gestes et des pratiques professionnels bienveillants. A travers ces efforts, tels que lโรฉvaluation et lโerreur positives, le travail autour des รฉmotions, de la gestion de conflit, de lโencouragement permanent, des pratiques coopรฉratives et du travail en groupe, il me paraissait nรฉcessaire de mesurer leurs impacts sur les รฉlรจves. Cโest pourquoi la partie suivante sโattachera ร expliciter ces impacts, ร travers les rรฉsultats et leurs analyses.
Rรฉsultats et Analyse
Une fois les reprรฉsentations mesurรฉes et les dispositifs instaurรฉs, lโรฉtape suivante a รฉtรฉ le traitement des donnรฉes. En vue de garder lโanonymat des participants, des numรฉros allant de 1 ร 6 permettent lโidentification des รฉlรจves de CE1. Pour une meilleure visualisation, les cellules comprenant des pointillรฉs reprรฉsentent les donnรฉes analysรฉes.
Lโรฉvolution de la perception du bien-รชtre
Afin de mesurer le bien-รชtre des รฉlรจves, jโai comptabilisรฉ de 0 ร 3 chaque question du questionnaire. Comme le montre le Tableau 1, chaque รฉchelle a une valeur, lโitem ยซ pas du tout dโaccord ยป valait 0, ยซ plutรดt pas dโaccord ยป 1 etc. Le questionnaire possรจde dix questions ; par consรฉquent, 30 est le maximum du bien-รชtre possiblement atteint. Jโai transmis le questionnaire une premiรจre fois ร la fin du premier trimestre et une deuxiรจme fois durant le troisiรจme trimestre dans lโobjectif dโanalyser lโรฉvolution de cette perception.
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Table des matiรจres
1. Introduction
2. Le cadre thรฉorique : lโรฉtat de lโartย
2.1 Lโรฉvolution de la bienveillance dans le cadre institutionnel
2.1.1 La bienveillance dans les lois, les circulaires et les programmes
2.2 Les dรฉfinitions de la bienveillance
2.2.1 Les dimensions de la bienveillance
2.2.1.1 La dimension intentionnelle
2.2.1.2 La dimension interactionnelle
2.2.1.3 La dimension affective
2.2.1.4 La dimension attentionnelle
2.3 Des gestes et des attitudes professionnels bienveillants
2.3.1 Lโerreur : un outil pรฉdagogique
2.3.2 Lโรฉvaluation positive au service des apprentissages
2.3.3 La pรฉdagogie diffรฉrenciรฉe
2.3.4 Les pratiques coopรฉratives
2.3.5 La persuasion verbale
2.3.6 La gestion des รฉmotions
2.3.7 La prรฉsentation de la tรขche
2.4 Les vertus de la bienveillance au service de la rรฉussite scolaire
2.4.1 Le climat scolaire
2.4.2 La motivation et le sentiment dโefficacitรฉ personnelle
2.4.3 Le bien-รชtre
2.4.4 La citoyennetรฉ
3. Problรฉmatique et des hypothรจsesย
4. La mรฉthodologie de lโexpรฉrimentationย
4.1 Les outils pour mesurer lโรฉtat initial et final des รฉlรจves de CE1
4.1.1 Le bien-รชtre
4.1.2 Les performances scolaires
4.2 Les dispositifs insรฉrรฉs dans ma pratique de classe
4.2.1 La place de lโรฉvaluation, des erreurs et de lโencouragement
4.2.2 Le travail รฉmotionnel
4.2.3 Les pratiques coopรฉratives
5. Rรฉsultats et Analyseย
5.1 Lโรฉvolution de la perception du bien-รชtre
5.2 Lโรฉvolution des performances scolaires
5.2.1 En mathรฉmatiques
5.2.2 En franรงais
6. Discussionย
6.1 Lโenvironnement de mon รฉtude
6.2 Mise en lien avec les recherches antรฉrieures
6.2.1 Les rรฉponses aux hypothรจses
6.3 Limites et perspectives
6.3.1 Les obstacles et les limites rencontrรฉs
6.3.2 Les amรฉliorations possibles
6.3.3 Le dรฉveloppement professionnel
7. Conclusion
8. Bibliographieย
9. Annexes