Ahmad al-Rabbât al-Halabî : Biographie et bibliographie
Les travaux existants :
Nous avons évoqué dans notre Introduction générale les plus anciennes mentions du nom d’Ahmad al-Rabbât al-Halabî et les différentes sources bibliographiques relatives à ses écrits et aux manuscrits qu’il avait possédés. Dans les quelques lignes qui suivent, nous allons sommairement passer en revue les principales d’entre elles.
Wilhelm Ahlwardt (1895) et Carl Brockelmann (1902) :
Dans son Histoire de la littérature arabe, et plus précisément, dans la deuxième section consacrée à la littérature arabe : de la conquête de l’Égypte par le sultan Sélim en 1517, à l’expédition napoléonienne en Égypte en 1798, Carl Brockelmann cite un auteur ayant rédigé en 1202/1788 des poèmes, textes en prose, Zajal, Takhmîs et Mawâliyâ. Ces écrits sont classés sous le chapitre 4 portant sur les livres de divertissement et les anthologies : « A. al-Shaqîfâtî ar-Rabbâţ al-Halabî schrieb um 1202/1788 : Sammlungen von Gedichten und Prosastücken, Zajal, Takhmîs und Mawâlî u. d. T. Safîna Berl. 8188/94 ».
Cette présentation succincte nous présente un auteur (poète) dont le nom est Ahmad, le laqab (ou la kunya !) est al-Rabbât, la nisba est al-Halabî (d’Alep) et le métier est Shaqîfâtî (ou Shuqayfâtî). Cet auteur était en vie en 1202/1788 et il avait rédigé sept Safîna (recueil de poèmes et de textes en prose) dont les manuscrits sont conservés à la Bibliothèque de Berlin. C’est sur cette présentation que se sont basées les sources bibliographiques arabes.
Brockelmann a extrait ses informations sur cet auteur du catalogue des manuscrits arabes conservés à Berlin, et surtout de la description du premier manuscrit (8188. Spr. 1240) d’« Ahmed eššaqîfâtî errabbât elhalebî ». Cependant, Ahlwardt, l’auteur de ce catalogue, cite dans son index des noms propres, le nom de « والشقيفاتى الشقيفتى الحلبى رباط ّال احمد الحاج مّالقي :c. 1200 » et ses sept manuscrits : 8188-8195 ; 8047,4.5 [Lbg. 1031, Spr. 1235, Spr. 1240, Spr. 2007, Spr. 2008, We. 1237, We. 1238] [auteur], et cite également un autre personnage qui porte le nom de « الرباط احمد # : 1205 (1246) » et lui attribue deux manuscrits : 7714,6 ; 8460 [We. 187 : الفارض ابن ديوان ; We. 672 : ودمنة كليلة كتاب] [copiste]. Mais est-ce qu’il s’agit vraiment de deux personnages différents ou bien les neuf manuscrits (avec beaucoup d’autres de la même bibliothèque) [propriétaire] appartiennent-ils à une seule personne ? Si oui, qui est-t-il ? Et qu’est-ce qu’il fait ? Nous tâcherons de répondre plus tard à cette question en faisant parler les manuscrits eux-mêmes.
Gotthold Weil (1927) et Olga Pinto (1928) :
Dans un article paru en 1927, Gotthold Weil cite quelques vers arabes, sur l’emprunt des livres, accompagnés d’une traduction allemande. On trouve, parmi ses exemples, un poème de trois vers extrait d’un safîna (recueil) d’Ahmad al-Rabbât al-Halabî. Il s’agit des manuscrits autographes conservés à la Bibliothèque de Berlin. C’est, à notre connaissance, le plus ancien texte d’al-Rabbât publié et traduit, sans compter, bien sûr, les extraits de manuscrits que donnent les catalogues.
‘Abbâs al-Jirârî (1969) :
Le 29 mai 1969, le marocain ‘Abbâs al-Jirârî a soutenu, à l’Université du Caire, Faculté des lettres, sa thèse de doctorat intitulée « al-Qaşîda » (le Poème) suivie de « Dalîl qaşâ’id al-zajal fî al-Maghrib » (Index des poèmes du zajal au Maroc). Pour présenter le début de la forme poétique appelée : al-Zajal, et montrer le rôle d’Ibn Quzmân (mort en 555/1160 à Cordoue) comme créateur de cet art poétique, al-Jirârî utilise un passage d’Ahmad al-Rabbât, extrait de son manuscrit intitulé : « المعنوية فنون السبعة في األدبية العقيدة«. Dans ce manuscrit, conservé à la Bibliothèque de Süleymaniye à Istanbul (collection d’Esad Efendi), et dont une photocopie se trouve à Ma‘had al Makhtûtât al-‘Arabiyya au Caire, Muhammad al-Rabbât, le fils de l’auteur, avait remplacé le nom de son père par le sien. Par conséquent, et de ce fait, ce nom a été mal déchiffré dans les catalogues : «الحلبى رياضى محمد« et « محمد « الرياظلى )؟( الحلبى الدمشقى النقشبندى .
Jean-Paul Pascual (1977) :
Jean-Paul Pascual semble être le premier à consacrer une étude entière à l’un des textes rédigés par Ahmad al-Rabbât. En se basant sur un manuscrit conservé à Damas (Ms. 8749, fols. 45a-48b), le chercheur français donne, dans le tome 28 (année 1975) du Bulletin d’Études Orientales, une présentation, traduction et édition d’un poème en forme de mawwâl de cinq hémistiches (a’raj ou mukhammas), composé en 52 de dawr et écrit en arabe dialectal, comme le sont généralement les mawwâl-s, « mais la langue en est recherchée, proche du classique et riche en image : l’auteur était sans doute un lettré ». Dans ce poème, le poète Ahmad al Rabbât décrit la chute de la neige à Damas pendant l’hiver 1248/1833, car « la neige tomba abondamment et fut suivie de forte pluies et d’inondations frappant les biens et les personnes ». Pascual confirme que le nom de cet auteur n’est mentionné dans aucun ouvrage biographique de XIXe siècle. Dans son opinion, « il s’agit peut-être du même personnage que le poète Ahmad al-Shaqîfâtî r-Rabbât al-Halabî dont Ahlwardt dit qu’il était en vie en 1788 » (voir chatpfe.com).
C’est à la fin du poème (dawr al-istishhâd) que le poète met son nom : Ahmad alRabbât. Par contre, il donne la date de cet événement en deux dawr, le troisième et le quarante-sixième : 1248 (1833). Dans ce dernier, il la donne également en faisant un chronogramme. Il mentionne aussi dans le quarante et unième dawr une date antérieure correspondant à un événement semblable : 1207 (1792).
Pascual cite aussi une autre ‘version’ du poème, écrite, au contraire « dans une langue dialectale damascène », dont l’auteur est un certain Şâlih al-Hakawâtî al-Shâmî, « vraisemblablement conteur populaire comme son nom l’indique, du quartier de Mi’dhanat ash-Shaham, mort en 1254/1838-39, et enterré au cimetière Dahdâh à Damas » . Le texte de deux poèmes sera donné un peu plus loin.
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Table des matières
Introduction générale
Chapitre I Ahmad al-Rabbât al-Halabî : Biographie et bibliographie
I.I- Les travaux existants
I.I.I- Wilhelm Ahlwardt (1895) et Carl Brockelmann (1902)
I.I.II- Gotthold Weil (1927) et Olga Pinto (1928)
I.I.III- ‘Abbâs al-Jirârî (1969)
I.I.IV- Jean-Paul Pascual (1977)
I.I.V- Muhsin Mahdi (1984)
I.II- BIOGRAPHIE
I.II.I- La famille « al-Rabbât » dans les sources bibliographiques
I.II.II- Ahmad al-Rabbât par lui-même
I.II.III- Le père : al-Qayyim Bakrî al-‘Antarî
I.II.IV- Ahmad al-Rabbât à Alep
I.II.V- D’Alep à Damas
I.II.VI- Ahmad al-Rabbât à Damas
I.II.VII- Ahmad al-Rabbât al-Shuqayfâtî
I.II.VIII- Ahmad al-Rabbât al-Shâfi‘î
I.II.IX- Ahmad al-Rabbât al-Qâdirî
I.II.X- Ahmad al-Rabbât al-Naqshibandî
I.III- PRODUCTION LITTÉRAIRE
I.III.I- Himl zajal
I.III.I.I- Le texte
I.III.I.II- Les variantes
I.III.I.III- La traduction
I.III.II- « Une neige à Damas au XIXe siècle »
I.III.II.I- Les textes
I.III.II.II- La traduction (Jean-Paul Pascual)
Chapitre II La bibliothèque d’Ahmad al-Rabbât al-Halabî : Création et dispersion
II.I- Création de la Bibliothèque d’Ahmad al-Rabbât al-Halabî
II.I.I- Ahmad al-Rabbât et l’art du livre
II.I.I.I- Ahmad al-Rabbât copiste
II.I.I.II- Ahmad al-Rabbât possesseur
II.I.I.II.I- Les prix des manuscrits
II.II- Dispersion de la Bibliothèque d’Ahmad al-Rabbât al-Halabî
II.II.I- Les héritiers d’Ahmad al-Rabbât
II.II.I.I- Muhammad Ibn Ahmad al-Rabbât al-Halabî
II.II.I.II- ‘Abdû Ibn Ahmad al-Rabbât al-Halabî
II.II.II- De la bibliothèque d’Ahmad al-Rabbât aux collections régionales
II.II.III- De Damas aux quatre coins du monde
II.II.III.I- République fédérale d’Allemagne
II.II.III.I.I- Forschungsbibliothek Gotha (Seetzen)
II.II.III.I.II- Staatsbibliothek zu Berlin (Wetzstein I-II)
II.II.III.I.III- Staatsbibliothek zu Berlin (Sprenger)
II.II.III.I.IV- Staatsbibliothek zu Berlin (Landberg)
II.II.III.I.V- Universitätsbibliothek Leipzig (Wetzstein)
II.II.III.I.VI- Universitätsbibliothek Tübingen (We. IV)
II.II.III.I.VII- Bayerische Staatsbibliothek
II.II.III.II- Royaume-Uni
– British Library, London (Rich)
II.II.III.III- Royaume des Pays-Bas
– Universiteitsbibliotheek Leiden (Testa)
II.II.III.IV- République d’Autriche
– Österreichische Nationalbibliothek, Wien
II.II.III.V- République italienne
– Biblioteca Nazionale di Torino (Nallino)
II.II.III.VI- Royaume d’Espagne
– Biblioteca Tomás Navarro Tomás (Henri Moser-Charlottenfels)
II.II.III.VII- États-Unis d’Amérique
– Houghton Library, Harvard University (George Sarton)
II.II.III.VIII- Canada
– Thomas Fisher Rare Books Library, University of Toronto
II.II.III.IX- État du Japon
– Institute of Oriental Culture, University of Tokyo (Daiber I-II)
II.II.III.X- République de Turquie
– Süleymaniye Yazma Eser Kütüphanesi (Esad Efendi Koleksiyonu)
II.II.III.XI- République arabe d’Égypte
– Dâr al-Kutub al-Mişriyya
II.II.III.XI.I- (Al-Khizâna al-Taymûriyya)
II.II.III.XI.II- (Maktabat Ahmad Tal‘at Bey)
II.II.III.XI- Royaume d’Arabie saoudite
– King Saud University Library
II.II.III.XII- République libanaise
II.II.III.XII.I- Al-Khizâna al-Nakhliyya
II.II.III.XII.II- American University of Beirut
II.II.III.XII.III- Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK)
II.II.III.XIII- République arabe syrienne
– Dâr al-Kutub al-Zâhiriyya (Maktabat al-Asad al-Wataniyya)
II.III- Description thématique de la bibliothèque d’al-Rabbât
II.III.I- Ouvrages Religieux (29 ouvrages)
II.III.II- Recueil de poésie (25 ouvrages)
II.III.III- Proverbes (3 ouvrages)
II.III.IV- Rhétorique (4 ouvrages)
II.III.V- Grammaire (2 ouvrages)
II.III.VI- Droits (un ouvrage)
II.III.VII- Encyclopédie (2 ouvrages)
II.III.VIII- Géographie (un ouvrage)
II.III.IX- Philosophie (2 ouvrages)
II.III.X- Alchimie (3 ouvrages)
II.III.XI- Astronomie (2 ouvrages)
II.III.XII- Zoologie (2 ouvrages)
II.III.XIII- Médecine (4 ouvrages)
II.III.XIV- Livres d’Histoire (9 ouvrages)
II.III.XV- Contes et récits religieux (37 ouvrages)
II.III.XVI- Livres d’adab (11 ouvrages)
II.III.XVII- Recueil d’anecdotes (10 ouvrages)
II.III.XVIII- Les romans de chevalerie (13 ouvrages)
II.III.XIX- Les Mille et une nuits (12 ouvrages)
II.III.XX- Recueils analogues aux Mille et une nuits (22 ouvrages)
II.III.XX- Récits versifiés (6 ouvrages)
Chapitre III Les utilisateurs « lecteurs » des manuscrits d’Ahmad al-Rabbât al-Halabî
III.I- Pourquoi écrit-on sur un manuscrit ?
III.I.I- Attestation de foi
III.I.II- Enregistrement des naissances et des décès
III.I.III- Espace de critique
III.II- Le lecteur (un métier)
III.III- Les profils des lecteurs
III.IV- Index général des noms de lecteurs
III.V- Liste des familles et des métiers de lecteurs
III.VI- Quelques exemples pratiques
Conclusion générale
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