La Belle et la Bête d’E. Etienne et J-F Noa

Les supports sélectionnés

Ce conte source a été repris et réécris de nombreuses fois. Ainsi, il est important d’analyser certaines formes de réécritures pour en dégager les intérêts dans le cadre d’une étude comparée en classe. . Ces œuvres ont été choisies dans différents genres et médias pour pouvoir comparer le changement qui s’opère entre différents genres par rapport à la forme qui est différente (album, pièce de théâtre,film). Cette étude servira ensuite à une exploitation pédagogique avec des élèves de cycle 3.
La présentation de ces supports se fera de manière chronologique. Cette organisation permet de voir par exemple que l’album de Noa a été créé à partir du conte de Mme Leprince de Beaumont mais aussi à partir du film de Jean Cocteau.
La Belle et la Bête de Jean Cocteau est un film qui a été réalisé en 1946. Cette œuvre transpose le conte source dans un autre média : le film. De nombreux changements s’opèrent car ce support permet l’utilisation de musique, de bruitages, de trucages, d’ombres et de lumières qui donnent une dimension onirique lorsque l’on est dans le royaume de la Bête. C’est la dimension visuelle qui permet de créer le merveilleux et le fantastique. Dans le monde de Belle et de sa famille, on peut voir au contraire des scènes très réalistes.
D’ailleurs, le personnage de Belle est repris d’un tableau réaliste de Vermeer : La Jeune fille à la perle. Il ajoute également le personnage d’Avenant qui n’appartient pas au texte source mais à un autre conte.
Mon attention s’est aussi portée sur la pièce de théâtre Belle des Eaux écrite en 1989 par Bruno Castan. Cette œuvre est composée de vingt scènes, deux d’entre elles introduisent et concluent l’histoire. En effet, une jeune fille demande à l’homme qui l’accompagne en bateau, l’histoire du rocher que l’on nomme «Bernardine». Le récit enchâssé raconte le conte de La Belle et la Bête. Ce support est intéressant parce que l’œuvre ne contient que des didascalies et des dialogues ainsi toute la partie de narration doit être modifiée au profit de cette forme. De plus, l’auteur a fait également un choix au niveau de la thématique. En effet, le titre montre la volonté de l’auteur à réécrire le conte à partir d’un des quatre éléments : l’eau.
Deux albums ont été sélectionnés, le premier s’intitule est La Belle et La Bêteécrit par J.F. Noa et illustré par Emilie Etienne, paru en 2004. J’ai choisi de travailler avec cet album pour montrer que ce support peut reprendre le conte en ajoutant certaines scènes, mais aussi en changeant de style d’écriture. En effet, l’auteur nous donne une version poétique du texte. Certains décors sont assez flous et donnent une dimension de rêve à l’album. On peut remarquer que le film de Jean Cocteau a eu une réelle influence.
Le second album s’intitule La Belle et la Bête, il est écrit par Mme Leprince de Beaumont et illustré par Magali Fournier en 2010. Il est intéressant car il reprend le texte d’origine en le simplifiant. Ainsi, ce texte sera un point de départ pour faire découvrir aux élèves le conte source deLa Belle et la Bête. On peut remarquer que dans ce support les illustrations sont centrées principalement sur la Belle. Le conte s’est transformé pour s’adapter au support de l’album (coupure de textes, illustrations).
Ces différents supports sont des transpositions, Christiane Connan Pintado définit ce terme : « Nous appelons transposition la réécriture du conte lorsqu’il est transféré dans un autre genre formel. »
Ainsi lorsqu’un conte est réécrit en album, en théâtre et en film, on parle de transpositions. Une analyse de chaque œuvre paraît essentielle afin de distinguer des spécificités liées au genre et au média. Cette étude permettra d’effectuer une étude comparée de ces différentes réécritures en classe.

Du conte au film

Prologue

« L’enfance croit ce qu’on lui raconte et ne le met pas en doute. Elle croit qu’une rose qu’on cueille peut attirer des drames dans une famille. Elle croit que les mains d’une bête qui tue se mettent à fumer et que cette bête en a honte lorsqu’une jeune fille habite sa maison. Elle croit mille autres choses bien naïves.
C’est un peu de cette naïveté que je vous demande et, pour nous porter chance à tous, laissez moi vous dire quatre mots magiques, véritable «Sésame ouvre-toi» de l’enfance: Il était une fois … Jean Cocteau » On peut assimiler le prologue à un «pacte de lecture». En effet, le film contrairement au conte ne fait pas adhérer le lecteur aux merveilleux dès le commencement. Jean Cocteau voit une nécessité de s’adresser au spectateur pour qu’il fasse comme s’il croyait les événements qui vont se produire «c’est un peu de cette naïveté que je vous demande». Ainsi, on demande à ce que le spectateur ait une posture particulière pour pouvoir apprécier ce qu’il va regarder. Cette intervention peut renvoyer également à la parole du conteur avant qu’il transmette oralement son récit.

Différences entre le conte et le film

Différences liées au contenu

Jean Cocteau n’a pas repris le même nombre de personnages. En effet, on peut remarquer l’absence des deux frères de Belle et la présence d’Avenant. Celui-ci permet d’apporter un changement au niveau du dénouement. En effet, ce ne sont pas les sœurs qui sont punies mais Avenant. Vellay Vallantin fait l’hypothèse dans son article La Belle et la Bête Jean Cocteau que le personnage d’Avenant était une incohérence narrative au début de son article. A la fin de celui-ci, elle l’invalide car Avenant est le personnage principal, son amour ne lui permet pas de garder Belle mais sa mort est suffisante pour sauver la Bête. Le Prince dit à la Belle que c’est l’amour qui l’a sauvé. En tant que spectateur nous voyons que c’est Avenant qui a permis la guérison de la Bête car il dit lui même que s’il était un homme il aurait pu guérir mais étant une bête il mourra.
De plus, Jean Cocteau ajoute certains éléments pour que le récit paraît plus cohérent. Par exemple, on peut remarquer l’ajout d’un animal: Le Magnifique qui joue un rôle essentiel. En effet, comme le marchand s’est perdu en arrivant au château comment pourrait-il retrouver son chemin seul dans la forêt? Comment la Belle pourrait se rendre au château seule? Comment Avenant pourrait entrer dans le pavillon de Diane et permettre de sauver la Bête? C’est une aide essentielle, une formule lui est associée rappelant les formulettes de contes: « Va où je vais Le Magnifique, va, va, va. ». De la même manière, il paraît plus réaliste que Belle s’éloigne en cachette car dans le conte le père ne fait pas figure d’autorité, il laisse sa fille prendre le pouvoir, et se sacrifier à sa place. Tandis que dans le film, c’est la faiblesse du marchand liée à son malaise qui permet le départ de Belle.

Différences liées à la transposition du conte en film

Le film ne peut pas se contenter d’ellipses, ou de descriptions très brèves car ce support demande d’être vu et non lu. Ainsi, il doit développer certains aspects et faire de nombreux choix. On peut remarquer par exemple que l’entrée du père dans le château a une place plus importante. Elle est peu décrite dans le conte, Cocteau profite de ce non dit pour ajouter des éléments propres à l’art cinématographique : trucages, jeux d’ombres et de lumières, bruits, musiques… Le merveilleux surgit pour la première fois à travers de nombreux éléments alors qu’il n’est pas encore présent dans le conte. De la même manière, le film ne peut pas résumer l’ellipse du conte « trois mois dans le palais ». Pour rendre compte d’une dimension temporelle, Cocteau ajoute plusieurs scènes. Celles-ci donnent une importance particulière au personnage de la Bête. On voit son évolution. En effet, il essaye de lutter contre ses instincts lorsqu’il sent et qu’il entend une biche, il a une absence,
la Belle interrompt ses paroles. La Bête réussit à se reprendre. Mais elle cède à ses pulsions lorsqu’elle apprend que la Belle a été demandée en mariage par un beau jeune homme qui s’appelle Avenant. A la suite de cet épisode, on entend un long rugissement, et on voit la Bête dans un état bestial. Ainsi, Cocteau donne une dimension un peu plus monstrueuse à son personnage. Cependant, la Bête a honte de ses actes car le regard de la Belle le brûle.
Le spectateur peut ressentir également plus facilement les émotions, les envies des personnages. Par exemple, la rose est présentée en gros plan par un jeu de lumières qui la fait briller de plus en plus. Cette technique suscite l’envie de la cueillir autant chez le marchand que chez le spectateur. Jean Cocteau doit se positionner également par rapport à la représentation de la Bête. Dans le conte, elle n’est pas décrite, on sait uniquement qu’elle effraie le marchand au point qu’il se sente affaibli. Comme le film est une œuvre visuelle, Cocteau doit montrer son monstre. Lors de sa première apparition, il apparaît fort humanisé avec ses habits, et contrairement à certaines parties du film il ne fait pas peur, il ressemble plus à un seigneur.
Ainsi, les différentes étapes du récit de Mme Leprince de Beaumont sont respectées. On peut cependant voir de nombreuses différences entre les deux œuvres. Cocteau s’appuie sur le conte pour créer son film. Ce travail de transposition donne des contraintes et entraîne de multiples possibilités dans la représentation cinématographique du conte. Il lui permet également d’introduire son propre univers qui donne une nouvelle dimension au conte.
Ces éléments renforcent le merveilleux du conte. La réaction du personnage relève du fantastique. En effet, le personnage est étonné de ce qu’il voit contrairement au merveilleux où tout élément magique est ressenti comme normal. Il s’interroge et regarde sous la table pour voir si quelqu’un est en dessous. Cet ajout est proposé par Henri Alekan qui a fait remarquer à Cocteau que c’est étrange que le marchand ne s’étonne pas de cette magie. Tandis que dans le conte, le marchand n’a aucun doute sur le fait que ce soit une fée qui l’ait accueilli.
Jean Cocteau a également choisi le conte de Mme D’Aulnoy La Belle aux cheveux d’orpour créer le personnage d’ Avenant. Il s’est appuyé sur cette description : « qui était beau comme le soleil, et le mieux fait de tout le royaume : à cause de sa bonne grâce et de son esprit, on le nommait Avenant ».Jean Marais qui incarne Avenant présente sa beauté, tandis que la Bête jouée par le même acteur présente son bel esprit. Ainsi, lors de la transformation physique de la Bête en Avenant, on retrouve le personnage du conte de Mme d’Aulnoy.
Le merveilleux est représenté aussi par diverses allusions aux contes de Perrault.
¨Par exemple, lorsque Belle pleure des diamants, on l’assimile à l’héroïne dans Les Fées.
L’héroïne dans cette histoire a ce don car elle est récompensée de sa bonté. Quant à la Belle, elle est récompensée d’avoir un cœur qui voit au delà des apparences. Ensuite, les arbres qui se déplacent font également échos à la Belle au Bois Dormant, au lieu de s’ouvrir au personnage elle se ferme derrière la sortie du marchand. D’ailleurs, comme le conte la forêt est un lieu de transition qui amène d’un monde réaliste (représenté par la maison du marchand) à un monde fantastique ( le château de la Bête). De plus, Cocteau était intéressé par les gravures de Gustave Doré des contes de Perrault, il s’en inspire.La descente de la Belle dans les escaliers et celle de peau d’Âne sont similaires ( ambiance :ombre/lumière, décors, habits) les deux jeunes femmes se sauventtoutes les deux d’un «monstre».

Le fantastique

Le merveilleux est dispersé dans tout le film, mais contrairement au conte, le film appartient aussi au fantastique.
Selon Todorov, le fantastique est un genre qui amène dans un monde familier, des événements étranges, que l’on ne peut pas expliquer. Le personnage hésite en face de l’étrange. Soit il n’y croit pas, il pense que c’est son imagination, soit il pense que l’événement fait partie de la réalité. Cette hésitation est caractéristique du fantastique. Elle est apparente lors du repas du marchand au château, il regarde sous la table car il ne comprend pas les mains invisibles qui le servent. Les personnages s’étonnent contrairement au conte, le père de Belle s’interroge à propos des objets magiques, des statues qui ont des yeux qui bougent…
Le fantastique apparaît aussi et surtout par rapport à la peur que ressentent les personnages, en effet le monstre apparaît parfois de manière effrayante. Lors de la première rencontre avec la Bête, Belle s’évanouit. Lorsqu’elle se réveille elle pousse de nouveau un cri d’effroi.

L’onirisme

Ces différents aspects permettent également de créer dans le château un univers onirique. Dans le conte de Mme Leprince de Beaumont, la Belle rêve de la fée qui lui prédit un avenir heureux lors de sa première nuit au château. Cocteau décide de supprimer cette scène, mais grâce aux techniques liées au film, il représente le rêve dans tout l’espace du domaine de la Bête. Par exemple, lors de son entrée dans le couloir avec les chandeliers, on peut remarquer que la Belle court au ralenti, ses habits flottent. De plus, lorsqu’elle avance dans les différentes pièces, elle ne marche pas, on a la sensation d’un glissement, les rideaux qui flottent autour d’elle accentue l’idée de rêve. D’autres trucages sont mis en place afin de représenter l’envol de la Belle et du prince à la fin, ainsi que l’apparition du collier dans les mains de la Bête.
Avenant renforce cette dimension par ses paroles lors d’un dialogue avec Ludovic: « il endort la Belle et lui fait voir ce qu’il veut ».

L’exploitation pédagogique

Lors de la première période, un travail sera effectué sur la représentation des personnages. Ainsi, les élèves vont découvrir la Belle et la Bête par des images reprises du film. C’est lors de la seconde période qu’ils vont voir un extrait. Le Bulletin Officiel n°5 du 4 février 2010 définit les conditions à respecter pour l’utilisation d’un DVD en classe : « « extraits » s’entend de parties d’œuvres dont la longueur est limitée à six minutes, et ne pouvant en tout état de cause excéder le dixième de la durée totale de l’œuvre intégrale. ». Ainsi, l’extrait sélectionné dure six minutes. Le passage qui a été retenu est celui qui commence par l’arrivée du marchand dans le château jusqu’à sa rencontre avec la Bête. Il me semble que cet extrait est un passage qui caractérise bien le film car il rend compte de l’univers créé par Cocteau. Nous nous interrogerons avec les élèves sur les éléments qui rendent la Bête effrayante. Ils vont remarquer que le château contribue à donner une image étrange de la Bête car ce lieu est son domaine.
C’est dans cet épisode que le fantastique apparaît pour la première fois par des trucages. La musique a aussi un rôle important car elle renforce cette dimension. Ce monde nous permet petit à petit de nous habituer au fantastique jusqu’à voir l’apparition de la Bête. Ils pourront remarquer qu’elle paraît un peu plus menaçante que dans l’album car elle domine le marchand, sa voix est menaçante… Ainsi tous ces éléments seront intéressants à mettre en avant. Ils vont permettre aux élèves de se rendre compte que la version cinématographique n’est pas seulement un calque du conte mais une création. Cette prise en compte pourra être réalisée par une comparaison avec l’extrait de l’album. Ainsi, nous pouvons remarquer que des changements ont été nécessaires afin d’adapter le conte en film. Cependant, Jean Cocteau ne s’est pas limité à cette contrainte.
En effet, d’autres transformations liées à l’univers du réalisateur ont été effectuées. Il a donc apporté une dimension fantastique, onirique de ce conte en utilisant différentes techniques liées au film ( trucage, jeux d’ombres et de lumières, musique…). Mais il s’est aussi inspiré d’autres références littéraires, artistiques. C’est pour cette raison que l’on peut dire que cette version est une « transposition réappropriation ». Ce terme est définit par Christiane Connan Pintado , « recouvre la forme la plus noble du détournement [… ] leurs auteurs ne cherchent pas à divertir mais s’appuient sur un texte du patrimoine afin de créer une œuvre originale ».

Présentation

La pièce de théâtre est composée d’une scène initiale et finale qui présentent une jeune femme et un pêcheur. Ce dernier raconte l’histoire de la roche Bernardine. On peut remarquer une continuité entre la scène une et vingt par leurs titres formés en chiasme « La statue…», «… sur la mer». Les scènes 2 à 19 mettent en scène l’histoire de la Belle et la Bête qui commence vers 1668, dans l’hôtel d’un armateur sur le port. Ce décalage au niveau de l’entrée permet une profondeur qui est rendue possible par le genre. En effet, le flash back dans un conte n’est pas utilisé car le récit ne serait pas assez clair, tandis que les codes du théâtre: le visuel, le changement de scènes permettent de comprendre qu’un retour dans le passé a eu lieu.
La pièce est découpée en vingt scènes. Comme le dit Marie Bernanoce à première vue ce découpage n’entretient pas le suspens car on retrouve comme au cinéma l’histoire découpée à l’exemple d’un script : « 2. fortune de mer» pour suggérer la perte des navires, «4. Brumes» lorsque le père se perd, «5. Une rose pour Belle», «6. Belle», «7. Livraison»…
Tous les titres sont évocateurs de l’action qui va se dérouler si le lecteur a en tête le conte de Mme Leprince de Beaumont.

Les personnages

Dans la pièce de théâtre onze personnages interviennent. Chacun a une importance contrairement au conte dans lequel les sœurs de Belle ainsi que ses frères peuvent se confondre en deux uniques personnes. En effet, l’auteur dit dans son interview que dans le conte les trois frères sont indifférenciés ainsi que les deux sœurs, alors il choisit de représenter un seul frère et une seule sœur. Ceux-ci ont chacun un caractère différent, une seule sœur suffit pour révéler par opposition la grande bonté de Belle. L’accent est mis sur le personnage de la sœur, en effet, l’entrée dans le récit est différente car au théâtre, l’histoire commence lorsque l’on découvre la transformation de Bernardine en rocher, et elle finit également sur la roche Bernardine.
Le personnage de Mariette qui représente le substitut d’une mère n’est pas ajouté pour le besoin de l’intrigue en premier lieu. En effet, l’auteur explique que dans ses comédiens, il y avait une femme d’une quarantaine d’années. En lisant certains textes, notamment celui de Bettelheim, il découvre un personnage type: la vielle femme qui dissuade les jeunes filles lorsqu’elles trouvent l’amour. C’est ainsi que Mariette encourage de manière implicite Belle à repousser les hommes.
L’ajout systématique du terme «Noir» à la fin de chaque tableau permet d’insister sur les changements de lieux, de temps, cette utilisation donne un rythme au texte. De plus, le texte est rythmé également par la répétition de la même scène dans laquelle la Bête demande à la Belle: «Voulez-vous être ma femme?». A chaque fois qu’il dit cette phrase, le lecteur sait que c’est la fin du dialogue, la fin d’un jour. On pourrait penser que c’est une scène qui se répète inlassablement sans changement mais les sentiments de la Belle évolue entre chaque demande.

Du conte au théâtre

Différences liées à l’écriture théâtrale

La pièce de théâtre est composée de dialogues et de didascalies (lieux, actions des personnages..). Les décors permettent de montrer les différents lieux lorsque l’on est spectateur, pour le lecteur, ce sont les didascalies qui situent l’action dans un lieu « une petite maison dans la lagune » pages 24 et 42, « il se retrouve à l’entrée du riche demeure » p 37, « le palais de la Bête » p 47… Les lumières s’éteignent pour indiquer un changement de lieu, la fin de la scène, cette technique est propre au théâtre car elle se base sur le visuel. Les didascalies permettent aussi de raconter les actions des personnages par exemple, page 15 « Belle joue une chanson de matelot.. Cornélis se lève », cette didascalie comporte treize lignes, elles tiennent une place importante dans cette pièce de théâtre. De la même manière dans la scène où le père de Belle arrive au château le monologue se mélange aux didascalies, c’est assez complexe car il n’y a pas de démarcation. On peut compter vingt sept lignes de monologues , et vingt trois de didascalies qui racontent ce qu’il fait, on passe rapidement du monologue aux didascalies et vice-versa. Les décors, les didascalies permettent donc de remplacer la narration.
Le narrateur est nécessaire au conte, les dialogues sont nécessaires au théâtre. Ces deux genres présentent des différences. Lorsque le narrateur décrit le caractère des sœurs, le théâtre doit le mettre en scène. On sait que dans le conte, les sœurs sont prétentieuses «elles avaient beaucoup d’orgueil». Tandis que dans la pièce de théâtre, ce caractère n’est pas annoncé, le spectateur tire des conclusions de ce qu’il voit et entend. Par exemple, on peut le voir lorsque Bernardine ne veut pas être appelée par son prénom mais par un autre: «Augusta» pour paraître plus noble. Elle renie ainsi la volonté de son père et sa propre vie.

Le comique

De nombreuses scènes sont comiques. En effet, dès le second tableau, on peut apercevoir des quiproquos, des conflits, des moqueries, des reprises à cause d’un prénom. En effet, Bernardine est un personnage qui créé le comique car elle veut être respectée et être appelée Augusta pour paraître plus noble. Mais ce changement de nom la rend vraiment ridicule aux yeux du public car son propre père ne sait plus la nommer, il se trompe « Augustine, Bernarda, Bernardine » . Ces confusions entraînent la colère de Bernardine « Augusta!!! Fourche encore et je t’arrache les yeux!», ce qui agace son père: « une crieuse de sardines ne crie pas plus haut que son c… que son cru!». On peut remarquer que même l’auteur change son nom au niveau des répliques, on ne trouve plus « Bernardine:Je flotterai dedans…» mais « Augusta: je flotterai dedans.. .». Il entre donc dans son jeu lors du retour de Belle. Bernardine est toujours fausse, elle veut changer de prénom, et même lorsqu’elle pleure on se rend compte que ce n’est pas réel « Mariette, Béranger et Bernardine en larmes[..] Bernardine[..]ôte de son mouchoir un oignon…» p 46, « Cornélis étreint Bernardine[…]dans sa main posée sur l’épaule de Cornélis, un demioignon » p 54, «On retrouve toute la famille en pleurs. Augusta cache un oignon dans son mouchoir» p 81.
Un autre personnage créé le comique, en effet, le capitaine Jorgensen parle à moitié français et à moitié allemand «De sky toute bleu…» . On peut remarquer des jeux au niveau des répliques: « Cornélis :Quel bon vent vous amène?» , la réponse de Jorgensen « Kelbonvan?… Ia, ia, Kelbonvan!», le capitaine a des difficultés à parler de sorte que même Cornélis se trompe dans sa propre langue « Faisez, faisez» . Mariette participe également au comique en se moquant, en utilisant le langage familier dans ses différentes répliques « ah ha ha! la belle histoire!» p 10, « Augusta! Ah ha ha!» p 12, « Augusta ne crache pas dans la soupe», «Achille! ah ha ha! », « ah ha ha!.. quelques rats!» p 14, « ma petite caille» p 25, « tu trimes du matin au soir» p 25, «flemmasse».

Les albums

Les albums reprennent le conte de Mme Leprince de Beaumont. A partir de ce constat plusieurs questions peuvent se poser : le reprennent-ils de la même manière ? Réécrivent-ils le texte ? Dans un album le texte est repris en étant simplifié, dans l’autre il est réécrit de manière poétique. Les effets produits par les illustrations sont-ils les mêmes ?
Les illustrateurs ont chacun leur propre univers graphique et plastique. Ils créent alors un univers propre qui induit une lecture du conte source différente. Ce sont ces caractéristiques qui seront analysées afin de montrer que les choix opérés orientent une lecture du conte source différente.

La Belle et la Bêted’E. Etienne et J-F Noa

L’illustratrice Emilie Etienne souhaitait depuis longtemps illustrer le conte La Belle et la Bête. Ainsi, elle a procédé à une analyse littéraire pour élaborer un « découpage des événements les plus intéressants visuellement ». Ses créations illustrent les passages les plus importants du conte La Belle et la Bêtede Mme Leprince de Beaumont. Après avoir réalisé ses illustrations, elle a demandé à l’auteur Jean Frédéric Noa d’ « écrire une versionpoétique du conte» qui les accompagnerait. Le texte a été travaillé en fonction des illustrations proposées par Emilie Etienne, c’est pour cette raison par exemple, que certains textes sont très courts car l’illustratrice représente deux fois la même scène.

Texte et illustrations

La symbolique des illustrations

Chaque illustration est représentée sur une double page. Pour les personnages, l’illustratrice a choisi deux procédés différents: Belle, son père, ses sœurs se détachent du paysage, on a l’impression d’un relief, tandis que la Bête se fond dans le décor. Sur la plupart des illustrations, la forêt est souvent représentée de manière inquiétante ( branches tortueuses ). En effet, dans les contes, ce lieu inspire parce qu’il est source de mystères, de rencontres entre personnages, d’apparition d’êtres étranges.. La forêt est représentée de nuit, la couleur dominante est donc le bleu foncé. Cette utilisation renforce l’idée de mystère car à chaque fois que les personnages traversent la forêt, c’est pendant la nuit. Ce bleu contraste avec la couleur dorée représentant le château pour rendre compte de la magnificence du lieu.
Les personnages principaux sont aussi représentés par rapport à une symbolique.
On peut remarquer que la Belle est toujours représentée à gauche, dans sa maison, au château car elle y est prisonnière. Sa place change lorsqu’elle prend des initiatives, lorsqu’un changement survient dans sa vie. De plus, la Belle et la Bête ne sont jamais représentés sur la même page. Cette distance liée à la mise en page renforce la distance de ces deux personnages dans l’histoire. Le dénouement est marqué par un basculement de cet espace, ils se retrouvent sur la même page de droite pour marquer leur rapprochement.

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Table des matières
Introduction
1. Contextualisation
1.1 Choix du sujet
1.2 Le conte
1.2.1 généralités
1.2.2 Conte source
1.2.3 psychanalyse
1.3. Les supports sélectionnés
2. Les transpositions
2.1 La transposition cinématographique
2.1.1 Une poésie visuelle
2.1.2 Du conte au film
2.1.2.1 Prologue
2.1.2.2 Différences entre le conte et le film
2.1.3. Réappropriation par Jean Cocteau
2.1.3.1 Merveilleux: de nombreuses références à l’univers des contes
2.1.3.2. le fantastique
2.1.3.3 L’onirisme
2.1.4 L’exploitation pédagogique
2.2 Belle des Eaux, Bruno Castan
2.2.1 Présentation
2.2.2 Les personnages
2.2.3 Du conte au théâtre
2.2.3.1 Différences liées à l’écriture théâtrale
2.2.3.2 Différences dans le contenu
2.2.4 Réappropriation : version aquatique
2.2.4.1 L’eau, thème prépondérant
2.2.4.2 Le comique
2.2.5 L’exploitation pédagogique
2.3 Les albums
2.3.1 La Belle et la Bête d’E. Etienne et J-F Noa
2.3.1.1 Texte et illustrations
2.3.1.2 L’impact des autres œuvres dans le texte et dans les images
2.3.2 L’album La Belle et la Bête Mme Leprince de Beaumont, Fournier
2.3.2.1 La genèse de l’album : le texte
2.3.2.2 les illustrations
2.3.2.3 Illustrations et texte
2.3.2.3.1 Disposition texte/illustration
2.3.2.3.2 Les personnages : Belle et ses sœurs
2.3.2.4 Les albums : Noa / Fournier
3. Exploitation pédagogique
3.1 Compétences spécifiques liées au conte
3.2 Compétences spécifiques liées à la transposition
3.3 Séances de la période 1
3.3.1 . Partie 1 et 3 : Découverte d’un récit long (trame, personnages :lecture)
3.3.2 Travailler les personnages à partir de confrontation d’images S2,S3, S4
3.4 Séance de la période 2
3.4.1 Le personnage de la Bête dans la pièce de théâtre
3.4.2 Travailler sur la transposition à partir de comparaisons d’une scène
Conclusion
Bibliographie 
Annexes

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