La banane, pilier de l’agriculture guadeloupéenne
La banane, pilier de l’agriculture quadeloupéenne
Place de la banane dans l’économie guadeloupéenne. L’agriculture constitue un élément essentiel de l’activité économique de la Guadeloupe. Elle est dominée par deux principales filières exportatrices : la banane (19 % de la Production Agricole Finale) et la canne à sucre (sucre et rhum, 19% de la PAF). Toutes les autres productions végétales, cultures vivrières et maraîchères, représentent environ 40 % de la valeur agricole finale (cf. figure 1) (IEDOM, 2000). Elles sont essentiellement destinées au marché local, dont elles ne couvrent qu’une partie des besoins. Les filières Canne et Banane restent donc les deux piliers de l’agriculture en Guadeloupe, elles sont en effet la principale source d’emplois (directs et indirects) et de revenus agricoles du département. Bien que les surfaces plantées soient diminution depuis quelques années (la banane n ’occupe plus aujourd’hui que 5009 ha1 contre 7100 ha en 1991) elle reste l’une des cultures les plus étendues en Guadeloupe, elle occupe à elle seule environ 12% de la SAU totale. Les 630 exploitations1 actuelles sont principalement concentrées dans les parties sud et Est de la Basse-Terre. La commune de Capesterre-Belle-Eau regroupe à elle seule 55 % des surfaces cultivées en banane1 (cf. figure 2 ). La vie économique et sociale ainsi que le paysage de cette zone sont profondément marqués par la culture bananière. – Quelques généralités sur la banane export et sa culture. Les bananiers sont des plantes herbacées dont la taille du pseudo-tronc varie de 1,5 m à 8 m selon les espèces et les cultivars. Les bananes « dessert » destinées à l’exportation appartiennent au sous-groupe des Cavendish, dont les fruits sont parthénocarpiques, stériles et dont les plants se reproduisent par multiplication végétative. Le bananier est une plante exigeante en eau, sensible aux basses températures et aux vents. Les sols doivent être sains aérés et riches en azote et potasse. La culture de bananier est semi-pérenne, car bien que le cycle de production d’un régime soit annuel, la souche souterraine est vivace et donne naissance à de nombreux rejets latéraux (cf. figure 3 ). Un seul rejet est sélectionné, c’est ce rejet qui donne le régime de l’année suivante. Cette succession végétative permet à une bananeraie de durer plusieurs années. Il faut noter aussi que le cycle de développement d’un pied n ’est pas synchronisé avec celui de son voisin même s’ils ont été plantés à la même date. Au bout de trois ans, la désynchronisation est complète : on trouve simultanément des bananiers à tous les stades de développement dans la plantation. Les bananiers sont sensibles à des maladies virales (Bunchy top et mosaïque) ainsi qu’à la Cercosporiose jaune, maladie fongique due à Cercospora musae. Cette maladie est très répandue et donne lieu à un traitement généralisé des zones de production bananières. Le traitement est obligatoire et s’effectue de manière aérienne (cf. figure 4 ). Les principaux ennemis des bananiers sont des parasites du système racinaire. Les nématodes, Radopholus similis et Pratylenchus coffeae, sont les deux espèces qui font le plus de dégâts en bananeraie. Le charançon du bananier, Cosmopolites sordidus, est l’insecte le plus dévastateur pour le bananier. L ’état sanitaire des racines de bananier est un bon indicateur de l’état sanitaire du sol : si le sol n ’est pas sain, les racines de bananier sont parasitées par des nématodes, invisibles à l’œil nu mais qui provoquent des nécroses, et par des larves de charançons, dont on observe les galeries. Lorsque le système racinaire est endommagé, la plante tout entière est fragilisée : mauvaise nutrition qui entraine une perte de rendement, forte sensibilté au vent qui facilite la chute du plant… La sensibilté à d’importantes maladies ainsi que la forte pression parasitaire font de la banane export une culture fortement consommatrice d’intrants en particulers de produits phytosanitaires. Deux variétés sont principalement cultivées en Guadeloupe, toutes deux appartiennent au sous-groupe des Cavendish : la Poyo et la Grande Naine. La Poyo est une variété traditionnelle, rustique, qui résiste bien au manque de fertilisation, mais qui est très sensible au vent du fait de sa grande taille. La Grande Naine est une variété plus récente qui est aujourd’hui largement dominante. Plus petite, elle résiste mieux aux intempéries, mais elle est beaucoup plus exigeante en entretien : la fertilisation et les traitements doivent être réguliers, sinon le rendement diminue rapidement. Cette variété est produite en vitroplants, alors que la Poyo ne l’est pas ( multiplication traditionnelle à partir des rejets). Le détail de l’itinéraire technique d’une bananeraie intensive est donné en annexe 1. La culture de banane est fortement consommatrice de main d’œuvre. L ’entretien de la bananeraie est pratiquement exclusivement manuel : oeilletonnage, engainage, effeuillage, épandage des engrais et des phytosanitaires… Les chantiers de récolte/emballage et de plantation d’une nouvelle bananeraie sont les deux principaux chantiers des exploitations bananières. Ils nécessitent souvent un renfort de main d’œuvre.
Etat des lieux sur rotations culturales et jachères en culture bananière
Définitions – Jachère : Etat d’une terre laissée temporairement en état d’inculture (1999, Dictionnaire d’agriculture). On peut distinguer plusieurs types de jachères : – Jachère travaillée ou cultivée : jachère où l’on effectue labours ou façons superficielles. Jachère non travaillée : jachère où l’on n ’effectue aucun travail du sol. – Jachère nue : jachère où l’on supprime la végétation. (1999, Dictionnaire d’agriculture) Si la jachère n ’est pas nue, c’est la végétation naturelle qui occupe alors les parcelles laissées en jachère. Pour être assainissante, c’est à dire pour faire diminuer le stock de parasites du sol, la jachère qui est effectuée après une bananeraie doit être entretenue. Il faut notamment détruire de façon systématique les repousses de bananiers, pour éliminer les plantes hôtes des parasites. Lorsque des animaux, principalement des bœufs, sont mis en pâture sur une terre mise en jachère, on utilisera le terme de «jachère pâturée ». Il ne faut pas confondre jachère et friche : – Friche : Terrain abandonné, après avoir été cultivé sans prévision de remise en valeur à court terme, recouvert d’une végétation spontanée à dominance d’espèces héliophiles principalement herbacées. (1999, Dictionnaire d’agriculture) Le terme de « friche » sera donc réservé aux terres non cultivées pendant une durée indéterminée, sur laquelle l’agriculteur n ’intervient pas. Ces parcelles sont momentanément à l’abandon. 7 Rotation : Ordre de succession, sur la même parcelle, de plantes appartenant à des espèces ou à des variétés différentes et éventuellement de jachères, cette succession se répétant régulièrement dans le temps. (1999, Dictionnaire d’agriculture) La pratique de rotation culturale implique donc un choix délibéré, une programmation ainsi qu’une certaine régularité dans les pratiques et dans les successions culturales. Aujourd’hui, en Guadeloupe, en culture bananière, il n’existe pas vraiment de rotations telles qu’elles sont définies ci-dessus. Il existe cependant des pratiques qui tendent vers une rotation, même si pour l’instant ni l’ordre de succession, ni les durées de chacune des cultures ne sont bien définies. On s’autorisera tout de même à parler de rotations de cultures à condition que ces pratiques soient le résultat d’un choix délibéré d’introduire une culture supplémentaire dans un système de culture monocultural. L’introduction volontaire d ’une jachère d ’une durée limitée et prédéterminée, peut donc être comprise dans ces pratiques de « rotation ». En effet l’introduction d’une jachère est agronomiquement équivalente à celle de n ’importe quelle autre culture, dans le sens où elle interrompt la monoculture et où elle modifie l’état du milieu. Comme pour une rotation on peut donc parler de l’effet précédent d’une jachère. A l’opposé lorsque l’interruption du cycle de la banane est involontaire (cyclone, sécheresse, manque de trésorerie) cela devra être précisé, on ne parlera alors pas de rotations.
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Table des matières
Introduction
Table des matières
Contexte, état des lieux bibliographique et questions de recherche
1 Contexte de l’étude
1.1 La banane, pilier de l’agriculture guadeloupéenne
1.2 Une culture en crise
1.3 Conclusion
2 E tat des lieux sur rotations culturales et jachères en culture b a n a n iè re
2.1 Définitions
2.2 Synthèse des travaux de recherche sur la jachère et la rotation en culture bananière
2.3 Rotations déjà pratiquées dans les Antilles :
2.4 Conclusion
3 C om m ent étudier l’assolement et le mode de gestion de l’assolem ent ?
3.1 Pourquoi étudier l’assolement ?
3.2 Coordination des systèmes de cultures et allocation de la terre aux cultures
4 Hypothèses de travail et questions de rech erch e Méthodologie
1 Dém arche générale
2 Choix des exploitants enquêtés
3 Contenu des enquêtes Résultats
1 Présentation des exploitations enquêtées
1.1 Typologie des exploitations
1.2 Variables descriptives du fonctionnement des exploitations :
1.3 Caractéristiques du parcellaire
1.4 La diversification dans les petites exploitations bananières
2 C aractérisation des systèmes de cu ltu res
2.1 Prédominance des systèmes bananiers monoculturaux
2.2 Le système banane /jachère en plein développement
2.3 L’introduction de culture de diversification entraîne l’apparition de nouveaux
systèmes de culture
2.4 Typologie :« Pratique de rotation
3 Q u’est-ce qui conditionne l’interruption de la monoculture bananière et le passage
à la rotation ?
3.1 Contraintes endogènes et exogènes des petites exploitations bananières
3.2 Comment est géré l’assolement des exploitations bananières ?
3.3 Elaboration d’une typologie simplifiée des modes de gestion de l’assolement
3.4 Quels sont les obstacles à l’insertion de rotation
3.5 Qu’est-ce qui favorise l’adoption de pratique de jachère et/ou de rotation ?
D iscussion
Conclusion
B ibliographie
G lossaire
Listes des tableaux
Liste des figures
ANNEXES
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