La baie du Mont-Saint-Michel et ses aménagements

UN CADRE D’ETUDE PARTICULIER

CONTEXTE GEOGRAPHIQUE

Située au nord-ouest de la France, au fond du golfe normand-breton, entre Cancale (Bretagne) et Granville (Normandie), la baie du Mont-Saint-Michel abrite deux îlots : le MontSaint-Michel et Tombelaine, à quelques kilomètres au nord de celui-ci. Cette baie est le théâtre des plus grandes marées d’Europe avec un marnage de 14 mètres (TRIGUI et al.,2012) qui permet à une grande partie de la baie d’être découverte à marée basse. Ce marnage important et la faible pente de la baie permettent de voir la formation d’un phénomène appelé mascaret, qui se passe en période de marée d’équinoxe. Un total de 3 cours d’eau se jettent dans la baie du Mont-Saint-Michel : la Sélune, la Sée et le Couesnon.

Ce site, incontournable dans la Manche et l’Ille-et-Vilaine, fait le bonheur des touristes plus ou moins adeptes de la marche. En effet, il est possible de traverser la baie, accompagné de guides agréés, pour y découvrir des éléments qui rendent ce site exceptionnel (oiseaux, herbus, sables mouvants…). Mais la principale attraction reste le Mont-Saint-Michel avec ses quelques 3 millions de visiteurs par an (INSEE, 2015), ce qui en fait la destination la plus visitée de France après Paris.

Depuis de nombreuses années, la baie du Mont-Saint-Michel est de plus en plus prisée grâce à un patrimoine historique, culturel, environnemental… exceptionnel. Cependant, cela n’a pas toujours été le cas. En effet, la baie du Mont-Saint-Michel comporte de grandes étendues de zones humides naturelles ou artificielles. Longtemps décrites comme des zones dangereuses pour l’Homme par les écrivains d’un point de vue sanitaire notamment, ces zones ont été délaissées. Par exemple selon une légende, sous le Mont Saint-Michel se trouverait la forêt de Scissy, engloutie à partir du 3e siècle (VAN VLIET-LANOE et al., 2015). D’importants boisements existent toujours notamment dans la partie Sud de la baie (BIZIEN-JAGLIN et L’HOMER, 2008). Avec l’évolution des mœurs et la prise de conscience de l’importance internationale des zones humides présentes autour du Mont-Saint-Michel, celles-ci se sont vues soumises à une protection de plus en plus accrue. Cela ayant pour objectif de limiter les pressions anthropiques et de conserver les fonctions assurées par la baie.

En effet, la baie du Mont-Saint-Michel regroupe différentes fonctionnalités importantes. D’un point de vue social et culturel, la baie assure une diversité de paysage participant à un équilibre esthétique intéressant. Au niveau hydrologique, elle vise à réguler le débit des cours d’eau mais aussi à épurer les eaux qui s’y rencontrent. De plus, les marées jouent un rôle essentiel. Avec un marnage de 14 mètres en période de vive-eau, elles permettent la répartition des sédiments sur les petits fonds immergés ainsi que sur l’estran (BONNOT-COURTOIS et al., 2012). Une autre fonctionnalité de la baie est biologique. La baie du Mont-Saint-Michel abrite de nombreuses espèces faunistiques et floristiques qui peuvent s’y développer, s’abriter et se reproduire. De plus, elle assure des fonctions économiques. Servant d’espace de pâturage et de culture, la baie permet de conserver des activités traditionnelles comme la chasse ou la pêche mais aussi l’élevage AOP (Appellation d’Origine Protégée) de moutons des « Prés-Salés du Mont-Saint-Michel ».

CONTEXTE HYDRODYNAMIQUE

La baie du Mont-Saint-Michel est connue pour accueillir de très fortes marées en période de vive-eau, créant un marnage de plus de 14 mètres, ce qui en fait l’un des plus importants au monde. La marée, par le biais des houles, permet la répartition des sédiments dans la baie notamment au niveau des petits fonds immergés et sur l’estran.

LES MAREES

Les marées résultent de l’attraction gravitationnelle de la Lune et du Soleil sur les océans, provoquant un déplacement des masses d’eau. Ces deux astres ont un rôle presque équivalent, même si celui de la Lune reste supérieur puisqu’elle est moins éloignée de la Terre. Cela n’empêche pas que leurs effets s’ajoutent et par conséquent nous pouvons parler de marée d’origine lunaire et solaire (IFREMER, 2004). Le Soleil module l’effet de la Lune. En effet, lorsqu’ils sont perpendiculaires, les effets de l’attraction de ces deux astres se soustraient et on assiste alors à de très faible marée dont la hauteur d’eau varie très peu. On parle alors de marée de morte-eau (IFREMER, 2004). A contrario, lorsque le Soleil et la Lune sont alignés, les effets s’ajoutent, ce qui provoque une différence entre la basse mer et la haute mer très importante, appelée marnage. On parle de marée de vive-eau (IFREMER, 2004).

En plus de l’attraction gravitationnelle des deux astres, les marées exceptionnelles dans la baie du Mont-Saint-Michel sont dues à l’amplification de l’onde de marée dans le golfe normand-breton. Quand l’onde entre dans la Manche, venant de l’océan Atlantique, elle est déviée par l’effet barrière de la presqu’île du Cotentin. Cela entraîne la formation d’une onde stationnaire qui accroît l’amplitude de l’onde de marée (ARCHER, 2013). Cette onde diminue progressivement à l’entrée de la baie du Mont-Saint-Michel, jusqu’à atteindre les herbus lors de grandes marées. A l’entrée de la baie la vitesse des courants de marée dépasse souvent 1 m/s et diminue dans l’estuaire pour atteindre des vitesses entre 0.3 et 0.7 m/s (LARSONNEUR, 1994).

LES HOULES

Les mouvements d’ondulation qui agitent la mer, provoqués par la marée, sont appelés houles. En entrant dans la baie, les houles sont diffractées au Nord de Cancale, autour de la pointe du Grouin. De ce fait, la baie de Cancale est totalement protégée de l’agitation provoquée par les houles. Plus elles progressent, plus elles subissent un amortissement dû aux faibles profondeurs de la baie. Arrivées dans la zone estuarienne, les houles s’amortissent presque totalement, là encore, dû à la faible profondeur de l’estran. En absence de vent significatif, une houle enregistrée à l’entrée de la grande baie subit un amortissement d’environ 80% lorsqu’elle atteint les abords du Mont. De plus, cette même houle enregistrée à l’entrée de la grande baie a déjà subi un amortissement de l’ordre de 50% par rapport à celle arrivant du large (Migniot, 1997).

A l’Ouest et au Nord-Ouest de la baie du Mont-Saint-Michel, les houles sont les plus fortes. Elles peuvent atteindre une hauteur supérieure à 3 mètres (WEILL, 2010). Dans les secteurs où les houles venant de l’océan Atlantique sont atténuées, seule l’agitation (déformation de la surface créée par le vent local) peut avoir une influence.

LE MARNAGE

Comme expliqué précédemment, le marnage résulte de la différence de hauteur entre la pleine mer (PM) et la basse mer (BM). Caractérisée par un marnage exceptionnel, la baie du Mont-Saint-Michel se classe au 5ème rang mondial atteignant 15 m en période de vives-eaux. Au premier rang nous retrouvons la baie de Fundy au Canada, puis Puerto Gallegos en Argentine, ensuite l’estuaire de la Severn en Angleterre, et pour finir, la baie de Frobischer, également au Canada (LE RHUN, 1982). Pour expliquer le marnage dans la baie du Mont-Saint-Michel, il est possible de comparer un Modèle Numérique de Terrain (MNT) de la topographie de la zone intertidale avec une cartographie des niveaux de marées atteints à partir de différents coefficients. Le MNT a été réalisé grâce à des relevés LIDAR en 2002 avec une résolution au sol de 2m et une précision altimétrique inférieure à 15 centimètres, ce qui permet d’obtenir des résultats très précis afin de détailler la topographie du site. Il nous montre les variations de hauteurs allant de 10 mètres au-dessus du 0 IGN à 5 mètres en dessous de celui-ci.

Sur la partie Ouest, entre Saint-Benoît-des-Ondes et La Chapelle Sainte-Anne, la topographie est régulière avec une pente douce. Elle est cependant interrompue à deux endroits par les deux exutoires des canaux de drainage du marais de Dol, au niveau de la première commune citée et au Vivier-sur-mer (BONNOT-COURTOIS,2012). De La Chapelle Sainte-Anne à Granville, le MNT montre que les pentes sont plus abruptes à certains endroits et moins distinctes que la partie Ouest.

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Table des matières

Introduction
Chapitre 1 – La baie du Mont-Saint-Michel et ses aménagements
1- Un cadre d’étude particulier
1.1- Contexte géographique
1.2- Contexte hydrodynamique
1.2.1- Les marées
1.2.2- Les houles
1.2.3- Le marnage
1.3- Contexte sédimentaire
1.4- Contexte réglementaire
1.4.1- Echelle communale
1.4.2- Echelle régionale et nationale
1.4.3- Echelle internationale
2- Travaux de Rétablissement du Caractère Maritime (RCM)
2.1- Définition et objectifs du projet RCM
2.2- Les différents ouvrages
2.2.1- Le barrage
2.2.2- Les aménagements hydrauliques
2.2.3- Les ouvrages d’accès
2.2.4- Les navettes
Chapitre 2 – Une dynamique régressive des herbus du Mont-Saint-Michel
1- Les herbus
1.1- Description et mise en place des herbus
1.1.1- Mise en place des herbus
1.1.2- Organisation des herbus
1.1.3- L’apport des herbus
1.2- Délimitation de la zone d’étude
2- Méthodologie
2.1- Données utilisées
2.1.1- Photographies aériennes
2.1.2- Images satellitaires
2.2- Géoréférencement
2.3- Digitalisation des herbus
2.4- Calculs des surfaces
3- Evolution des herbus du Mont-Saint-Michel entre 2000 et 2018
3.1- Explication du choix des dates
3.2- Evolution entre 2000 et 2010
3.3- Evolution entre 2010 et 2014
3.4- Evolution entre 2014 et 2018
4- Bilan (2010-2018)
4.1- Le rôle des aménagements
4.1.1- Evolution de la surface des herbus
4.1.2- Progression et régression des herbus
4.1.3- Evolution altimétrique de la baie
4.2- Le rôle des chenaux
4.2.1- Le Couesnon
4.2.2- La Sélune
4.2.3- Le cycle de Saros
Chapitre 3 – Le tourisme de masse, source de piétinement
1- Un site très touristique
1.1- Des chiffres en hausse
1.1.1- Avant travaux : 2012-2014
1.1.2- Après travaux : 2015-2018
1.2- Les impacts autour des aménagements
1.2.1- Lié au transport
1.2.2- Lié au piétinement
2- Méthodologie
2.1- Zone d’étude
2.2- Méthodologie
2.2.1- Repérer les zones piétinées
2.2.2- Visualiser l’évolution
2.2.3- Discuter avec les acteurs du site
3- Zone de piétinement
3.1- Evolution du piétinement
3.2- Propositions d’aménagement
3.2.1- Continuité de la clôture
3.2.2- Sensibilisation du public
Conclusion
Références Bibliographiques

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