L’importance du toucher dans les arts plastiques

Historique de la psychologie de l’enfant

    Afin de mieux comprendre ce qu’est le développement psychique de l’enfant, il est important de définir ce qu’est la psychologie. La psychologie trouve son origine du latin « psuke » et « logos » soit le discours de l’âme. Au sens large, la psychologie est une discipline qui consiste en l’étude de l’espèce humaine. On étudie alors le comportement, les émotions, les faits psychiques et les processus cognitifs. Cette discipline se situe au carrefour de beaucoup d’autres. La psychologie, apparaît au XXème siècle et puise ses sources dans la médecine mais aussi la philosophie, la psychologie expérimentale et la psychanalyse. La psychologie du développement est étroitement liée au concept « d’enfant ». L’étude de l’homme adulte a longtemps été le sujet de prédilection des chercheurs. En effet, l’on constate que l’enfant en tant que sujet n’apparaît que trop bien souvent comme secondaire. L’Antiquité, est l’une des périodes la plus vaste de l’histoire, elle couvre une temporalité allant de l’invention de l’écriture vers 3300 3200 avant J.-C. jusqu’à la chute de l’Empire romain d’Occident en 476, regroupant ainsi l’Europe, l’Asie occidentale et le Nord de l’Afrique. Au cours de cette période de multiples civilisations se sont développées on peut alors citer parmi les plus connues : les Mésopotamiens, les Grecs, les Égyptiens et les Carthaginois. En cette période, l’enfant n’était pas considéré comme une personne à part entière. Le père était le décideur absolu, détenteur du pouvoir de vie ou de mort sur l’ensemble de sa famille, il la possédait. Ce n’est que lorsqu’apparut l’eugénisme que les adultes prirent en considération la place de l’enfant. En effet, dans la cité de Sparte, l’eugénisme avait pour objectif d’effectuer une « sélection » dès la naissance de l’enfant. Le nouveau-né était dès lors examiné afin de déterminer s’il serait sain et fort d’esprit mais aussi de corps. Il faut rappeler que la cité de Sparte était connue pour ses redoutables guerriers, fait d’hommes éduqués dès le plus jeune âge pour défendre leur cité. Cependant, si l’enfant examiné n’était pas désigné comme robuste, ou bien était né de malformation ou d’handicap donc jugé comme trop faible, l’enfant était alors jeté aux Apothèques. Cette action avait pour intention de décharger la cité. Du Moyen-Âge au XVIème siècle, l’enfant prend un nouveau visage, non plus déconsidéré, il devient le symbole de la pureté. Au Moyen Âge les enfants étaient rapidement baptisés puisqu’ils couraient de grands risques de mortalité infantile de par la malnutrition, l’insalubrité, la multiplication des maladies mais aussi les accidents. De plus, il convient de distinguer l’enfant du paysan, du serf à celui du noble (héritage ou vie monacale). On constate qu’une majorité des enfants vivaient dans des milieux ruraux. L’enfant venait répondre aux besoins de survie de la famille. Travaillant dès son plus jeune âge il permettait de contribuer au salaire familial. La vie des enfants de la noblesse, reste toutefois mieux connue grâce à de nombreuses sources archéologiques, iconographiques ou scripturales. Très tôt, les jeunes nobles étaient confiés à des précepteurs recevant ainsi une éducation et un enseignement de leur rang, mêlant religion, manière, culture, art de la guerre, langue et politique. Charlemagne, met en place un décret l’Admonitio generalis en 789. Ce décret offrait la possibilité aux fils d’hommes libres comme à ceux des serfs d’accéder à l’école. Or, au Vème siècle sa fréquentation n’était pas généralisée. Ce n’est qu’au XIIème siècle avec l’arrivée de l’urbanisation et l’augmentation de l’influence du commerce, que l’école connue un essor. Les fils de commerçants et de grands marchands commencèrent à se former à la lecture, l’écriture mais aussi au calcul pour reprendre leur succession. Entre le XVI et XVIIIe siècle, les intérêts sont nouveaux. Les enfants sont considérés comme des êtres à part entière. Érasme, humanisme, est l’un des premiers à envisager la notion des stades de développement chez l’enfant, le considérant comme un être vierge destiné à être modelé par l’adulte tant « physiquement » que « moralement ». Au siècle des lumières, les avancées sont multiples, on voit la construction d’un début de considération chez l’enfant, les parents se soucient de plus en plus de leurs enfants, et il ne s’agit plus de « dresser » ou de « modeler » mais de véritablement « d’éduquer » pour le bien de tous. On peut citer, J.J. Rousseau, dans son traité de l’éducation, Emile ou de l’éducation, de 1762, ou celuici développe les grands principes d’éducabilités nouvelles de l’enfant à travers 4 ouvrages. Au travers de ces ouvrages J.J. Rousseau met en avant le rôle et l’importance de l‘éducation comme étant « une amélioration à l’état civil ». « J’appelle éducation positive celle qui tend à former l’esprit avant l’âge et à donner à l’enfant la connaissance des devoirs de l’homme. J’appelle éducation négative celle qui tend à perfectionner les organes, instruments de nos connaissances, avant de nous donner ces connaissances et qui prépare à la raison par l’exercice des sens3 ». Pour J.J. Rousseau l’enfant est bon de nature. L’époque contemporaine, quant à elle, intervient avec une reconnaissance des droits qui lui sont spécifiques. L’assemblée des nations unies signe en 1989 le CIDE. Cette convention témoigne d’un intérêt véritable considérant l’enfant comme personne ayant des droits. Au début du XXème siècle, la psychologie de l’enfant est en plein essor. Des corrélations sont faites entre psychologie de l’enfant et pédagogies, dans de nombreux instituts comme celui d’Alfred Binet en France ou celui de Mari Montessori en Italie.

L’importance de la manipulation, une approche sensorielle des arts plastiques

    Le dictionnaire Larousse, propose différentes définitions liées à la polysémie du mot « manipulation » défini telle que :
• L’« Action de manipuler [tenir, manœuvrer, faire fonctionner avec ses mains] quelque chose, un objet, un appareil. »
• L’« Exercice au cours duquel des élèves, des étudiants ou des chercheurs réalisent une expérience ; l’expérience elle-même. »
On constate depuis plusieurs années maintenant un retour à la manipulation. En effet, longtemps déconsidérée pour l’observation et l’écrit, l’enfant n’avait pas le droit à l’erreur. L’enfant explorait le monde par les yeux à travers l’écrit. La manipulation déjà présente, est un des aspects essentiels de cette discipline. En 2009, une étude est menée par le laboratoire du centre national français de la recherche scientifique (CNRS) de Psychologie et Neurocognition de Grenoble, « Le toucher permet de mieux connecter la vision et l’audition et donc facilite l’apprentissage de la lecture 7». Dans ce journal scientifique un constat est fait « lorsqu’un chiffre ou une lettre sont explorés à la fois par la vision et le toucher, les adultes apprennent plus efficacement » (d’après des tests effectués au cours d’une expérience sur 30 adultes, notamment avec des signes inspirés des lettres japonaises ainsi que des sons nouveaux pour les participants). Cette méthode est dite multi-sensorielle puisqu’elle fait appel à plusieurs sens : la vue et le toucher. On peut alors faire un parallèle avec les arts plastiques qui par la manipulation du pinceau, du tampon peut aider à la bonne tenue du crayon. De plus, les arts plastiques ne se résument pas qu’à la peinture et à l’encre, les arts plastiques participent aussi au développement de la manipulation par exemple en apprenant à déchirer ou à coller. C’est la notion de fabriquer avec ses mains, en les utilisant comme support de la pâte à dure ou de l’argile. La manipulation en arts plastiques répond tout d’abord à un besoin de l’enfant qui est celui de la sensorialité. Les arts plastiques, permettent aux enfants d’avoir un apprentissage multi-sensoriel qui privilégie le canal des sens en associant le toucher, la vue, l’ouïe. La manipulation en arts plastiques, peut-être une manière de travailler les essais/erreurs, en proposant des outils qui ne laissent pas de traces (pâte à modeler, sable magique, œuvre éphémère) où en transformant les « erreurs » en grandes réussites (retravailler un premier dessin, le détourner de sa première forme).

Devenir un élève de CP, le passage clé de la maternelle à la primaire

     D’après le Bulletin Officiel de l’Éducation Nationale n° 31 du 30 juillet 2020, l’école maternelle est obligatoire dès 3 ans. Constituée d’un cycle unique par la loi de refondation de l’École : le cycle 1, l’école maternelle est dite comme « fondamentale pour la réussite de tous ». En effet, elle pose le socle, les bases de toutes les fondations liées aux apprentissages tant bien scolaires que sociaux. L’école maternelle se veut bienveillante, et veille tout comme l’école élémentaire à la réussite de tous. En petite section, l’enfant fait ses premiers pas dans ce monde encore inconnu qui est l’école, au fur et à mesure des années l’enfant devient élèves et acquiert à son rythme savoir faire et compétences. Tout comme la Petite section le CP est une étape importante dans la vie du jeune élève, le changement d’école marque cette rupture entre école maternelle et école élémentaire. De plus, s’ajoute un changement de la nature des apprentissages. Les apprentissages deviennent peu à peu plus longs, les récréations sont diminuées de moitié en passant de trente à quinze minutes, les programmes sont strictement imposés avec un quota horaire à respecter. Au terme de l’année de Cp, on demande aux élèves de savoir lire. L’apprentissage de la lecture est au cœur de l’ensemble des apprentissages. Pour que ce passage si important dans la vie d’un élève se fasse le plus en douceur possible les enseignants de classe de maternelle ont travaillé sur un outil facilitateur : la valise vers le Cp. Cette valise créée par Nicolas Percot, enseignant en Gs, et Kristell Troussicot, enseignante en Cp. Cette valise a pour objectif de « conscientiser » l’entrée au Cp grâce aux différentes bases acquises en grande section. Dans celle valise, on retrouve des travaux emblématiques de l’école maternelle tels que le classeur du parcours d’éducation artistique et culturelle (PEAC), l’abécédaire, les jeux mathématiques (jeux de société ou jeux créés, cartes à jouer…), les différents répertoires (graphiques, lexiques, comptines, poésies, chants, contes traditionnels). Pour que celle-ci soit efficace, deux points de vigilance apparaissent. Le premier est de veiller à une utilisation régulière des outils par les élèves de Grande Section et qu’ils soient enrichis en CP, le réinvestissent doit être obligatoire. Le second est d’apporter une importance toute particulière à la verbalisation en exerçant un temps d’explication et de passage des outils au futur maitre/maitresse de CP par les élèves de GS. La visite du Cp, crée d’ores et déjà un moment fort pour marquer le passage de l’école maternelle à l’école élémentaire, elle peut être le moment propice de passation de cette valise. De ce fait, cette visite ne devient plus anecdotique, puisque par cette passation de valise, les élèves peuvent envisager de se projeter dans un futur proche dans une nouvelle classe le CP. Cette problématique liée à la passation de la grande section au Cp me pousse à me questionner en tant que professeure des écoles sur ce qu’est la difficulté au sens large, et comment le toucher peutil remédier aux difficultés.

Notion de bien être évoqué et bienfait de la manipulation

    Au cours de ce moment d’échange, au sujet de la manipulation qui a été effectué j’ai pris le temps d’enregistrer le groupe classe. Très fiers d’être enregistrés, dans l’ensemble les élèves étaient participatifs et envieux de partager ce moment d’échange. Ci-dessous, un court extrait du moment de langage d’une durée de 15 minutes au total.
– « A : « Déjà ça ne se ressemble pas
– PE : Qu’est ce qui ne se ressemble pas ?
– C : Les tableaux maitresse, y’en a des gros et des petits
– W : Et on a fait une activité silencieuse…on était calme
– T : Ça pourrait calme
– R : parce que ça détend de faire la peinture
– V : On a chuchoté
– T : On a peint avec de la peinture et nos mains
– R : Ça détend aussi
– PE : Très bien, et d’avoir peint avec vos mains, qu’est-ce que ça vous a fait ? vous avez ressenti quoi ?
– T : C’était rigolo
– PE : C’était amusant, d’accord.
– R : Et on dirait qu’on était tout rouge
– PE : Comment ça on était tout rouge ?
– R : Nos mains elles étaient rouge comme je les avait mis dans la peinture
– A : Ça chatouillait
– PE : Pourquoi ça vous a plu de mettre les doigts dans la peinture ?
– E : parce que c’est doux, puis sa salit
– V : Oui c’est trop bien ça on peut faire ce qu’on veut aussi
– K : Non moi je n’aime pas
– E : ah bah Moi non plus
– PE : Pourquoi vous n’avez pas aimé ?
– K/E : Parce que ça salit et je n’aime pas. Le pinceau c’est mieux puis ça ne salit pas les vêtements.
– R : Mais on a une blouse. Et moi j’ai bien aimé, j’ai fait un joli tableau pour papa et ça m’a fait plaisir. »
De cet échange, nous pouvons d’ores et déjà constater que l’activité a plu à une grande partie du groupe qui a pris « plaisir » à manipuler la peinture. De prime abords par l’observation, les élèves étaient calmes, et très concentrés, leur ressenti est le même, ils emploient eux-mêmes cet adjectif, ils se disent détendus, calmes. Certains d’entre eux n’ont pas « apprécié » l’activité par peur de se salir. De ce fait et pour remédier au « problème » lié aux taches j’ai proposé plus tard, sur un autre temps, la manipulation de la peinture propre. Une feuille avec des taches de peinture est déposée dans une feuille plastique scotchée sur les bords. L’élève peut donc manipuler, ressentir la peinture par le bais du plastique fin sans avoir l’appréhension de se salir. De plus, par cet échange on constate que les élèves ont ressenti des sensations au travers de la peinture ça chatouillait, c’est rigolo, c’était doux ». Malgré leur jeune âge 4 ans pour la plupart, les élèves de moyenne section ont su retranscrire avec leurs propres mots leurs différents vécus. C’est une tâche complexe de mettre en place le langage d’évocation pour eux, je constate également qu’ils ont pris plaisir à s’écouter parler et échanger librement. Au travers de cet extrait nous constatons la grande utilisation du « Moi/ Je », car l’enfant est d’une part fortement auto centré, mais aussi car il avait envie de transmettre et de raconter son vécu. Même si la notion de bien être est très subjective, de par l’observation de la classe et cet échange on peut constater que la manipulation qu’elle soit libre ou avec des consignes a permis aux élèves de se calmer et de peindre avec leurs doigts ou non quelque chose de propre à eux, ou chacun y voit ce dont il a envie. Certains d’entre eux l’ont appelé « tableau », d’autre « dessin », d’autre lui ont trouvé un sens « l’explosion », « la boue », « le monstre » … À l’interrogation « Est ce que le groupe A a pris plus de plaisir à manipuler que le groupe B ? », il n’y a pas de réponse formelle, l’ensemble de la classe se dit « content », heureux d’avoir participé, on ne constate pas de réelle jonction entre les deux groupes. De plus il est important de noter que la notion de plaisir est subjective et propre à chacun, les élèves du groupe B, malgré leurs interrogations sur le beau, ne se sentent pas frustrés. De mon point de vue, les élèves avaient une réelle envie de bien faire, de l’échange précédant je les cite
– « K : moi je voulais faire joli pour toi
– PE : Pourquoi voulais tu faire quelque chose de joli ? Est-ce que je vous l’avais demandé ?
– K : Non mais faut toujours faire quelque chose de joli car c’est gentil »
On peut alors comprendre que pour cette enfant la notion du beau est reliée directement à ses émotions, pour lui faire quelque chose de beau, c’est être gentil avec son prochain.

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Table des matières

INTRODUCTION
– I. APPORTS THEORIQUES
.1. LE DEVELOPPEMENT DE L’ENFANT
.1.1. HISTORIQUE DE LA PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT
.1.2. DEBAT SUR LA PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT : PIAGET ET WALLON
.1.3. L’IMPORTANCE DU TOUCHER DANS LA CONSTRUCTION DE L’ENFANT
.2. L’IMPORTANCE DE LA MANIPULATION, UNE APPROCHE SENSORIELLE DES ARTS PLASTIQUES
– II. LES ARTS A L’ECOLE MATERNELLE
.1. LES ARTS PLASTIQUES AU SEIN DES PROGRAMMES DU CYCLE 1
.2. DEVENIR UN ELEVE DE CP, LE PASSAGE CLE DE LA MATERNELLE A LA PRIMAIRE
.3. LES DIFFICULTES LIEES AUX APPRENTISSAGES
– III. MISE EN PRATIQUE
.1. LES SUJETS
.1.1. LES PARTICIPANTS
.1.2. MATERIEL MIS EN PLACE
.1.3. 3. L’ORGANISATION DES SEANCES
.1.4. LA MISE EN SITUATION
.2. RESULTATS ET ANALYSES
.2.1. ANALYSE DES ENTRETIENS
.2.2. ANALYSE DES PRODUCTIONS SUITE AUX ENTRETIENS
.2.3. NOTION DE BIEN ETRE EVOQUE ET BIENFAIT DE LA MANIPULATION
.2.4. L’EXPERIENCE DU TOUCHER DU POINT DE VUE DES APPRENTISSAGES
CONCLUSION
ANNEXES

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