L’ “arsenal théorique” de Thomas Hobbes

L’“arsenal théorique” de Thomas Hobbes 

Le choix d’une méthode

L’ambition des penseurs du XVIIe siècle nécessitait une autonomie par rapport aux temps anciens. Cela exigeait une nouvelle méthode d’approche qui soit appropriée à la vision qu’on se fait désormais du monde. En effet, la question de la méthode était très discutée au cours du siècle. Descartes a écrit un discours sur la méthode. Hobbes lui-même fait de la question un impératif en philosophie . Selon lui, la présence de la raison seule ne suffit pas. Il faut en plus d’elle de la méthode. Au-delà du fait de sa nécessité en philosophie, la méthode est ce qui permet d’accéder à la connaissance véritable en distinguant celle-ci de son contraire et en la rendant utile aux hommes.

« La méthode au sens le plus général du terme, valide pour toute activité de pensée, serait l’expression de l’exigence d’ordre inhérent à l’esprit humain » .

Cette exigence s’est exprimée par la recherche d’universalité. Cette universalité, la philosophie en a trouvé le type dans les techniques mathématiques et expérimentales qui se déploient sans lien d’aucune sorte avec aucune philosophie connue , c’est-àdire en cherchant à se libérer de l’aristotélisme et de la scolastique.

Avec les mathématiques, se met en place l’idée selon la nature peut être déchiffrée par l’homme qui saura la décomposer en ses éléments simples . On comprit alors que celle-ci obéit à des lois nécessaires pouvant être connues par l’homme. Dès lors, l’homme, suivant la formule de Descartes, se trouve dans une situation de devenir comme le maître et le possesseur de la nature. A partir de ce moment, l’étude de chaque chose, de chaque élément de la nature peut être entreprise. Ainsi, la société politique, par exemple, est ramenée, pour ce qui est de son établissement, à un fait immanent à l’homme : le contrat originaire. La science mécaniste permet de comparer l’homme à la machine. Mieux, l’homme devient une machine et la nature une machine géante. La nature étant démystifiée, l’homme peut désormais chercher à la connaître et à imiter son œuvre.

« Rien d’étonnant, dès lors, que la production d’artifices devienne l’indice des temps nouveaux. Productions d’automates simulant la créature humaine, production d’institutions pour aménager aux hommes le site de leur croissance et de leur liberté […] ».

Ces progrès importants vont être pris en compte par les philosophes. Ils vont aider à la quête de l’universalité, laquelle devait exiger une méthode susceptible de faire l’unanimité dans toutes les sciences. Et si cette universalité se trouve dans les techniques mathématiques et expérimentales, c’est parce que la méthode utilisée par elles pouvait s’opérer partout et avec efficacité. A l’époque, la méthode qui s’impose dans les mathématiques est celle de la recherche analytique et synthétique. Par la méthode analytique, on peut atteindre les termes les plus généraux de la connaissance. La méthode synthétique permet, quant à elle, d’accéder à un maximum de connaissances au moyen de la déduction. Cette méthode, parce qu’elle est opérationnelle dans plusieurs domaines, va s’imposer chez les savants.

Une grande importance est donc accordée à cette méthode et à la physique mécanique. Par ailleurs, cette méthode d’investigation permet de comprendre toute l’importance accordée au raisonnement. Mais il faut dès à présent préciser que pour Hobbes, une seule méthode existe pour toute la science, c’est celle géométrique. Le choix porté sur cette méthode s’explique par le fait qu’avec elle, on peut accéder à la connaissance des causes. Par là, on voit que la science est, aux yeux de Hobbes, recherche des causes. Pour lui, la science est science du pourquoi et la méthode appropriée est la méthode géométrique.

L’APPORT DU RAISONNEMENT

Des critiques ont été adressées à l’encontre de la théorie contractualiste de Hobbes. Elles ont pour cible l’hypothétique état de nature que pose ce dernier en rejetant la thèse de la sociabilité naturelle d’Aristote. Mais il faut dire que les critiques ont fermé les yeux sur le fait que toute philosophie obéit à une méthode qui s’inscrit dans un cadre bien défini. La philosophie politique de Hobbes évolue dans un cadre différent de celui de la philosophie politique d’Aristote. De même, la méthode empruntée par Hobbes part d’un principe rationnel différent de celui d’Aristote.

Ce principe rationnel, c’est l’idéal selon lequel pour vraiment comprendre l’organisation politique, il faut la diviser en ses éléments simples. C’est là une méthode de notre philosophe, laquelle est propre à son temps : procéder par décomposition. On peut aussi remarquer la place réservée à l’histoire, aux faits que fournit l’expérience. En effet, ceux-ci se trouvent écartés au profit du raisonnement. Comme le soutient Zarka, « Hobbes se situe ici hors de toute configuration historique». Il s’agit « moins de dire ce que fut l’existence humaine lorsque l’Etat n’existait pas ou lorsqu’il n’existe plus, que de dessiner un modèle théorique » .

Par quels mécanismes Hobbes est-il parvenu à écarter l’histoire ainsi que l’expérience ? Il faut d’abord signaler que Hobbes fait la part entre deux types de connaissances : celle des faits, propre au témoin, et celle des consécutions qui lient une affirmation à l’autre propre au philosophe. La connaissance des faits se limite à ce que nous renseignent nos sens tandis que la connaissance scientifique est démonstrative et déductive . On comprend alors pourquoi l’histoire est ici écartée ainsi que l’expérience. Mais la réponse à la question se trouve dans la conception que le philosophe anglais se fait de la philosophie. Dans le Léviathan, Hobbes définit la philosophie :

« On entend par PHILOSOPHIE la connaissance, acquise par un raisonnement, qui, de la manière dont est engendrée une chose, conclut à ses propriétés ; ou, des propriétés, à quelques modes de génération possible de cette chose, afin de pouvoir produire, autant que le permettent la matière en cause et les forces humaines […] » .

Ainsi selon Hobbes, la philosophie est une connaissance raisonnée des causes de la génération des choses. Nous retrouvons les méthodes analytique et synthétique ici appliquées à la recherche philosophique. La connaissance raisonnée doit avoir une base, laquelle n’est autre que ce que nos sens nous fournissent. En effet, selon Hobbes toute connaissance provient tout d’abord des sens. C’est l’expérience qui est à la base de nos connaissances. Mais comme l’« expérience, par elle seule, ne fournit pas de conclusion universelle »  « alors que le raisonnement correct ne produit qu’une vérité générale, éternelle et immuable » , celui-ci sera plus considéré que celle-là. Ce choix s’explique par le fait que la philosophie, laquelle est également science, est une tentative de répondre à la question du pourquoi, une recherche raisonnée des causes. Elle ne doit  « pas uniquement répondre à la question de savoir ce qu’est une chose, mais de savoir pourquoi elle est. C’est par cette voie uniquement que l’on pouvait arriver à une claire vision des choses. […] – il n’y a pas de véritable connaissance philosophique, là où il n’y a pas de génération. [Toutefois, cette génération n’est pas envisagée] comme un processus physique ou historique».

L’expérience n’intervient ici que pour servir de point départ ou encore pour attester la valeur explicative de la vérité des théories . Du coup, ce n’est pas seulement l’expérience qui est remise au second plan. Il y a également l’histoire en tant qu’elle se distingue de la philosophie politique car, se ramenant à l’expérience elle aussi .

L’histoire, en tant qu’elle est l’ensemble des connaissances qui témoigne du vécu passé des hommes, n’est pas une connaissance scientifique. Il est certes vrai que toute science prend son point de départ dans les faits. Mais pour pouvoir se développer, la science doit se départir de ces derniers. Aussi, Hobbes part-il des hommes tels qu’ils ont toujours été, et non des hommes tels qu’ils devraient être, pour en tirer la nécessité de la république ainsi que les droits du souverain et les devoirs des sujets. En tant que la philosophie se définit comme recherche des causes principielles, la philosophie politique ne pouvait pas seulement se limiter à l’analyse des faits historiques. Il faut nécessairement aller au-delà des causes factuelles, il faut passer « de la connaissance des causes factuelles à celle des causes principielles, c’est-à-dire du récit à la déduction, des circonstances particulières aux principes universels, ou encore de l’histoire civile à la philosophie civile » .

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : L’“arsenal théorique” de Thomas Hobbes
CHAPITRE PREMIER : Le choix d’une méthode
CHAPITRE II : Le choix des éléments
DEUXIEME PARTIE : De l’état de nature à l’état civil
CHAPITRE PREMIER : Du pouvoir d’artifice chez l’homme
CHAPITRE II : L’Etat hobbien et le citoyen
CONCLUSION

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