KARL MARX une critique du système capitaliste

Le spectre de la propriété privée

   La critique du système capitaliste de Karl MARX débute avec l’étude de la propriété privée, c’est-à-dire cette incohérence flagrante entre la pauvreté et la richesse dans le régime de la propriété privée capitaliste. Cependant, pour mieux comprendre le déroulement de sa critique, il importe de faire l’itinéraire de la propriété privée. D’abord, que signifie la propriété privée ? D’après le dictionnaire, elle se définit comme « le droit de jouir ou de disposer d’une chose que l’on possède en propre de la manière la plus absolue ». C’est dans cette perspective que Léopold Sédar SENGHOR soutient ces propos suivants : « La propriété privée est le symbole et la réalité de l’aliénation, qui substitue l’avoir mort du capitalisme à l’être vivant du travailleur, à son essence, mais vécue, plus exactement perdue ». Ainsi, lorsque Marx étudiait la propriété privée, il avait bien compris par là une recherche de la possession exclusive mais également l’autre versant qui consiste à une privation de propriété à autrui. La propriété privée des moyens de production peut se comprendre comme une politique de légitimation, par des réglementations sociales, de l’avoir acquis au sein d’une société gouvernée par la libre concurrence et la domination du capital. Ce qui fait qu’elle peut être appréhendée comme une tentative de protéger la propriété privée au point qu’aucune contestation ou de violence ne peut être proclamée par la classe dominée. Il faut donc retenir que dans l’analyse critique du système capitaliste de Marx, le concept de propriété privée occupe une place remarquable, tout en étant un pilier de la société bourgeoise, ce n’est pas un concept purement économique. Elle se présente comme le fondement de l’économie capitaliste mais elle laisse beaucoup de choses dans l’ombre. Autrement dit, puisse que la recherche de la propriété individuelle est l’introduction d’une société inégalitaire, il est logique de s’interroger sur son origine. Alors qu’aux yeux de Marx, les théoriciens de cette science ne fournissent aucune explication sur la naissance de la propriété privée. Au contraire, ils tentent de leurrer la masse en lui faisant croire que leur position sociale est naturelle et spontanée. C’est dans ce sillage que Marx élabore sa théorie pour démasquer cette conception fallacieuse que défendaient les classiques sur l’origine de la propriété privée. A ce propos, Marx soutient : « Nous ne faisons pas comme l’économiste qui lorsqu’il veut expliquer une chose, se transpose dans un état originel fictif. Un tel état n’explique rien ». Marx considère l’économie politique comme une science qui défend une classe bourgeoise parasitaire. C’est pour cette raison qu’il reproche à tous les partisans d’une telle science de bien vouloir défendre l’existence éternelle d’une société inégalitaire basée uniquement; sur des principes généraux et abstraits comme des formules scientifiques. Ainsi, pour tirer au clair l’existence d’une telle abstraction dans le système capitaliste, Marx soutient ceci : « L’économie politique part du fait de la propriété privée. Elle ne nous l’explique pas. Elle exprime le processus matériel que décrit en réalité la propriété privée, en formules générales et abstraites, qui ont ensuite pour elle une valeur de lois. Elle ne saisit pas ces lois, c’est-à-dire qu’elle ne montre pas comment elles résultent de l’essence de la propriété privée…Les seuls mobiles que l’économie mette en mouvement sont la soif de richesses et de guerre des cupidités, la concurrence ». C’est en réaction contre cet argument des économistes classiques qui pensent que le régime de la propriété privée est une nécessité naturelle, que Marx, en bon dialecticien, s’est rebellé et voit dans la propriété un fait historique. Il considère celle-ci comme le produit d’un mouvement historique de l’homme et de la société. Ce qui revient à dire que pour Marx, à la différence des économistes classiques, la propriété privée est une phase du développement de l’humanité qui sera un jour dépassée. Cela nous permet de conférer une histoire réelle à la propriété privée ; et le premier axiome qui guide Marx dans les brèves ébauches qu’il en donne, pourrait ainsi se formuler : tout dans le mouvement de l’histoire, est nécessaire. Partant de cette idée, Etienne BOTTIGELLI déclare que : « Marx a le grand mérite d’avoir vu dans les diverses formes de la propriété des formes historiques » . Il est ainsi allé plus loin : « Dans son analyse des rapports du travail et de la propriété privée, Marx aboutit à une notion essentielle : la propriété à une histoire. L’économie politique classique en prenant sa forme la plus développée pour éternelle commet une erreur. La propriété privée est passé par divers stades. Elle a connu un développement dialectique qui l’a amené inéluctablement à sa forme la plus pure et la plus abstraite : la propriété capitaliste ».

Le travail et son aliénation

  Le concept de travail constitue l’un des thèmes phares dans la théorie de Karl Marx. Il est d’autant plus que son étude sous-tend celle des notions que son aliénation et l’exploitation de l’homme par l’homme. Aussi, l’analyse de la notion qu’est le travail est un préambule pour élaborer la problématique de l’aliénation. Ainsi, pour certains penseurs, la différence qui existe entre l’homme et l’animal est à chercher dans le langage ; tandis que pour d’autres, elle est à chercher dans ses réalisations conscientes. Le travail est d’après Karl Marx le moyen permettant à l’homme de se distinguer de l’animal. L’homme n’est pas réactionnaire vis-à-vis de la nature, c’est à-dire un être qui est obligé de mener des conditions de vie qui lui sont imposées par la nature. L’homme est le propre créateur de ses conditions matérielles d’existence. De ce point de vue l’assertion de Karl Marx, dans L’idéologie allemande, est capitale : « On peut distinguer l’homme des animaux par la conscience, par la religion et par tout ce que l’on voudra. Eux-mêmes commencent à distinguer des animaux dès qu’ils commencent à produire leurs moyens d’existence, pas en avant qui est la conséquence même de leur organisation corporelle. En produisant leurs moyens d’existence, les hommes produisent indirectement leur vie matérielle elle-même ». Le débat central consistait à avancer que les animaux sont capables d’effectuer une activité digne d’être qualifiée de « travail » est ici sans intérêt. En effet, même si les animaux nous paraissent détenir des qualités qui nous font penser qu’ils sont dotés de la capacité à « travailler », il n’en demeure pas moins que le travail de l’homme n’est en rien comparable à celui des animaux. L’homme est le seul être susceptible de travailler. En fait, le travail est l’apanage de l’homme parce que les animaux ne possèdent pas comme lui une conscience qui leur permettrait de réfléchir à leur action. Ainsi, l’activité de l’homme est tout à fait typique car il est avant tout doué de raison. Et, c’est cette raison qui fait que l’architecte même le plus nul se présente l’objet avant  raisonnée, idéaliste, conceptualisée avant d’être retranscrite dans la sphère de la réalité. C’est la raison pour laquelle, selon Marx, le produit a déjà existé dans la pensée du travailleur. C’est une manière de comprendre que la particularité du travail humain réside dans le fait qu’il est avant tout théorique avant d’être pratique. Aussi, il faut savoir que lorsque Marx parle ici de l’homme, il s’adresse à « l’homme vivant ». Ce dernier ne peut être appréhendé qu’au sein d’une société matérielle. De là, on peut dire qu’il a fait une analyse concrète d’une situation concrète. En effet, il va brandir une théorie tendant à transformer les conditions sociales et en même temps changera l’homme lui-même. Cependant, l’étude du travail, chez Marx permet de montrer l’exploitation de l’homme par l’homme ; mais encore l’aliénation de l’homme par le produit de son propre travail. L’exploitation révèle en clair la domination d’une classe par une autre, par rapport à la production. C’est ce que témoignent les quelques mots suivants : « La bourgeoisie, au sein d’une domination de classe à peine séculaire, a créé des forces productives plus nombreuses et plus colossales que ne l’avait fait tout l’ensemble des générations passées. La mise sous le joug des forces de la nature, le machinisme, l’application de la chimie à l’industrie et à l’agriculture, la navigation à vapeur, les chemins de fer, les télégraphes électriques, le défrichement des continents entiers, la navigabilité des fleuves, populations jaillies du sol : quel siècle antérieur aurait soupçonné que de pareil forces productives sommeillaient au sien du travail social ». Au sein du système capitaliste, la classe exploitée n’est autre que celle ouvrière. L’exploitation, dans la perspective marxiste, fait appel à plusieurs mécanismes que le capitaliste a mis sur place. Par exemple, nous pouvons mettre en exergue le surtravail qui est du travail gratuit. En effet, le capital utilise la force de travail de l’ouvrier de manière excédentaire ; l’ouvrier fournit plus que ce qui est requis pour la reproduction de la même force de travail. Selon Marx, dans la société capitaliste, l’exploitation est manifeste et traduit une certaine injustice « puisque dans cette société ceux qui travaillent ne gagnent pas et ceux qui gagnent ne travaillent pas » . Ainsi, pour mieux comprendre l’exploitation de l’ouvrier par le bourgeois, analysons la notion d’aliénation dans sa dimension philosophique. En effet, le mot aliénation est un terme qui a des origines juridiques. Il désigne le processus par lequel on se dessaisit, par don ou par vente, d’un bien dont on a la propriété. En d’autres termes, elle signifie le statut de dépossession d’un individu ayant perdu ce qu’il a de plus important dans son être au détriment d’un autre qui l’accable et l’asservit. En se basant sur l’interprétation d’Emile Bottigelli, c’est Hegel qui a érigé le concept d’aliénation en une dimension philosophique. La grande nouveauté qu’il a apportée consiste à attribuer une double signification au concept d’aliénation. Primo, l’aliénation signifie « Entausserung », c’est-à-dire extériorisation, dessaisissement de certaines qualités, secundo, elle se traduit comme « Entfremdung», c’est-à-dire devenir étranger à soi ou à la nature extérieure. C’est d’ailleurs cette dernière acception qui va permettre à Ludwig Feuerbach d’étayer sa théorie de l’aliénation religieuse. Pour celui-ci, dans la religion, l’homme se retrouve dans une situation de dédoublement avec lui-même, il a transféré son essence dans un au-delà illusoire tout en oubliant que ce dernier lui doit son existence : « La religion, du moins la chrétienne, est la relation de l’homme à lui-même, ou plus exactement à son essence comme autre être. L’être divin n’est rien d’autre que l’essence humaine, ou mieux, l’essence de l’homme, séparée des limites de l’homme individuel, (…) _ toutes les déterminations de l’être (Wesen) divin sont donc les déterminations de l’essence (Wesen) humaine ».

La théorie de la valeur, de la plus-value et de l’accumulation du  capital

   La théorie de la valeur de Karl Marx est l’une des catégories fondamentales de sa pensée économique. En effet, la valeur est un phénomène historique, propre seulement à la production marchande. Elle existe là où les produits du travail sont des marchandises qui peuvent être échangées contre d’autres. Dans l’économie naturelle, les produits n’arrivent pas sur le marché, donc la valeur n’est pas une nécessité sociale. Elle ne sera pas socialement nécessaire non plus dans la phase supérieure de la société communiste, car la production marchandise disparaitra. Par conséquent, la valeur n’est pas une propriété inhérente aux choses, elle exprime simplement que le rapport social existant entre les hommes produisant les marchandises est variable. Le temps socialement nécessaire pour la production d’une unité de marchandise est variable. Il diminue au fur et à mesure que se développent les forces productives, la science et la technique. Nous voyons donc que la valeur d’une unité de marchandise dépend de la productivité du travail. Plus le travail est productif et moins on dépense de temps pour la production de la marchandise, plus sa valeur diminue. Donc la productivité du travail se mesure par la quantité de production créée par unité de temps. Eh bien, cela montre que la théorie de la valeur revêt d’une importance capitale. C’est ce que témoignent Ben Fine et Alfred Saad-filhao, lorsqu’ils déclarent dans leur ouvrage collectif que : « La théorie de la valeur chez Marx est une contribution majeure à la science sociale en ce qu’elle s’intéresse aux rapports que les gens établissent entre eux plutôt qu’aux relations techniques entre des choses ou qu’à l’art d’économiser ». A la lumière de ces enseignements, il importe de signaler ici que Marx, partant de ses lectures sur les théoriciens de l’économie politique classique, tels qu’Adam Smith et David Ricardo, corrige les failles de ces derniers et expose, avec évidence, les principes et le fonctionnement du système capitaliste. Le grand tort de ces économistes anglais aux yeux de Marx, est d’avoir sacrifié l’analyse de la forme valeur à la seule considération de la quantité de valeur. C’est en sens que Marx juge nécessaire de remettre en cause la notion de valeur telle qu’elle est conçue par les économistes bourgeois. C’est pour dire qu’il a bien vu les incohérences que celle-ci recouvre par un simple regard critique. Pour cette logique, Marx dénonce non seulement la valeur, mais aussi l’économie politique qui la soutient : « En dénonçant la mesure de la valeur par le temps de travail comme forme sociale et non pas, comme une forme objectivement reconnu par tous, Marx s’attaque même au fondement de l’économie politique : « la quantification des êtres humains par humains par le biais de la mesure du produit de leur travail. L’économie politiquement quand elle prétend à une mesure objective de la valeur. Cette affirmation confirme entre autres choses que le et la valeur ». Nous analyserons a priori la loi de la valeur-travail en ce sens où elle constitue la clé de voute de la compréhension de l’ensemble des problèmes économiques et sociaux du système capitaliste. Ceci étant, parce qu’elle est en réalité l’origine de la richesse capitaliste : l’exploitation des travailleurs. Au fait, lorsque Marx voulait saisir une telle loi, il distingue deux types de travail, à savoir : le travail concret et le travail abstrait. Ainsi le travail concret, en tant que travail individuel, est générateur de valeur d’usage. Tandis qu’au travail abstrait ou social, c’est-à-dire la fraction de temps de travail social globalement disponible dans une société de producteurs de marchandises, séparés les uns des autres par la division sociale du travail, est général et créateur de valeurs d’échange. Le travail abstrait est envisagé ici comme dépense d’une force humaine en général. Il est le travail producteur de plus-value. Par rapport à cette distinction Marx soutient : « Les différentes valeurs d’usage sont les produits de l’activité d’individus différents, donc le résultat de travaux différenciés par le caractère individuel. Mais en tant que valeurs d’échange, elles représentent du travail égal non différencié, c’est-à-dire du travail dans lequel s’efface l’individualité des travailleurs. Le travail créateur de valeurs d’échange est donc du travail général abstrait ». De manière simple, nous pouvons considérer que la richesse de la bourgeoisie n’est pas à chercher nulle part si ce n’est pas dans l’accumulation de la marchandise. Pourtant, Marx nous montre que toute marchandise renferme une double valeur : il s’agit de la valeur d’usage et de la valeur d’échange. La valeur d’usage d’une marchandise renvoie à l’utilité de celle-ci. La marchandise en tant que valeur d’usage est avant tout destinée à satisfaire un besoin humain qui n’est pas forcement défini. Une marchandise peut présenter plusieurs valeurs d’usage puisqu’il est possible de l’utiliser différemment. Aussi, deux produits peuvent renfermer des valeurs d’usage distinctes ; car cette valeur est intrinsèquement liée à leurs propriétés en tant que produits dotés de modes d’existence physiques tangibles : le coton et le verre ne possèdent pas la même valeur d’usage. Ce qu’il faut impérativement retenir est que, selon Marx, cette notion de valeur d’usage ne permet aucunement d’appréhender à elle seule les rapports de production. Il exprime sa pensée en ces termes : « Le goût du froment n’indique pas qui l’a cultivé, serf, russe, paysan parcellaire français ou capitaliste anglais. Bien qu’objet de besoins sociaux, donc lié à l’ensemble social, la valeur d’usage n’exprime pas de rapport social de production ».

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Table des matières

INTRODUCTION
I- LES FONDEMENTS MORAUX ET PHILOSOPHIQUES DE LA CRITIQUE DU SYSTEME CAPITALSITE
II- LA THEORIE SCIENTIFIQUE DE L’ECONOMIE MARXISTE
III- LE POST-MARXISME : LES LIMITES DE LA THEORIE MARXIENNE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHI

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