Historicité de la notion de justice
La justice est une notion commune, c’est-à-dire nous croyons tous pouvoir donner notre opinion d’un acte juste ou injuste. Pourtant, on observe une grande diversité des lois et des pratiques en matière de justice. Et si on réfléchit un peu, on découvre vite des difficultés et des contradictions dans notre intuition spontanée de la justice. La notion de justice trouve sa source dans une période qui se situe bien avant Rousseau. En effet elle fut et demeure l’une des toutes premières questions de la philosophie. C’est la raison pour laquelle Elisabeth Clément dans sa collection souligne que « la philosophie antique, depuis Platon, jusqu’aux stoïciens, a admis qu’il existe à l’échelle cosmique une justice naturelle c’est-à-dire un ordre et une harmonie naturels entre les êtres et les choses ». Cela montre que la justice est l’une des plus anciens requêtes des hommes. Dans l’antiquité, elle était considérée comme un retour à l’ordre. Un ordre basé sur une hiérarchie naturelle entre les différentes composantes de l’univers. En outre, elle était traditionnellement comptée parmi les vertus cardinales, la vertu la plus complète, c’est-à-dire la vertu par excellence. La vertu ici apparait en tant que disposition consistant à faire le bien qui concourt à la vie harmonieuse et à fuir le mal. A la question qu’est-ce que la justice ? les réponses ne manquent pas et chacun sur cette question à son opinion. Par conséquent, toute opinion sur la justice doit au moins être débattue. Cependant, accepter le débat, se placer sur le plan de la discussion, tel est au fond l’essence de la philosophie. La définition de la justice ne fait pas l’unanimité parce que le contenu de ce concept est très différent suivant l’opinion philosophique de chaque auteur. En effet, elle est un concept moral, fondamental présent dans toute conscience. Selon Moural et Millet, elle désigne « le caractère des lois et conduites qui respectent rigoureusement le droit de chacun ». En d’autres termes, elle est aussi « une vertu de l’homme qui s’efforce de penser selon la vérité avec une loyauté parfaite, et d’agir non seulement conformément aux lois et aux droits, mais à une exigence intérieure qui lui rend sensible et clairvoyant à l’égard de chacun et de l’ordre des choses». Pour les anciens grecs, la justice était considérée comme une disposition fondamentale de l’âme vertueuse. Elle serait entendue au sens classique du terme, cette égalité de proportion consistant à donner à chacun son dû. La première forme de justice c’est-à-dire celle liée au sentiment et à la vertu des hommes remonte à l’antiquité Grecque. En effet, dans cette époque, elle désignait un idéal universel et en même temps une vertu personnelle. Cette forme de justice avait pour vocation de maintenir l’ordre, c’est-à-dire l’harmonie entre les choses. En outre, elle cherchait par conséquent à procurer à l’homme l’ataraxie. L’homme juste était celui qui se laissait gouverner par sa raison, qui se conduisait avec mesure et ne se laissait pas entrainer par les passions. La justice dans l’antiquité Grecque était considérée comme un retour à l’ordre une réparation. Un ordre guidé non pas par les hommes mais par une force extérieure organisant les différentes composantes de la nature. La philosophie antique depuis Platon admettait qu’il existe dans l’espace cosmique une justice naturelle c’est-à-dire un ordre et une harmonie naturels entre les êtres et les choses. Cette forme de justice était considérée comme une vertu suprême, c’est-à-dire la vertu la plus absolue et la plus parfaite. Ceci montre que la justice correspond à l’une des plus anciennes requêtes des hommes selon la forme d’organisation des sociétés ou ils vivent, et le régime politique auquel ils appartiennent. Il faut aussi reconnaitre qu’elle n’est pas une vertu comme les autres, elle est en effet la vertu dans sa totalité. Car selon Jocelyne Saint-Arnaud, dans son article, Les définitions aristotéliciennes de la justice : leurs rapports à la notion d’égalité, admet que : « la justice est la plus parfaite des vertus ; elle garantit l’ordre et l’harmonie au sein de la cité». La République est le dialogue que Platon a entièrement consacré à la question de la justice. Les interrogations qu’est-ce que la justice ? Qu’est-ce qu’un homme juste ? , trouvent leurs assises dans un contexte politique qui se préoccupe sur les conditions auxquelles la cité juste pourrait advenir. Platon souligne que la justice consiste « à rendre à chacun le sien ». En effet, la justice consiste à ce que chaque individu dans la société remplisse une fonction et une seule. En ses termes : « On fait mieux et aisément lorsque chacun ne fait qu’une chose, celle à laquelle il est propre, dans le temps, sans s’occuper des autres. La nature n’a précisément donné à chacun de nous les mêmes dispositions, mais elle a différenciée les caractères et fait de l’un pour une chose et de l’autre pour une autre ». Dans ce cas, selon Platon, si la société n’est pas organisée de cette manière, elle n’est donc pas juste, c’est plutôt le règne de l’injustice qui consiste à l’empiètement du bien et de la tâche d’autrui. En d’autres termes, l’homme ne peut être juste que dans la mesure où il règle ses rapports avec les autres selon la loi. L’homme juste c’est celui qui agit avec justice, et qui possède également la vertu de justice comme une seconde nature. Platon est si on peut dire, l’un des penseurs par excellence de la justice. En effet dans le livre de la République, il souligne que la justice c’est la santé de l’âme c’est-à-dire l’harmonie qui règne entre les différentes parties de l’âme. Voici ses propos: Engendrer la santé, c’est établir entre les éléments du corps une hiérarchie qui les subordonne les uns aux autres conformément à la nature ; au contraire engendrer la maladie, c’est établir une hiérarchie qui les subordonne les uns aux autres contrairement à l’ordre naturel. – En effet – De même, repris-je, engendrer la justice, c’est établir entre les parties de l’âme une hiérarchie qui les subordonne les unes aux autres conformément à la nature ; au contraire engendrer l’injustice, c’est établir une hiérarchie qui les subordonne les unes aux autres contrairement à l’ordre naturel. Platon, dans ces lignes a tranché entre ce qui relève de la justice et ce qui ne l’est pas. En effet pour lui tout ce qui corrompt l’âme, c’est-à-dire tout ce qui empêche la hiérarchie entre les différentes parties de l’âme ne peut être qualifié de juste. Il fait dans ce sens l’éloge d’un idéal de justice vers lequel on doit s’efforcer de tendre sans qu’on puisse vraiment prétendre l’atteindre. Selon Jean-François Balaudé, « la recherche platonicienne sur la justice a toujours visé l’ordre. Mais au lieu de le penser sous la forme d’un ensemble hiérarchisé, la classe des philosophes-gouvernants étant placée au sommet 10». Cela démontre que la préoccupation de Platon était le maintien de l’ordre aussi bien chez l’individu mais aussi dans la cité. L’ordre ici est assimilé à la justice dans sa totalité. A l’image de la justice dans l’âme, Platon a aussi évoqué la question de la justice dans la cité. En effet il a d’ailleurs établi un parallélisme entre la justice dans l’âme et celle de la cité. Dans la mesure où, selon lui, la justice de celle-là engendre la justice de celle-ci. Autrement dit, la justice dans la citée n’est que le reflet de celle que l’on retrouve dans l’âme. Par exemple si l’âme est juste la société l’est aussi ; mais si par contre l’âme n’est pas juste la société devient injuste. En ses termes : « Un homme est juste de la même manière que l’État est juste ». Dans ce contexte, il montre l’identité qui existe entre la justice chez l’homme et celle de la cité. Celle-ci est composée de trois classes, à savoir : les philosophes, les gardiens, les artisans. La première doit commander, la seconde et la troisième doivent obéir. La justice consiste ainsi en ce que chaque classe occupe la place qui lui revient. Ainsi, Dans la République. Au livre IV, il parvient à la définition suivante de la justice : « chacun ne doit s’occuper dans la cité que d’une seule tâche, celle pour laquelle il est le mieux doué par la nature ». La justice consiste donc, pour une cité, à être structurée selon un ordre à la fois naturel et rationnel. Il en va exactement de même pour l’individu car pour Platon, l’homme juste est celui dont chaque faculté de l’âme occupe sa fonction propre. La justice en d’autres termes, consiste alors à respecter l’ordre en donnant à chacun la place qui lui revient dans la cité.
L’évolution du concept
La conception traditionnelle de la justice sera remise en question voire dépassée par les penseurs de la période du XVIIème siècle. Dans cette période, la question de la justice n’est plus envisagé en tant que donné naturel, en tant que vertu par excellence, mais plutôt une convention, c’est-à-dire une réalité à construire. Ainsi on déduit de ce qui précède qu’il y a un changement de perspective du point de vue de la conception de la justice. La justice divine étant inaccessible à l’homme, incapable de saisir totalement cette justice, les philosophes de l’époque des Lumières, nous invitent à tourner notre regard sur la justice humaine. En effet, ce qui était au départ attribué à la nature sera désormais légué à l’homme. C’est d’ailleurs, ce qu’Alain nous apprend, quand il affirme : « la justice n’est pas une donnée, elle est à construire» Autrement dit elle ne résume pas la vertu dans son intégralité, elle est toutefois un processus qui résulte d’une convention. La conception traditionnelle de la justice (celle des Grecs et de la religion chrétienne) est particulièrement différente de celle qui existe dans les sociétés contemporaines. Dans la mesure où, de nos jours, elle n’est plus considérée comme un principe émanant d’un ordre naturel et rationnel de la société et, ou de l’individu, c’est-à-dire comme respect d’une inégalité justifiée par une hiérarchie naturelle ou théologique, mais en tant qu’institution. En tant institution, elle est aussi un mode d’organisation de la vie collective conforme à un ensemble de principes propres à une société politique donnée. En d’autres termes, la justice dans le milieu politique cherche à réguler et à pacifier les relations entre les citoyens. Dans la terminologie de Rousseau, elle vise l’égalité de tous les hommes en droit. C’est tout le sens des propos de Polin, dans son ouvrage, la Politique de la solitude, « la justice concerne précisément cette sorte d’égalité c’est-à-dire l’égalité dans le droit ». La justice peut aussi avoir un sens juridique c’est-à-dire en tant qu’institution. En effet, par son étymologie, elle est de prime abord la décision d’un juge, qui prononce selon le droit. Cela dans la mesure ou le terme justice vient du latin jus qui veut dire « droit » ou judicaire c’est-à-dire « dire le droit ». D’une manière générale, elle désigne alors l’institution dont la fonction est d’appliquer les lois établies. La justice en tant qu’institution a pour finalité de dire le droit mais aussi de corriger l’injustice commise et de réparer un dommage subi. Dans ce sens on considère plutôt la justice comme l’institution qui juge des crimes mais également qui règle des conflits entre les citoyens selon la loi en vigueur. Cela montre en principe qu’elle a pour vocation le respect de la loi et la punition à celui qui s’y oppose. Ainsi, en tant qu’institution, elle a pour mission essentielle d’appliquer les règles de droit, de veiller à la sécurité et à la protection des citoyens du point de vue de leur liberté ainsi que de leur bien-être. Sur ce, elle est cet ordre social judiciaire et politique qui impose des contraintes à l’exercice de la liberté individuelle. Elle permet d’établir ou de maintenir l’équilibre des relations sociales. Dans la perspective de Rawls, elle désigne « la première vertu des institutions sociales comme la vérité est celle des systèmes de pensée ». La justice dans ce sens, est une vertu éminemment politique, elle est en effet, un principe cardinal de l’ordre politique. Des lors, pour être libre, on doit obéir aux exigences de la justice. En effet, aucune société ne peut être stable sans la justice, parce que c’est elle qui réglemente les rapports sociaux et permet aux citoyens de mener harmonieusement leur vie en communauté. C’est à cet effet, que Rawls écrit ceci : « une société ne peut se prétendre ordonnée que lorsqu’elle n’est pas seulement conçue pour favoriser le bien de ses membres, mais lorsqu’elle est déterminée par une conception publique de la justice ». Celle-ci permet de maintenir l’équilibre entre les différentes composantes de la communauté, mais aussi de veiller surtout sur l’application de la loi dans la société. Toutefois, malgré les inégalités de faits, les hommes ont droit à une égale reconnaissance de leur liberté et de leur dignité humaine. C’est d’ailleurs, ce que Rousseau montre dans le Contrat social, pour lui, un régime politique n’est juste et légitime que s’il garantit à ses citoyens le respect de ce qui fonde la dignité humaine, à savoir la liberté. Ainsi, elle est le respect et la défense des droits de l’homme et des contrats passés librement entre les hommes, y compris le contrat social tacite par lequel une institution politique est reconnue et obéie dans la mesure où elle garantit, en échange, la satisfaction des intérêts et aspirations de ses membres. Rousseau constate trois sortes d’inégalités dans la société civile entre les hommes : la richesse, la noblesse et la puissance. Toutefois, pour gommer ces inégalités, ou bien pour maintenir l’équilibre social entre les hommes, l’institution des règles de justice devient donc nécessaire dans la société politique. En d’autres termes, l’état civil est rendu nécessaire par l’insécurité et l’injustice que traversent les hommes dans cet état. Des lors, la justice permet dans ce sens de garantir la sécurité, de protéger les libertés de chaque citoyens mais également de préserver la propriété de chacun. La justice occupe aussi une position particulière dans le système politique de Rousseau. Même s’il n’a pas écrit de traité sur la justice dans son projet politique, on sent pertinemment son intention à vouloir défendre la justice au sein de la communauté des hommes. C’est dans ce sens, Polin dans son ouvrage en parlant de la philosophie de Rousseau, écrit ceci : « faute de pouvoir être effectivement une philosophie du bonheur, la philosophie de Rousseau est, de façon primordiale, une philosophie de la justice. Avec le bonheur, faute de bonheur, la justice est la fin suprême. Avec le bonheur, la justice est, pour Rousseau, la préoccupation la plus constante, le souci sous-jacent à toute ses réflexions» La justice est une vertu de l’homme en société, en effet, elle n’a de sens que dans la société politique. Celui-ci est l’état dans lequel l’homme acquière une dimension intellectuelle qui lui permet de vivre convenablement avec ses semblables par l’entremise d’un contrat. Toutefois, pour Rousseau c’est seulement dans le milieu politique, dans la société civile, que la justice trouve de manière concrète son efficacité. Ainsi l’homme ne peut s’adapter à la vie sociale sans faire appel à sa raison au lieu de se faire guider uniquement par l’instinct, sans s’imposer de suivre les maximes de la justice raisonnée, à savoir la justice civile.
Justice et liberté dans l’état originel
L’État de nature a été une formule employée en philosophie politique par d’éminents philosophes des Lumières tels Thomas Hobbes, John Locke et Jean-Jacques Rousseau. Cet état est une représentation, que se font ces philosophes, de l’être humain précédant la société ou en des termes plus contemporains, l’État. Ces trois auteurs ont tenté chacun d’exposer l’homme tel qu’il était avant l’avènement de la vie sociale. Dans cette logique, ces penseurs ont aussi essayé de retracer comment le passage à l’État s’est manifesté, ou en d’autres mots, comment l’homme a-t-il réussi à se socialiser tout en laissant derrière lui, un état animal et sans artifice. Rousseau l’a même cité dans le Second discours : « les philosophes, qui ont examiné les fondements de la société, ont tous senti la nécessité de remonter jusqu’à l’état de nature » L’état originel n’a pas reçu des contenus semblables. En effet, chaque théoricien lui a attribué une connotation en fonction de la fin recherchée dans la société. Il est considéré pour certains comme un état ou il y a absence totale de règles. Autrement dit, un état dans lequel, les hommes possédaient des droits naturels (droit de se nourrir, droit de se protéger…) et une liberté naturelle caractérisée par une absence de contraintes. Et pour d’autres comme un état hostile et contraignant. Toutefois, les théoriciens du contrat à savoir, Hobbes, Locke et Rousseau ont tous élaboré une conception anthropologique pour comprendre les conditions d’existences de l’homme naturel ainsi que son mode d’évolution dans la société originelle. L’état de nature est donc une hypothèse dans la perspective de Rousseau. Un état hypothétique dans lequel l’homme vivait conformément à sa nature première et authentique. Pour le citoyen de Genève : Quelque important qu’il soit, pour bien juger de l’état de nature de l’homme, de le considérer dès son origine et de l’examiner, pour ainsi dire, dans le premier embryon de l’espèce, je ne suivrai point son organisation à travers ses développement successif : je ne m’arrêterai pas à rechercher dans le système animal ce qu’il est. Je n’examinerai pas si, comme le pense Aristote, ses ongles allongés ne furent point d’abord des griffes crochues; s’il n’était point velu comme un ours et s’il marchait à quatre pieds, ses regards dirigés vers la terre et bornés à un horizon de quelques pas, ne marquaient point à la fois le caractère et les limites de ses idées. Je ne pourrai former sur ce sujet que des conjectures vagues et presqu’imaginaires. Dans ce sens il faut reconnaitre que cet état n’est pas une réalité historique mais un outil de réflexion. Pour Rousseau, l’état de nature n’est ni le produit d’une recherche des origines de l’humanité ni le produit de l’imagination mais un modèle à la fois théorique et hypothétique obtenu par l’analyse de l’état actuel ce qui, chez les hommes, appartient à leur nature propre et ce qu’ils ont acquis par la socialisation. Pour lui, l’état originel n’est ni le produit d’une recherche des origines de l’humanité ni le fruit de l’imagination mais un modèle théorique, c’est-à-dire une hypothèse de recherche pour comprendre la construction de la vie sociale. Donc pour dire en fin de compte le produit de cette analyse à savoir l’homme à l’état de nature n’est pas une réalité mais une abstraction. Par conséquent, c’est un état neutre dans lequel l’homme, sans être encore perfectionné n’est pas encore perverti. Autrement dit, c’est un état sans impératif moral ni loi encore moins sans justice institutionnalisée. Dans l’état de nature de Rousseau, le problème de la justice ne se posait même pas, car l’homme, à l’état originel vivait dans le bonheur, dans une indépendance totale, et sans contraintes qui puissent enfreindre sa liberté. L’état de nature au sens rousseauiste est l’état dans lequel les hommes ne sont soumis à aucune autorité politique. Comme le souligne Derathé : « l’état de nature est celui dans lequel se trouve les hommes avant l’institution des sociétés civiles». Il s’agit selon l’auteur d’un état non historique et non chronologique, mais qui aurait préexisté à toute société organisée. Au début de l’état de nature, l’homme ignorait tout ce qui est relatif à la violence, à l’injustice. À l’état sauvage, la justice existait, mais celle-ci était synonyme de justice naturelle que l’homme ignorait. C’est pour cette raison, Raymond Polin dans son ouvrage la Politique de la solitude affirme que « l’existence naturelle de l’homme est tout entièrement pénétrée de justice, mais il n’y pense jamais 38». Pour Rousseau, à l’état primitif, la justice n’était pas connue du tout par l’homme. En effet, il n’avait aucune idée de ce qui peut être juste ou injuste. En d’autres termes, à l’état de nature la justice existait, mais l’homme n’avait pas la moindre notion, ni aucun sentiment de l’existence de cette justice. Dans le Discours sur l’origine et les inégalités parmi les hommes, Rousseau explique dans un passage que : « dans l’état de nature, l’homme n’avait pas de connaissance sur ce qui est la vertu, qu’il n’avait pas la moindre notion de ce qui lui revient ou de ce qui revient à autrui », c’est-à-dire, a cette période, l’homme n’avait aucune notion des réalités et des valeurs humaines, ni « aucune véritable idée de la justice 40». Néanmoins Rousseau, dans l’Emile montre en effet que ce sentiment de justice évolue en fonction des stades du développement humain. Car selon l’auteur, le sentiment de justice était auparavant un sentiment inné à l’homme originel. Rousseau dans sa théorie de l’état nature, compare l’homme à un animal stupide et borné. Car selon lui, la seule chose qui distinguait l’homme de l’animal dans cette sphère originelle, c’est la perfectibilité, cette faculté latente en puissance. Toutefois Rousseau ne reconnait que deux sentiments naturels chez l’homme : l’amour de soi qui consiste à tout faire pour se conserver soi-même et la pitié qui porte l’homme à compatir aux souffrances d’autrui.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I : JUSTICE ET LIBERTE : DE LA CONCEPTION A L’APPLICATION
1. Historicité de la notion de justice
2. L’évolution du concept
3. L’apologie de la liberté chez Rousseau
CHAPITRE II : DIAGNOSTIC DES RAPPORTS ENTRE LA JUSTICE
ET LA LIBERTE CHEZ ROUSSEAU
1. Justice et liberté dans l’état originel
2. Genèse de la propriété : fin de l’état d’indépendance
3. genèse de la société civile et des premières lois
CHAPITRE III : LES FONDEMENTS DE LA JUSTICE DANS LA PENSEE POLITIQUE DE J-J. ROUSSEAU
1. Le pacte social, cause efficiente de la justice et de liberté
2. la loi civile une condition à la justice et de la liberté
3. souveraineté et démocratie dans l’organisation sociale
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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