Jeunes et pouvoir

Généralité

Antananarivo, à la fois « Capitale économique et administrative », constitue un centre d’intérêt pour bon nombre de personnes, de simples citoyens aux grands personnages politiques. Comme dans toutes les grandes villes et capitales du monde, la ville d’Antananarivo demeure, d’une part un pôle stratégique, mais également un lieu vulnérable et sensible, d’autre part, elle est exposée désormais à d’éventuels événements susceptibles de déclencher des troubles à l’origine de l’instabilité politique, économique et sociale du pays. A l’heure actuelle, la ville et la nation traversent de nouveau une crise politique et sociale. Notre choix politique est décisif pour l’avenir du pays. L’analyse d’un événement, entre autres la crise que nous avons évoquée ne s’avère pas pertinente à notre avis si nous n’évoquons pas ses causes lointaines. L’élection communale d’Antananarivo ville du 12 décembre 2007 n’est pas le commencement de cette crise qui perdure en ce moment, mais elle constitue effectivement un élément essentiel pour expliquer les circonstances actuelles. L’ambition des jeunes et leur conception du pouvoir doivent être donc remises en question. Le mot et la notion de la démocratie sont répétés à plusieurs reprises sans que nous ne sachions vraiment de quoi elle s’agit ou en quoi la démocratie va-t-elle servir ?

GENERALITES SUR LE CONCEPT : JEUNES ET ELECTION

L’ethnographie connaît maintenant des sociétés divisées en classes et dépourvues de « superstructure » politique : les Ifugao des Philippines, par exemple. Et l’histoire contemporaine ne montre aucun signe de dépérissement du pouvoir politique dans les sociétés où les antagonismes de classes, au sens marxiste du terme, étaient censés abolis, mais où subsistèrent toujours les tensions et conflits sociaux. L’anthropologie politique suggère plutôt l’hypothèse suivante : le fondement du pouvoir politique est à chercher dans sa fonction intégratrice. Une société globale est toujours plus ou moins menacée d’éclatement par l’innovation sociale. À la différence des autres espèces animales qui vivent en groupe, l’espèce humaine est capable d’innovation, donc d’évolution historique sans mutation biologique. Mais l’innovation provoque des disparités, des décalages, d’une part entre les systèmes sociaux d’une même société, d’autre part entre les différentes sociétés. Des conflits et des crises se produisent qui tendent à désintégrer les sociétés globales. Le pouvoir politique est l’artifice par lequel elles parviennent à subsister, non sans se transformer. Les sociétés humaines les plus closes, les plus homogènes et les moins innovatrices sont celles qui présentent le degré minimal d’organisation du pouvoir politique. Si cette hypothèse est juste, il est déraisonnable d’attendre un dépérissement du pouvoir politique dans les sociétés modernes où le taux d’innovation est très élevé et le rythme des changements très rapide. En revanche, les transformations de son mode d’organisation et de fonctionnement y sont de plus en plus probables.

LES MOUVEMENTS DES JEUNES ET POUVOIR POLITIQUE 

Dans la société de la propriété privée des moyens de production, l’enfant appartenait à ceux qui l’avaient procréé. L’éducation familiale découlait du principe de la dépendance des enfants, de leur sujétion économique, de leur reconnaissance affectueuse. Noyau humain soumis, berceau de l’État, source et base de la grande société civile bourgeoise, la famille reproduisait l’ordre social, à la mesure de sa reconnaissance par l’État. Au XXe siècle, l’éducation sort du domaine privé pour passer dans le domaine public. Mouvements, organisations de jeunes se développent dès le XIXe siècle dans les pays industrialisés, comme relais et tuteurs des jeunes, délégués par les adultes pour compléter l’éducation familiale déficiente et pour s’y substituer. En opposition avec les formes très structurées des mouvements de jeunesse organisés par des adultes apparaissent des regroupements spontanés et plus souples dans lesquels les jeunes donnent corps, face à la société des adultes, à une sorte de subculture porteuse de valeurs spécifiques .

LA POPULATION URBAINE 

La ville déborde très largement du cadre qui était le sien il y a moins de deux cents ans. « Le concept de base présidant à la définition de l’espace urbain est celui de l’agglomération, reposant sur la continuité du bâti. » (François Moriconi-Ébrard, L’Urbanisation du monde depuis 1950). L’O.N.U. définissait en 1978 les agglomérations comme un ensemble d’habitations tel qu’aucune ne soit séparée de la plus proche de plus de 200 mètres en Europe, 500 mètres dans les pays neufs où le système de peuplement est plus lâche. Mais « la réalité territoriale du fait urbain se brouille […]. Avec le développement de l’automobile et des transports en commun, la population active des villes réside aujourd’hui loin des centres, dans un cadre de vie que l’on peut qualifier de rural, mais tout en participant à la vie urbaine. » (Yves Grafmeyer, Sociologie urbaine). Au-delà des agglomérations, il convient de définir des régions urbaines, voire des régions de villes. Les populations suburbaines sont d’abord citadines. La dimension sociale de l’urbanisation tend à imprégner, au-delà des seules populations urbaines, toute la société, dans ses conditions d’existence et ses mentalités. Le monde rural est considéré par la ville comme un espace interstitiel, cerné par les zones d’influence des aires métropolitaines. La société urbaine s’y est diffusée peu à peu. Par définition, la ville est un organisme ouvert, percé de toute part par des axes de communications qui la prolongent et projettent son rôle très loin de son centre. La ville est à la fois territoire et population, nœud de relations et mode d’organisation collective.

En additionnant le nombre d’habitants vivant dans toutes les agglomérations égales ou supérieures à 10 000 habitants, François Moriconi-Ébrard a pu mesurer les déséquilibres de la répartition de la population urbaine à la surface du globe. En 1990, plus de 2,27 milliards de personnes étaient ainsi recensées (base de données Géopolis). Les pays d’économie avancée ne représentaient plus que 40% de cette réalité, contre 64 % en 1950. La majorité de la population urbaine se trouve donc, depuis 1973, dans des pays mal développés, et l’écart ne cesse depuis de se creuser. Les taux moyens annuels de croissance de la population urbaine dépassent dans le Tiers Monde 4 % au début des années 1990 (4,5 % en Afrique), c’est-à-dire deux fois les taux enregistrés en Europe occidentale dans la seconde moitié du XIXe siècle, en pleine phase d’industrialisation et de croissance démographique.

Dans ces pays dépendants, la croissance massive de la population urbaine exprime d’abord une situation sociale : l’importance débordante des populations non intégrées, vivant dans des campements ou des formes d’habitats élémentaires donne au gigantisme urbain un caractère pathologique particulièrement explosif. On parle de mégapoles pour nommer l’hypertrophie caractéristique des plus grandes villes dans les pays pauvres. On a pu opposer les métropoles qui organisent leur territoire aux mégapoles qui s’en nourrissent, de façon boulimique. Parmi les vingt-cinq plus grandes villes du monde, dix-neuf se trouvaient dans le Sud en l’an 2000. « En l’état actuel du potentiel démographique, Inde, Chine et Nigeria sont encore sousreprésentés dans la population urbaine du monde : avec 39 % de la population mondiale, ils ne représentent encore que 24 % de la population urbaine mondiale » (Moriconi-Ébrard). L’auteur propose d’expliquer la diversité observée des taux d’urbanisation par les décalages chronologiques dans le démarrage de l’urbanisation, par les vitesses différentes de la transition urbaine : stagnation posturbaine dans les pays d’économie avancée, croissance ralentie ailleurs, progression accélérée (par exemple en Afrique noire), phase préurbaine (au Bhoutan, dans certaines régions du Vietnam ou de Chine). La désorganisation des circuits de distribution, le non-versement des salaires des fonctionnaires dans certains pays troublés d’Afrique noire (Congo en 1993-1995, Zaïre en 1996-1997, par exemple) peuvent se traduire par un retour provisoire des citadins au village où les cultures vivrières permettent de survivre.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : « GENERALITES SUR LE CONCEPT : JEUNES ET ELECTION »
CHAPITRE I : MOUVEMENTS DES JEUNES ET POUVOIR
CHAPITRE II : LE VOTE ET L’ELECTION
CHAPITRE III : DIVERSITE DES PRATIQUES ELECTORALES
DEUXIEME PARTIE : « L’ELECTION COMMUNALE EN 2007, UNE ELECTION PARMI TANT D’AUTRES »
CHAPITRE IV : L’ELECTION MUNICIPALE DU 12 DECEMBRE 2007
CHAPITRE V : ELECTION, UNE CONSOLIDATION DE POUVOIR
CHAPITRE VI : DEMOCRATIE FICTIVE ET MIRAGE DE DEVELOPPEMENT
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIERES
LISTE DES ABREVIATIONS
ANNEXES
RESUME

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