La rafle du Vélodrome d’Hiver (16 et 17 juillet 1942)
Afin de remplir ces camps d’internement et ces convois vers les camps de la mort, des rafles de juifs ne vont cesser de se multiplier. Tout d’abord, les premières arrestations de Juifs ont lieu dès 1940 mais elles sont, à l’origine, individuelles et concernent surtout des hommes étrangers ou apatrides. C’est pourquoi, elles n’engendrent ni dénonciations, ni réprobations unanimes. Néanmoins, l’opinion publique évolue quand ces arrestations, ces rafles, deviennent collectives et touchent même les Juifs français, les femmes et les enfants.
Parmi les nombreuses rafles qui ont eu lieu durant cette période, une a particulièrement choqué l’opinion des Français et marque profondément les mémoires. Il s’agit de la rafle du Vélodrome d’Hiver, souvent appelée « rafle du Vel’ d’Hiv » qui se déroule les 16 et 17 juillet 1942. Cette opération policière d’interpellation et d’arrestation de masse est d’une part, la plus grande réalisée en France pendant la Seconde Guerre mondiale mais d’autre part, elle est réalisée par la police française mobilisée par le régime de Vichy.
Ainsi, en juillet 1942, le régime nazi organise l’opération dite du « Vent Printanier » qui signifie une rafle à grande échelle de Juifs dans plusieurs pays européens. De même que les nazis vident les ghettos polonais, les déportations en Belgique, aux Pays-Bas et au Danemark sont entamées ; la France doit donc suivre le mouvement.
C’est ainsi que l’État français mobilise 9000 policiers et gendarmes qui prennent part à l’arrestation des Juifs. Selon les chiffres de la préfecture de police, 13152 personnes sont arrêtées dans Paris et sa banlieue en moins de quarante-huit heures. À cet incroyable chiffre s’ajoute un autre élément qui va profondément marquer l’opinion et les mémoires françaises.
Pour la première fois, les femmes (5802), les enfants de moins de 16 ans (4051) et les vieillards ne sont pas épargnés.
Pour arriver à une opération d’une telle ampleur, il ne fait aucun doute que cette rafle a été soigneusement préparée. Les fichiers Tulard ont joué un rôle déterminant dans ces arrestations. Ces fiches sont distribuées aux équipes policières envoyées sur le terrain. Même si l’opération du « vent printanier » est construite par les Allemands, elle est menée du début à la fin sous les ordres de Vichy, de ses dirigeants tels que Pétain, Laval, Leguay, Bousquet et naturellement de l’administration française et policière.
Par ailleurs, après avoir été raflés, ces Juifs sont emmenés vers le camps d’internement de Drancy et surtout vers le Vélodrome d’Hiver. Ce complexe parisien destiné à accueillir de grandes manifestations sportives n’était point adapté pour recevoir une population si nombreuse et si hétérogène. Il est important de souligner ici que pratiquement aucun aménagement n’avait été effectué pour héberger autant de personnes. Ces 12884 individus sont parqués dans l’enceinte du Vélodrome d’Hiver du 16 au 22 juillet et doivent faire face à des conditions de vie atroces où règnent le manque d’hygiène et d’eau et un bruit continuel. Dans cette horreur, les gens sontdé sespérés, aux graves problèmes sanitaires, s’ajoutent un nombre important de suicides et de tentatives de suicides.
Enfin, le Vel’ d’Hiv commence à se vider progressivement, les internés sont transférés dans les camps cités précédemment, à savoir Drancy, Beaune-la-Rolande et Pithiviers avant d’être envoyé, par convoi, vers Auschwitz – Birkenau entre le 17 juillet et le 11 novembre 1942.
Par ailleurs, il est important de préciser ici que les autorités françaises proposent aux Allemands également la déportation des enfants qui n’avait pas été demandée par les nazis.
Dans l’attente de la réponse d’Eichmann à Berlin, les Allemands décident de déporter uniquement les adultes. C’est ainsi que les 3000 enfants les plus jeunes restent seuls dans les camps d’internement dans l’attente d’une réponse allemande. Cette autorisation berlinoise arrive le 13 août, mais elle interdit les convois constitués exclusivement d’enfants. Ils seront donc mélangés à d’autres adultes juifs afin d’être déportés au camp d’Auschwitz-Birkenau dont aucun enfant ne reviendra.
Dès lors, les convois vers les camps de la mort se multiplient au départ de la France. On en dénombre vingt pour les mois de juillet et d’août 1942 seulement. En somme, il apparaît évident qu’en 1945 cette communauté soit profondément marquée par la déportation. En effet, un cinquième de la population juive (d’origine française ou étrangère) a disparu dans les camps, et l’antisémitisme spécifique de l’État français, dans un pays qui fut avant-guerre un refuge, a déstabilisé les corps et les esprits perturbant ainsi profondément la mémoire collective.
À ce titre, la rafle du Vélodrome d’Hiver demeure encore et toujours dans les mémoires des Français. Dès lors, elle s’intègre dans le milieu scolaire et en particulier en lycée professionnel où elle est étudiée en tant que situation dans le programme de première bac professionnel, comme exemple emblématique de la politique antisémite de l’État français mais également comme une représentation totale d’un aspect de la collaboration de Vichy avec l’Allemagne nazie.
Les camps d’internements de la région toulousaine
La région toulousaine n’est pas épargnée par la politique de Vichy et donc par la présence de plusieurs camps d’internements dans lesquels sont enfermés des républicains Espagnols mais également des Juifs Français ou étrangers.
Ainsi, ces camps deviennent des antichambres de la Solution finale. Dès août 1942, des convois entiers remplis de nombreuses familles juives partent en direction de Drancy qui ne représente qu’une étape vers Auschwitz où elles y sont gazées. Par exemple, près de Toulouse, les camps de Noé et du Récébédou y envoient en 1942, quatre convois de familles juives. Cette année-là, l’Archevêque de Toulouse, Monseigneur Saliège dénonce des scènes épouvantables à l’intérieur de ces deux camps et en réclame avec insistance la fermeture.
En effet, le camp du Récébédou, situé sur la commune de Portet-sur-Garonne, au sud de Toulouse, dans lequel les conditions de vie sont à peu près satisfaisantes au début, se dégrade rapidement par manque de médicaments et d’une alimentation insuffisante. On dénombre en 1941, 739 internés dont la moitié ont plus de 60 ans et sont atteints d’affections graves. Pendant l’hiver 1941-1942, le froid, la faim et les épidémies font 118 morts, et au total ce sont 314 personnes, dont 254 Juifs, qui perdent la vie.
De plus, en février 1941, la préfecture de la Haute-Garonne récupère et transforme en lieu d’internement pour les personnes âgées et les malades, le camp de Noé. Les internés s’y divisent en deux sous-ensembles : républicains espagnols réfugiés et juifs allemands âgés et avec une grande proportion de femmes. Les conditions de vie y sont si dures que 150 d’entre eux meurent pendant le mois qui suit leur arrivée. On estime ainsi qu’à Noé au moins 202 Juifs sont morts entre 1941 et 1944.
De ce fait, aucun département du Sud-Ouest n’a échappé aux rafles qui se multiplient avec l’arrivée des Allemands en Zone sud.
Les mémoires de Vichy
La mémoire d’un État, d’une nation, d’un peuple, ou plutôt devrais-je dire « les mémoires » viennent de différents vecteurs qu’il paraît primordial de distinguer. Ainsi, comme le fait Henry Rousso dans Le syndrome de Vichy, il est possible d’en différencier plusieurs types tels que la vie politique, culturelle, intellectuelle qui ont pris en charge le passé, l’ont reconstruit, interprété, afin de lui donner un sens, tantôt explicite et volontaire, tantôt implicite et fortuit, générant ainsi divers types de mémoires qu’on peut qualifier de mémoire nationale ou étatique, de mémoires partisanes, de mémoires associatives.
De plus, il est essentiel d’ajouter à cette analyse les récepteurs de ces mémoires, soit les Français, l’opinion publique que Henry Rousso qualifie de « mémoire diffuse ». En effet, si tous les citoyens français reçoivent les idées, celles-ci sont modifiées, transformées, retravaillées en fonction de leurs propres pensées, histoires, représentations, sensibilités. Alors comment savoir quelles mémoires de ces « années noires », du Régime de Vichy est restée aujourd’hui chez les Français et en particulier chez des élèves de Première bac professionnel ?
Quelles représentations ont-ils de cette période historique ? D’où vient cette mémoire ? Est-elle collective ou bien diffuse ? Avant de questionner les représentations des élèves d’aujourd’hui, il paraît fondamental de s’interroger et d’analyser l’évolution des mémoires depuis la fin de l’État français jusqu’à nos jours. C’est pourquoi, j’appuierai mon analyse sur les ouvrages de trois historiens.
1944 – 1971 : les mémoires immédiates
La « phase de deuil »
Tout d’abord, le mythe fondateur de l’après-Vichy viendrait du Général de Gaulle qui pose dès le 25 août 1944 les premières pierres à l’édifice basé sur son propre imaginaire dans lequel les Résistants sont, peu ou prou, absents de la Libération de la France qui n’a eu besoin de personne.
Concernant l’existence de l’État français, il est voué au même sort. En effet, selon les mots de Charles de Gaulle : « La République n’a jamais cessé d’être. Vichy fut toujours et demeure nul et non avenu ». On peut voir dans ces mots la volonté d’oublier rapidement ces évènements peu glorieux pour la France et de retrouver dans les plus brefs délais ce qui fait le pays, soit une République.
Mais le général ne pouvait à lui seul gérer à la fois les impératifs du rétablissement de l’ordre républicain et fournir une image lisse d’évènements troubles vécus par des millions de Français, souvent dans des situations bien différentes. C’est pourquoi, ce mythe amorcé, ne sera réellement installé que bien plus tard, et pour peu de temps.
Le mythe résistancialiste
À partir de 1954, la France connaît une période d’expansion économique. C’est ainsi que se met en place la création d’un mythe pour contrebalancer ce passé sombre, celui du Résistancialisme dans lequel le pays aurait connu des hommes providentiels, des individus hors du commun soutenus par un peuple unanimement résistant. En effet, les Français auraient tous rejoint le combat de ces hommes en s’engageant dans la Résistance. Toutes les forces politiques auraient participé à ce combat créant dans ce sens une histoire nationale glorieuse.
Ainsi à partir de 1964, le Concours général de la République est créé, il permet de récompenser tours les ans les meilleures copies des petits français participant au Concours national de la Résistance et de la déportation. En effet, dans les ouvrages scientifiques, dans les films, dans les romans, la Résistance fait vendre, alors que Vichy et la Collaboration deviennent des sujets secrets, dont on évite fortement de parler.
Cependant, à partir d’une réalité avérée, mais réductrice, le petit nombre de résistants organisés, la vulgate avance des affirmations articulées dans la logique de l’argumentaire cohérent qu’on connaît : alors que la Résistance a été ultra-minoritaire dans la nation, comme les chiffres le démontrent avec seulement 2% de la population française active ou reconnue comme telle, le mensonge du mythe résistencialiste a permis d’inventer la mémoire d’une France unanime dressée contre l’occupant. Ce mythe a masqué le renoncement d’un pays soumis au vainqueur, acquis au régime de Vichy et objectivement complice de ses forfaits.
Toutefois, longtemps solidaire du souvenir de la déportation, de l’héroïsme, du sacrifice et du martyre étendu à celui des populations, la Résistance quitte progressivement la place primordiale qu’elle tenait dans la mémoire des années de guerre pour se retrouver à la périphérie. Depuis les années 1970-1980 ce sont le génocide des juifs, la collaboration d’État et la France de Vichy qui occupent le centre.
Les changements d’orientation mémorielle de 1971 à nos jours
L’explosion des mythes
Par ailleurs, quant au reste de la population, même la grande majorité peut-on dire, qui n’a été ni résistant ni pour autant collaborateur mais qui a simplement essayé de survivre en attendant que des jours meilleurs arrivent, on observe une évolution des représentations notamment à partir des années 1970. Cette longue passivité, longtemps décrite par les mots de lâcheté collective, encore entendue parfois, reste le fait et l’argument toujours avancés comme irréfutables. Avec, toutefois un glissement sémantique : ce sont aujourd’hui les termes plus atténués « d’abdication, d’inertie ou d’attentisme opportuniste qui désignent plus généralement l’apathie de la masse».
De surcroît, toutes ces images, ces réactions qu’auraient eu les français de ces années noires restent ancrées dans la mémoire collective et se propagent sans arrêt avec une certaine évolution au fil des décennies. Entre résistancialisme, collaborationisme ou attentisme, le rôle des Français de cette époque se partagent entre ces trois catégories qui semblent imperméables.
Mais comment se sont mises en place ces visions dans la mémoire collective des Français ? Qui y a participé ?
On peut sans doute citer, en outre, le film de Marcel Ophüls, Le Chagrin et la Pitié qui a largement contribué à mettre en place dans les années 1970 ce qu’il reste aujourd’hui de la vision de l’Occupation et de la Résistance. C’est ainsi que depuis, la vision de cette France occupée, à la télévision comme dans les livres d’histoire, est celle d’un pays immobile, préoccupé de survivre dans sa grande majorité, enfermé dans un attentisme marqué par l’opportunisme, allant jusqu’à une indifférence coupable aux minorités persécutées, avec des deux côtés opposés deux minorités déclarées équivalentes, les résistants et les collaborateurs.
Dans ce sens, l’historien Henry Rousso s’intéresse précisément aux vecteurs de ce qu’il appelle le « syndrome de Vichy » et notamment à « l’écran des années noires».
En effet, il apparaît évident que le cinéma a joué un rôle particulièrement important dans la transmission du souvenir et donc des mémoires. D’abord devenu dès les années 1930 un loisir de masse, il est un indicateur significatif des mentalités contemporaines.
Ensuite, pendant la guerre même, il a exercé une grande influence sur les esprits. Les actualités filmées comme les films de pure propagande étaient une source majeure d’information. Enfin, mieux que d’autres formes d’expression, le cinéma a permis, parfois, d’évoquer le refoulé et l’indicible, grâce à l’impact immédiat des images d’archives, ou la force des reconstitutions aussi imparfaites fussent-elles.
D’après l’étude de l’évolution des représentations cinématographiques de l’aprèsguerre jusqu’à nos jours réalisée par l’historien, on remarque que « le cinéma n’a qu’à de très rares moments, anticipé l’évolution des mentalités. Il en est plutôt la cristallisation la plus manifeste et celle qui imprègne le plus car il produit ce que peu de livres d’histoire, voire de romans sont capables de recréer : la proximité soudaine de l’événement lointain, événement non vécu par les générations suivantes et de surcroît, souvent occulté ou modifié dans les mémoires ».
Afin de poursuivre l’étude de l’impact provoqué sur les mémoires par le cinéma et en particulier le film de Marcel Ophuls ainsi que de compléter l’évolution et la mise en place de l’imaginaire collectif, la lecture du livre de Pierre Laborie apparaît très éclairante. Ce professeur d’histoire contemporaine à l’université de Toulouse est spécialiste de l’histoire de l’opinion publique sous le régime de Vichy. Il revient dans cet ouvrage sur les mythes de la Résistance et de l’Occupation dans l’imaginaire français en cassant les idées reçues. Il démontre ainsi comment une vision de l’Occupation et de la Résistance s’est mise en place dans la France des années 1970 mettant en exergue l’image d’un pays immobile, préoccupé de survivre, indifférent aux persécutions, à la terreur et coupé en deux par les résistants et les collabos. Deux tribus aux effectifs aussi marginaux les uns que les autres.
Pierre Laborie, comme Henry Rousso attribuent une fois encore une grande place au film Le Chagrin et la Pitié qui joue un rôle capital dans la construction de cette opinion. Il sert ici de point de départ à l’ouvrage. Il explique également pourquoi ce film a installé une nouvelle instrumentalisation de l’histoire dans lequel ressort l’idée d’une France lâche alors que la collaboration n’a jamais été soutenue par l’immense majorité de la population.
D’une part, cela explique pourquoi, à partir des années 1970, après l’effondrement des « mythes dorés du résistancialisme » et le rappel des non-dits sur les heures noires de la collaboration, les Français se sentent désormais coupables. On parle alors de culpabilité collective.
D’autre part, en quatre ans, soit de 1971 à 1974, les Français voient s’écrouler le fragile équilibre instauré depuis les années 1950, qui permettait de ne plus parler de cette période sombre de l’histoire nationale. Désormais, les langues se délient et laisse place à l’obsession du souvenir après 1974.
L’obsession du malaise
Ainsi Pierre Laborie explique qu’en France, comme partout, « le rapport au passé est ainsi un des ressorts déterminants de la construction identitaire, selon un processus complexe, remodelé en permanence où, on le sait, le savoir de l’histoire tient un rôle inégal ». Les années noires y ont toujours une place à part, mais leur sens a changé selon lui. La suspicion et la crainte d’être abusé, sur fond de culpabilité, ont modifié la nature de la relation que les Français entretenaient avec ce moment de leur passé et sans doute, au-delà, avec leur histoire. L’historien souligne ici un point important, la portée de la rupture culturelle qui s’est produite vers la fin du XXème siècle en perturbant les représentations du temps de guerre qui peuplaient jusque-là l’imaginaire national.
Tout d’abord, cette rupture est marquée par la renaissance d’une mémoire juive qui révèle et fait rejaillir l’horreur de la Shoah et l’implication en outre de l’État français dans ce génocide. Cette nouvelle période surgit, en outre, par l’arrivée de soubresauts tels que le procès Barbie, l’affaire Darquier de Pellepoix ou encore l’inculpation d’anciens fonctionnaires de Vichy. Dans ce climat, l’extrême droite revient sur le devant de la scène et fait place au négationnisme et au révisionnisme.
Le procédé expérimental mis en place
Un programme et des Ressources
L’Histoire en classe de lycée professionnel doit susciter la curiosité des élèves, développer leur esprit critique, permettre de connaître davantage les hommes, leurs différences et leurs similitudes afin de mieux les comprendre . Cette matière représente deux heures d’enseignement en moyenne par semaine pour les élèves. Ce programme s’inscrit tout comme celui de l’enseignement moral et civique, dans le cadre de la formation de l’individu et du citoyen. Ce dernier se situe sur le temps long. En effet, en trois ans de lycée les élèves étudient cinq siècles d’Histoire.
Le programme d’Histoire en Lycée professionnel
Tout d’abord, la classe de Seconde Baccalauréat professionnel est consacrée à l’étude du XVIème et du XVIIIème siècle très axée sur une histoire européenne mettant en scène plus spécifiquement les humanistes, les explorateurs, les colonisateurs puis les révolutionnaires dans les quatre sujets d’étude de cette première année de lycée. Sur ces quatre sujets, seulement trois sont retenus par l’enseignant et étudiés avec les élèves.
Ensuite, le programme de la classe de Première Baccalauréat professionnel se recentre sur l’histoire de France du XIXème au XXème siècle à travers quatre sujets d’étude. Deux thèmes permettent d’aborder avec les élèves l’histoire sociale du pays :
– Être ouvrier en France (1830-1975)
– Les femmes dans la société française de la Belle Époque à nos jours
Un mémoire et un sujet d’étude
Ainsi ce mémoire ayant pour sujet les Mémoires de Vichy, s’inscrit dans le cadre du programme d’Histoire de Première Baccalauréat professionnel qui a pour thème central : État et société en France de 1830 à nos jours. Cette réflexion s’inscrit plus précisément dans le sujet d’étude : De l’État français à la IVème République (1940-1946). Celui-ci couvre une période très restreinte, seulement six ans, au regard du programme. Cependant, ces six années marquent une période charnière de l’histoire de la France contemporaine puisqu’elles s’ouvrent en 1940 par la chute de la IIIème République remplacée par le régime de Vichy et se terminent en 1946 avec la naissance de la IVème République et les réformes fondamentales qui l’accompagnent.
Ce sujet d’étude est à traiter dans le cadre du thème central de l’année de première.
L’enseignant doit donc veiller à se centrer sur l’étude du cas français sans se laisser emporter dans l’analyse de l’ensemble de la Seconde guerre mondiale. Les évènements servent de trame de fond et doivent être mentionnés uniquement pour expliciter la situation française. Ainsi, le professeur présente aux élèves les principales caractéristiques du régime de Vichy telle que la Révolution nationale ou encore sa collaboration avec l’Allemagne nazie révélant ainsi sa responsabilité dans le génocide juif notamment grâce à l’étude d’une des deux situations. Puis il explique la mise en place de la IVème République qui peut débuter par l’analyse de la seconde situation à travers la mise en place d’une Résistance unifiée.
Par ailleurs, les six années dont font l’objet ce sujet d’étude, permettent au professeur d’étudier les caractéristiques totalement opposées de ces deux régimes qui se succèdent. Cette opposition se retrouve dans les deux situations proposées. D’une part la collaboration active du régime de Vichy avec la rafle du Vel d’Hiv et d’autre part, la résistance qui participe fortement au retour de la République en France.
Dans ce sens, l’analyse de ce temps court doit amener les élèves à prendre conscience de la place des possibles dans l’histoire et du poids de l’engagement individuel politique et citoyen notamment avec l’étude de la situation : Jean Moulin et l’unification de la Résistance.
En effet, il s’agit d’un moment clé du programme d’histoire pour réfléchir sur la responsabilité individuelle ou l’impact des idéaux sur les choix.
Ce mémoire qui tend à analyser les représentations des élèves concernant le Régime de Vichy doit en premier lieu débuter par une analyse précise des ressources officielles dont le professeur dispose pour réaliser sa préparation de séquence pour ce sujet d’étude.
Ainsi, celles-ci demandent de s’attacher « à tracer une image claire des deux régimes » soit entre l’État français de Pétain et de Laval qui renverse la République et qui se caractérise par un « régime raciste (lois juives), antidémocratique (interdiction des partis et des centrales syndicales, charte du travail, milice) » et qui collabore avec l’Allemagne nazie qui s’oppose à « la Résistance intérieure et extérieure qui prépare le retour de la démocratie, remise en place dès la libération du territoire».
En ce qui concerne les situations au programme, au nombre de trois en 2009, elles ne sont plus que deux en 2013. La situation ayant pour sujet : Le programme du Conseil National de la Résistance a disparu, il est désormais traité obligatoirement à l’intérieur même du sujet d’étude.
À ce titre, les deux situations restantes contribuent « à tracer une image claire des deux régimes ». En effet, on traite la collaboration du Régime de Vichy avec la situation intitulée : la rafle du Vel d’Hiv et la Résistance avec celle destinée à : Jean Moulin et l’unification de la Résistance.
D’une part, la première situation traite ainsi la collaboration à travers un exemple précis et emblématique de la politique antisémite de l’État français soit, son implication active dans la déportation des Juifs de France lors de la rafle du Vélodrome d’Hiver. Le professeur doit, comme l’indique les Ressources pour la voie professionnelles présenter aux élèves, afin qu’ils comprennent tous les aspects de cet événement parisien, « la politique de l’État français sur l’ensemble de la période, dans les différentes zones, depuis les premières lois antisémites et l’annonce de la collaboration ». Il s’agit ainsi de montrer que la rafle du 16 juillet 1942 et les journées qui l’entourent ont été réalisées par les gendarmes et policiers français révélant ainsi la collaboration active du Régime de Vichy qui est bien souvent méconnue des élèves.
D’autre part, la seconde situation au programme depuis 2013 concerne Jean Moulin et l’unification de la Résistance. Elle illustre la volonté d’un combat pour le retour à la démocratie et à la République avec toutes les difficultés que cela engendrent.
Aussi, cette situation a un double objectif. En effet, elle met en lumière un témoin et acteur de l’histoire en la personne de Jean Moulin mais également les complications pour unifier tous ces mouvements de résistance.
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Table des matières
INTRODUCTION
I- Délimitation du cadre théorique
A- L’État français : la Révolution nationale et la collaboration
1. La Révolution nationale
2. La collaboration avec l’Allemagne nazie
B- Le rôle de Vichy dans la déportation des Juifs de France
1. Vichy : complice et acteur
2. La rafle du Vélodrome d’Hiver (16 et 17 juillet 1942)
3. Les camps d’internements de la région toulousaine
C- Les mémoires de Vichy
1. 1944 – 1971 : les mémoires immédiates
1.1 La « phase de deuil »
1.2 Le mythe résistancialiste
2. Les changements d’orientation mémorielle de 1971 à nos jours
2.1 L’explosion des mythes
2.2 L’obsession du malaise
II- Le procédé expérimental mis en place
A- Un programme et des Ressources
1. Le programme d’Histoire en Lycée professionnel
2. Un mémoire et un sujet d’étude
B- Deux manuels, deux propositions différentes pour un même sujet d’étude
1. Deux manières de traiter la partie leçon
2. Deux approches pour deux situations
2.1 La rafle de Vel’ d’Hiv’
2.2 Jean Moulin et l’unification de la Résistance
C- Représentation des élèves : un questionnaire pour récolter des données
1. Le régime de Vichy
2. La rafle du Vel’ d’Hiv’
3. La Résistance
4. Les représentations
III- Construire et déconstruire les représentations des élèves
A- Présentation des séances imaginées et de leurs objectifs
B- Analyse des séances réalisées
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
Annexe n°1 : Questionnaire distribué aux élèves
Annexe n°2 : Fiche activité élèves
Annexe n°3 : Tâche complexe réalisée par un groupe d’élèves
Annexe n°4 : Bulletin Officiel spécial n°2 du 19 février 2009
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