Rappel sur le mรฉtabolisme des glucides
ย ย ย ย Dans les conditions physiologiques la glycรฉmie reste constante autour de 1 g/l ou 5,55 mmol/l. Cet รฉquilibre sโรฉtablit grรขce aux fonctions centrales du foie et ร une intervention hormonale [25]. Le foie stocke le glucose au moment des repas par glycogรฉnosynthรจse (formation du glycogรจne ร partir du glucose). Il libรจre ce glucose dans la circulation sanguine en fonction des besoins aprรจs glycogรฉnolyse (dรฉgradation du glycogรจne en glucose). En cas de besoin glycรฉmique important et prolongรฉ sโeffectue la gluconรฉogenรจse (synthรจse de glucose ร partir de substrats non glucidiques surtout les acides aminรฉs et les lipides) [35]. Deux systรจmes hormonaux interviennent sur le mรฉtabolisme des glucides. Le systรจme hyperglycรฉmiant constituรฉ principalement du glucagon et de lโhormone de croissance. Le glucagon entraine une glycogรฉnolyse hรฉpatique. Lโhormone de croissance augmente la glycogรฉnolyse hรฉpatique et entraine surtout une lipolyse pรฉriphรฉrique et, ainsi une รฉpargne des acides aminรฉs. Le systรจme hypoglycรฉmiant est constituรฉ par une seule hormone, lโinsuline. Elle favorise lโentrรฉe du glucose dans toutes les cellules de lโorganisme (sauf le foie et le cerveau). Elle inhibe la gluconรฉogenรจse et la glycogรฉnolyse et favorise la glycolyse et la glycogรฉnosynthรจse. Schรฉmatiquement, on peut dire que lโinsuline favorise lโรฉpargne du glucose et abaisse la glycรฉmie, tandis que le glucagon et lโhormone de croissance commandent les mรฉcanismes de la glycolyse et de la nรฉoglucogenรจse et contribuent ร รฉlever la glycรฉmie (Figure 1).
Physiopathologie chez la femme enceinte diabรฉtique
ย ย ย Les modifications mรฉtaboliques chez la femme enceinte diabรฉtique diffรจrent en fonction du trimestre de la grossesse. Le premier trimestre se caractรฉrise par une tendance ร lโhypoglycรฉmie et ร la cรฉtose. Les hypoglycรฉmies sont liรฉes aux effets hypoglycรฉmiants des ลstrogรจnes et de la progestรฉrone, au jeรปne prolongรฉ (12-16h) et parfois aux mesures thรฉrapeutiques utilisรฉes pour un meilleur contrรดle possible du diabรจte [4]. La cรฉtose est accrue en raison de lโรฉtat de pseudo jeรปne entrainรฉ par le passage des substrats รฉnergรฉtiques de la mรจre au fลtus [4]. Au deuxiรจme trimestre, sโinstalle progressivement une insulinorรฉsistance et une lipolyse entrainรฉe par lโHPL. Les dรฉsรฉquilibres hyperglycรฉmiques surviennent facilement du fait du dรฉficit de lโinsulinosรฉcrรฉtion dans le diabรจte de type 1 et lโinsulinorรฉsistance dans le diabรจte de type 2. Le troisiรจme trimestre se caractรฉrise par une instabilitรฉ glycรฉmique avec risque dโacidocรฉtose. Lโinstabilitรฉ glycรฉmique est plus grande lors de lโaccouchement. Par contre les besoins en insuline chutent brutalement, de lโordre de 30 % lors de la dรฉlivrance [22]. Les consรฉquences du diabรจte maternel sur le dรฉveloppement embryofoetal sont de deux types : un effet tรฉratogรจne prรฉcoce, produisant ยซ embryopathie diabรฉtique ยป et un effet mรฉtabolique plus tardif constituant la ยซ fลtopathie diabรฉtique ยป [9]. Le mรฉcanisme de lโembryopathie diabรฉtique a pu รชtre approchรฉ par les travaux de Freinkel et de nombreux auteurs [9]. Freinkel a dรฉveloppรฉ une thรฉorie de ยซ full-mediated-teratogenesis ยป, selon laquelle lโeffet dรฉlรฉtรจre du diabรจte serait directement liรฉ ร la modification des apports nutritionnels maternels ร lโembryon : hyperglycรฉmie, augmentation de lโapport en corps cรฉtoniques, en acides aminรฉs, etc. Lโยซ hyperglycรฉmie ยป de lโembryon, a un rรดle majeur, en induisant diffรฉrentes perturbations biochimiques conduisant ร la libรฉration dโun excรจs de radicaux libres et ร lโinstallation dโun stress oxydatif. Celui-ci entraine une augmentation de lโapoptose cellulaire, responsable dโune perturbation de lโorganogenรจse et des malformations. Dโautres facteurs, comme la perturbation du mรฉtabolisme de lโacide arachidonique et du myoinositol, des lipoprotรฉines, lโaugmentation des cรฉtones et lโhypoglycรฉmie, contribuent aux effets tรฉratogรจnes du diabรจte. La fลtopathie diabรฉtique rรฉsulte principalement de lโhyperinsulinisme fลtal. A partir du deuxiรจme trimestre, le fลtus est capable de rรฉagir aux variations de sa glycรฉmie par ses mรฉcanismes rรฉgulateurs pancrรฉatiques. Il dรฉveloppe une hyperplasie de ses ilots de Langerhans en rรฉponse ร lโhyperglycรฉmie de sa mรจre diabรฉtique. Il sโensuit pour lui un excรจs de production dโinsuline, ร laquelle il devient pleinement sensible au troisiรจme trimestre de la gestation. Lโeffet anabolisant de lโinsuline sur les tissus conduit ร une organomรฉgalie qui nโรฉpargne que le cerveau et ร une hypertrophie du tissu adipeux responsables de la macrosomie. Lโhyperinsulinisme fลtal entraine aussi une augmentation du mรฉtabolisme oxydatif du fลtus qui devient de ce fait chroniquement hypoxรฉmique. Il rรฉagit en augmentant sa production dโรฉrythropoรฏรฉtine et devient polyglobulique. Lโhyperviscositรฉ sanguine qui sโensuit favorise la survenue de thromboses. La polyglobulie explique aussi lโhyperbilirubinรฉmie frรฉquente chez les enfants de mรจres diabรฉtiques ร la naissance. Lโhyperinsulinisme fลtal prรฉsente dโautres actions. Il entraine un ralentissement de la maturation du surfactant sur le poumon fลtal. Il est responsable de lโhypoglycรฉmie du nouveau nรฉ qui nโest pas compensรฉe par lโapport de sucre du lait maternel.
Lโhypotrophie fลtale
ย ย ย Lโhypotrophie fลtale encore appelรฉe ยซ retard de croissance intra-utรฉrin ยป, se caractรฉrise par une insuffisance du dรฉveloppement de lโenfant par rapport ร lโรขge gestationnel. Cette insuffisance peut se limiter au poids. Elle peut atteindre la taille, le pรฉrimรจtre cรฉphalique et diffรฉrents organes [39]. Par convention, est hypotrophique tout nouveau nรฉ dont le poids est infรฉrieur ร la courbe du 10e percentile รฉtablie ร partir dโune sรฉrie de poids dans une population donnรฉe [29]. L’hypotrophie est plus frรฉquente chez les nouveaux nรฉs de mรจre diabรฉtique, surtout si la mรจre prรฉsente des anomalies vasculaires ou une nรฉphropathie [26]. La frรฉquence du RCIU varie selon les รฉtudes, peut รชtre de maniรจre inversement proportionnelle ร la qualitรฉ de lโรฉquilibre. Les facteurs de restriction ร la croissance sโopposent aux facteurs de la macrosomie. Manning donne dans les diabรจtes traitรฉs par lโinsuline, un taux de 2,3 % pour les retards compris entre le 10e et le 3e percentile, et de 1,9 % pour les retards infรฉrieurs au 3e percentile. Ces chiffres sont รฉtablis ร partir de lโobservation de prรจs de 6000 grossesses diabรฉtiques [14].
La prรฉรฉclampsie
ย ย ย Au cours du dernier trimestre se dรฉveloppe avec une assez grande frรฉquence un syndrome vasculo-rรฉnal hypertensif ร type de prรฉรฉclampsie. Ce syndrome semble avoir pour cause des lรฉsions du rรฉseau artรฉriel pelvien particuliรจrement dans certaines formes graves et invรฉtรฉrรฉes du diabรจte [29]. La prรฉรฉclampsie est dรฉfinie par lโassociation dโune hypertension artรฉrielle gravidique (pression artรฉrielle systolique supรฉrieure ou รฉgale ร 140 mmHg et diastolique supรฉrieure ร 90 mmHg) et dโune protรฉinurie supรฉrieure ou รฉgale ร 300 mg par 24 heures. Il sโagit dโune hypertension artรฉrielle survenant aprรจs 20 semaines dโamรฉnorrhรฉe (SA) et se normalisant dans les trois mois aprรจs lโaccouchement. Les ลdรจmes peuvent รชtre prรฉsents ou absents [44]. Le diabรจte de type 1 est plus souvent associรฉ ร la prรฉรฉclampsie et le diabรจte de type 2, ร lโhypertension artรฉrielle chronique [7]. La frรฉquence de la prรฉรฉclampsie est de 12 ร 20 %. Ce risque est dโautant plus รฉlevรฉ que le diabรจte est dรฉjร compliquรฉ comme en tรฉmoigne, par exemple, la prรฉsence avant la grossesse dโune microalbuminurie [18]. Une รฉtude nationale danoise [23] a trouvรฉ un taux de 40 % de prรฉรฉclampsie dans le groupe de femmes diabรฉtiques type 1 qui avaient une microalbuminurie contre un taux de 12 % des femmes diabรฉtiques type 1 avec une albuminurie normale.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
Chapitre 1 : Dรฉfinitions
Chapitre 2 : Physiopathologie de lโassociation diabรจte et grossesse
2.1 Modifications physiologiques chez la femme enceinte non diabรฉtique
2.2 Physiopathologie chez la femme enceinte diabรฉtique
Chapitre 3 : Influences rรฉciproques
3.1 Influences du diabรจte sur la grossesse
3.1.1 Au 1er trimestre
3.1.2 Au 2รจme trimestre
3.1.3 Au 3รจme trimestre
3.1.4 A lโaccouchement
3.1.5 Dans les suites de couches
3.2 Influences de la grossesse sur le diabรจte
3.2.1 Complications mรฉtaboliques
3.2.2 Complications micro-angiopathiques
3.2.3 Complications macro-angiopathiques
3.2.4 Mortalitรฉ maternelle
Chapitre 4 : Prise en charge de lโassociation diabรจte et grossesse
4.1 Facteurs pronostiques
4.2 Au cours de la phase prรฉconceptionnelle
4.3 Pendant la grossesse
4.3.1 Surveillance diabรฉtologique
4.3.2 Surveillance obstรฉtricale
4.4 Pendant lโaccouchement
4.5 Dans le post partum
4.5.1 Dans les suites des couches immรฉdiates
4.5.2 Prise en charge du nouveau-nรฉ
4.5.3 Consultation postnatale
DEUXIEME PARTIE : NOTRE TRAVAIL
Chapitre 1 : Mรฉthodologie
1.1 Cadre dโรฉtude
1.2 Objectifs
1.3 Type dโรฉtude
1.4 Saisie et analyse des donnรฉes
1.5 Contraintes et limites
Chapitre 2 : Rรฉsultats
2.1 Frรฉquence
2.2 Type de diabรจte
2.3 Caractรฉristiques sociodรฉmographiques
2.4 Prise en charge Obstรฉtricale
2.4.1 Pendant la grossesse
2.4.2 Pendant lโaccouchement
2.4.3 Pendant le post-partum
2.4.4 Pronostic maternel
2.5 Prise en charge du nouveau-nรฉ
Chapitre 3 : Discussions
3.1 Frรฉquence de lโaccouchement chez la femme diabรฉtique
3.2 Caractรฉristiques sociodรฉmographiques
3.3 Prise en charge obstรฉtricale
3.3.1 Pendant la grossesse
3.3.2 Pendant lโaccouchement
3.4 Pronostic
3.4.1 Pronostic maternel
3.4.2 Pronostic fลtal et nรฉonatal
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES
ANNEXES
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