L’avortement constitue un problème de santé publique, reste une des urgences obstétricales et semble être responsable de la majorité des causes de décès maternels. Selon l’OMS, toutes les huit minutes un décès est dû à l’avortement ou complications. En 2008, l’OMS a estimé le nombre mondial de grossesses à 210 millions par an, dont 36,5 à 40,5 % seront arrêtées à 20 semaines de grossesse (22 semaines d’aménorrhée), une définition d’avortement. Les avortements provoqués sont estimés à 44 millions, soit 21 % [1]. En Arménie, les motifs sont représentés par le désir de ne jamais avoir d’enfant, l’espacement des naissances, l’absence de planning familial et également des raisons socioéconomiques [2]. La tranche d’âge la plus touchée est de 20 à 24 ans au Québec et en France [1]. L’AMIU (Aspiration Manuelle Intra-Utérine) est un soin après avortement (SAA). Plusieurs pays l’utilisent dans l’évacuation utérine. Aux Etats Unis, il existe quatre grandes indications de l’AMIU [3] : traitement d’avortement précoce spontané ou provoqué, lors d’échec de procédure chimique, hématométrie post-abortum et après un arrêt de grossesse. L’AMIU comparée à la dilatation-curetage, est sûre, efficace, brève, avec délai d’attente bref, moins de frais d’hospitalisation, moins de douleur, moins de saignement, de transfusion, de perforation, sans besoin d’anesthésie générale. Elle permet une meilleure visualisation du tissu embryonnaire. L’utilisation de l’AMIU est de 70 à 90 % au Pakistan [4]. Les pays à faibles revenus sont les plus touchés par l’avortement provoqué, avec une prévalence de 29 pour mille contre 24 pour mille femmes de 15 à 44 ans, dans les pays développés. Les raisons sont le taux élevé de grossesse, le faible taux de couverture contraceptive, l’absence de planning familial, la grossesse non planifiée ou non désirée, les mauvaises informations sur la sexualité et la reproductivité, la religion, les conditions socio-économiques, ainsi que l’abandon d’un partenaire [5 6]. Dans la plupart de ces pays, l’avortement est illégal et pratiqué hors du système de santé par des personnes non qualifiées.
METHODES
Caractéristiques du cadre de l’étude
Cette étude a été menée au Centre Hospitalier Universitaire de Gynécologie Obstétrique Befelatanana (CHUGOB), un centre de référence de troisième niveau au centre ville d’Antananarivo. Il desserte toute la population de la province d’Antananarivo et même dans les autres provinces, en tant que centre de référence national. Il s’agit d’un bâtiment à quatre étages composé de services techniques faits de :
– service de la Gynécologie (40 lits)
– service des Grossesses à Risque (40 lits)
– service d’Obstétrique 2 et de Suites des Couches (32 lits)
– service d’Accouchement (12 lits)
– service d’Accueil-Triage-Urgence (9 lits+ 1 bloc opératoire)
– service de Réanimation et Soins Intensifs « A » (8 lits)
– service de Réanimation et Soins Intensifs «B » (14 lits)
– service de Néonatalogie 1
– service de Néonatalogie 2 et de Kangorou
– service d’Exploration Fonctionnelle et de Laboratoire
– service des Blocs Opératoires et de Stérilisation
– service des Consultations Externes.
Le CHUGOB fonctionne aussi avec des services administratifs et financiers. Le personnel du CHUGOB est constitué par des agents de santé dont professeurs agrégés, médecins spécialistes, médecins généralistes, majors de services, sages femmes, infirmiers anesthésistes, agents administratifs, agents d’appui et infirmiers massokinésithérapeutes ( 144 médecins, 95 paramédicaux, 31 agents administratifs, 30 agents d’appui, 3 assistants sociaux, 21 ECD et 10 ELD) qui pratiquent des soins curatifs, préventifs et promotionnels.
Soins après avortement
L’AMIU a été considéré comme soin après avortement très réputé dans le monde entier. L’AMIU est utilisable quel que soit l’âge de la grossesse alors qu’une étude a été faite en 2013 au Gabon par Mayi-Tsonga et Al, sur l’utilisation du misoprostol. Il y a été signalé que le misoprostol comporte un risque de rupture utérine, et est contre-indiqué à l’âge avancé de la grossesse. En effet, l’AMIU a réduit considérablement la durée de SAA au Gabon, de 23 heures à 1,2 heures [28]. L’OMS a considéré l’AMIU comme une bonne expectative au traitement chirurgical d’une fausse couche [29,30]. Cependant il a été constaté dans cette étude que 5,6 % seulement des patientes présentant un avortement incomplet ont bénéficié de l’AMIU dans le CHUGOB alors que 10 % des patientes auraient pu bénéficier d’une AMIU selon les indications des médecins. Raherimandimby MA en 2005 au CHUGOB, a enregistré 59,88% de cas d’AMIU [31]. Selon l’étude de Rakotomanana FHE, durant l’année 2007, 612 ont subi l’AMIU [10]. En 2013, au Cameroun [8], il y a eu 99,5% d’AMIU et au Bangladesh 85,3% [32], après une intervention de la FIGO. Grâce à cette intervention en 2010 au Pakistan, ce chiffre est passé de 9,8% à 70% [4]. En 2013 au Honduras, l’intervention de la FIGO a échoué et le chiffre moyen est passé de 71% à 68% [33]. Non seulement la proportion de base d’AMIU est faible à Madagascar, mais elle diminue également avec le temps. Ce constat ressemble à celui de l’Honduras car de 2011 à 2012, il est passé de 77% à 71%.
Une intervention à l’échelle mondiale de la FIGO accroît la prévalence de l’AMIU comme soin après avortement à Antananarivo puis aux provinces. Elle consiste à fournir des kits d’AMIU aux formations sanitaires.
Profil sociodémographique des patientes
❖ Age
Dans cette étude, chez les patientes soignées par AMIU, la tranche d’âge de 35 à 39 ans a été la plus effective . L’âge moyen étant de 29,3±6,2. Ce constat est superposable aux résultats de Cisse CT à Dakar en 2007, parmi lesquels il a été mentionné que l’âge moyen était de29 ans avec des extrêmes de 14 et 55ans [22]. Ce constat ne correspond pas à l’étude de Rakotoarimanana FHE en 2009 au sein de la même maternité de Belelatanaana, où la tranche d’âge de 25 à 29 ans a prédominé, suivie de la tranche d’âge de 20 à 24 ans et ensuite de 30 à 34 ans [10]. En outre, Milingos DS et al ont trouvé en 2009 au Royaume uni que l’âge moyen des patientes traitées par AMIU a été de 32,98±6,13 [34]. En effet les médecins doivent savoir que l’AMIU est utilisable quel que soit l’âge de la patiente et devrait trouver place dans diverses formations sanitaires.
❖ Situation matrimoniale
Cette étude a mis en évidence que les patientes célibataires ont prédominé parmi les patientes traitées par l’AMIU comme parmi toutes les patientes ayant subi un avortement. En effet la distribution de l’AMIU a été proportionnelle à celle des patientes présentant un avortement. Par contre Rakotoarimanana FHE a trouvé 56,66% de femmes mariées traitées par l’AMIU dans leur étude [10], ainsi que Coulibaly MN qui en a trouvé 92,8 % [5], montrant de ce fait la dominance des femmes mariées.
Somme toute, l’ensemble des patientes soignées par AMIU a été tiré de l’ensemble de toute patiente grâce aux indications thérapeutiques, qui sont applicables aux célibataires ainsi qu’aux mariées.
❖ Profession
La présente étude a apporté que les autres patientes ont significativement précédé les étudiantes et les salariées parmi les patientes soignées par l’AMIU. Certes, les autres patientes regroupent plusieurs catégories de femmes dont les femmes au foyer, les femmes au chômage et les femmes exerçant une profession libérale .
Néanmoins, l’étude de Natalia A et al en 2015 au Nigéria a trouvé un résultat semblable, puisqu’il y a été mentionné que les femmes au foyer ont prédominé (74%), chez les patientes indiquées et traités par AMIU qui ont accepté de participer à l’étude [35]. Puisque des catégories de femmes, ainsi que tant de femmes au foyer se sont offertes l’AMIU en Afrique, il est envisageable en politique nationale de santé de doter les ressources d’AMIU au plateau technique.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I. Soin après avortement ou SAA
II. Evacuation utérine
III. Aspiration intra-utérine
IV. AMIU
IV.1. Définition
IV.2. Historique de l’AMIU
IV.3. Indications
IV.4. Contre-indications
IV.5. Matériels
IV.6. Technique
IV.7. Avantages de l’AMIU
IV.8. Inconvénients
IV.9. Autres complications
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
I. METHODES
I.1 Les caractéristiques du cadre de l’étude
I.2. Types d’étude
I.3. Durée d’étude
I.4. Période d’étude
I.5. Population d’étude
I.6. Mode d’échantillonnage
I.7. Taille de l’échantillon
I.8. Les variables étudiées
I.9. Collecte des données
I.10.Saisie et traitement des données
I.11. Limites de l’étude
I.12. Considération éthique
II. RESULTATS
II.1 Répartition des soins après avortement
II.2. Répartition des patientes selon le profil sociodémographique
II.3.Répartition des patientes selon les antécédents gynécologiques
II.4. Répartition des patientes selon l’âge gestationnel
II.5. Saignement post-thérapeutique
II.6. Douleur post-thérapeutique
II.7. Syndrome infectieux post-thérapeutique
II.8.Les déterminants de la non-utilisation de L’AMIU
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
I. Soins après avortement
II. Profil sociodémographique des patientes
III. Antécédents gynécologiques des patientes
IV. Paramètres cliniques des patientes après soin
V. Déterminants de non-utilisation de l’AMIU
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES