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Biogenèse des polyphénols
Les polyphénols sont synthétisés par de deux voies biosynthétiques :
➢ Celle de l’acide shikimique, qui conduit après transamination et désamination, aux acides cinnamiques et à leurs nombreux dérivés tels que les acides benzoiques ou les phénols simples [15].
➢ Celle issue de l’acétate, qui conduit à des poly ß-coesters (polyacétates) de longueur variable menant par cyclisation à des composés polycycliques tels que les dihydroxy-1,8 anthraquinones ou les naphtoquinones [16].
La diversité structurale des composés polyphénoliques due à cette double origine biosynthétique, est encore élargie par la possibilité d’une participation simultanée des deux voies dans l’élaboration de composés d’origine mixte, les flavonoïdes [8]. Les flavonoïdes possèdent tous le même élément structural de base, car ils dérivent d’une origine biosynthétique commune. Le cycle A est formé à partir de trois molécules de malonyl-coenzyme A (malonyl-CoA), issues du métabolisme du glucose. Les cycles B et C proviennent eux aussi du métabolisme du glucose, mais par la voie du shikimate [12].
Plantes sources de polyphénols
Les cellules produisent de l’énergie (pour le fonctionnement de nos muscles, de nos organes, de nos fonctions immunitaires) en brûlant du sucre, des graisses ou encore des protéines. Ces réactions chimiques se déroulent en présence d’oxygène et génèrent une forme de déchet, appelés
« radicaux libres » (ou stress oxydatif). À la longue, ces radicaux libres endommagent les cellules y compris au niveau de l’ADN. Ce sont les antioxydants qui permettent de lutter contre ces attaques. Certains comme la vitamine C les éradiquent directement, d’autres, comme les polyphénols, luttent contre leur formation [17]. Parmi les plantes les plus riche en polyphénols on peut citer :
• Le clou de girofle, il est très riche en flavonoïdes
• Le cacao riche en polyphénols. Les teneurs s’élèvent de 500 à 840 mg/100 g [18].
• Le gingembre
• La fraise comme les autres petits fruits très colorés (raisin, datte, pomme, mangue…), la fraise renferme une quantité importante de flavonoïdes.
• Le thé vert et le café, ils contiennent des acides phénoliques (acides caféiques pour le café et acides oxaliques pour le thé) ainsi que des flavonoïdes.
Certains légumes aussi comme le persil, l’oignon, le navet, la salade le poireau, la tomate la pomme de terre sont riches en polyphénols [19]
Rôles des polyphénols dans les plantes
Les plantes se protègent contre les microorganismes pathogènes par une grande variété de mécanismes de défense impliquant notamment des composés phénoliques. Les polyphénols sont des métabolites secondaires que les plantes produisent pour se protéger contre d’autres organismes [20]. Ces composés peuvent s’accumuler et participer activement à Ia défense des plantes. Leur mode d’action est lie à leur pouvoir antimicrobien, à leur participation au renforcement des parois des cellules végétales et à leur capacite de modulation et d’induction des réactions de défense. Le clonage des gènes codés pour les enzymes du métabolisme phénolique ouvre de multiples possibilités de manipulation en vue d’améliorer l’efficacité des réactions de défense. Cependant, les résultats actuellement obtenus ne permettent pas encore de définir quel est le niveau réel d’implication des composés phénoliques dans Ia résistance des plantes aux agents pathogènes [21].
En dehors des activités de défenses, ces corps jouent un rôle fondamental car sont des éléments importants de qualités sensorielles (couleur et caractères organoleptiques) et nutritionnelles des végétaux.
Isolement de polyphénols à visés insecticides à partir de plantes
L’homologation des produits à base de neem, aux Etats Unis et dans d’autres pays industrialisés pour la lutte contre les insectes, a soulevé beaucoup d’intérêt pour la découverte et le développement des produits naturels d’origine végétale. D’autre part, l’intérêt des consommateurs pour les produits issus de l’agriculture et l’interdiction des pesticides de synthèse par certaines administrations municipales ont ouvert de nouvelles perspectives pour les produits naturels.
Un examen systématique des découvertes phytochimiques répertoriées en utilisant la base de données NAPRALERT (Natural Prodact Alert database), révèle que seulement 2 à 5% des espèces végétales ont été examinées en détail [22]. Sachant que 65% de la biodiversité végétale est tropicale [23], il est évident qu’un grand nombre de molécules d’origine végétale reste à découvrir. Par ailleurs, les espèces végétales des régions tempérées n’ont pas été complètement étudiées [23]. Elles présentent donc également un certain intérêt. Dans ce chapitre, nous examinons le processus utilisé pour isoler un produit naturel insecticide à partir des polyphenols
Récolte, séchage et pulvérisation
La récolte des plantes est une étape très importante. Elle doit être effectuée au moment le plus favorable afin de conserver l’efficacité des principes actifs.
Certaines plantes peuvent être cueillies toute l’année, mais la plupart doivent être récoltées à un moment précis de leur croissance pour être utilisées immédiatement ou conservées [24].
Le séchage des plantes est, normalement, effectué juste après la récolte, il permet de réduire la teneur en eau afin de limiter les dégâts dus aux enzymes et autres agents biologiques tels que les moisissures et les microbes. Le séchage doit être rapide et dans un endroit bien aéré et à l’abri de la lumière. Une pulvérisation fine permettra de faciliter l’extraction de la matière active
Extraction et évaporation
Techniques d’extraction
Il existe plusieurs techniques d’extraction utilisées de manière conventionnelle depuis de nombreuses années dans l’industrie chimique, pharmaceutique ou même agroalimentaire.
Ces techniques d’extraction se résument en extraction au soxhlet, la macération et l’hydrodistillation [25].
• L’extraction au soxhlet a été développée en 1879 par le chimiste allemand Franz Ritter Von Soxhlet. Il a été utilisé principalement pour l’extraction des lipides mais au cours des années il a été utilisé pour extraire des composés bioactifs précieux de diverses sources naturelles. Le principe de l’extraction au Soxhlet (SOE) nécessite que l’échantillon soit placé dans un porte-cartouche qui est progressivement rempli de solvant. Lorsque le liquide atteint le niveau de débordement, un siphon aspire le soluté du porte-cartouche et le décharge dans le ballon de distillation. Cette opération est répétée jusqu’à ce que l’extraction soit terminée [26]. Les avantages de l’extraction au soxhlet peuvent être arrangés comme suit : contact rapide entre le solvant et l’échantillon, meilleur transfert de matières et pas d’étape de filtration après l’extraction. Cette technique présente plusieurs inconvénients tels que : temps d’extraction important, consommation importante de solvants, consommation d’énergie importante, utilisation de hautes températures pendant de longues périodes et dégradation des composés thermolabiles [27].
• La macération est une méthode d’extraction populaire et peu coûteuse. La macération consiste à laisser un matériel végétal dans un solvant, dans le but d’extraire les molécules solubles. Cette méthode a plusieurs avantages : utilisation de mélange de solvants, contrôle de la température d’extraction et maintien des molécules thermosensibles. La macération nécessite des étapes de filtration et d’évaporation qui sont plus ou moins longues [28] (Azmir et al., 2013).
• L’hydrodistillation est une méthode d’extraction de molécules bioactifs et d’huiles essentielles. Il existe trois types d’hydrodistillation : la distillation à l’eau, la distillation à l’eau et à la vapeur et la distillation di à la vapeur. L’eau chaude et la vapeur sont les principaux facteurs influençant l’extraction des composés bioactifs du tissu végétal. Au cours de l’hydrodistillation trois processus physico-chimiques principaux s’interviennent : hydrodiffusion, hydrolyse et décomposition par la chaleur. L’inconvénient principal l’hydrodistillation qu’à une température d’extraction élevée, certains composants volatils peuvent être perdus, ce que rendre son utilisation limitée pour l’extraction de composés thermosensibles [28].
Dans le but d’améliorer l’efficacité de l’extraction de molécules bioactives, de nouvelles méthodes d’extractions ont été inventées [29]: L’extraction assistée par micro-ondes, L’extraction assistée par liquide pressurisé et L’extraction par de l’eau subcritique. L’évaporation est le procédé utilisé pour séparer la matière bioactive et le solvant d’extraction.
Extraction des polyphenols
L’extraction est basée sur la solubilité dans l’eau à chaud ou dans l’alcool. L’extraction alcoolique est plus pratiquée. L’extrait alcoolique est alors évaporé à sec, le résidu repris par l’eau chaude. Ceci permet de précipiter les composés tels que les chlorophylles, les composés lipophiles ou résineux. Apres filtration, on peut procéder à l’extraction du filtrat aqueux par l’acétate d’éthyle ou par le butanol [30].
Séparation, purification et analyse (par méthodes chromatographiques)
L’analyse des pesticides dans les extraits des polyphénols est de préférence faite par GC-MS (Chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse), qui permet la séparation, l’identification et la quantification des molécules. Cette technique couple les performances de la chromatographie en phase gazeuse avec celles de la spectrométrie de masse , dans le but de la séparation des composés d’un échantillon et la détection et l’identification des composés en fonction de leur rapport masse sur charge. Elle permet d’identifier et/ou de quantifier précisément de nombreuses substances présentes en très petites quantités et même sous forme de traces [31].
Au sortir de la colonne, les molécules entrent en collision avec un flux d’électrons. Ces électrons leur arrachent un autre électron, générant ainsi les ions moléculaires M+ correspondant aux molécules. Ces ions moléculaires peuvent évoluer pour donner des ions fils. Ces cations sont focalisés et accélérés grâce aux plaques de focalisation, ils entrent dans le quadripôle avec la même vitesse. Là, ils sont séparés en fonction de leur rapport charge/masse (q/m).
Caractérisation
Spectroscopie de masse
La spectrométrie de masse est une technique d’analyse qui permet la détermination des masses moléculaires des composés analysés ainsi que leur identification et leur quantification. Elle est fondée sur la séparation et la détection d’ions formés dans une source d’ionisation ou dans une chambre de collision. Ces ions proviennent de la molécule à analyser. Dans le cas de méthodes d’ionisation dites « douces », l’ion moléculaire ou pseudomoléculaire formé peut être consécutif à l’addition d’un ion (H+ par exemple) ou à la soustraction d’un électron à la molécule.
Spectroscopie par IR
La spectroscopie d’infra-rouge permet de déterminer la présence de groupements fonctionnels dans les molécules organiques, et les structures dans certaines molécules simples. Un spectre IR est représenté sur un graphe qui reporte la transmission (T, l’inverse de l’absorption : T = -ln1/A) en fonction du nombre d’onde, l’inverse de la longueur d’onde.
Spectroscopie par UV visible
La spectroscopie UV-Visible permet d’accéder qualitativement à des renseignements quant à la nature des liaisons présentes au sein de l’échantillon mais également de déterminer quantitativement la concentration d’espèces absorbant dans ce domaine spectral.
Non destructive et rapide, cette spectroscopie est largement répandue en travaux pratiques de chimie ainsi qu’en analyse chimique ou biochimique.
Spectroscopie par RMN
La résonance magnétique nucléaire à haute résolution est une méthode physique essentielle pour l’analyse des structures et des conformations moléculaires. Grâce aux progrès considérables accomplis dans la méthodologie de cette technique durant les 20 dernières années (développement de spectromètres à haut champ, augmentation de la puissance des ordinateurs, découverte de la RMN multidimensionnelle), la RMN est devenue un outil indispensable pour l’analyse des produits naturels complexes. L’étude structurale d’un produit naturel nécessite dans un premier temps l’enregistrement des spectres 1D (RMN, 1H, 13C) dans les meilleures conditions possibles. Ce qui permet d’obtenir des informations importantes sur le déplacement chimique, et les constantes de couplage. Par ailleurs, des expériences d’irradiation sélective et de découplage peuvent être effectuées pour identifier les signaux complexes d’un système de spin. Malheureusement, dans les molécules complexes comme c’est souvent le cas pour les produits naturels, l’information sur les déplacements chimiques et les constantes de couplage sont parfois inaccessibles dans les spectres de RMN à une dimension à cause des recouvrements de signaux [31].
Test biologique
Après extraction des principes actifs, diverses doses d’ordre de 0,636 g/ml ; 0,0636 g/ml et 0,00636 g/ml seront préparées. 1ml de chaque solution à dose donnée sera déposé sur un quart de papier filtre à l’aide d’une micropipette [32]. Après évaporation du solvant à l’air libre, le papier filtre sera ensuite introduit dans un tube d’expérimentation. Ainsi, on place respectivement quelques individus d’insectes (6 à 7) dans chaque tube contenant les principes actifs. Afin d’éviter la fuite des dits insectes, les tubes seront fermés par un plastique troué pour éviter la mort des insectes par asphyxie. Les tubes ont été gardés dans un endroit bien aéré. Le temps d’exposition a été fixé à 24 heures. Afin de fiabiliser les résultats, des tubes témoins seront préparés.
Lors du dépouillement, les insectes ont été considérés morts si après la durée du test (24 heures), ils deviennent incapables de bouger. Le taux de mortalité corrigée sera calculé par la formule d’Abott ci-après = − − ×100
Avec Mc = taux de mortalité corrigée ;
Mo = taux de mortalité observée chez les insectes traités ; Mt = taux de mortalité naturelle observée chez les témoins
Après dépouillement, les données ainsi obtenues ont été soumises à l’analyse pour déterminer les doses létales DL50 et DL90 c’est-à-dire les doses nécessaires qui tuent respectivement 50% et 90 % des insectes à une durée donnée. Elles seront calculées pour chaque pesticide d’origine végétale après la durée du test d’activité insecticide [33].
Insectes rageurs du mil
Exemples de quelques insectes
Le mil constitue de loin la culture et l’aliment de base le plus important pour la population rurale en Afrique sub-saharienne. Malgré son importance, les rendements restent toujours faibles : 0,5
à 0,6 tonne par hectare [34]. Cette insuffisance de production est d’une part du a des insectes ravageurs qui envahissent la céréale.
Le mil est victime d’insectes prédateurs comme les chenilles mineuses de la chandelle, les foreurs de tiges, les diptères ravageurs, les coléoptères, les iules…[35].
▪ Les chenilles des chandelles, inconnues jusqu’à 1973 comme ravageurs du mil, sont des espèces endémiques a la zone sahélienne [35] . En effet, l’espèce R.albipunctella avait été décrite dans la région des 1925 et Risbec 1938 en recolta des exemplaires conserves a l’IFAN, sous le nom deTimora sp.
L’explosion des chenilles ces dernières années serait due à l’évolution de l’environnement qui a favorisé la coïncidence entre le stade phénologique vulnérable de la plante et le stade nuisible de l’insecte [35]. Le complexe des chenilles mineuses des chandelles renferme une dizaine d’espèces des genres Raghuva, Masalia et Asidura [36]. Parmi ces espèces, celle dominante et la plus nuisible au Sénégal est Raghuva albipunctel/a syn. Heliocheilus albipunctella De Joannis.
▪ Groupe des foreurs de tige : une dizaine d’espèces de foreurs endommagent le mil, à partir d’un mois et demi jusqu’à la récolte [37]. Parmi ces espèces deux se sont avérées les plus dangereuses : Acigona ignefusalis et Sesamia calamisfis.
Le premier est plus important sur les variétés précoces et le deuxième sur les variétés tardives [38] En général les foreurs sont actifs en août et septembre, mais les larves de Sésamia sont souvent observées même en novembre [39], car celles-ci n’entrent pas en diapause et se multiplient sur les plantes-hôtes pendant toute l’année. Les larves d’Acigona détruisent les feuilles des cornets et pénètrent dans les nervures principales ; elles creusent ensuite la tige au-dessus d’un nœud et se nourrissent de la moelle des tiges.
Les larves de Sésamia quant à elles, pénètrent directement dans la tige. L’Acigona peut développer 2 à 3 générations durant la saison de culture et, la larve passe la saison sèche dans la tige en diapause [40].
▪ Groupe des diptères ravageurs du mil : ce groupe comprend des espèces appartenant à des familles très diverses et se partagent en deux sous-groupes en fonction de la partie attaquée: les diptères foreurs des tiges, elles attaquent les jeunes plantes et provoquent les «cœurs morts». Les plus dommageables au mil sont Atherigona quadripuctata Mossi et Atherigona approxima Malloch [40]. Encore appelées mouches des pousses, elles s’attaquent sévèrement au mil dans les 15 jours qui suivent le semis, généralement avant le démariage [41].
Les diptères qui détruisent les graines provoquant l’avortement des épis : la cécidomyie du mil, Geromyia penniseti Felt. (Cecidomyiidae), un ennemi redoutable susceptible d’infliger des dégâts sérieux aux cultures.
Au Sénégal, la mineuse de l’épi, Heliocheilus albipunctella de Joannis, représente une contrainte majeure à l’intensification de la production de mil [42], et donc une menace pour la sécurité alimentaire. L’insecte a commencé à causer des dégâts dans les cultures de mil (jusqu’à 85 % de perte de rendement en grains) suite à une longue période de sécheresse au début des années 70 [43].
En dehors des attaques faites aux champs, les stocks ne sont pas épargnés. Divers insectes ont été identifiés sur le mil stocké particulièrement sous forme d’épis entiers. Les plus fréquemment rencontrés sont : Corcyra cephalonica Stainton; Sitotroga cereallela (Walker); Tribolium castaneum (Hbst); T confusum Duv; Ephestia cautella (Walker); Rhizoperta dominica (F); Crytolestes sp. [35]. Mais S. cereallela est de loin le ravageur le plus important. Ces insectes sont en général polyphages et détruisent 20 à 40% des céréales après six mois de stocka et 80 à 100% après un an [35].
Effets des insectes dans les cultures
D’après l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondial (PAM) (2013), 842 millions de personnes soit 12% de la population mondiale n’étaient pas en mesure de satisfaire leurs besoins énergétiques alimentaires entre 2011 et 2013. La grande majorité des personnes souffrant de la faim, soit 827 millions d’individus, vivent dans des pays en développement, où la prévalence de la sous-alimentation est aujourd’hui estimée à 14,3% de la population. L’Afrique subsaharienne n’a fait que de modestes progrès au cours de ces dernières années et reste la région à plus forte prévalence de sous-alimentation. Pourtant, le Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale (CTA) (2012) estime que le tiers des aliments produits dans les pays industrialisés est jeté ou gaspillé et que par ailleurs, la quantité de nourriture perdue, de 1,3 milliards de tonnes correspond à la production totale de l’Afrique subsaharienne. Le déficit en céréales et légumineuses de la plupart des pays sahéliens est resté chronique ces dernières années. En 2012, les baisses de production céréalière les plus importantes ont été enregistrées en Gambie (56%), au Tchad (49%), au Sénégal (36%) [44] . Entre une récolte sur un temps court et une consommation annuelle, une partie non négligeable des grains et graines est perdue à la suite de diverses déprédations dont les pertes les plus importantes sont infligées par des insectes. Les estimations fournies par la FAO (2012) à une échelle plus large, indiquent qu’en Afrique subsaharienne notamment, les pertes alimentaires par habitant sont de 120-170 kg/an et plus de 40% des pertes alimentaires sont constatées pendant la phase d’après récolte.
En effet, les pertes post-récoltes de céréales, avant transformation causée par les insectes, sont estimées à 10-20%, soit environ 4 milliards de dollars et représentent 13,5% de la valeur totale de la production céréalière de ces pays [44].
Méthodes conventionnelles de lutte contre les insectes ravageurs du mil
En Afrique subsaharienne, l’action des insectes déprédateurs de céréales peut anéantir complètement, en quelques mois seulement, des stocks destinés aux vivres et aux semences si aucune protection n’est appliquée. En matière de protection des végétaux en agriculture, on peut utiliser cinq types d’approches soient la lutte chimique, la lutte biologique, la lutte physique, les biopesticides et les facteurs humains. Théoriquement, la lutte intégrée s’ouvre à toute technique de protection des plantes en fonction de ses mérites dans une situation donnée. En pratique, la lutte chimique constitue, et de loin, le type de méthode le plus utilisé en agriculture commerciale. Ceci est dû à des raisons essentiellement économiques et techniques [45].
Lutte chimique
La lutte chimique est la lutte basée sur l’utilisation des insecticides de synthèse. Les insecticides organiques de synthèse se divisent en trois grandes familles qui sont :
• Les organochlorés : insecticides de synthèse dont les molécules contiennent du carbone, de l’hydrogène et au moins un atome de chlore. Ces insecticides sont les plus anciens. Parmi ces insecticides, on peut citer : DDT, le DDD, le dicofol et le méthoxychlore (Comité sécurité Alimentaire d’Aprifel, 2004).
• Les carbamates : insecticides dérivés de l’acide carbamique. Les carbamates le plus utilisé sont : le carbaryl, le carbofuran et l’aldicarbe. Ils attaquent le système nerveux central des insectes en provoquant une excitation nerveuse répétée au niveau des pompes à sodium (Comité sécurité Alimentaire d’Aprifel, 2004).
• Les organophosphorés : insecticides contenant au moins un atome de phosphore.
Ces phytosanitaires appartiennent à la famille chimique des anticholinestérasiques. Ils sont utilisés fréquemment en milieu agricole. Les organophosphorés ont une action de surface sur la plante et ne pénètrent pas dans la plante. Pour les insectes nuisibles, la pénétration des organophosphorés se fait généralement par contact, digestion ou inhalation (Comité sécurité Alimentaire d’Aprifel, 2004). L’utilisation des insecticides de synthèse même à très faibles doses est souvent associée à des problèmes de santé et d’environnement. Les pesticides sont, de par leur nature, des produits dangereux et toxiques même à très faibles doses [46]. En plus Selon [47] les insecticides chimiques ont une durée de vie active commerciale très éphémère, soit seulement en moyenne 3,5 années. Par conséquent, la lutte biologique gagne de plus en plus du terrain.
Lutte biologique
[48] Clausen, (1972), cite Smith (1919) comme précurseur du terme « lutte biologique » pour expliquer l’utilisation d’ennemis naturels des insectes nuisibles pour leur contrôle. Cette définition offre deux options selon la nature de l’agent biocide répresseur utilisé : l’exploitation de biocides inertes (toxines dérivées de micro-organismes) et l’exploitation de biocides autonomes entomophages microbiens (champignons, virus, bactéries, protozoaires) ou animaux comme les prédateurs et les parasitoïdes. Ces biocides peuvent être utilisés selon deux stratégies; l’une curative, par la répression immédiate ou l’autre, préventive lorsque l’intervention n’est pas imminente. Les méthodes biologiques offrent des solutions viables à cause de l’automatisme des micro-organismes entomopathogènes ou phytopathogènes, de leur variété, de leur spécificité, de leur compatibilité intrinsèque avec la nature et de leur capacité d’évoluer avec et sans intervention humaine [49]. Le concept de lutte biologique a subi une évolution au cours du temps et intègre dans sa définition actuelle toutes les formes non chimiques de contrôle des ravageurs des récoltes mais aussi des mauvaises herbes. Cette définition extensible permet d’intégrer à l’utilisation des biocides autonomes ou inertes, les méthodes culturales, la résistance variétale, les phéromones et juvénoides, les méthodes physiques de lutte, les insecticides botaniques. Il faut cependant mentionner que la définition large de la lutte biologique ne fait pas l’unanimité chez les spécialistes
Lutte physique
En protection des cultures, la lutte physique contre les bioagresseurs (agents pathogènes, ravageurs, mauvaises herbes) comprend l’ensemble des méthodes faisant appel à des moyens physiques et mécaniques, qui peuvent être employés tant en phase de culture (période de végétation) qu’après la récolte pour protéger les denrées stockées. Les méthodes de lutte physique sont pour certaines aussi anciennes que l’agriculture (piégeage, échenillage et hannetonnage contre les ravageurs animaux, sarclage et paillis contre les adventices), tandis que d’autres font appel à des techniques plus récentes, telles les radiations électromagnétiques ou les méthodes pneumatiques (aspiration ou soufflage) [50]
Le développement très important de la lutte chimique après la Seconde Guerre mondiale a conduit à délaisser les méthodes physiques, par ailleurs souvent coûteuses en main d’œuvre [50].
Les biopesticides
Plus de 59 familles et 188 genres de plantes sont utilisées pour la répression des insectes ravageurs[51]. Ces plantes contiennent des substances qui ont des propriétés anti-appétantes, répulsives ou même insecticides. Généralement, à part quelques propriétés intéressantes comme la répulsion ou la dissuasion de prise alimentaire, cette méthode est similaire à la lutte classique par utilisation de substances chimiques[52].
Plantes insecticides utilisées pour protéger les cultures de mil
L’usage des plantes indigènes dans la conservation des récoltes a été pratiqué avant même l’apparition des insecticides de synthèse. Les plantes sont utilisées contre les ravageurs pour leurs effets répulsifs, de contact ou fumigeant. Les molécules actives peuvent varier d’une famille à une autre et à l’intérieur d’une même famille et la sensibilité peut différer pour un insecte donné d’un stade à un autre. Plusieurs plantes testées sur les Coléoptères ont prouvé leur potentiel insecticide [53]. Les Méliaceaes sont parmi les plantes les plus expérimentées pour leur effet de contact et le neem en est sans doute l’espèce la plus étudiée dans ce cadre [54]. D’autres plantes d’autres genres ont aussi été appliquées avec succès contre les ravageurs des denrées stocké, comme la cendre de feuilles de Eucalyptus grandisde la famille des Eucalypteae.
Polyphénols isolés de plantes a visé insecticides
Les insecticides sont des substances actives ou des préparations phytosanitaires ayant la propriété de tuer les insectes, leurs larves et/ou leurs œufs. Ils font partie de la famille des pesticides, eux-mêmes inclus dans la famille des biocides.
Il existe de nos jours plusieurs molécules extraites de plantes appartenant à des familles différentes et qui ont une activité insecticide.
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Table des matières
ATABLE DES ILLUSTRATIONS
RESUME
INRODUCTION GENERALE
I. Généralité sur les polyphénols
I-1. Définition
I-2. Structures chimiques et classification des polyphénols
I-2-1. Les flavonoïdes
I-2-2. Les non flavonoïdes
I-3. Biogenèse des polyphénols
I-4. Plantes sources de polyphénols
I-5. Rôles des polyphénols sur les plantes
II. Isolement de polyphénols à visé insecticide à partir de plantes
II-1. Récolte, séchage et pulvérisation
II-2. Extraction et évaporation
II-2-1. Techniques d’extraction
II-2-2. Extraction des polyphenols
II-3. Séparation, purification et analyse (par méthodes chromatographiques)
II-4. Caractérisation
II-4-1. Spectroscopie de masse
II-4-2. Spectroscopie par IR
II-4-3. Spectroscopie par UV visible
II-4-4. Spectroscopie par RMN
II-5. Test biologique
III. Insectes rageurs du mil
III-1. Exemples de quelques insectes
III-2. Effets des insectes dans les cultures
IV. Méthodes conventionnelles de lutte contre les insectes ravageurs du mil
IV-1. Lutte chimique
IV-2. Lutte biologique
IV-3. Lutte physique
IV-4. Les biopesticides
V. Plantes insecticides utilisées pour protéger les cultures de mil
VI. Polyphénols isolés de plantes a visé insecticides
Conclusion et perspective
Bibliographie
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