Invitation progressive à la découverte de l’univers brut

L’Art Brut et le Plan d’Etudes Romand

Le Plan d’études romand (PER) s’inscrit dans le contexte de la Constitution fédérale (art.62, alinéa 4). De manière générale, il sert à l’harmonisation de l’instruction publique en Suisse. Il contient des objectifs pour chaque discipline adaptés à l’âge et au niveau des élèves. Il couvre l’ensemble de la scolarité obligatoire et répond à une volonté d’harmonisation de l’école publique en précisant à la fois les objectifs et les attentes de celle-ci.
Le PER s’inscrit aussi dans l’Accord intercantonal sur l’harmonisation de la scolarité obligatoire, dit Hamos qui s’intéresse au développement personnel des élèves et aux compétences sociales également. Il reprend et concrétise des points établis par la CIIP, figurant dans la Déclaration du 30 janvier 2003 toujours dans cette volonté de coordonner les formations entre les cantons romands. Nous prendrons appui sur cette déclaration dans la partie suivante puisqu’elle mentionne des directives reprises par le Plan d’études romand en 2006. Voilà un vaste programme; il s’agit dans premier temps de constater si « la visite en milieu culturel » s’inscrit dans les visées prioritaires de ce PER et ensuite de quelle manière et dans quelle perspective.

Les propositions de la Collection de l’Art Brut

L’entretien avec la médiatrice culturelle

L’entretien avec Mme Zanzi, curatrice et rédactrice du dossier pédagogique sur l’exposition Robillard, va non seulement me permettre d’avoir une vision un peu plus large de l’œuvre d’André Robillard mais aussi ouvrir le champ des possibles pour le futur projet avec la classe.
En effet, la Collection de l’Art Brut ne présente qu’une partie de l’œuvre de chacun des auteurs. J’avais uniquement en tête les fameux fusils de Robillard, ces assemblages d’objets divers qui furent repérés par le Docteur Renard. Cependant, l’œuvre de Robillard ne s’arrête pas là et se divise même en différents univers tels que la forêt, le cosmos ou la photographie. Je découvre alors que cette exposition regroupera un riche panel d’objets assemblés, de tableaux, de photographies et même des correspondances.
Lors de cet entretien, nous avons également discuté d’un spectacle exclusif et absolument inédit : André Robillard se retrouvera sur les planches du théâtre de Vidy pour une pièce appelée « Changer la vie ». Il sera accompagné d’Alexis Forestier qui n’est autre que le metteur en scène de la pièce. André Robillard est non seulement l’un des derniers artistes de l’Art Brut vivant mais en plus il se retrouve dans des événements (vernissage, spectacle, concert) ce qui, de prime abord, perturbe notre perception de ces auteurs bruts le plus souvent discrets et silencieux. Cet événement nous paraît comme une évidence, une manière de rencontrer l’artiste avant l’œuvre. J’ai donc noté les dates et inscrit mes élèves à ce spectacle. Je reviendrai dans la suite de mon travail sur le bien-fondé de cette démarche.

Le dossier pédagogique : un outil pour l’enseignant ?

Dans cette partie, je vais interroger le rôle du « dossier pédagogique » comme outil à disposition de l’enseignant. Il s’agira d’adopter une posture critique et de notifier les éléments qui, à mon sens, servent les enseignants tout en pointant les lacunes potentielles. Je me permets d’employer la personne englobante du « nous », en considérant le point de vue des enseignants en général et de suivre le parcours du dossier page par page.
Les deux premières pages de ce dossier donnent une série d’informations d’ordre pratiques très utiles telles que l’accès, les heures d’ouverture, les possibilités de visites guidées pour les enseignants et pour les classes, les animations culturelles mais aussi les ressources documentaires et médiatiques. En effet, l’essentiel des premières étapes d’une visite au musée relève le plus souvent du registre organisationnel. Il s’agit notamment de préparer une demande de sortie au directeur (2 semaines à l’avance) et d’avertir les parents en mentionnant bien le lieu et surtout les heures de sortie. La mention « accès » fournit par exemple des informations précises sur le temps de trajet en bus ou à pied depuis la gare ou la place de la Riponne. Dans la section consacrée aux heures d’ouverture, on apprend encore que le musée ouvre exceptionnellement ses portes plus tôt le jeudi matin pour des classes.
La rubrique objectif affirme bien que ce dossier est conçu à destination d’un double public, à savoir « les enseignant-e-s et les élèves de la scolarité obligatoire du degré primaire (Cycle 1 et 2) comme du degré secondaire (12-15 ans). » D’autre part, son objectif est « de proposer des pistes de réflexion » sur la collection de l’Art Brut en général comme sur un auteur en particulier. Il est également mentionné que ces expositions ouvrent le champ des possibles au niveau disciplinaire (art, histoire, géographie, etc…). Sur la base de ces objectifs, nous comprenons qu’utilisé en tant que tel, ce document, dans sa forme ouverte, offre un horizon d’activités variées possibles pour les disciplines mentionnées.

La notion d’Art Brut avec quelques mots-clés

Pour parler de « l’Art Brut » aux élèves, je choisis de reprendre l’idée de Mme Genest, médiatrice culturelle à la Collection de l’Art Brut, qui proposait de partir de quelques mots-clés pour montrer la particularité de cet art. J’écris donc au tableau noir les mots « silence », « secret », « solitude » qui avaient été proposés. J’ajoute également deux termes qui me paraissent importants «autodidacte» et « bourrage », expression reprise de Michel Thévoz pour évoquer la surcharge du tableau jusqu’à débordement . Je présente alors l’auteur d’Art Brut comme à la fois multiple et singulier dans sa définition. Cette présentation du concept de l’Art Brut avec des mots-clés dure environ dix minutes. Je retire un bilan très positif de ce moment, les élèves étaient attentifs et répondaient volontiers aux questions. J’ai rappelé aux élèves que les auteurs d’Art Brut puisent dans leurs ressources et pulsions intérieures pour créer; leur œuvre est donc intimement liée à leur parcours de vie en marge de la société. Afin que les élèves découvrent les multiples facettes de l’Art Brut, j’organise ensuite une activité-jeu que je vais décrire brièvement.

L’Art Brut aux multiples visages

Si notre projet de classe s’intéresse particulièrement à André Robillard, il me semble aussi important que les élèves découvrent la richesse de cette Collection au travers d’artistes des quatre coins de la terre. La composition de cette classe avec dix-huit nationalités différentes offre souvent de riches discussions d’un point de vue interculturel.
Nous constituons cinq groupes pour cette activité, disposés aux quatre coins de la salle de classe. Je distribue à chaque équipe, une feuille contenant un tableau à triple entrée ainsi que trois cartes postales numérotées du musée . Les élèves doivent deviner quel auteur de l’Art Brut a créé quoi. Pour les aider, la fiche contient des petites informations sur le parcours de l’artiste avec en gras sa nationalité. Je précise que j’ai retiré toutes les informations biographiques sur le site de la Collection de l’Art Brut qui contient un immense répertoire des auteurs bruts. Il existe également des fiches biographiques dans la rubrique « école » du site internet.
En effet, un nombre important d’œuvres « brutes » contiennent des inscriptions en langue d’origine ou inventée ce qui constituent autant d’indices sur l’identité de l’auteur. Une fois l’auteur deviné, les élèves inscrivent le numéro de la carte à côté du nom de l’auteur et inventent un titre à l’œuvre. De cette manière, les élèves, sans le savoir, s’exercent en groupe à une activité d’écriture qui sera reprise lors du projet après la visite. Après un temps limité, les images tournent d’un groupe à l’autre. Trois tournus plus tard, les élèves ont eu l’occasion de voir toutes les cartes postales .
Durant ces vingt minutes d’activité, les élèves étaient très investis et l’ont pris comme un jeu, voire une petite compétition. En circulant dans les groupes, j’ai observé que les élèves s’organisaient de manière autonome et se distribuaient des rôles pour être plus efficaces « le scripteur », « le lecteur» etc… Nous avons pu terminer cette activité juste avant la récréation. Les élèves avaient ensuite rendez-vous dans une autre salle pour visionner le reportage sur André Robillard.

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Table des matières

1. INTRODUCTION
1.1. PROBLÉMATIQUE
1.1.1. L’Art Brut et l’école secondaire : un lien artificiel ?
1.1.2. Etat de la recherche
1.2. CONTEXTE
1.2.1. Contexte d’enseignement
1.2.2. Motivation et choix
1.2.3. L’exposition d’André Robillard
1.2.4. Démarche méthodologique
2. AVANT L’EXPOSITION
2.1. L’ART BRUT ET LE PLAN D’ETUDES ROMAND
2.1.1. Le PER : ouvert ou fermé à une visite au musée ?
2.1.2. L’approche disciplinaire : Langues
2.1.3. Les objectifs d’apprentissage
2.2. LES PROPOSITIONS DE LA COLLECTION DE L’ART BRUT
2.2.1. L’entretien avec la médiatrice culturelle
2.2.2. Le dossier pédagogique : un outil pour l’enseignant ?
2.2.3. La visite guidée pour les enseignants
2.3. INVITATION PROGRESSIVE À LA DÉCOUVERTE DE L’UNIVERS BRUT : DU THÉÂTRE À LA CLASSE
2.3.1. Le metteur en scène « Alexis Forestier » en classe
2.3.2. La rencontre avec André Robillard sur scène : « Changer la vie »
2.4. COMMENT PARLER DE L’ART BRUT AUX ÉLÈVES ?
2.4.1. La notion d’Art Brut avec quelques mots-clés
2.4.2. L’Art Brut aux multiples visages
2.4.3. L’univers d’André Robillard
3. PENDANT L’EXPOSITION
3.1. L’EXPÉRIENCE DE LA CLASSE À LA COLLECTION DE L’ART BRUT
3.1.1. Les rituels d’une communauté rassemblée au musée
3.1.2. Le visiteur-élève : libre ou guidé ?
3.1.3. Présentation de l’activité au musée
3.2. BILAN DE L’ACTIVITÉ
3.2.1. Les œuvres sélectionnées par les élèves
3.2.2. Les interpellations des élèves
3.2.3. Les éléments à garder
3.2.4. Les éléments à améliorer
4. APRÈS L’EXPOSITION
4.1. LE PROJET AVEC LA CLASSE : « C’EST MOI QUI RACONTE L’ART BRUT… »
4.1.1. Les objectifs du projet et son déroulement
4.1.2. Discussion autour de l’étiquette « Art Brut » avec les filles
4.1.3. Discussion autour de l’étiquette « Art Brut » avec les garçons
4.1.4. Déroulement de la 1ère partie : la présentation de l’auteur et sa création
4.1.5. 2ème partie : la visite au musée et la découverte de l’œuvre
4.1.6. La relecture et la réécriture
4.1.7. La diffusion des productions
4.2. BILAN DU PROJET : « C’EST MOI QUI RACONTE L’ART BRUT… »
4.2.1. Le choix des élèves
4.2.2. Ce sont les élèves qui racontent l’Art Brut
4.2.3. La critique de la classe
4.2.3. Retour sur les objectifs du PER et le dispositif de la séquence
4.2.4. Les pistes d’amélioration
5. CONCLUSION 
5.1. LIMITES DU TRAVAIL
5.2. OUVERTURE
6. BIBLIOGRAPHIE
7.1. L’ACTIVITÉ AVANT LA VISITE
7.2. L’ACTIVITÉ PENDANT LA VISITE
7.3. L’ACTIVITÉ APRÈS LA VISITE
7.4. LE DÉROULEMENT DE LA SÉQUENCE EN IMAGES
7.5. LES MOTS DES ÉLÈVES SUR LES CRÉATIONS BRUTES
7.6. LA CRITIQUE DES ÉLÈVES À LA COLLECTION DE L’ART BRUT
7.7. GRILLE D’ÉVALUATION
7.8. RÉSULTATS DES ÉLÈVES
7.9. QUELQUES PRODUCTIONS D’ÉLÈVES
7.10. LES ENTRETIENS

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