La difficulté financière se poursuit toujours pour les pays sous développés et aucun Etat n’a pu investir sans faire appel ailleurs, aux ressources qui sont nécessaires à l’accompagnement de la croissance. Dans le contexte actuel de la mondialisation, l’expansion des flux financiers internationaux notamment les Investissements Directs Etrangers (IDE) offre aux Pays en développements (PED) une nouvelle source de financement de l’activité économique devant la persistance de l’épargne intérieur dans ces pays.
Dans la littérature théorique, l’impact des IDE sur la croissance économique est perçu de différente manière par les courants de pensées. Selon les analyses marxistes, l’intégration au capitalisme est le facteur essentiel du sous développement ; les IDE étaient considérés comme un facteur de domination. Par ailleurs, la théorie économique basée sur un analyse néoclassique de la modernisation préconise que les IDE stimulent la croissance économique à travers la réalisation de ressources, l’accumulation du capital et les transferts technologiques .
A Madagascar, l’essor des IDE débute au milieu des années 80 par une politique d’ouverture. La croissance des flux d’IDE s’est poursuivie dans les années 90, mais de faible valeur puisqu’il n’existait pas encore de politique pour attirer ces investissements. Une rupture apparait en 2006. Cette année, marquée par l’adhésion de la Grande Île dans les organisations commerciales régionales et internationales (SADC, COMESA, AGOA) et la mise en œuvre des deux projets miniers de grandes envergures (QMM et Ambatovy), correspond au début d’une nouvelle période d’expansion d’IDE. A partir de la même année, les rapports effectués par l’INSTAT et la BCM sur l’état de l’évolution de l’IDE reçus par l’économie malagasy ont mis en relief la part importante occupée par les activités extractives dans les investissements étrangers. Cette situation se fait surtout remarquer par des stocks d’IDE-extractifs plus de 50% de l’ensemble, et la variation des flux d’IDE reçus par le pays en dépend largement.
Dans la mesure où les IDE sont venus compléter les investissements publics pour financer les activités économiques, le gouvernement malagasy a adopté les IDE comme principal levier du développement économique. C’est ainsi que nous nous sommes assignés d’analyser les effets des IDE sur la croissance économiques de Madagascar; en particulier les IDE dans la branche activités extractives, puisque selon la Banque Mondiale : « l’émergence d’une activité minière de grande taille par rapport à l’économie malgache va changer les niveaux de certains agrégats macroéconomiques et les relations entre eux […] » .Ces motifs justifient largement le choix du thème : les Investissements Directs Etrangers et la croissance économique ; cas des activités extractives à Madagascar. Compte tenu des données disponibles des rapports sur les IDEextractifs à Madagascar, nous avons choisi les années 2006 à 2013, comme période couvrant notre étude.
Cadre opératoire
En réalisant ce travail, nous nous sommes assigné principalement l’objectif de cerner les impacts des IDE-extractifs sur la croissance économique de Madagascar, qu’ils soient positives ou négatives. L’idée est de déterminer le poids de ce secteur dans le développement économique du pays, ainsi que les conditions nécessaires pour en tirer les meilleurs profits de la présence étrangère dans ce domaine d’activités.
Les hypothèses théoriques que nous allons vérifier dans le cas de Madagascar sont les IDE contribuent à la croissance économique en influant les variables de la croissance tels que : l’emploi, les investissements domestiques, la technologie et le capital humain, les recettes financières, et l’apport de capitaux. Cette première hypothèse sous entend des sous hypothèses selon lesquelles les pays en développements comme Madagascar reçoivent des IDE et que les investisseurs veulent y investir aussi dans notre pays.
Dans le cadre de ce travail, la méthode utilisée pour atteindre l’objectif fixé est : d’une part hypothético-déductive, en ce sens que l’étude par des hypothèses théoriques et empiriques déjà formulées par différents auteurs sur les impacts des IDE dans les pays hôtes pour les appliquer sur le cas de Madagascar. Ainsi notre analyse s’effectue selon la méthode positive pour trouver une relation cause à effet entre IDE et croissance économique, tels que les avantages et limites des IDE sur la croissance. D’autre part, nous allons utiliser une méthode comparative référentielle, pour parvenir à une meilleure référence de ces contributions économique des IDE extractifs à Madagascar.
Généralités
Définitions des concepts
R. MERTON note qu’une recherche consciente de ses besoins ne peut passer autre à la nécessité de clarifier les conceptions car une exigence essentielle de la recherche est que les concepts soient définis avec clarté suffisante pour lui permettre de progresser. Pour mieux appréhender les divers concepts de notre sujet, il convient de voir ses définitions pour les caractériser et les distinguer, suivit de ses divers types.
La croissance économique
Selon François PERROUX , « la croissance est définie comme l’accroissement durable d’une unité économique simple ou complexe, réalisé dans les changements de structures et éventuellement de systèmes, et accompagné de progrès économique variables ». Pour Simon KUZNETS , « la croissance économique est essentiellement un phénomène quantitatif. À cet effet, on peut définir la croissance économique d’une nation comme un accroissement durable de la population et du produit par tête ».
Ces deux définitions mettent en exergue deux caractères importants de la croissance économique. Pour le premier, on entend par croissance économique un phénomène à longue période. Une augmentation brutale et sans lendemain de la production nationale ne correspond pas à la croissance. Ce qui diffère la croissance de l’expansion qui se définit comme une augmentation sans changement important dans les techniques, les facteurs de production disponibles et l’agencement général de l’économie et de la société, elle n’est de ce fait qu’un phénomène à court terme.
Pour le second, la croissance est un phénomène quantitatif qu’on peut mesurer. Ce caractère permet de distinguer croissance et développement. Ce dernier désigne l’ensemble des transformations qualitatives à très long terme qui accompagnent le phénomène de croissance. Le développement économique peut donc designer la croissance économique à laquelle s’ajoute l’amélioration du bien être à l’intérieur du pays.
Suivant les facteurs de croissance, nous pouvons distinguer plusieurs types de croissance : la croissance potentielle et la croissance effective, la croissance intensive et la croissance extensive.
La croissance potentielle se définit comme la croissance qui résulte de la combinaison de l’offre des facteurs de production : capital, travail et progrès technique. Autrement dit, il s’agit de la croissance maximale qu’un pays peut atteindre en mobilisant tous ses facteurs de production sans inflation. La croissance effective est la croissance réellement obtenue qui dépend des facteurs de la demande (consommation des ménages, dépenses publiques, investissement, exportation). La croissance extensive correspond à l’augmentation de la production obtenue par la seule augmentation de la quantité de facteurs de production utilisés (travail et capital) La croissance intensive désigne l’augmentation de la production qui résulte principalement de l’augmentation de la productivité du travail et du capital ou de la productivité globale des facteurs.
Les investissements directs étrangers (IDE)
Divers définitions de l’investissements étrangères existent, mais pour mieux cerner le concept d’IDE, il convient de retenir la définition de référence des investissements directs internationaux (IDI) donnée par l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) en 2008 , qui constitue la norme mondiale en matière de statistiques.
D’ après cette définition de référence : « l’investissement direct est un type d’investissement transnational effectué par le résident d’une économie (l’investisseur direct) afin d’établir un intérêt durable dans une entreprise (l’entreprise d’investissement direct) qui est résidente d’une autre économie que celle de l’investisseur direct ». Un investisseur direct étranger est donc « une entité (unité institutionnelle) résidente d’une économie, qui a acquis, directement ou indirectement, au moins 10% des droits de vote d’une société (entreprise), ou l’équivalent pour les entreprises non constituées en sociétés, résidente d’une autre économie ».
L’existence d’un « intérêt durable » est établie dès lors que l’investisseur direct détient au moins 10% des droits de vote de l’entreprise d’investissement direct. La notion d’intérêt durable implique l’existence d’une relation à long terme entre l’investisseur direct et la société investie et l’exercice d’une influence notable du premier sur la gestion de la seconde. La notion d’intérêt durable permet de différencier, les IDE des investissements de portefeuille (IP). Ces derniers sont considérés comme des placements internationaux qui ne dépassent pas 10% des actions, alors que les IDE impliquent un pouvoir de décision de l’investisseur sur l’entreprise rachetée ou construite à l’étranger. L’IDE se traduit non seulement par un transfert de fonds financiers, mais aussi en général par un transfert de technologie et de capital humain. L’IDE est à l’origine de la création des firmes multinationales ou sociétés transnationales qui organisent au niveau international ses activités de conception, de production et de commercialisation de ses produits.
Un IDE est donc caractérisé par trois critères:
➤ il entraine une notion de contrôle ou de pouvoir d’influence sur la gestion d’une entreprise étrangère par la prise de participation au capital d’au moins 10% ;
➤ il occasionne des transferts (de capital ; de compétences, de savoir-faire, licences technologique, des hommes, des matériels technologiques…)
➤ il sert à produire de biens et services.
L’IDE peut revêtir plusieurs types dont la distinction repose sur la manière de le calculer, selon la forme, sa logique et son mode de financement.
Selon le mode de calcul, on peut spécifier,
❖ les flux d’IDE qui désignent une variation des montants d’IDE entre deux dates ou une période. Ils indiquent donc un mouvement.
❖ les stocks d’IDE qui expriment un niveau constaté d’IDE à un moment donné ou à une date donnée.
Selon la forme des IDE, l’investisseur peut intervenir par :
❖ la création d’une filiale entièrement nouvelle (Greenfield investment) ;
❖ l’acquisition d’une entité étrangère déjà existante, qui se matérialise par un transfert de propriété des titres de la filiale acquise (brownfield investment);
❖ l’accroissement des capacités de production de filiales déjà existantes par apport de fonds (IDE d’extension) , ou l’injection de fonds pour soutenir l’activité d’une filiale en difficultés financières (IDE de restructuration financière).
Selon la logique qui sous-tend la décision de créer des filiales à l’étranger, on distingue :
❖ l’IDE horizontal qui vise à faciliter l’accès de l’investisseur à un marché étranger dans l’espoir de développements futurs.
❖ L’IDE vertical qui cherche à tirer partie des différences de coût des facteurs entre pays.
Selon le mode de financement, les IDE peuvent être effectués sous forme de :
❖ titres de participation : ils regroupent les actions ordinaires et les actions privilégiées, les réserves, les apports au capital et les bénéfices réinvestis ;
❖ titres de créance : ils regroupent les valeurs mobilières négociables telles que les obligations les billets de trésorerie, billets à ordre, actions privilégiées à dividende fixe et autres valeurs mobilières négociables non représentatives de capital.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
I. Cadre conceptuelle
II. Cadre opératoire
PARTIE I : REVUE DE LA LITTERATURE
Chapitre I : Généralités
Section I : Définitions des concepts
Section II : Les déterminants des investissements directs étrangers
Chapitre II : Revue de la littérature sur la relation croissance économique et IDE
Section I : Rôles des IDE dans les théories économique
Section II : Relations entre IDE et les variables de la croissance économique
PARTIE II : IMPACTS DES IDE-EXTRACTIVE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE DE MADAGASCAR
Chapitre I: Panorama des IDE-extractifs à Madagascar
Section I : Tendance des IDE-extractifs
Section II : Climat des Investissements
Chapitre II : Contributions des IDE-extractifs à la croissance économique de Madagascar
Section I : Contributions sur les variables de la croissance économique
Section II : Analyse comparatif référentielle et limites
CONCLUSION GENERALE
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE