Développement du marché de l’ISR
La crise financière a entraîné des bouleversements sans précédent sur les marchés financiers ralentissant les investissements et la croissance des entreprises. De ce fait, la transparence des investissements a été renforcée afin de protéger les épargnants et les investisseurs. Toutefois, pour les régulateurs, l’investissement socialement responsable (ISR) permettrait de déverrouiller le potentiel d’investissement à long terme et de favoriser une croissance durable et inclusive . L’ISR est « un placement qui vise à concilier performance économique et impact social et environnemental en finançant les entreprises et les entités publiques qui contribuent au développement durable, quel que soit leur secteur d’activité. En influençant la gouvernance et le comportement des acteurs, l’ISR favorise une économie responsable » . En d’autres termes, c’est un type d’investissement qui prend en compte les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans la sélection des titres et la gestion des portefeuilles. Au-delà de la maximisation de la rentabilité en fonction du niveau de risque souhaité, les investisseurs sont amenés à sélectionner les titres qui correspondent à leurs principes moraux et éthiques. Ainsi, ils se basent sur les critères extra-financiers afin d’évaluer les politiques sociale, environnementale et de gouvernance des entreprises c’est-àdire le niveau de responsabilité sociale des entreprises (RSE).
De nos jours, l’ISR occupe une place importante dans la gestion d’actifs. Son émergence s’est faite principalement par l’intermédiaire des fonds d’investissement. Ces fonds, également connus sous l’acronyme d’OPCVM collectent l’épargne afin d’investir dans des valeurs mobilières (actions, obligations, etc.) selon des critères et des objectifs d’investissement déterminés. Ils sont gérés par les sociétés de gestion qui nomment un ou plusieurs gérants chargés de la sélection des titres à détenir en portefeuille, et ce, en conformité avec les objectifs de gestion. À ce titre, la performance des fonds dépend non seulement de la capacité du gérant à attirer et à retenir les capitaux des investisseurs, mais aussi de sa capacité à sélectionner les titres. En matière de gestion de fonds ISR, les deux grands pôles sont les États-Unis et l’Europe. Si l’ISR est largement vulgarisé dans les pays développés, il est un investissement relativement nouveau pour certains pays émergents et sous-développés. Toutefois, le développement de l’ISR dans ces différentes zones se caractérise par une croissance considérable des actifs sous gestion au fil des années.
Fondements théoriques
Les recherches sur les portefeuilles ISR s’inscrivent dans la littérature sur la responsabilité sociale de l’entreprise et dans celle concernant la gestion des portefeuilles. Trois principales théories sont mobilisées. Il s’agit de la théorie sur l’efficience informationnelle des marchés, de la théorie moderne du portefeuille et de la théorie des parties prenantes.
L’efficience informationnelle des marchés
La théorie de l’efficience des marchés financiers constitue le pilier essentiel de la théorie de la finance moderne. Elle stipule que le prix observé reflète à chaque instant toute l’information disponible (Fama, 1970). Dès lors, la performance des portefeuilles permet de juger les qualités du gestionnaire et de mesurer la valeur ajoutée de la gestion active par rapport à la gestion passive. Du point de vue de l’efficience informationnelle, les cours des titres sont aléatoires. Les variations de prix sont imprévisibles puisque tous les événements connus et anticipés sont déjà reflétés dans le cours actuel (Mignon, 2008). Dans ce cas, il est impossible de prévoir les rentabilités futures à partir des rentabilités passées. Cependant, les frictions du marché (bruit, divergences d’opinions, etc.) peuvent créer des poches d’inefficiences qui peuvent se révéler bénéfiques pour les gestionnaires.
La théorie moderne du portefeuille
C’est une théorie qui définit les critères de choix rationnels des portefeuilles. C’est Markowitz (1952) qui le premier a quantifié le lien existant entre le risque et le rendement d’un portefeuille connu sous le nom de la théorie du portefeuille. Cette théorie expose comment la diversification permet à un investisseur rationnel d’optimiser son portefeuille avec une combinaison judicieuse de nombreux actifs permettant de réduire le risque total subi pour un taux de rentabilité espéré donné (ou inversement de maximiser la rentabilité pour un niveau de risque fixé). Elle permet de mieux cerner les valeurs associées à une combinaison de titres. Ainsi, Markowitz montre que sous l’égide de la diversification, le risque d’un portefeuille est inférieur à la moyenne des risques de chacun des actifs considérés individuellement. Ceci implique que le risque d’un portefeuille provient de la covariance entre les actifs qui le composent. De ce fait, un portefeuille efficient est celui qui offre la rentabilité attendue la plus forte pour un niveau de risque donné, ou qui a le risque le plus faible pour une rentabilité attendue donnée.
La théorie des parties prenantes
Selon Freeman (1984), les parties prenantes correspondent à « un individu ou groupe d’individus qui peut affecter ou être affecté par la réalisation des objectifs organisationnels ». La théorie des parties prenantes repose sur le principe que l’entreprise devrait être attentive aux intérêts de l’ensemble des catégories d’acteurs avec lesquels elle est en relation, car de celles-ci dépend sa survie. Clarkson (1995) distingue les parties prenantes primaires et les parties prenantes secondaires en soulignant le rôle prépondérant des premières sur la survie de l’entreprise. Selon Kacperczyk (2009) deux paradigmes théoriques permettent de prendre en compte les intérêts des parties prenantes. Il s’agit du « modèle de l’actionnaire » et du «modèle des parties prenantes ». Ils visent à maximiser la création de richesses pour toutes les parties prenantes, mais diffèrent sur la façon dont les richesses sont maximisées. À la lumière de cette théorie, les portefeuilles investis dans des entreprises qui mettent en avant les besoins de leurs parties prenantes sont ceux qui gèrent au mieux leurs risques RSE.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
1. Développement du marché de l’ISR
2. Contexte de la recherche
3. Problématique et questions de recherche
4. Fondements théoriques
5. Cadre méthodologique
6. Plan et contenu synthétique de la thèse
Bibliographie
CHAPITRE 1. RISQUES RSE ET GESTION DES PORTEFEUILLES D’ACTIFS FINANCIERS
Introduction
1. Responsabilité sociale des entreprises et risques RSE des portefeuilles
2. Les obstacles à l’évaluation des risques RSE des portefeuilles
3. Perspectives pour une mesure du risque RSE des portefeuilles
Conclusion
Bibliographie
CHAPITRE 2. ANALYSE COMPARATIVE DU RISQUE FINANCIER DES FONDS ISR ET DES FONDS CONVENTIONNELS
Introduction
1. Revue de littérature et hypothèses
2. Données et méthodologie
3. Résultats empiriques
Conclusion
Bibliographie
CHAPITRE 3. CSR UNDER OR OVER-PERFORMANCE AND PORTFOLIOS’ FINANCIAL RISK
Introduction
1. Literature review and hypotheses
2. Data and methodology
3. Results
Conclusion
References
CHAPITRE 4. PERSISTANCE DE LA PERFORMANCE FINANCIERE AJUSTEE DU RISQUE DES FONDS ISR ET DES FONDS CONVENTIONNELS
Introduction
1. Revue de littérature et hypothèses
2. Données et méthodologie de l’analyse
3. Résultats empiriques
Conclusion
Bibliographie
CONCLUSION GENERALE
1. Les principaux résultats de la recherche
2. Les apports de la recherche
3. Les limites et perspectives de la recherche
Bibliographie
LISTE DES TABLEAUX
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