La peste porcine africaine (PPA) est un grand fléau sanitaire en matière de porciculture [1]. Elle représente une perpétuelle menace pour la production porcine mondiale [1,2]. Cette maladie virale polysystémique des suidés a décimé une grande partie du cheptel porcin mondial par sa haute contagiosité, son taux de mortalité et son taux de morbidité élevés [1-5]. La PPA est une maladie animale transfrontière se propageant rapidement et de façon imprévue à d’autres pays [6]. Aucun vaccin ni traitement n’est disponible contre la PPA [5], son éradication a nécessité des mesures prophylactiques et sanitaires draconiennes à lourds impacts économiques .
De telles maladies sont mieux maitrisées et contrôlées par la mise en place d’investigations d’épizootie [8]. Les renseignements fraîchement collectés sur terrain via les investigations permettent d’avoir rapidement une vision globale de l’ampleur de maladie. Ils permettent également d’obtenir des données épidémiologiques de qualité ainsi que des éléments importants pour le diagnostic clinique [8-10]. Des investigations ont été menées face à divers cas de pathologies animales : aux Etats-Unis lors de la première apparition de diarrhée épidémique porcine en Avril 2013 [8], en Europe lors de la première suspicion de grippe porcine en 2009 [9]; en Afrique lors de l’explosion de l’épizootie de peste porcine africaine en 1921 .
Pour le continent africain, berceau de la PPA [1,2], la forme épidémique cède la place actuellement à une forme enzootique [2]. Pour le cas de la Grande Ile, cette forme enzootique est belle et bien présente avec quelques réémergences épidémiques par région. Chaque résurgence affaiblit et fragilise à chaque fois le secteur porcin de la zone touchée [11]. Imerintsiatosika, commune pilote en matière de porciculture de la Région Itasy [12] a connu, en Avril 2015, une suspicion de cas de peste porcine signalée par le vétérinaire local. En égard à ce constat, une étude a été menée afin de savoir les caractéristiques épidémiologiques de cette épizootie porcine.
LA FILIERE PORCINE MALGACHE
Place de l’élevage à Madagascar
Madagascar est un pays à vocation agricole [13,14]. Le secteur élevage est l’une des principales activités agricoles à forte potentialité. Il représente un important levier de développement [15,16]. Actuellement, 72% des foyers malgaches s’intéressent à la pratique de l’élevage [14-17]. Principale source de revenus pour certains et activité secondaire pour d’autres, l’élevage constitue une source monétaire et un moyen d’épargne fiable [16,17]. L’élevage concourt également à la sécurité alimentaire de la Grande Ile. Les viandes et produits alimentaires d’origine animale assurent les besoins en protéines pour l’alimentation humaine [16,18]. L’élevage tient également un rôle culturel dans la société rurale malgache .
Place de l’élevage porcin à Madagascar
En vue d’une production plus rapide et plus rentable, les élevages à cycle court, dont l’élevage porcin, ont pris de l’ampleur à Madagascar [17,18]. L’intérêt de la porciculture réside dans le fait que les porcs sont des omnivores à forte capacité de valorisation des sous-produits agricoles et de déchets ménagers. Ils ont une grande vitesse de croissance ainsi que de bonnes aptitudes d’élevage [19]. En termes de valeur, l’élevage porcin se retrouve en seconde place après l’élevage bovin [20]. En termes d’effectif, le cheptel porcin se retrouve à la troisième place [19,20]. Un million de têtes contre 29 millions pour l’effectif avicole, 9,7 millions pour le cheptel bovin en 2004 .
Evolution du cheptel porcin
L’effectif porcin national connaît des fluctuations importantes liées à la disponibilité en matières premières alimentaires d’une part, et le contexte sanitaire du pays d’autre part [22]. En 1998, la filière porcine se désorganise à cause des fortes mortalités porcines induites par l’épizootie de peste porcine africaine. L’effectif national est réduit de 60% en 3ans. Des projets de relance de la filière ont par la suite réanimé le secteur porcin. Le cheptel est passé de 530 653 têtes en 2002 à 1 518 180 têtes en 2012, ce qui donne un accroissement en nombre de 65% en 10ans .
Races porcines existantes à Madagascar
Race locale
Issus du croisement des sangliers et porcs d’origine espagnole ou de la chine, les porcs de race locale présentent généralement une robe de couleur noire ou grise. Les oreilles sont petites, portées horizontalement ou légèrement dressées. La tête est longue. Le groin est long, cylindro-conique, effilé à l’extrémité. La poitrine est assez étroite. Les membres sont grêles. Le jambon est peu fourni [24,25]. Les porcs de race locale sont très rustiques et résistants aux maladies. Ils s’adaptent bien aux conditions difficiles du milieu d’élevage. Sa précocité sexuelle est très élevée, sa prolificité est de 8 à 12 porcelets par portée. Les porcs de race locale consomment beaucoup et présentent un gain de poids moindre. Ils ont une croissance lente et un rendement en carcasse de 60%. Ce qui les rend moins intéressants sur le plan économique par rapport aux races améliorées .
Race améliorée d’importation
i. Large white
La robe est de couleur blanche. Les oreilles sont dressées. Le museau est raccourci et arrondi. Le corps est parallélépipédique et de grand format. Le dos est horizontal et rectiligne. Les jambons sont carrés et descendus [24,25]. Les femelles ont une bonne fécondité et bonne prolificité avec deux portées par an. Les mâles possèdent une bonne performance de croissance et de carcasse. Cette race s’adapte bien au climat tropical de Madagascar. L’inconvénient pour cette race réside dans l’hétérogénéité de poids à la naissance et au sevrage des porcelets .
ii. La race Landrace
Il s’agit d’une race blanche. Les oreilles sont longues et tombantes. Le museau est allongé. Le corps est long et de grand format. Les jambons sont arrondis. Les femelles ont une bonne prolificité avec deux portées par an avec 12 à 16 porcelets à chaque portée. Les mâles présentent une excellente croissance. Le poids est plus réduit mais la croissance est plus rapide par rapport aux Large white. Les Landraces présentent une mauvaise capacité d’adaptation au climat local .
Races métis ou races croisées
Les croisements permettent d’exploiter le phénomène d’hétérosis ou la supériorité des races croisées par rapport à la moyenne des races parentales. Ces races issus du croisement de porcs de races différentes bénéficient à la fois des qualités distinctes des deux races. Ils présentent à la fois des bonnes aptitudes pour l’élevage et sont peu exigeants en termes de soins .
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I. LA FILIERE PORCINE MALGACHE
I.1. Place de l’élevage à Madagascar
I.2. Place de l’élevage porcin à Madagascar
I.3. Evolution du cheptel porcin
I.4. Races porcines existantes à Madagascar
I.4.1. Race locale
I.4.2. Race améliorée d’importation
I.4.3. Races métis ou races croisées
I.5. Types de production
I.6. Contraintes de la filière porcine
II. LA PESTE PORCINE AFRICAINE
II.1. Définition
II.2. Historique mondial de la Peste Porcine Africaine
II.3. Historique de la Peste Porcine Africaine à Madagascar
II.3.1. Introduction de la Peste Porcine Africaine à Madagascar
II.3.2. Persistance de la maladie à Madagascar
II.3.3. Résurgences de la Peste Porcine Africaine par région
II.3.4. Impacts économiques
II.4. Etiologie
II.5. Espèces affectées
II.6. Vecteurs biologiques
II.7. Transmission
II.7.1. Transmission directe
II.7.2. Transmission indirecte
II.8. Facteurs de risque de la Peste Porcine Africaine
II.9. Pathogénie
II.10. Diagnostics
II.10.1. Diagnostic clinique
II.10.2. Diagnostic lésionnel
II.10.3. Diagnostic différentiel
II.10.4. Diagnostic de laboratoire
II.11. Prophylaxie
III. INVESTIGATION D’EPIZOOTIE
III.1. Définition et principes
III.2. Objectifs d’une investigation d’épizootie
III.3. Les 10 étapes d’une investigation d’épizootie
III.3.1.Affirmer l’existence d’un épisode épidémique
III.3.2.Confirmer le diagnostic
III.3.3.Définir et compter les cas
III.3.4.Décrire l’épizootie en fonction du temps, lieu, animal
III.3.5. Formuler des hypothèses
III.3.6.Tester la ou les hypothèse(s)
III.3.7.Comparer la(es) hypothèse(s) aux faits observés
III.3.8.Réaliser des études complémentaires
III.3.9. Proposer des mesures de contrôle et de prévention
III.3.10.Rédiger un rapport d’enquête et communiquer
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
I. METHODES
I.1 Site d’étude
I.1.1. Délimitation et situation administrative du site d’étude
I.1.2. Situation du secteur agricole
I.1.3. Secteur élevage
I.2 Type d’étude
I.3 Durée et période de l’étude
I.4 Population d’étude
I.5 Définition de cas
I.6 Echantillonnage
I.7 Confirmation biologique
I.8 Collecte de données
I.9 Variables de l’étude
I.9.1. Variables liées à la ferme porcine
I.9.2. Variables liées à l’animal
I.9.3. Variables liées au temps
I.9.4. Variables liées au lieu
I.9.5. Variables liées aux signes cliniques
I.10 Traitement et analyse de données
I.10.1. Caractérisation de l’élevage
I.10.2. Description de l’épizootie en fonction du temps
I.10.3. Description de l’épizootie en fonction du lieu
I.10.4. Description de l’épizootie en fonction de l’animal
I.10.5. Calcul des indicateurs
I.11 Rédiger un rapport d’enquête et communiquer
II. RESULTATS
II.1. Description des cas possibles
II.1.1. Répartition selon le type d’élevage
II.1.2. Répartition selon le type de bâtiment d’élevage
II.1.3. Effectif par exploitation
II.2. Description des cas suspects
II.2.1. Identification des cas suspects
II.2.2. Description du tableau clinique des cas suspects
II.2.3. Effectif du cheptel porcin selon la race et le stade physiologique
II.3. Description en fonction du lieu
II.3.1. Proportion des fokontany touchés par la maladie
II.3.2. Proportion globale des fermes suspectes
II.3.3. Proportion des fermes suspectes par fokontany
II.4. Description de l’épizootie en fonction du temps
II.5. Description en fonction de l’animal
II.5.1. Incidence de la maladie
II.5.2. Vente d’urgence
II.5.3. Abattage d’urgence
II.5.4. Taux de mortalité globale
II.5.5. Létalité
II.5.6. Impact de l’épizootie sur le cheptel porcin
II.5.7. Devenir des porcs lors de l’épizootie
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
I. Originalité de l’étude
II. Description des cas possibles
III. Description des cas suspects
IV. Description de l’épizootie
IV.1. Description en fonction du lieu
IV.2. Description en fonction du temps
IV.3. Description en fonction de l’animal
V. Description des pratiques des éleveurs en période épidémique
VI. Evaluation des hypothèses posées
VII. Limite de l’étude
VIII. Portées des résultats
IX. Suggestions et recommandations
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES