Investigation de la filière canards vis-à-vis des infections à Chlamydia psittaci et étude expérimentale

L’élevage de canards est une activité en forte croissance sur l’hexagone. Parmi les infections affectant cette espèce, la chlamydiose aviaire due à Chlamydia psittaci est une zoonose qui peut être responsable de cas graves, voire mortels, chez l’homme. Sur la période 2005-2007, le Centre National de Référence des Chlamydiae (CNR, Bordeaux), sur la base des demandes d’analyses reçues, a rapporté 60 cas de psittacose dont 90 % avaient fait l’objet d’une hospitalisation. Parmi ces cas, 43 % d’entre eux déclaraient avoir été en contact avec des canards dans un contexte professionnel. Dans le cadre de l’étude descriptive sur la psittacose humaine dans le Sud-ouest et l’Ouest de la France (2008-2009) qui visait à déterminer l’incidence des cas humains hospitalisés, à déterminer la fréquence des cas groupés et à décrire les expositions des malades, sur les 99 cas suspects inclus dans l’étude au 30/06/09, 38 d’entre eux avaient été exposés à des canards dans un cadre professionnel. Dans ce contexte, les différents cas graves de contamination humaine sont principalement à déplorer chez les personnes en contact avec le canard mulard, animal essentiellement destiné à la production de foie gras. Les cas de contamination humaine concernent tous les intervenants de la filière (inséminateurs, éleveurs, ramasseurs, gaveurs, personnel d’abattoir…) ; l’homme se contaminant le plus souvent par inhalation d’aérosols issus de fientes ou de sécrétions contaminées. Les différentes études réalisées à ce jour, soit dans le cadre d’études de prévalence de l’infection au sein de populations de canards (reproducteurs, pré- ou postgavage) (Léon et al., 2004 ; Guérin et al., 2006) ou soit dans le cadre d’investigations menées autour de cas de contamination humaine (Laroucau et al., 2009a), mettent en évidence la présence de C. psittaci dans de très nombreux lots de canards, sans présence de signes cliniques apparents chez l’animal infecté.

Dans l’objectif de compléter les données déjà disponibles concernant cette filière, un suivi en cinétique a été mis en place à la fois en élevages et au niveau des reproducteurs (mâles et femelles) afin de mieux apprécier les modalités de transmission et d’amplification de l’infection chez l’animal et donc de mieux cerner les périodes et les pratiques à risque pour les personnes travaillant à leur contact. Ces suivis ont été mis en place dans des élevages hors signalement de cas humains mais aussi dans des élevages en lien avec des cas suspects de psittacose.

Beaucoup de cas humains sont en lien avec les élevages mais des cas sont régulièrement signalés en abattoirs. Pour avoir une idée du niveau d’exposition des professionnels, des investigations ont été réalisées dans un abattoir ayant eu à faire face à des cas de contamination humaine dans le passé. Au regard des résultats obtenus dans le cadre des suivis mis en place, une infection expérimentale a été conduite afin de vérifier si une inoculation par voie orale d’une suspension de C. psittaci pouvait aboutir à une colonisation intestinale en l’absence de signes cliniques. Ceci pour reproduire ce qui a été observé sur le terrain, dans les élevages.

La première description des infections à Chlamydiae remonte à l’antiquité (1500 ans avant Jésus-Christ). Elles ont été relatées dans des écrits chinois anciens et dans des papyrus hébreux. Les trois principales maladies induites par les Chlamydiae qui ont marqué l’Histoire sont le trachome, la lymphogranulomatose vénérienne (LGV) et la psittacose. Le trachome est une maladie humaine qui correspond à un épaississement de la conjonctivite. C’est à la fin du dix-huitième siècle que la lymphogranulomatose vénérienne (LGV) a été décrite pour la première fois. Elle correspond à une inflammation atteignant l’appareil génital puis les ganglions lymphatiques inguinaux. Au début du dix-neuvième siècle, un lien est suspecté entre l’infection touchant des oiseaux exotiques de la famille des psittacidés et certaines formes de pneumonies humaines. La psittacose a été décrite en 1874 et l’origine aviaire de l’infection a été montrée en 1892. C’est suite à l’observation de pneumonies humaines en lien avec une affection atteignant des psittacidés que la maladie a été nommée « psittacose », du mot latin psittacus qui veut dire perroquet.

Une fois les maladies décrites, les agents responsables ont été décrits et nommés. Les premiers travaux conduits dans le but d’identifier l’agent responsable du trachome remontent à 1907, date à laquelle deux biologistes, Von Prowazek et Halberstaedter, décrivent dans des frottis conjonctivaux d’orangs-outans infectés à partir de patients atteints de trachome, des inclusions intracytoplasmiques caractéristiques. Les petites particules élémentaires qui composent ces inclusions ont été considérées comme les agents responsables de la maladie et ont reçu le nom de « Chlamydozoon » (du grec Khlamus qui signifie « manteau »), car celui-ci était considéré comme un petit protozoaire entouré d’un manteau. Très rapidement, des inclusions identiques ont été décrites, tout d’abord dans le cas d’une conjonctivite chez un enfant, puis dans des cas de conjonctivites chez des psittacidés. En 1934, Thygeson, un ophtalmologiste, attire l’attention sur les ressemblances entre le développement et la morphologie des inclusions observées dans ces deux cas. La culture sur œuf embryonné de l’agent de la psittacose a été obtenue lors de la pandémie de psittacose en 1929-1930, l’agent de la LGV a pour sa part été isolé chez le singe en 1931 et sur œufs en 1935. L’agent du trachome n’a été mis en culture qu’en 1957 sur œufs embryonnés. À la même époque, la différenciation entre corps élémentaires et corps réticulés était faite, et, dans les années 1950, la démonstration de la division binaire a été apportée. Dès cette époque, la similitude de leurs cycles infectieux laissait penser qu’il s’agissait de microorganismes proches. Cependant, ils ont longtemps été considérés soit comme des virus car la culture en milieu synthétique était impossible et leur effet cytopathogène était caractérisé soit par une inclusion intracytoplasmique, soit comme des formes intermédiaires entre virus et bactéries.

En 1941, ces trois agents ont été inclus dans le groupe psittacosis lymphogranulomatrachoma (PLT). En 1965, la description de la culture cellulaire, à partir d’un prélèvement urétral, sur cellule Mc Coy par Gordon , a ouvert la voie aux études de ces agents infectieux (Gordon et Quan, 1965). La manipulation plus aisée de ces agents infectieux a également permis leur caractérisation physiologique et biochimique. Ainsi, les travaux de Moudler ont établi leur nature procaryotique en 1966 (Moulder, 1966). La présence d’ADN (acide désoxyribonucléique) et d’ARN (acide ribonucléique), la multiplication pas scissiparité et l’existence d’une paroi tout au long du cycle prouvaient la nature bactérienne des agents du groupe PLT. Le nom de Bedsonia a tout d’abord été proposé. Il provient de Sir Samuel Bedson, qui fut le premier à décrire le cycle de développement des agents de ce groupe (Bedson, 1930). En 1966, Page a ensuite proposé le nom de Chlamydia pour que tous les organismes du groupe PLT soient regroupés dans un même genre (Page, 1966).

À ce moment, sont décrites deux principales espèces au sein de ce genre, l’espèce Chlamydia trachomatis regroupant toutes les souches d’origines humaines et l’espèce Chlamydia psittaci pour les souches d’origine animale. Dès 1971, le regroupement de ces différentes bactéries dans un seul ordre (Chlamydiales) comprenant une seule famille (Chlamydiaceae) avec un seul genre (Chlamydia) et deux espèces (C. trachomatis et C. psittaci) était admis (Storz et Page, 1971).

L’intérêt porté à ces bactéries et l’introduction de nouvelles méthodes de typage ont permis depuis une vingtaine d’années de faire des progrès considérables dans leur connaissance. Des études portant sur la réassociation ADN/ADN et le séquençage de plusieurs gènes ont conduit à la proposition de deux nouvelles espèces en 1992 (Fukushi et Hirai, 1992) : Chlamydia pneumoniae et Chlamydia pecorum. En 1999, les analyses phylogénétiques des séquences des gènes ribosomaux 16S et 23S ont abouti à une révision complète de la classification au sein de l’ordre des Chlamydiales avec la création de deux genres au sein des Chlamydiaceae : Chlamydophila et Chlamydia (Everett et al., 1999). Cette dernière classification a été utilisée pendant une dizaine d’années, mais n’a jamais été adoptée uniformément par la communauté scientifique. En 2011, une nouvelle classification a été proposée.

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Table des matières

INTRODUCTION
ANALYSE BIBLIOGRAPHIQUE
I. Historique et taxonomie des Chlamydiaceae
A. Historique
B. Taxonomie
C. Les différentes Chlamydiaceae
1) Chlamydia psittaci
2) Chlamydia abortus
3) Chlamydia felis
4) Chlamydia muridarum
5) Chlamydia pecorum
6) Chlamydia suis
7) Chlamydia caviae
8) Chlamydia trachomatis
9) Chlamydia pneumoniae
II. Caractéristiques biologiques
A. Les corps élémentaires
B. Les corps réticulés
C. Les corps intermédiaires (CI)
D. Le cycle de développement
III. Les infections à Chlamydia psittaci chez les oiseaux
A. Signes cliniques
B. Epidémiologie
C. Transmission entre oiseaux
D. Les modèles aviaires expérimentaux
IV. Les infections à Chlamydia psittaci chez l’homme
A. Signes cliniques
B. Épidémiologie
V. La filière canard en France
A. La filière « canard mulard » en France
B. Les reproducteurs
1) Les canes Pékin
2) Les mâles de Barbarie
C. Les œufs à couver
D. Les canards prêts à gaver (PAG)
VI. Importance de la chlamydiose aviaire chez le canard
CONCLUSION

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