Aire d’étude
L’aire d’étude utilisée dans les présentes analyses est un tenitoire inclus dans la zone des inventaires héliportés du Plan conjoint sur le Canard noir (PCCN) et du Service canadien de la faune (SCF) au Québec. Ces inventaires sont réalisés annuellement depuis 1990, en période de nidification, sur 156 quadrats de 25 krn2 (5×5 km) répartis systématiquement (Figure 1). Ce tenitoire, d’une superficie de près de 540 000 krn2 , couvre la majeure partie du Québec forestier. S’étendant d’ouest en est du Québec, elle est limitée au nord par le 51 °!5′ Net au sud par les basses terres du Saint-Laurent. Elle exclut toutefois le fleuve SaintLaurent (rives et îles), les basses terres du lac Saint-Jean, l’île d’Anticosti, ainsi que la portion des Appalaches située au sud du 47°N. Les températures annuelles moyennes de la zone d’étude décroissent graduellement du sud au nord, passant de +3 à -3 oc. Les précipitations annuelles moyennes diminuent du sud-est vers le nord-ouest d’environ 1 100 à 700 mm (Gerardin and McKenney, 2001).
Sur les !56 quadrats d’origine, 81 ont été retirés des analyses, soit ceux pour lesquels les données sur les barrages de castor n’ont pas été recueillies et où les données de la carte écoforestière ne sont pas disponibles. De plus, quatre quadrats qui se retrouvaient isolés sur la Côte-Nord ont été supprimés de l’aire d’étude pour éviter les biais provenant de la distance géographique élevée par rapport à l’ensemble des quadrats. L’aire d’étude sur laquelle se base ce projet de recherche est donc composée de 71 quadrats de 25 krn2 (5 x 5 km), compris dans un tenitoire total de 272 480 krn2 (Figure 1). Sur les 16 années (1990-2005) de l’inventaire aérien que nous avons prises en compte dans cette étude, les quadrats utilisés ont été inventoriés entre 4 et 12 ans, pour une moyenne de 6,8 années. Deux grandes formations géologiques se trouvent dans l’aire d’étude. TI s’agit des provinces géologiques de Grenville et du Supérieur. La province géologique de Grenville forme une bande d’environ 300 km bordant la rive nord du Saint-Laurent. Ses monts et collines dépassent généralement les 500 rn d’altitude (Anonyme, 2002; Robitaille and Saucier, 1998). La province géologique du Supérieur se situe quant à elle au nord de la province de Grenville. De basses collines à plateaux au nord, son relief passe à des plaines dans l’ouest (Anonyme, 2002). De façon générale, le réseau hydrographique suit les variations géornorphologiques. Ainsi, on trouve dans la province géologique du Supérieur une multitude de lacs et de tourbières de même que plusieurs grandes rivières.
La province de Grenville comporte elle aussi de nombreuses grandes rivières en plus de grands lacs et réservoirs, mais beaucoup moins de terres humides (Lernelin and Darveau, 2005). La forêt tempérée nordique décidue, qui couvre la limite sud de l’aire d’étude, fait rapidement place à la forêt mélangée puis à la forêt boréale continue, laquelle occupe la majeure partie du territoire (Saucier et al., 2003).
Inventaires de sauvagine
Lors des inventaires annuels du PCCN et du SCF, les quadrats sont survolés par hélicoptère à une altitude moyenne de 30 rn et à une vitesse moyenne de 80 km/h. À l’intérieur de chaque quadrat, tous les plans d’eau, cours d’eau et milieux humides sont survolés et la position de chaque oiseau aquatique observé est notée sur une carte au 1: 50 000, puis saisie dans un système d’information géographique. Les observations sont rapportées sur les points d’intersection d’une grille de 100 rn par 100 rn, résultant en une précision variant de ± 50 rn dans les axes N-S et E-0 à ± 70 rn dans les axes NE-SO et NOSE. Un couple nicheur, qui est l ‘unité considérée dans cette étude, est une observation d’individus filtrée par un algorithme de calcul d’équivalence spécifique à chaque groupe d’espèces (Bordage et al., 2003). Par exemple, cinq Garrots à oeil d’or (Bucephala clangula) mâles observés à moins de 10 rn l’un de l’autre sont considérés comme en migration (0 couple nicheur), alors que l’ observation d’un mâle isolé correspond à un couple nicheur. En tout, ce sont près de 20 000 localisations de sauvagine qui ont été rapportées durant les 16 premières années de l ‘inventaire, dénombrant 21 espèces de sauvagine. Le tableau 1 présente le nombre d’équivalents-couples nicheurs (ÉCN) observés pour les 21 espèces dans les quadrats du territoire à l’étude.
Pour chacune des huit espèces les plus abondantes dans l’aire d’étude [Canard noir (Anas rubripes), Fuligule à collier (Aythya collaris), Garrot à oeil d’or, Grand Harle (Mergus merganser), Bernache du Canada (Branta canadensis), Sarcelle d’hiver (Anas crecca), Harle couronné (Lophodytes cucullatus), Canard colvert (Anas platyrhynchos)], le nombre d’ÉCN retrouvé à l’intérieur d’un quadrat au cours d’une année d’inventaire a été utilisé dans les analyses. Bien que cet inventaire de sauvagine constitue une source de données des plus précises et importantes panni les suivis des populations animales au Canada, il comporte néarnnoins des limites par rapport au portrait exact des espèces de sauvagine dans leur habitat de nidification. Tout d’abord, l’inventaire cible le Canard noir, un nicheur hâtif, s’avérant ainsi moins efficace pour les espèces nichant tardivement. Un indicateur pouvant aider à apprécier cette limitation est le pourcentage d’ÉCN résultant de l’observation d’un mâle seul ou d’un couple isolé, soit les observations les plus fiables de nidification, bien qu’elles puissent aussi être le fait de couples en fin de migration. Chez les espèces à dimorphisme sexuel marqué, toutes sauf trois [le Fuligule à collier, le Fuligule milouinan (Aythya marila) et le Petit Fuligule (A. affinis)] ont plus de 74,5% des ÉCN résultant d’une observation de mâles ou de couples isolés.
Pour chaque espèce, le nombre de quadrats utilisés dans les analyses correspond aux quadrats dans lesquels 1′ espèce a été retrouvée au moins une fois au cours des années pendant lesquelles le quadrat a été inventorié. Ainsi, les analyses ne considèrent que les territoires couverts par la répartition observée de l’espèce en nidification, évitant de ce fait les artefacts d’effets d’une variable imputables à la répartition géographique des couples dans l’aire d’étude. L’analyse de l’abondance d’une espèce de sauvagine, soit le nombre d’ÉCN inventoriés à 1 ‘intérieur d’un quadrat au cours d’une année d’inventaire, comprend lllle ligne de données pour chaque quadrat-année. Les quadrats-années dans lesquels l’espèce n’a pas été observée se sont vus attribuer la valeur d’abondance O. Il est à noter que les abondances ont été utilisées une seule fois en variable explicative, soit les abondances de Canard colvert afin de modéliser les abondances de Canard noir. Cet usage est justifié par les nombreuses sources documentant les relations entre ces deux espèces (Ankney et al., 1987; Conroy et al., 1989; McAuley et al., 2004; Merendino and Ankney, 1994).
Sources des données d »habitat et d »altération de ! »habitat Toutes les manipulations des données géomatiques en vue de construire nos bases de données ont été exécutées à 1 ‘aide du logiciel Arc GIS 9.2. Les variables d’habitat proviennent des cartes forestières produites dans le cadre du 3′ programme d’inventaire écoforestier décennal du Ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF). Les catégories d’habitat retenues appartiennent au milieu aquatique et sont classées dans deux catégories. La première inclut les types de plan d’eau (lac, étang, rivière, ruisseau) et la deuxième comprend les types de rivage (île, milieu humide ouvert, marais arbustif, marais inondé, marécage, forêt). La présence de Grand Brochet dans un quadrat a été documentée par la consultation des biologistes régionaux du Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec (MRNF). Au total, huit Directions régionales de 1’ aménagement de la faune ont fourni les données permettant d’établir si le Grand Brochet était présent dans chaque quadrat. La source des données variait selon les endroits : les informations provenaient parfois d’une base de données systématisée du MRNF appelée GéoSIF A, alors que le savoir non-écrit des techniciens, des biologistes de terrain ou les données de récolte enregistrées dans les pourvoiries comblaient les lacunes. Une valeur de présence (1) ou d’absence (0), constante entre les années, a été attribuée à chaque quadrat. L’acidité des eaux de surface est documentée par une base de données compilant 1 ‘acidité de 1 240 lacs répartis sur le territoire québécois, fournie par le Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP). Les valeurs de pH, constantes entre les années, ont été attribuées à chaque quadrat en fonction du lac mesuré le plus près, à 1 ‘aide d’une requête de sélection par localisation.
La superficie des étangs créés par le castor a pu être calculée à partir des barrages de castor issus des cartes forestières produites dans le cadre du l’programme d’inventaire écoforestier décennal du MRNF. Le plan d’eau attenant au barrage a été identifié à l’aide d’une requête de sélection par localisation, puis catégorisé comme étang de castor et la superficie totale de ces étangs dans chaque quadrat a été calculée. Les données géomatiques de bâtiments et de baux de villégiature proviennent respectivement de la Base nationale de données topographiques (BNDT) et du MRNF. Les types d’activités humaines ayant lieu sur les baux de villégiature ne sont pas décrites au sein de ces données. Les nombres de bâtiments et de baux de villégiature ont été additionnés ensemble, puis la somme a été calculée pour chaque quadrat à l’aide d’une requête de joint spatial. Pour plus de commodité, cette variable est nommée <<bâtiments >>. Étant donné que les nombres de bâtiments et de baux de villégiatures sont considérés par l’État comme étant peu variables, il n’existe pas de données historiques mises à jour annuellement. Les données de chemins forestiers ont été tirées de la carte écoforestière du l’ inventaire décennal. À l’aide d’une requête de sélection par localisation, une année a été attribuée à chaque tronçon de chemin en fonction de l’année de la coupe adjacente moins un an. En effet, les chemins forestiers sont généralement construits durant l’année précédant la coupe. La longueur totale de chemins a été calculée pour chaque quadrat-année.
Les données géomatiques de barrages de plus d’un mètre de hauteur dans l’aire d’étude ont été fournies par le Centre d’expertise hydrique du MDDEP. Les barrages (toutes fins d’utilisation confondues) ont été assignés au plan d’eau adjacent à l’aide d’une requête de sélection par localisation et la superficie des réservoirs a pu être calculée dans chaque quadrat. Les années de construction des barrages étant disponibles, les valeurs de superficie de réservoirs sont variables entre les années.
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Table des matières
Avant-propos
Liste des tableaux
Liste des figures
Résulté
1. Introduction
1.1 Hypothèses
2. Méthodologie
2.1 Aire d’étude
2.2 Inventaires de sauvagine
2.3 Sources des données d’habitat et d’altération de l’habitat
2.4 Analyses statistiques
3. Résultats
3.1 Cartes descriptives
3.2 Effet des variables d’altération sur la sélection de l’habitat par la sauvagine
4. Discussion
4.1 Interactions entre le Canard noir et le Canard colvert
4.2 Étangs de castor
4.3 Bâtiments
4.4 Réservoirs
4.5 Chemins forestiers
4.6 Acidité des eaux de surface
4. 7 Grand Brochet
4.8 Aspect temporel, habitat naturel et limites des données
5. Conclusion
6. Tableaux et Figures
7. Bibliographie
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