Inventaire pour estimer les potentialités de production annuelle de BRF dans les sites d’étude du Bassin arachidier

Recherches sur les bois raméaux fragmentés

Les premiers essais d’utilisation des BRF à des fins agricoles ont été menés en 1978 par Edgar Guy tandis que la première publication a été faite en 1981 sous le titre « Observations sur l’emploi de résidus forestiers et de lisiers chez trois agriculteurs- Carrier, Fournier et Marcoux » par Guay et al. (1983). Elle a mis en exergue des résultats prometteurs sur la résistance des fraisiers au gel, l’amélioration de la structure du sol et du taux d’humus ou encore la disparition de l’odeur nauséabonde du lisier mélangé aux copeaux de cèdre (Thuja occidentalis), de sapin (A. balsamea) ou d’épinette (P. mariana ) en 48 heures (Guay etal . (1983). En foresterie, les expériences de régénération forestière suite à l’épandage de BRF ont favorisé, après plusieurs années, la réapparition spontanée de ligneux dans un site reconnu stérile depuis plus de 40 ans (Lemieux, 1986 ; Lemieux et Germain, 2001).
À travers le monde, les expérimentations menées surles BRF ont donné des résultats positifs sur des sols à texture contrastée, exceptéla première année suivant leur application durant laquelle le rendement de la première cultureest faible. Les travaux de Beauchemin et al. (1990, 1992a) sur l’effet d’apports de copeaux d’érable (Acer saccharum), de bouleau (Betula alleghaniensis ), d’épinette (P. mariana ) et de pin (Pinus pinea ) sur la production de pomme de terre (Solanum tuberosum ), de Soumaré et al. (2002) sur l’effet de BRF de Casuarina equisetifolia sur la tomate (Solanum lycopersicum ) et la revue de Barthès et al. (2010) ont également confirmé ces résultats. Ces baisses de rendement en première année ontété attribuées à une « faim en azote » qui peut toutefois être éradiquée par un apport supplémentaire de N et C sous forme de fumier ou d’engrais chimique (Guay etal. , 1983 ; Beauchemin et al. , 1990,1992a ; Soumaré et al. , 2002). L’effet de l’incorporation de BRF dure en moyenne 3 à 5 ans ou plus en fonction des quantités apportées, de la fréquence des apports, du mode d’utilisation (enfouissement ou épandage), des essences utilisées et des conditions pédoclimatiques (N’Dayegamiye et Dubé, 1986 ; Beauchemin et al. 1992a ; Soumaré etal. 2002).
Au Canada, les rendements en blé (Triticum aestivum ) et en orge (Hordeum vulgare) ont augmenté de 5 à 70 % avec des apports de copeaux de bois [érable (A. saccharum),bouleau (B. alleghaniensis) et frêne (Fraxinus americana )] seuls ou mélangés avec du lisierde porc (Guay etal. , 1983 ; N’Dayegamiye et Dubé, 1986), de même que ceux de la pomme de terre (Beauchemin et al. , 1990 ; Tremblay et Beauchamp, 1998 ; Beauchemin et al. , 1992a).
Au Sénégal, à la suite d’application de BRF de C. equisetifolia, une augmentation significative de la production de tomate, Solanum lycopersicum (400 %), d’aubergine amère, Solanum aethiopicum (300 %) et d’aubergine, Solanum melongena (400%), a été obtenue avec une baisse des attaques de nématodes et un contrôle des pucerons et des sclérotes (Soumare etal. ,2002 ; Seck et Lô, 2007). Les rendements en maïs (Zea mays) ont connu des hausses significatives au Kenya, en Côte d’ivoire et en République dominicaine (Barthès et al. , 2010). Au Burkina Faso, les rendements en sorgho (Sorghum bicolor) ont été accrus. Au Cameroun, l’utilisation d’émondes d’arbustes a augmenté le rendement du niébé (Vigna unguiculata ) cultivé en couloir avec ces arbustes (Kalemba et Ndoki, 1995).
L’apport des BRF, de feuillus ou de résineux, a en général un impact à court, moyen et long termes sur la structure globale du sol, son métabolisme et sa biologie. En effet, sous tous les climats, l’amendement des sols avec des BRF améliore leurs propriétés physiques en augmentant la porosité et la stabilité structurale (Obiefuna, 1991 ; Soumaré et al. , 2002 ; Barthès et al. , 2010). Les BRF accroissent significativement les quantités de carbone organique (C) mais aussi de N, Ca, K, Mg et P, diminuent les besoins en eau des plantes, favorisent la maîtrise de la flore adventice (fréquence de désherbage plus faible), réduisent ou neutralisent complètement de nombreuses maladies (fusariose, mildiou..), (Obiefuna, 1991 ; Salau etal. , 1992; Beauchemin etal. , 1992 ; Larochelle, 1994 ; Chervonyl, 1999 ; Soumaré et al. , 2002). Il en est de même pour les microorganismes décomposeurs tant bactériens que fongiques dont la spécificité dépend de la composition des BRF utilisés (Larochelle, 1994).
En effet, ces organismes telluriques créent un réseau trophique comparable à celui des sols forestiers à humus de type mull (Larochelle, 1994 ; Tissaux, 1996). Cet accroissement de bactéries et champignons lié à celui de l’humus participent à la formation d’agrégats dans les sols fortement dégradés par une agriculture continue (Feller etal. , 2005).

Les espèces végétales utilisées comme BRF

Les espèces arbustives buissonnantes, que sont Guiera senegalensis J. F. Gmel et Piliostigma reticulatum (DC) Hochst ont été choisies pour servir de substrat à l’étude des bois raméaux fragmentés. Ce choix est tributaire des résultats obtenus suite aux inventaires (cf. Chapitre III) qui ont été menés dans les CR de Niakhar et de Latmingué situées au niveau de la zone agro-écologique du BA. Ces résultats ont révélé que les rejets émis par les souches de G. senegalensiset de P. reticulatum après les coupes rez-terre annuelles effectuées lors des travaux champêtres étaient suffisants en quantité et en qualité pour faire office de BRF et être utilisés, incorporés aux sols comme amendement.

Piliostigma reticulatum (DC) Hochst

Description botanique

Espèce de la famille des Caesalpiniaceae , P. reticulatum est un arbre ou arbuste rustique, à forte capacité de régénération de souche dont le fût rarement droit au port tourmenté, peut atteindre 7 à 10 m de haut. Sa cime arrondie et très touffue est portée par des rameaux gris et glabres (Photo 2A). Ses feuilles gris-vertes, persistantes (lorsque l’arbre est situé dans des lieux humides) sont épaisses, alternes, distiques, coriaces, glabres en dessous, fortement bilobées avec une échancrure supérieure à90° avec des lobes arrondis ou en coin.
A base cordée ou arrondie, le limbe, glauque ou vert grisâtre, est porté par un pétiole dilaté aux deux extrémités (Photo 2B).

Répartition géographique et écologique

L’aire de répartition de P. reticulatum s’étend du Sénégal à l’Afrique centrale et orientale. Espèce grégaire de la zone sahélo-soudanienne, elle colonise et envahit les jachères (Bonnet et al. , 2008) et est rencontrée sur des sols lourds et mal drainés (mares, cours d’eau ou terrains temporairement inondés) mais aussi sur des sols latéritiques et argilo-sableux, (Berhaut, 1975b).

Utilisation

Grégaire, peu plantée et beaucoup anthropisée,P. reticulatum est une espèce à usages multiples. Très prisée en pharmacopée traditionnelle, elle est surtout recherchée pour la forte valeur fourragère de ses gousses et feuilles qui sont consommés par les animaux.
Elle fournit également un bon bois de feu et de charbon de bois. De ses racines pilées et de ses graines et gousses, une teinture rouge et bleu est confectionnée respectivement (Berhaut, 1975b). Pour inciter les abeilles à veniroccuper de nouvelles ruches, ses gousses sont brûlées et l’odeur fine et benzoïque qu’elles dégagent les attire (Kerharo, 1974 ; Berhaut,1975b).

Guiera senegalensis (Lam.) F. J. Gmel

Description botanique

Combretaceae native de la bande sahélo-soudanienne, G. senegalensis est un arbuste ou buisson ramifié dès la base avec une cime irrégulière (photo 4A). Son écorce fibreuse est grisâtre et ses rameaux sont tomenteux ou à pubescence argentée. Ses feuilles gris-vertes, de forme ovale, orbiculaire ou elliptique, sont opposées ou sub-opposées (photo 4B) avec un limbe à sommet arrondi ou mucroné et à base arrondie ou sub-cordée, duveteux sur les deux faces.

Étude in situ de la décomposition des BRF par la méthode des sacs à litière (litterbags)

La méthode des litterbags de Bocock et Gilbert (1957) est pratique pour suivre sur le terrain la perte de masse et les transformations d’une quantité connue de matériel végétal (Guo et Sims, 1999). Il s’agit la plupart du temps de petits sachets en fer ou en nylon, de maille variable et contenant du matériel végétal (feuilles, racines,…) préalablement pesé et séché. Ces sachets peuvent être disposés à la surface du sol ou enterrés. L’homogénéité de l’échantillon mis à incuber et le grand nombre de répétitions possible constituent des avantages de cette méthode (Guo et Sims, 1999).
La dynamique de perte de masse d’un matériel végétal et donc sa décomposition est consécutive à sa fragmentation par la faune du sol,au lessivage des éléments minéraux et au catabolisme (Swift et al. , 1979). En outre, les processus de décomposition jouent un rôle important dans la fertilité des sols en termes de cycle des éléments nutritifs, de cycle du C et N bouclés et de formation de matière organique du sol dans les écosystèmes forestiers et agroforestiers (Bargali et al. , 1993 ; Guo et Sims, 1999). Ainsi, dans cette partie, notre objectif a été d’étudier le devenir des bois raméaux fragmentés de G. senegalensiset de P. reticulatum enfouis dans le sol en évaluant leur perte de masse en fonction du temps d’enfouissement.
La technique des sacs à litière a été employée, d’août à décembre 2011, pour étudier la dynamique de perte de masse des BRF de G. senegalensiset de P. reticulatum . Les sacs (30 cm x 32 cm) ont été confectionnés à l’aide de grillage en polyéthylène munis de maille de 1 mm. La taille de ces mailles est suffisamment petite pour prévenir la perte de débris et assez grande pour permettre l’accès de la macrofaune (Gallardo et Merino, 1993 ; Sundarapandian et Swamy, 1999).
Les sachets ont été remplis avec 250 g de BRF de P. reticulatum , de G. senegalensisou du mélange des deux (50 % – 50 %). Chaque type de substrat (BRF de chaque espèce à 100 % et mélange des deux types de BRF), constituant un traitement, a été répété 3 fois. Puis ils ont été disposés aléatoirement dans une placette de 10 m x 10 m et enterrés à 10 cm de profondeur dans le sol durant toute la durée de l’expérimentation.
Trois sachets de chaque type de substrat ont été déterrés 1, 2 et 4 mois après enfouissement et transportés au laboratoire. Les débris résiduels de chaque sachet ont été lavés à l’eau du robinet pour enlever la terre qui y adhérait et les matériaux étrangers puisséchés à l’étuve dans des enveloppes en papier kraft à 70 °C jusqu’à poids constant. Après séchage, chaque enveloppe a été pesée individuellement. Ainsi, la perte de masse des BRF contenus dans les sacs à litière a été évaluée durant 120 jours et déterminée suivant la formule modifiée de Guo et Sims (2001) :

Analyses statistiques

Les données obtenues suite à l’inventaire ont été traitées sous Excel 2010 et réparties en classe de hauteur et de diamètre d’une amplitude de 20 cm. Les valeurs du volume d’encombrement calculées (Equation 1) et celle du diamètre moyen de la cépée des souches ont été soumis à un test de corrélation ayant permis leur distribution, l’un en fonction de l’autre.
Les données concernant les caractéristiques chimiques et biochimiques des BRF de G. senegalensis et deP. reticulatum (teneurs en lignine, hémicellulose, cellulose, C total, N total et éléments minéraux) ont été soumises à une analyse de variance (ANOVA) selon le test t de Student Newman-Keuls (au seuil de 5 % de probabilité), avec le logiciel XLSTAT 2010.
Les données obtenues suite à la décomposition in situcomme in vitrodes deux types de BRF [(poids moyen restant et perte de masse) et (pH, N total, COT, COD, C microbien, éléments minéraux)] et à l’étude de leur impact surla productivité du mil (diamètre au collet, hauteur, nombre de feuilles, d’épis et de talles, biomasses aérienne et racinaire) ont été soumis à une analyse de variance. En présence de différences significatives, le test de Student Newman-Keuls (au seuil de 5 % de probabilité) a étéeffectué pour identifier les traitements significativement différents selon la variable considérée, avec le logiciel XLSTAT 2010.

DÉCOMPOSITION IN SITU DES BRF PAR LA METHODE DES SACS À LITIERE (LITTERBAGS)

Les résultats de l’étude de la décomposition des BRF par la méthode des sacs à litière ont monté, après analyse, des différences significatives (p < 0,0001) entre les poids moyens restants dans les litterbags des substrats, tableau1. Cette perte par intervalle de 30 jours a été plus importante durant les 30 premiers jours d’enfouissement que durant les deux périodes de 30 jours (60 et 120 jours) suivantes.

DISCUSSIONS

ESTIMATION DES POTENTIALITES DE PRODUCTION ANNUELLE DE BRF DANS LES SITES D’ETUDE DU BASSIN ARACHIDIER

G. senegalensiset P. reticulatum sont les principales espèces dont les rejets de souches ont été recensés dans les champs de culture, avec un taux de présence respectif de 88 % à Niakhar et 87 % à Latmingué. Elles constituent, de ce fait, le potentiel de régénération ligneuse dans ces parcelles de culture. Ce résultatest conforté par les travaux de Mitja et Puig (1993) en Côte d’Ivoire; de Faye (2000) et de Faye et al. (2002) dans les terroirs villageois de Saré Yorobana et de Sobouldé en Casamance (Sud du Sénégal). Pour ces auteurs, les souches sont, au même titre que les arbres rémanents, des formes ligneuses présentes pendant les cycles de culture-jachère et qui forment l’essentiel du potentiel de régénération. En effet, ces rejets de souche présents dans les systèmes de culture traditionnels du BA sont des jachèresdérobées de contre-saison agricole (ou jachères de saison sèche), puisqu’elles s’établissent endehors des périodes culturales et ne durent que quelques mois.
Selon, Louppe (1991) et Peltier (1993), une jachèrede saison sèche ou micro-jachère survient lorsque les souches des arbrisseaux tels que G. senegalensis, C. glutinosum, P. reticulatum , …, émettent des rejets, dès les récoles en septembre-octobre, qui se maintiennent jusqu’à la saison culturale à venir. Bien qu’ils soient, à chaque fois, coupés au ras du sol au moment de la mise en culture précédente (en mai-juin) et systématiquement rabattus (en moyenne deux fois pour les cultures de mil et jusqu’à quatre fois pour une culture d’arachide) au cours des sarclages. Les travaux de Louppe (1991) montrent que dans les micro-jachères du BA (terroir villageois de Thiénaba) et de la région de Niamey (Niger), G. senegalensiset Piliostigma spp assurent, respectivement, la régénération de la strate arbustive par leur rejets de souche. Leur grande capacité de reprise (rejetonnage) étant dû à leur fort enracinement comme indiqués dans les études de Louppe (1991) et de Bationo (1994).
Par ailleurs, la distribution des individus dans les classes de diamètre se présente sous la forme d’une structure en cloche plus marquée à Niakhar (Figure 6) qu’à Latmingué (Figure 8). Le plus grand effectif (nombre d’individus) se trouve dans les classes moyennes : [80-100[cmpour G. senegalensiset [180-200[cm pour P. reticulatum . Cela peut s’expliquer par les pratiques agricoles notamment les fréquents recépages (défrichage et coupe systématique avant et pendant les cultures) dont les souches font l’objet comme l’attestent Alexandre et Kairé (2001) pour qui l’importance des rejets de souches dépend à la fois du mode de défrichement et de la culture pratiquée. Les résultats similaires obtenus par Ndiaye (2013) avec des coupes rez-terre de sujets de baobab (Adansonia digitata L.), indiquent qu’en plus des pratiques agricoles, les feux de brousse et lespratiques pastorales peuvent être à l’origine de ce type de structuration des rejets de souches.
Kaïré (1999) a montré dans ses travaux sur la production ligneuse des jachères que l’estimation de la biomasse ligneuse aérienne, de même que sa quantification, aboutissent aux mêmes résultats que les souches soient coupées au niveau du diamètre à hauteur de poitrine d’homme (à 1 m 30 cm) ou du diamètre basal (au ras du sol). Ainsi, l’estimation de la production ligneuse dans les micro-jachères à G. senegalensis et à P. reticulatum de nos sites d’étude montre une variabilité de leur phytovolume qui a été assimilé à la quantité de biomasse potentiellement utilisable comme BRF. Ce phytovolume croît en même temps que le diamètre de la couronne des souches (Figures 9 et 10) montrant ainsi une distribution en forme de trompette (ou comète) des données obtenues, liant ce phytovolume au diamètre moyen de la cépée des souches, autrement dit au diamètre basale des souches. Kaïré (1999) et Alexandre et Kaïré (2001) ont eu des résultants similaires avec C. geitonophylum , C. glutinosum , P. thonningii et Terminalia macroptera en zone soudano-guinéenne du Sénégal.
Ainsi, pour G. senegalensis, la quantité de biomasse potentiellement disponible et utilisable comme BRF est d’autant plus importante que le diamètre moyen des rejets de souches est compris entre 45 et 100 cm. Cet intervalle englobe la classe de diamètre [80-100[cm regroupant le plus grand nombre (33 %) d’individus alors que pour P. reticulatum , elle se situe dans la classe [180-200[cm.
Il ressort de cette étude que les souches de P. reticulatum et de G. senegalensis, principales espèces ligneuses du recrû arbustif dans les champs de cultures de nos sites d’étude, fournissent assez de rejets pour produire des BRF. Cette disponibilité de rejets est possible du fait de la forte capacité de régénération par rejetonnage de ces ligneux durant les jachères dérobées de contre saison agricole. Toutefois, pour une bonne adoption et un usage durable de la technologie des BRF, il nous paraît important de poursuivre les travaux entrepris en menant des études sur les méthodes et les périodes de défrichage et de prôner la régénération naturelle assistée (RNA) dans les systèmes de cultures traditionnels du BA.

DÉCOMPOSITION IN SITU DES BRF PAR LA METHODE DES SACS À LITIERE (LITTERBAGS)

L’étude de la décomposition des substrats végétaux par la technique des sacs à litière permet, entre autre, d’évaluer les pertes de masse de ce substrat, de quantité et/ou de qualité connues, au cours d’un temps plus ou moins long (Bocock et Gilbert, 1957). Cette perte de masse est consécutive à sa décomposition qui résulte de sa fragmentation par la pédofaune, du lessivage de ses éléments minéraux et du catabolisme (Swift et al. , 1979 ; Tissaux, 2001). Ce dernier mécanisme étant à l’origine de la transformation des composés organiques complexes des résidus végétaux en molécules simples, organiques ou minérales par les microorganismes.
Plusieurs auteurs (Olson, 1963 ; Sundarapandian et Swamy, 1999 ; Samba, 2001 ; Alhamd et al. , 2004 ; Jacob et al. , 2009) ont montré que la courbe de la cinétique de décomposition des litières présente une allure décroissante pouvant être décrite par une formule type y = a e(bx) représentant leur perte de masse en fonction du temps. Dans ce modèle exponentiel, y représente la perte de masse des substrats, x le temps de séjour dans le sol, a le poids initial des substrats (x) et b le coefficient de décomposition. Ainsi, la litière en décomposition présente en début d’enfouissement uneétape de perte de masse rapide suivie d’une seconde étape de perte en masse ralentie (Anderson et Swift, 1983 ; Bubb et al., 1998; Sundarapandian et Swamy, 1999 ; Samba, 2001 ; Tutuaet al. , 2002 ; Goma-Tchimbakala et Bernhard-Reversat, 2006, Nikolaidou et al. , 2010). Cette seconde étape est le résultat de la réduction de l’activité des microorganismes face à la forte diminution des composés facilement décomposables durant la phase précédente (Kögel-Knabner, 2002; Sall et al. , 2003). Ces étapes ont été observées dans cette étude et confortent les résultats qui ont été obtenus.
En effet, les pertes de masse des substrats constitués de BRF de G. senegalensis, de BRF de P. reticulatum et du mélange de deux types de BRF ont suivi une cinétique d’ordre décroissante devenant de plus en plus faible à mesure que le temps s’écoule (Tableau 1, Figure 11). Ainsi, ces faibles pertes de masse observées en fin d’enfouissement peuvent être consécutives à de faibles taux de décomposition desBRF par les microorganismes du sol. Ce qui évolue dans le même sens que les résultats obtenus par Sundarapandian et Swamy (1999) qui révèlent que, lors de la décomposition, à travers des litterbags, de la litière de 11 espèces issues de la forêt tropical d’Inde, les taux de perte de masse plus élevés en début qu’en fin d’incubation pourraient être dûs à des pertes élevées de composés simples, hydrosolubles et à la désagrégation des substrats par les décomposeursdu sol. Ces résultats sont corroborés par les travaux de Tutua etal. (2002) ; Sall et al . (2003), Nikolaidou et al . (2010). Alors que les taux de perte de masse relativement faibles en fin d’enfouissement sont dus à une accumulation de composés récalcitrants, tel que la lignine dans les débris résiduels (Loranger et al. , 2002). La lignine est un composé complexe et récalcitrant à l’action de beaucoup de microorganismes. Elle peut aussi se combiner avec d’autres composés dans les litières pour former des complexes encore plus récalcitrants (Mellilo et al ., 1989 ; Smith et al., 1998).
Ainsi, ce qui précède, permet d’avancer que les teneurs en composés pariétaux, notamment la lignine, plus élevé au niveau des BRF de P. reticulatum que dans ceux de G.
senegalensis , justifient les pertes de masse plus importantes notées pour ce dernier. Ce constat est confirmé par les résultats de l’analyse de la composition chimique et biochimique des BRF de G. senegalensis et deP. reticulatum , consignés dans le tableau 4 du chapitre V, qui ont révélé des différences significatives pour les teneurs en lignine (p = 0,001) et en cellulose (p = 0,001) entre les deux types de BRF. Ces teneurs sont bien plus importantes pour les BRF de P. reticulatum que pour ceux de G. senegalensis (70,51 % et 9,14 % de lignine respectivement). Guo et Sims (1999) parlent de facteurs internes, qui sont des caractéristiques intrinsèques des litières, pouvant affecter leur décomposition, alors que pour Trinsoutrot etal. (2000), ces composés récalcitrants constituent, au même titre que les tanins et polyphénols, des indicateurs pertinents de la décomposabilité d’un substrat.
Par ailleurs, les substrats constitués du mélange, en quantité égale (50 % – 50 %), de BRF de G. senegalensis et de P. reticulatum se décomposent plus rapidement que les substrats formés uniquement de BRF de G. senegalensisou de BRF de P. reticulatum (Figure 11). De plus, les pertes de masse des BRF de G. senegalensissont plus importantes que celles de P. reticulatum , ce qui peut expliquer l’effet positif, stimulateur des BRF de G. senegalensis sur ceux de P. reticulatum lorsqu’ils sont en mélange en quantité égale. Ce résultat va dans lemême sens que la plupart des études menées sur la décomposition de mélanges de litièresd’espèces différentes (Gartner et Cardon, 2004 ; Hättenschwiller et al. , 2005 ; Jacob et al. , 2009). Ces auteurs ont utilisé dans leurs travaux des mélanges constitués à part égale de la même quantité de chaque type de matériel végétal étudié. Ce qui est le cas dans cette présente étude.

DÉCOMPOSITION IN VITRO DES BRF DE G. senegalensis ET DE P. reticulatum

Composition biochimique des bois raméaux fragmentés

Les bois raméaux de G. senegalensiset de P. reticulatum ont des teneurs en N faibles (1,39 % et 1,17 % respectivement), inférieures à la valeur critique (1,5 %) suggérée par Bartholomew (1965), Allison (1973) et Beauchemin (1990). Ceci explique les ratios C/N élevés obtenus avec les BRF de G. senegalensis(31) et ceux de P. reticulatum (38,4) et qui pourraient fortement occasionner une immobilisation de N disponible par les microorganismes lors de leur incorporation au sol. En effet, selon les auteurs précités, une immobilisation de N survient lorsque du matériel végétal, en l’occurrence les BRF, contient moins de 1 à 1,5 % de N sur une base sèche, ce qui est le cas des BRF utilisés. De plus, le ratio lignine/N, indice de décomposabilité proposé par Berg et al. , (1982), est presque 10 fois plus élevé pour les BRF de P. reticulatum (60,26) que pour ceux de G. senegalensis(6,57) et présage d’une dégradation plus rapide des BRF de G. senegalensiset d’une immobilisation de N plus prononcée avec les BRF de P. reticulatum .

Influence des BRF sur des propriétés chimiques et biologiques des sols d’étude du Bassin arachidier

En valeur absolue, le gain d’une unité de pH obtenuen fin d’expérimentation montre que les BRF étudiés permettent d’équilibrer le pH en neutralisant celui des sols (ferrugineux tropicaux) faiblement acides. Des résultats similaires ont été obtenus par Marschner et Noble (2000) lors d’une étude effectuée en labo avec de la litière foliaire de Melia azedarach ,Castanea sativa et Saccharum officinarumsur sol acide bien que la durée d’incubation n’ait été que de 20 jours à 25°C.

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Table des matières
AVANT PROPOS
RESUME
ABSTRACT
LISTE DES ABREVIATIONS
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Liste des figures
Liste des tableaux
Liste des planches
Liste des schémas
Liste des annexes
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1. Les Bois Raméaux Fragmentés (BRF)
1.1 Historique et principes
1.2 Recherches sur les bois raméaux fragmentés
2. Les espèces végétales utilisées comme BRF
2.1 Piliostigma reticulatum (DC) Hochst
2.1.1 Description botanique
2.1.2 Répartition géographique et écologique
2.1.3 Utilisation
2.2 Guiera senegalensis (Lam.) F. J. Gmel
2.2.1 Description botanique
2.2.2 Répartition géographique et écologique
2.2.3 Utilisation
CHAPITRE II : MATERIEL & METHODES
1. Présentation du cadre d’étude
2. Sites d’étude
3. Matériel végétal
3.1 Composition
3.2 Caractérisation chimique et biochimique des BRF
4. Sol d’étude
5. Dispositifs expérimentaux mis en place
5.1 Inventaire pour estimer les potentialités de production annuelle de BRF dans les sites d’étude du Bassin arachidier
5.2 Étude in situde la décomposition des BRF par la méthode des sacs à litière (litterbags)
5.3 Étude in vitrode la décomposition des BRF de G. senegalensis et de P. reticulatum
5.4 Étude de l’influence des BRF sur la productivité dumil en station
6. Analyses statistiques
CHAPITRE III : RESULTATS
1. ESTIMATION DES POTENTIALITES DE PRODUCTION ANNUELLEDE BRF DANS
LES SITES D’ETUDE DU BASSIN ARACHIDIER
1.1 Composition du peuplement ligneux défriché annuellement
1.2 Structure des rejets de souche
1.3 Relation entre phytovolume et diamètre moyen de la couronne des souches
2. DÉCOMPOSITION IN SITU DES BRF PAR LA METHODE DES SACS À LITIERE (LITTERBAGS)
3. DÉCOMPOSITION IN VITRO DES BRF DE G. senegalensisET DE P. reticulatum
3.1 Caractéristiques chimiques du sol d’étude
3.2 Caractéristiques chimiques et biochimiques des BRF de G. senegalensiset de P. reticulatum
3.3 Influence des BRF sur des propriétés chimiques et biologiques des sols du BA
3.4 Dynamique de libération des éléments minéraux des BRF de G. senegalensiset de P. reticulatum au cours de leur incubation
3.4.1 Éléments minéraux libérés avec la dose D1 (0,7 g) de BRF de G. senegalensiset de P. reticulatum
3.4.2 Éléments minéraux libérés avec la dose D2 (1,7 g) de BRF de P. reticulatum et de G. senegalensis
4. INFLUENCE DES BRF SUR LA PRODUCTIVITÉ DU MIL, Pennisetum glaucum(L.)
4.1 Caractéristiques chimiques du sol en station
4.2 Caractéristiques biochimiques des BRF de G. senegalensis et de P. reticulatum
4.3 Effet des BRF sur la croissance et le rendement du mil
4.4 Effet des BRF sur la production de biomasse aérienne et racinaire du mil
CHAPITRE IV : DISCUSSIONS
1. ESTIMATION DES POTENTIALITES DE PRODUCTION ANNUELLEDE BRF DANS LES SITES D’ETUDE DU BASSIN ARACHIDIER
2. DÉCOMPOSITION IN SITU DES BRF PAR LA METHODE DES SACS À LITIERE (LITTERBAGS)
3. DÉCOMPOSITION IN VITRO DES BRF DE G. senegalensisET DE P. reticulatum
4. INFLUENCE DES BRF SUR LA PRODUCTIVITÉ DU MIL, Pennisetum glaucum(L.)
CONCLUSION & PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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