Les zones humides ont longtemps été considérées comme des terres incultes favorisant la propagation de moustiques, de maladies. Ce sont pourtant des espaces naturels qui possèdent un fort intérêt faunistique et floristique. De part leur diversité (prairies alluviales, marais, forêts alluviales, mares, étangs, tourbières, annexes fluviales, vasières…) ces zones remplissent de nombreuses fonctions : des fonctions écologiques, mais aussi l’épuration des eaux, l’écrêtement des crues ou le soutien des débits d’étiages. D’un point du vue piscicole, les zones humides jouent un rôle prépondérant à la survie d’un cortège piscicole. Selon leur typologie, la saison et les espèces, ces zones assurent un rôle de frayère, de nurseries, de zones d’alimentation, de zones de reproduction ou de zones de repos. Ainsi, les zones humides sont une grande richesse pour les cours d’eau en terme de quantité et de qualité de la ressource en eau mais également pour la biodiversité qu’elles offrent.
Ces zones sont actuellement menacées avec le développement de l’agriculture moderne et l’urbanisation. Beaucoup d’espaces sont remblayées, assainies, ou ne sont plus entretenus. Ils perdent ainsi tout leur intérêt écologique et ne remplissent plus leurs différentes fonctions (écologiques, hydrologiques…).
Dans le cadre de la rétrocession du Domaine Public Fluvial de l’Etat au Conseil Général de Loire-Atlantique, la Fédération de Loire-Atlantique pour le Pêche et la Protection du Milieu Atlantique réalise un inventaire des zones humides annexes au Canal de Nantes à Brest. Cette étude apporte un diagnostic précis du potentiel piscicole du Canal pour l’espèce repère le brochet (Esox Lucius) permettant d’établir un plan de gestion. Ce plan regroupe des mesures de gestion générales sur les zones inventoriées mais également des propositions de restauration sur des zones ciblées en vue de réhabiliter leur fonctionnement piscicole.
Le Canal de Nantes à Brest
Généralités – historique
Le canal de Nantes à Brest (figure 2) traverse cinq départements, la Loire-Atlantique, le Morbihan, l’Ille et Vilaine, les Côtes d’Armor et le Finistère. Il mesure de l’Erdre à l’Aulne 364 km et emprunte huit cours d’eau qui ont été canalisés pour permettre la navigation : l’Erdre, l’Isac, l’Oust, le Blavet, le Doré, le Kergoat, l’Hyère et l’Aulne. Trois biefs de partage ont été créés pour permettre la liaison entre ces vallées, Bout de-Bois (alt. 20m), Hilvern (alt. 129m) et Glomel (alt. 184m), ce qui représente 73 km de cours d’eau artificiels, et 238 écluses ont été construites (dont 18 englouties par le barrage de Guerlédan).
L’idée d’ouvrir une voie de navigation intérieure en Bretagne remonte au XVIème siècle, mais c’est seulement dans la première moitié du XIXème siècle, suite au blocus de Brest par les Britanniques, que Napoléon Ier décide de sa construction. Il fut inauguré en 1858 par Napoléon III. A partir de 1923, suite à la construction du barrage de Guerlédan et aux progrès du chemin de fer, le fret sur le canal est de moins en moins pratiqué. Ainsi aujourd’hui le canal n’est plus emprunté que par les plaisanciers, il permet aux bateaux en Loire-Atlantique d’aller de la Loire à la Vilaine.
La partie du canal étudiée est située dans le département de Loire-Atlantique, depuis la confluence du canal avec l’Erdre à Nort-sur-Erdre jusqu’à la confluence du canal avec la Vilaine à Redon. Il traverse 11 communes : Blain, Fégréac, Guenrouët, Héric, la Chevallerais, Nort-sur-Erdre, Plessé, Saffré, Saint-Nicolas de Redon, Sévérac et Théhillac (Carte Zone d’étude).
Il peut être séparé en différentes parties bien distinctes :
✠ une partie « amont » très artificialisée depuis la confluence avec l’Erdre jusqu’à l’étang de Bout-de-Bois et comprenant le bief de partage (située dans le bassin versant de l’Erdre) ;
✠ une partie médiane assez naturelle entre l’étang de Bout-de-Bois et Guenrouët, le canal emprunte le lit de l’Isac ;
✠ une partie aval séparée en deux bras, le Vieil Isac qui rejoint la Vilaine à Théhillac et le canal qui remonte jusqu’à Redon.
Caractéristiques physiques du milieu
Géologie et hydrogéologie
Le canal se situe dans le socle ancien du Massif armoricain. Les formations géologiques peuvent être séparées en deux sous-ensembles. Le substratum ancien correspond à un ensemble de roches indurées et fracturées d’origine sédimentaire (schistes et grès) et plutonique (granite) mis en place dans les ères Précambrienne et Paléozoïque. Il représente environ 70% des surfaces affleurantes. Par-dessus ces formations de socle viennent, en remplissage de bassin ou en couverture, des formations Tertiaires essentiellement d’origine marine (10% des surfaces affleurantes) ainsi que des formations Quaternaires principalement représentées par des alluvions fluviatiles et fluvio-estuariens holocènes (20% des surfaces affleurantes).
Trois types d’aquifères peuvent être distingués dans la zone d’étude. Les aquifères alluviaux sont peu exploités sur le canal car leur exploitabilité dépend de la géométrie des alluvions, de leur granularité et de leur teneur en argile ainsi que des conditions de leur réalimentation par le cours d’eau qu’elles accompagnent. Les aquifères des formations Tertiaires et Quaternaires ont un rôle important dans le maintien de la réserve en eau de la zone puisqu’elles supportent l’essentiel des nappes d’eau exploitées sur le périmètre. Les aquifères de socle peuvent être séparés en deux niveaux superposés, étroitement connectés et interdépendants, mais aux caractéristiques dynamiques différentes : l’horizon supérieur sur le socle peu profond et l’horizon inférieur sur le socle profond.
Climatologie
Le climat au niveau du canal est lié à l’influence océanique dont la pénétration est largement facilitée par l’estuaire de la Loire et l’absence de relief notable. Ainsi les pluies sont fréquentes mais peu intenses et les températures sont souvent douces avec des variations modérées. La pluviométrie est d’environ 700 mm de hauteur moyenne annuel, quant aux températures, les maximales moyennes annuelles sont voisines de 16°C et les minimales moyennes annuelles sont d’environ 9°C.
Hydrologie
Une seule station de mesure, mise en place en 2001, est présente sur le cours d’eau Isac, elle est située au lieu-dit Melneuf à Guenrouët (J9202510). Le débit d’étiage (QMNA5) calculé sur l’année 2005 est de 0,002 m3/h et le débit moyen sur la période 2001/2007 est de 0,8 m3/h, avec un débit instantané maximal de 29,4 m3/h observé le 22 mai 2007 et un débit journalier maximal de 8,34 m3/h le 19 février 2006.
Qualité du milieu
Qualité de l’eau
D’après le Tableau de bord des données sur l’eau du Pôle eau 44 datant de 2003, la qualité de l’eau est passable à mauvaise. Cette qualité est surtout affectée par les taux de matières organiques et oxydables importants ainsi que de fortes concentrations en nitrates. Les concentrations de matières phosphorées sont globalement plus faibles. Concernant la qualité hydrobiologique, l’Indice Biologique Diatomés indique une qualité de l’eau passable sur la station de Guenrouët. La Directive Cadre sur l’eau de 2000 fixe comme objectif d’atteindre un bon état de l’ensemble des masses d’eau pour 2015. Le canal de Nantes à Brest est réparti sur trois masses d’eau, l’Erdre depuis Feigne jusqu’au plan d’eau de l’Erdre, l’Isac depuis Saffré jusqu’à Blain et l’Isac depuis Blain jusqu’à sa confluence avec la Vilaine. Pour chacune de ces masses d’eau, des probabilités de respect des objectifs de la DCE ont été établies en fonction de différents paramètres (macropolluants, nitrates, pesticides, morphologie, hydrologie).
Peuplement piscicole
Le PDPG (Plan Départemental pour la Protection du milieu aquatique et la Gestion des ressources piscicoles) de Loire-Atlantique établit en septembre 2001 définit sur la zone étudiée différents contextes piscicoles :
➤ Contexte J91.08.ID : Affluents Cal Nantes-Brest ; Espèce repère : Cyprinidés Rhéophiles
➤ Contexte J91.32.CD : Canal Nantes à Brest ; Espèce repère : Brochet
➤ Contexte J92.33.CP : Isac aval ; Espèce repère : Brochet .
Le PDPG constitue le volet opérationnel du Schéma Départemental à Vocation Piscicole (SDVP) et propose des orientations de gestion et des programmes d’actions favorables à la protection et la restauration des milieux aquatiques.
Un contexte piscicole se définit comme « une unité géographique et hydrogéographique dans laquelle une population de poissons, représentative du type de milieu considéré, fonctionne de façon autonome en y réalisant les différentes phases biologiques de son cycle vital » (Mouren, 2001). Trois domaines ont ainsi été définis pour les contextes en fonction des caractéristiques du milieu et de la zonation classique des cours d’eau, les domaines Salmonicoles, Intermédiaire et Cyprinicole. Une espèce indicatrice (espèce repère) est désignée pour chaque contexte, il s’agit d’une espèce de poisson représentative de l’ensemble du peuplement piscicole et du type de milieu auquel elle est associée qui sert d’indicateur biologique de la qualité écologique du milieu aquatique. Pour le domaine Salmonicole il s’agit de la Truite fario, pour le domaine Cyprinicole du brochet et pour le domaine Intermédiaire ce sont les Cyprinidés d’eau vive.
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Table des matières
Introduction
Présentation de la structure d’accueil
Présentation de l’étude
I. Le Canal de Nantes à Brest
A. Généralités – historique
B. Caractéristiques physiques du milieu
C. Qualité du milieu
D. Usages et gestion du milieu
II. Les zones humides
A. Définition d’une zone humide
B. Fonctions des zones humides
C. Menaces et actions de restauration
III. Le brochet : Esox Lucius, Linné 1758
A. Description de l’espèce
B. Biologie – Ecologie
C. Caractéristiques des sites de frai
D. Menaces et mesures de conservation
Matériel et méthodes
I. Repérage et cartographie des zones humides
II. Saisie et analyse des données
A. Les paramètres généraux
B. Typologie des zones humides
C. Morphologie
D. Paramètres hydrologiques
E. Habitat
F. Distance à l’ouvrage aval le plus proche
G. Choix des zones humides
Résultats de l’inventaire
I. Présentation et localisation des zones humides
II. Présentation des résultats des principaux paramètres étudiés
A. Typologie des zones humides
B. Morphologie des zones humides
C. Habitat
D. Hydrologie des zones humides
E. Distance à l’ouvrage
III. Notation et choix des zones humides intéressantes
Propositions de gestion et d’aménagement
I. Propositions générales
A. Entretien de la végétation
B. Entretien des fossés et des connexions
C. Mise en place d’un ouvrage de rétention
D. Terrassement
E. Suivi des frayères
II. Propositions de restauration de frayères à brochets
Conclusion
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