Géologie et pédologie
La région de Morondava
La zone d’étude appartient au bassin sédimentaire, situé sur les marnes du Jurassique et du Crétacé (CHAPERON, 1993), et se caractérise par une succession de dépôts d’origine continentale et/ou marine (BESAIRIE, 1973). Les formations continentales constituées de grès du Crétacé forment une couche moyenne de sable roux. Les sols sont représentés en majeure partie par des types ferrugineux tropicaux peu lessivés (CHAPERON et al., 1993) : sol rouge, sol jaune, sol jaune humifère, sol hydromorphe sur carapace sableuse et sol hydromorphe sur grès. Ils se forment surtout aux dépens des formations gréseuses et correspondent aux carapaces sableuses caractérisées par une forte teneur en fer en surface (FELBER, 1984).
La NAP de Bongolava
La NAP de Bongolava fait partie du bassin sédimentaire du Boina et est caractérisée par une succession des couches sédimentaires qui reposent sur un socle cristallin. Le plateau passe à l’ouest et la zone déprimée des grés terriens, qui est recouverte de la carapace sableux et bordée par des alluvions, est à substrat sableux. (BIRKINSHAW et al., 2005). Selon la classification de SEGALEN (1956), il est possible de distinguer dans la NAP de Bongolava :
– Des sols « hydromorphes » moyennement organiques et organiques qui sont fertiles et constitués par des sols argileux du bas fond.
– Des sols dits « évolués » qui sont des sols ferrugineux lessivés sur lesquels pousse la forêt sèche et dont les conditions sont peu favorables pour les cultures.
– Des sols «peu ou pas évolués»: favorisés par des sols d’apport divers qui sont formés de colluvions et de sables blancs occupant presque tout le plateau de Bongolava.
– Des sols alluvionnaires (le « Baiboho ») qui constituent le fondement d’une économie agricole dans cette région.
Hydrographie
Dans la région de Morondava, deux types de cours d’eau sont distingués (RAZAFIARISERA, 2000) :
– Les cours d’eau permanents ou grands fleuves : Tsiribihy, Mangoky, Maharivo et Kabatomena.
– Les cours d’eau temporaires ou oueds qui ne coulent qu’après les fortes pluies des saisons pluvieuses : Sakay, Tomitsy, Andrangory, une Partie de l’Andranomena.
Le district de Port-Bergé se caractérise par l’existence de deux grands fleuves (Mahajamba et Maevarano) et d’un grand nombre de lacs notamment les lacs Matsaborimena, Matsaborifanjava, Besisika, Antsambalahy, Sarodrano, Tseny, Amparihy, Bemakamba et Marovariho. Certains lacs s’assèchent progressivement au cours de la saison sèche. Leur existence offre des potentialités de riziculture sur leur pourtour, mais aussi tient une place importante dans l’économie locale par le biais des activités de pêche, car leur faune piscicole est abondante et variée.
MILIEU BIOTIQUE
Flore et végétation
Les deux zones d’études (Morondava et Bongolava) font partie du Domaine de l’Ouest et de la région occidentale de Madagascar (HUMBERT, 1955). D’après la carte de division écofloristique de Madagascar (FARAMALALA & RAJERIARISON, 1999), elles appartiennent à la zone écofloristique occidentale de basse altitude (0 à 800 m) et sont classifiées dans la région sèche (SCHATZ, 2002). La principale formation végétale de ces 2 régions est la forêt sèche caducifoliée de l’ouest malgache (WHITE, 1983), caractérisée par la chute des feuilles pendant la saison défavorable. La végétation climacique y est une forêt tropophile appartenant à la série à Dalbergia, Commiphora et Hildegardia (KOECHLIN et al., 1974). Le système de culture sur brulis appelé communément « hatsake » et le déboisement sont les principales menaces de la végétation de ces régions.
Plusieurs représentants de la famille des DIOSCOREACEAE notamment des espèces du genre Tacca ou « Tavolo » et diverses espèces de Dioscorea ou « Oviala » poussent à l’intérieur de la forêt de Morondava et de Bongolava. Avec les travaux déjà entrepris dans la région de Morondava, une espèce de Tacca, Tacca leontopetaloïdes (CEPF, 1999), et onze espèces de Dioscorea sauvages (RAJAONAH, 2004) y ont été particulièrement recensées: Dioscorea maciba Jum. & Perr. (Ovy), D. soso (Sosan-drano, Sosan’ala, Babo menamionga, Babo gasy), D. ovinala Bak. (Angily), D. antaly Jum. & Perr. (Antaly), D. sansibarensis Pax. (Veoveo), D. fandra Perr. (Anjiky), D. bemarivensis Jum. et Perr. (Trengitrengy) et enfin D. bako (Bako), une nouvelle espèce qui a été décrite par WILKIN et al. (2008).
Populations et leurs activités
Morondava
Au Sud-Ouest, principalement à Morondava, la population est formée en majeure partie par les «Sakalava du Menabe ». Cependant, suite à une forte immigration, plusieurs ethnies composées essentiellement des Antesaka, des Antandroy, des Bara, des Betsileo, des Merina et des Sihanaka s’y retrouvent aussi. Les populations y occupent des activités diverses à savoir :
– L’agriculture : les principales cultures sont les cultures du riz, de maïs et d’arachide. Le mode de culture le plus utilisé est le « hatsake » ou culture sur brûlis pour obtenir du sol plus fertile car le sol sableux est peu fertile et sensible à la sécheresse (CASABIANCA, 1966).
– L’élevage : l’élevage des moutons et des chèvres est seulement effectué par quelques ethnies alors que l’élevage des bovins (zébus) est le plus pratiqué et constitue une activité primordiale pour les Sakalava et les Bara.
– La pêche : La pêche constitue une des activités principales des villageois habitant près du fleuve Tsiribihina, des lacs et mers.
– La cueillette, la chasse et l’exploitation forestière: Les villageois du Menabe sont en général fortement dépendants de la forêt comme source de biens. Les populations y prélèvent des produits forestièrs considérable comme les plantes médicinales : le Katrafay (Cedrelopsis grevei) ; les aliments à savoir le miel, les gibiers de la chasse: les lémuriens (Propithecus verreauxi, Lepilemur sp, Cheirogaleus sp), les Tenrecs (Tenrec ecaudatus,…) et les Sangliers (Potamocherus larvatus), les tubercules des ignames (Dioscorea spp.) et des Tavolo (Tacca leontopetaloides), et les bois selon leur besoins : bois de construction (Commiphora sp), bois de cercueil (Hernandia voyroni) et bois de chauffe (Cedrelopsis grevei, Dalbergia spp).
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Table des matières
INTRODUCTION
I. MILIEU D’ETUDE
I.1. MILIEU PHYSIQUE
I.1.1.1. Région Menabe
I.1.1.2. Région SOFIA
I.1.2. Climat
I.1.3. Géologie et pédologie
I.1.3.1. La région de Morondava
I.1.3.2. La NAP de Bongolava
I.1.4 Hydrographie
I.2. MILIEU BIOTIQUE
I.2.1. Flore et végétation
I.2.2. Populations et leurs activités
I.2.2.1. Morondava
I.2.2.2. Bongolava
II. MATERIELS ET METHODES
II. 1. MATERIELS
II.1.1. Matériel végétal
II.1.2. Matériels techniques
II.2. METHODOLOGIE
II.2.1 ETUDE PRELIMINAIRE
II.2.1.1 Recherche bibliographique
II.2.1.2. Consultations des herbiers
II.2.2 ETUDE ETHNOBOTANIQUE
II.2.2.1 Collecte des données ethnobotaniques
II.2.2.2 Traitement des données ethnobotaniques
II.2.3. COLLECTE DE MATERIEL VEGETAL
II.2.4. ÉTUDE MORPHOLOGIQUE
II.2.5. ETUDE BIOLOGIQUE
II.2.5.1. Etude phénologique
II.2.5.2. Etude de la dissémination des diaspores
II.2.6. ETUDE ECOLOGIQUE
III. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1. ETUDE ETHNOBOTANIQUE
III.1.1. Inventaire des ignames connues par la population locale de Morondava et de Port-Bergé
III.1.2. Perception paysanne de la valeur, la biologie et l’écologie des ignames
III.1.3. Dénomination et signification des noms vernaculaires des ignames
III.1.4. Critères d’identification et de classification des espèces de Dioscorea par les paysans
III.1.5. Période et techniques de collecte des tubercules d’ignames
III.1.6. Mode de préparation et de consommation des ignames sauvages de Morondava et de Bongolava
III.1.7. Autres utilisations des espèces de Dioscorea
III.1.8. Résultats sur la fréquence d’utilisation (F.U) et l’indice de Saillance (I.S) de chaque espèce de Dioscorea
III.1.9. Commercialisation des ignames
III.1.1. Coutumes, croyances et proverbes ou dictons concernant les ignames
III.2. DESCRIPTION BOTANIQUE
III.2.1. Dioscorea maciba Jum. & H. Perrier 1909
III.2.2. Dioscorea bako Wilkin 2008
II.2.3. Dioscorea quartiniana A. Rich. 1851
III.2.4. Dioscorea ovinala Baker 1882
III.2.5. Dioscorea sansibarensis Pax 1892
III.2.6. Dioscorea antaly Jum. & H. Perrier 1910
III.2.7. Dioscorea bemandry Jum. & H. Perrier 1910
II.2.8. Dioscorea soso Jum. & H. Perrier 1910
III.2.9. Dioscorea bemarivensis Jum. & H. Perrier 1910
III.2.10. Dioscorea bosseri Haigh & Wilkin 2005
III.3. CARACTERISTIQUES BIOLOGIQUES DES IGNAMES DE MORONDAVA ET DE BONGOLAVA
III.3.1. Cycle biologique
III.3.1.1. Phase de feuillaison
III.3.1.2 Phase de floraison
III.3.1.3. Phase de fructification
III.3.1.4. Phase de dormance du tubercule
III.3.2. Diversité des modes de multiplication des ignames de Morondava et Bongolava
III.3.3. Cycle de développement des ignames
III.4. ETUDE ECOLOGIQUE
III.4.1. Inventaire des espèces d’ignames
III.4.2. Répartition, fréquence (F) et densité (D) des espèces de Dioscorea
III.4.5. Flore associée aux espèces de Dioscorea sauvages de Morondava et de Bongolava
IV. DISCUSSIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE