Inventaire des zones humides sur le bassin de la Sioule

L’inventaire des zones humides

   L’inventaire des zones humides est réalisé dans le cadre du SAGE Sioule. Il vise à améliorer la connaissance des zones humides sur le bassin de la Sioule de façon à adapter les politiques de gestion de l’eau. Cet objectif est inscrit dans la disposition 1.4.1 du SAGE « Connaissance et préservation des zones humides ». Cette volonté est issue du Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion de l’Eau (SDAGE) Loire Bretagne, où les zones humides font l’objet de deux dispositions : l’obligation de réaliser des inventaires et l’inconstructibilité des zones humides. Cependant, réaliser un inventaire à l’échelle de l’ensemble du bassin n’était pas envisageable, c’est pourquoi les inventaires sont réalisés localement à l’échelle des SAGE. Plus largement, la préservation des zones humides répond à l’objectif de l’atteinte du bon état des masses d’eau fixé par la Directive Cadre sur l’Eau (DCE). En 2008, la Commission Locale de l’Eau (CLE) du SAGE a identifié des secteurs potentiellement humides grâce à des outils informatiques. Pour se faire, différentes méthodes ont été combinées : le recueil de données existantes, l’analyse cartographique (réseau hydrographique, plans d’eau, données géologiques…), la photo-interprétation de la végétation et l’analyse de la topographie. Entre 2011 et 2012, ces cartes ont été envoyées aux communes pour être intégrées dans les documents d’urbanisme. Au moment de l’enquête publique, elles ont suscité des interrogations et même de vives oppositions car ces cartes théoriques comportaient beaucoup d’erreurs. Il a donc été décidé de réaliser un inventaire des zones humides sur le terrain pour affiner les cartes de prélocalisation. Après avoir été testée en 2014, la méthode d’inventaire a été appliquée à l’ensemble du bassin (Figure 2). Entre 2015 et 2018, les zones humides des communes situées à l’amont du bassin, dans le Puy-de-Dôme, ont été inventoriées par le Syndicat Mixte d’Aménagement et de Développement (SMAD) des Combrailles. L’inventaire sur le reste du territoire est conduit par l’Etablissement Public Loire en interne depuis 2019. 2021 sera la dernière année d’inventaire.

Concertation en amont

   La préparation du terrain passe par un important travail de concertation en amont. Il est en effet indispensable d’associer les acteurs du territoire dès le début pour le bon déroulement de l’étude. Cette concertation s’appuie sur deux temps forts : une réunion d’information pour l’ensemble des communes et une réunion de groupe de travail pour chaque commune.
La réunion d’information : Pour faciliter ce travail de concertation, l’inventaire est mené à l’échelle de la commune. Ainsi, les mairies occupent une place centrale dans la démarche. Leur rôle principal est de communiquer autour de l’inventaire via des affichages en mairie ou dans les lieux de passage, des courriers informatifs ou encore des articles dans la presse locale ou dans les bulletins municipaux. Dans ce but, une réunion d’information à destination des élus communaux (maire ou adjoint) a été organisée le 16 mars pour présenter la démarche d’inventaire.
Les réunions de « Groupe de travail » : Suite à la réunion d’information, des réunions dites de « Groupe de Travail » ont été organisées entre le 19 mars et le 8 avril, pour les 17 communes. Ces réunions s’adressent cette fois à l’ensemble des acteurs concernés par l’inventaire parce qu’ils possèdent ou exploitent des terrains identifiés comme potentiellement humides sur les cartes de prélocalisation, ou parce qu’ils ont une bonne connaissance du territoire. Ce peut être par exemple des agriculteurs, des chasseurs, des pêcheurs, des représentants d’associations… Ces personnes ont été contactées et informées des réunions par les mairies au moyen d’un courrier type fourni par l’Etablissement.
Ces réunions ont trois objectifs principaux. :Le premier est de présenter l’inventaire dans sa globalité et de répondre aux questions. Le repérage des zones humides fait souvent l’objet d’inquiétudes de la part des agriculteurs, qui ont des appréhensions sur la pérennité de leurs activités et de leurs pratiques. Ainsi, une mise au point sur la méthode utilisée et les conséquences de l’inventaire est nécessaire avant la phase de terrain. Le deuxième objectif est de travailler collectivement sur les cartes de prélocalisation. Il s’agit de recueillir les connaissances des usagers sur le caractère humide ou non des zones identifiées sur les cartes de prélocalisation et également d’obtenir des informations sur les sources, les écoulements… Ce travail est primordial pour faciliter le travail de terrain. Toutefois, il est important de noter que même si certaines zones s’avèrent non humides, toutes les zones humides potentielles de la prélocalisation seront prospectées sur le terrain. Enfin, le dernier objectif de la réunion est d’organiser le travail de terrain. Chaque commune est découpée en secteurs, sur lesquels sont définis un ou plusieurs responsables, les « référents ». Ces référents sont des personnes disponibles et motivés pour accompagner les chargés d’étude sur le terrain et qui ont la charge de prévenir les personnes concernées par l’inventaire sur leur secteur. Cet accompagnement systématique permet à l’Etablissement de s’affranchir d’autorisations préfectorales délivrées dans le cadre d’études scientifiques pour pénétrer sur des parcelles privées sans l’accord des propriétaires. Les zones humides sont en effet majoritairement situées sur des terrains privés, que ce soient des jardins particuliers, des parcelles agricoles ou des forêts. Dans le cas où une personne refuserait d’accorder l’accès à sa parcelle, la zone humide est délimitée depuis l’extérieur, si elle est visible. Autrement, la zone humide potentielle de la prélocalisation est conservée.

Digitalisation des zones humides

   Pour délimiter le plus précisément possible leszones humides, l’échelle de digitalisation est fixée entre 1/1 000ème et 1/ 2 500ème. Les zones humides sont représentées par des entités de type polygone. Chaque polygone correspond à une zone humide, correspondant à un seul habitat dans la typologie Corine Biotope. Le tracé des polygones obéit à des règles de typologie précises. Le polygone doit tout d’abord avoir des contours lisses, comme s’il avait été dessiné à la main. Pour cela, l’entité peut être remodelée manuellement grâce à l’outil « Outil de nœud » ou automatiquement grâce à l’outil « Simplifier l’entité ». Lorsque c’est pertinent, le contour de la zone humide doit se caler sur les limites du cadastre. Dans ce cas, l’outil « Activer le tracé » présent dans les outils d’accrochage peut être utilisé, de manière à faire correspondre parfaitement le contour de la zone humide avec les limites du cadastre. Ensuite, il est important que deux polygones accolés comportent une limite unique (Figure 11). Il ne peut y avoir d’espaces ou de chevauchements entre eux. De même, un polygone de la couche des zones humides et un polygone de la couche des surfaces en eau ne peuvent pas se superposer. Pour cela, il est possible d’utiliser l’option « Avoid overlap » présente dans la configuration avancée des outils d’accrochage, pour éviter le recouvrement.

Réunions Groupe de travail

   Toutes les réunions de groupe de travail ont eu lieu malgré le contexte sanitaire (Figure 13). Deux d’entre elles n’ont pu se tenir en présentiel. De manière générale, les mairies ont bien joué leur rôle en conviant une grande majorité d’agriculteurs. Les réunions se sont pour la plupart bien passées. De nombreuses personnes se sont portées volontaires pour participer à l’inventaire terrain et les dates imposées n’ont pas posé de problème particulier. De nombreuses questions ont été soulevées sur le protocole, l’accès aux parcelles… ou encore les conséquences de l’inventaire. Cette dernière question est revenue dans la quasi-totalité des réunions. Certains agriculteurs voient l’inventaire des zones humides comme une contrainte supplémentaire pour leur activité. Ils craignent de ne plus pouvoir utiliser de produits phytosanitaires voire même de ne plus pouvoir cultiver leurs terres. Cette inquiétude est partagée par la quasi-totalité des agriculteurs rencontrés et quelles que soient les générations. Nous l’avons ressenti tout au long de l’étude, lors des réunions mais aussi sur le terrain. Il a fallu insister sur le caractère non réglementaire de l’étude dont l’objectif n’est pas de sanctuariser les zones humides, et sur l’existence de la Loi sur l’eau qui réglemente les travaux en zones humides depuis 1992.

Critères de définition et de délimitation

   Les critères floristiques et pédologiques définis dans la réglementation permettent de limiter la part de subjectivité dans la définition des zones humides mais quelques précautions sont à prendre vis-àvis de ces critères. Le critère floristique n’est pas toujours facile à utiliser. Il s’agit d’être particulièrement vigilant sur le caractère spontané ou non de la végétation. Une prairie peut tout à fait être en zone humide alors qu’elle ne comporte aucune végétation caractéristique (prairie temporaire). Connaître quelques espèces des milieux secs peut être très utile pour lever les doutes. Il existe d’autres cas où la végétation caractéristique ne s’exprime pas. Un milieu en friche, colonisé par les ronces ou les orties, peut empêcher le développement des espèces indicatrices. Dans certains milieux boisés, le couvert arboré peut restreindre le développement d’espèces indicatrices qui ont besoin d’un ensoleillement suffisant. La saison à laquelle est réalisée l’inventaire est également très importante. Il convient de choisir une période adaptée pour voir un maximum d’espèces. Dans le cas où la végétation caractéristique est présente, il s’agit une nouvelle fois d’être attentif. En effet, certaines espèces figurant dans l’arrêté ministériel, comme le frêne, ne sont pas exclusivement inféodées aux zones humides. Il est nécessaire que ces espèces soient accompagnées d’autres espèces indicatrices pour considérer le milieu en zone humide. Enfin, la reconnaissance des espèces indicatrices des zones humides nécessite de solides compétences techniques lorsqu’il faut différencier une renoncule flammette (Ranunculus flammula), indicatrice de zones humides, et une renoncule des champs (Ranunculus arvensis), non indicatrice par exemple. Le critère pédologique est dans de nombreux cas une solution fiable pour lever les doutes et mettre tout le monde d’accord mais il comporte des biais. Dans les cultures, il arrive que les premiers centimètres d’un sol de zones humides ne présentent pas de traces d’hydromorphie, dans le cas où il a été travaillé. A l’inverse, il arrive que des traces apparaissent dans les premiers centimètres et disparaissent peu après, au niveau de la semelle de labour, vers 30 cm. Ces traces sont les témoins de la compaction de la terre mais ne sont pas caractéristiques de zones humides. Dans ces deux cas, il s’agit de creuser suffisamment en profondeur pour confirmer ou infirmer les premiers résultats. Sur les bords de cours d’eau, les sols sont souvent dépourvus de traces en raison de la nappe d’eau circulante qui les lessive : ce sont les fluviosols. Dans ce cas, le critère pédologique ne peut pas être utilisé. Il existe également des matériaux pauvres en fer comme le calcaire. Si la reconnaissance des traces d’hydromorphie est aisée, la nature du sol et sa couleur peuvent induire en erreur. Par exemple,les traits rédoxiquesressortent très bien sur l’argile, moins sur la marne. Il s’agit également de prendre garde aux morceaux de briques qui peuvent être confondu avec les traits rédoxiques. Par ailleurs, le pourcentage de traces est parfois discutable. Enfin, si le critère pédologique peut être utilisé toute l’année en raison de la persistance des traces d’hydromorphie, il est parfois difficile voire impossible de creuser au-delà d’une certaine profondeur lorsque le sol est trop sec ou en présence de cailloux. Finalement les deux critères sont complémentaires. Lorsqu’il peut être utilisé, le critère floristique est rapide à mettre en œuvre mais il comporte beaucoup d’incertitudes. Le critère pédologique est plus fiable et il peut être utilisé en toute saison. Néanmoins, il convient d’en limiter l’usage car il demande du temps et un certain effort physique.

Bilan des compétences acquises

   Ce stage m’a permis d’approfondir mes connaissances sur les zones humides, en particulier sur la mise en œuvre des critères de délimitation et sur l’identification d’espèces indicatrices de zones humides. J’ai pu me familiariser avec le logiciel QGis, notamment dans l’utilisation d’outils de numérisation avancée. J’ai également eu l’occasion d’utiliser ce logiciel sur la tablette de terrain, ce qui m’a permis de développer avec le temps, une certaine aisance et une rapidité dans la manipulation des couches et des entités. Par ailleurs, le travail de concertation m’a permis d’approcher le travail des agriculteurs et de comprendre leurs difficultés et les contraintes auxquelles ils sont soumis. Au-delà de ces compétences techniques, ce stage m’a surtout permis d’acquérir des compétences humaines et sociales, par le biais de la concertation, dans la communication et la gestion de conflits. Communiquer avec le grand public nécessite de faire preuve de pédagogie, adapter son vocabulaire pour se faire comprendre et faire passer les messages plus facilement. Communiquer avec les agriculteurs, dont la préservation de l’environnement n’est pas une priorité, ne s’improvise pas non plus. Il s’agit de ne pas les contredire et essayer, dans la mesure du possible, d’aller dans leur sens. Face à la soumission ou la colère, adopter une posture neutre. Mais garder son sang-froid n’est pas toujours simple. Il est nécessaire de mettre de côté ses émotions et parfois même ses valeurs et ses convictions. Des expériences comme celle vécue à Bellenaves n’ont certes pas été agréables sur le moment mais m’ont forgé et m’ont permis d’avoir davantage confiance en moi. Je serai plus à même de gérer ce type de conflits s’il venait à se reproduire.

Objectifs en termes de professionnalisation

   Ce stage n’a fait que confirmer mon attrait pour les zones humides. J’ai apprécié prendre part aux différentes étapes et composantes de la mission, mais je suis plus attirée par la dimension technique du travail que par les aspects de concertation. Néanmoins, cette expérience fut très enrichissante. Je pense désormais être en capacité de me positionner et de dialoguer avec différents usagers et de mieux comprendre les intérêts du monde agricole, des compétences que je souhaite valoriser lors de ma recherche d’emploi.

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Table des matières

1. Introduction
2. Contexte de l’étude
2.1 Le bassin de la Sioule
2.2 L’inventaire des zones humides
2.3 Mes missions
3. Présentation de la structure d’accueil
4. Matériel et méthode
4.1 Préparation du terrain
4.1.1 Planification du terrain
4.1.2 Préparation des cartes de prélocalisation
4.1.3 Concertation en amont
4.2 Inventaire terrain
4.2.1 Cartographier les zones humides
4.2.2 Caractériser les zones humides
4.2.3 Matériel
4.3 Numérisation des données terrain
4.3.1 Données à saisir
4.3.2 Digitalisation des zones humides
5. Résultats
5.1 Planning
5.2 Concertation
5.3 Cartographie et caractérisation des zones humides
6. Discussion
6.1 Interprétation des résultats
6.2 Critique de la méthode
6.2.1 Echelle de travail
6.2.2 Concertation
6.2.3 Critères de définition et de délimitation
6.2.4 Saisie des données
7. Conclusion
7.1 Synthèse
7.2 Bilan des compétences acquises
7.3 Objectifs en terme de professionnalisation
8. Annexes
9. Bibliographie

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