Les principes actifs des plantes médicinales
Les vertus thérapeutiques des végétaux sont dues à la présence dans leurs tissus d’une substance chimique active produisant un effet physiologique. Ces principes actifs sont souvent complexes et l’on ne connait pas exactement leur nature chimique. Certains ont pu être isolés, purifiés, synthétisés ou simulés. On les classe en six catégories : alcaloïdes, glucosides, huiles essentielles, résines, gommes, huiles grasses et substances antibiotiques. Les alcaloïdes forment un groupe assez varié de composés alcalins ayant une activité physiologique marquée. Les huiles essentielles renferment divers composants chimiques, pour la plupart des dérivés de terpènes ou des composés aromatiques. Elles contiennent fort souvent des alcools, cétones, aldéhydes, phénols, esters et autres, parfois du nitrogène et du sulfure. Les huiles essentielles sont de puissants germicides ; elles doivent cette propriété à leur volatilité et à leur capacité à pénétrer le protoplasme .Étant trop peu solubles dans l’eau, elles n’ont eu qu’un rôle mineur comme antiseptique. On les utilise comme carminatifs, dans les pastilles pour la toux, les bains de bouche, les gargarismes, les vaporisations et les pommades cicatrisantes. Les gommes sont des polymères de certains sucres assez rares tandis que les résines sont le produit d’oxydation d’huiles essentielles ; ces deux substances sont utilisées comme purgatif et permettent la confection d’émulsions. Les substances antibiotiques sont formées de divers composés organiques capables, en petites quantités, d’inhiber le développement de microorganismes. Les plantes médicinales exercent des actions diverses. Celles qui ont un pouvoir carminatif par exemple, sont calmantes. Un grand nombre de plantes agissent sur le système nerveux, entre autre la belladone. Certaines ont une action neuromusculaire, comme la digitale, ou musculaire, telle le faux hellebore.Les antibiotiques exercent leur action thérapeutique en tuant ou en inhibant le développement de micro organismes pathogènes, plus particulièrement les bactéries. (9)
La médecine grecque
Toutefois, c’est en Grèce que l’usage des drogues végétales sort de l’empirisme pour entrer dans le vaste cadre de l’expérimentation et de la rationalité. Hippocrate, né dans l’Ile de Cos et mort en Thessalie, demeure le symbole de la médecine Grecque et des qualités et principes moraux du vrai thérapeute. On lui doit, outre le serment d’Hippocrate que les futurs médecins continuent à prononcer au moment de leur réception au doctorat, « la théorie des signatures » et la loi « quatre éléments ». La théorie des signatures, souvent encore évoquée de nos jours, affirme l’existence de liaisons entre la « forme » des plantes et les maladies qu’elles sont censées guérir, la nature nous montrant ainsi elle-même le pouvoir thérapeutique des végétaux. Les racines jaunes de la rhubarbe seront par exemple employées contre la jaunisse, les feuilles de l’hépatique seront utilisées dans les maladies de la foie les fruits rouges du grenadier contre les hémorragies, la pulmonaire contre les maladies du poumon, le ginseng, à cause de sa ressemblance avec l’homme, contre la sénescence et l’asthénie. La théorie des quatre éléments établit quant à elle une concordance entre les quatre principes élémentaires : terre, eau, feu et air ; et les humeurs de notre corps : sang, lymphe, bile jaune et atrabile. Suivant la prédominance au moment de notre naissance de tel ou tel élément, nous seront des sanguins (eau +sang), des lymphatiques (terre +lymphe), des nerveux (air +atrabile) ou des bileux (feu +bile jaune). Notre état de bonne santé résultera de la compensation harmonieuse et de la circulation équilibrée dans notre organisme des trois humeurs. Les médicaments utilisés par Hippocrate étaient pour la plupart d’origine végétale, incorporés à des excipients variés. Le melon, l’ellébore noir et l’huile de ricin servaient de purgatifs, l’ellébore blanc et l’eau chaude, de vomitifs. Il utilisait les vertus sédatives et narcotiques de la jusquiame, de la belladone et de l’opium. Les propriétés diurétiques de la scille, du persil et du chiendent lui étaient familières. Très varié dans ses modalités et discutable dans son efficacité, Hippocrate s’inspire en tout cas des règles générales excellentes qui ont souvent été mal comprises ou intentionnellement déformées. D’autres noms célèbres illustrent l’école hellénique de phytothérapie et il convient de citer :
-Dioscoride, médecin grec du premier siècle de notre ère dont le traité, sur la matière médicale reste classique jusqu’à la reconnaissance, fait de lui le plus scientifique des médecins gréco-latins.
-Celse, médecin latin du siècle d’Auguste, auteur de DE ARTE medica qui est une véritable encyclopédie de phytothérapie, décrivant de façon précise plus de vingt plantes avec leurs propriétés et leurs applications.
-Galien, médecin grec, né à Pergame et mort à Rome, qui régna sur la médecine avec Aristote jusqu’au milieu du XVIIème siècle. On possède de lui une centaine de traités d’anatomie et de phytothérapie, écrits avec une minutie et un soin extrêmes qui ont fait de lui à la fois une référence en préparation de drogues médicinales (pharmacie galénique) et une référence en anatomie puisque cette science fut enseignée jusqu’aux premières dissections humaines selon la formule « comme l’a affirmé Galien ».
-Théophraste, philosophe grec, né à Erésos dans l’ile de Lesbos, mort à Athènes. On le considère, à juste raison, comme le père de la botanique, car, dans les recherches sur les plantes, il étudie et décrit plus d’un millier de plantes, en les classant grâce aux différences dans leurs organes extérieurs : racine, tige, feuille, fleur et fruit. Il fut l’élève d’Aristote et créa le premier jardin botanique qu’il cultiva de ses mains et dont il tira des observations directes. La traduction en arabe des ouvrages grecs fut à l’origine de l’essor de la médecine arabe ,illustrée par Avicenne, un des hommes les plus remarquables de l’orient par l’étendue de ses connaissances et l’activité de son esprit…et par Maimonide, à la fois médecin, philosophe et théologien juif espagnol de culture arabe. Il est né à Cordoue et est mort à Fou stat prés du Caire. Chassé très jeune de Cordoue par le fanatisme des almohades (islamistes intégristes), il commence ses études à Fez et devient médecin personnel du sultan saladin et grand rabbin du Caire. Appelé par les chrétiens l’ « aigle de la synagogue »,on lui doit un nombre important d’ouvrages médicaux, écrits en arabe puis traduits en hébreu et en latin…qui figurent parmi les livres les plus appréciés des médecins de la fin du moyen âge et de la Renaissance. Citons son traité des poisons, ses aphorismes, son glossaire où il étudie et rationalise les indications des vingt plantes les p lus actives de son époque, ses Lettres sur la diététique… et son régime de santé. On lui doit encore la prière médicale qui est un des actes de fois professionnelle les plus nobles qui aient jamais été prononcés depuis le serment d’Hippocrate, et que les étudiants américains en médecine ont définitivement adopté. On y trouve les phrases suivantes : « soutiens la force de mon cœur pour qu’il soit toujours prêt à servir le pauvre et le riche, l’ami et l’ennemi, le bon et le mauvais »… « Éloigne de moi l’idée que je peux tout. Donne-moi la force, la volonté et l’occasion d’élargir mes connaissances, sans en refuser aucune par intolérance ou orgueil »… « Je peux aujourd’hui découvrir dans mon savoir des choses que je ne soupçonnais pas hier, car l’art est grand mais l’esprit de l’homme pénètre toujours plus avant. » Le bilan de la médecine judéo arabe à travers ces deux médecins est donc très positif ,dégagé de la plupart des dogmes théoriques qui pesaient à l’époque sur l’activité scientifique en occident, avantageusement placés entre le monde asiatique et le monde européen, ils ont identifié, expérimenté et préparé un très grand nombre de drogues végétales et minérales inemployées ou inconnues avant eux. Ils ont à la fois été des intermédiaires érudits de la tradition Hippocratobyzantine et les pionniers de l’enseignement clinique au lit du malade dans le cadre d’une organisation libérale et laïque qui allait être trois siècles plus tard seulement, celles des universités européennes. (70)
DISCUSSION
Un intérêt grandissant est accordé aux plantes médicinales, justifié par l’existence d’un potentiel naturel important, doublé de propriétés thérapeutiques reconnues en médecine traditionnelle. L’exploitation de ce potentiel en thérapeutique moderne passera par la vérification de ces propriétés par les chercheurs et c’est là où s’inscrivent les différentes thèses sur les plantes médicinales effectuées à la FMPOS de l’UCAD et contribuera à valoriser nos ressources naturelles pour les intégrer dans un système de santé publique. L’inventaire de ces thèses sur les plantes médicinales de 1991 à 2000 a permis de recenser 81 thèses réparties dans trois types de thèses (essais pharmacologiques et chimique ; bibliographie, enquête).Mais les études expérimentales sont plus fréquentes avec 66% car c’est elles qui permettent la mise en évidence des principes actifs et des propriétés pharmacologiques. D’autre part, on a recensé 78 espèces médicinales réparties dans 46 familles, ce qui témoigne de la richesse de notre flore caractérisée par sa diversité et sa largesse. Les enquêtes sont le plus souvent effectuées au niveau des tradipraticiens originaires de Casamance avec les diolas qui sont caractérisés par une diversité ethnique et donc de pratiques et qui sont très enracinés mais aussi de Thiès où on trouve aussi des sérères très accrochés à leur tradition. Ainsi ces enquêtes ont permis de dresser la liste des végétaux entrant dans la pharmacopée, de situer géographiquement les peuplements végétaux, les plus sujets à une exploitation parce que plus prépondérants. Mais aussi, elles aideront à donner un ordre de priorité aux plantes pouvant faire l’objet de travaux pharmacologiques, chimiques et cliniques à la FMPO. Il faut aussi signaler que les propriétés thérapeutiques les plus étudiées sont : le diabète, la tension, l’inflammation et dont leur traitement coute excessivement cher ; c’est pourquoi, ces populations ont recours aux plantes médicinales pour traiter leurs maux. On a aussi rencontré des thèses qui sont constituées d’enquêtes et d’essais pharmacologiques. Et ces genres de thèses sont à encourager car elles permettent de vérifier les différentes propriétés de ces plantes utilisées par les tradipraticiens. Ainsi, on a remarqué que tous les laboratoires de la FMPO s’activent dans la recherche des propriétés des plantes soupçonnées avoir des activités pharmacologiques. La famille la plus étudiée est celle des cesalpiniaceae avec six espèces qui sont utilisées dans les affections les plus courantes au Sénégal. Ce sont le diabète, la tension, la drépanocytose mais aussi l’inflammation qui est le signe annonciateur de bon nombre de maladies. Il faut aussi noter l’utilisation d’association de plantes .Ainsi, on a rencontré une thèse où il était question d’étudier l’activité anti diabétique d’une poudre composée de quatre plantes et qui était utilisée par un tradipraticien afin de confirmer ou d’infirmer les affirmations de ce dernier. Mais aussi une autre thèse a permis de vérifier l’efficacité d’un cocktail de neuf plantes utilisées comme anti hémorroïdaire en l’administrant à des patients et les résultats obtenus sont positifs. Mais aussi, il faut remarquer que certaines études n’ont pas abouti aux résultats escomptés. C’est le cas de la recherche du principe toxique de Detarium senegalensis et de l’activité anti drépanocytaire de Khaya senegalensis. Il faut aussi noter une large gamme de plantes provenant des enquêtes ne sont pas encore étudiées. En plus, les études toxicologiques doivent être multipliées car sur les 10 ans d’inventaire, on a recensé que 8 études toxicologiques. D’autre part, il faudra définir les objectifs de recherches en fonction des enquêtes et des travaux effectués dans les différents laboratoires. Mais aussi, le jardin des plantes utiles de la faculté doit être toujours contrôlé pour vérifier si toutes les espèces rencontrées au cours des enquêtes sont bien cultivées au niveau de ce celui ci qui doit renfermer toutes les plantes médicinales pour que leurs études soient effectives. Aussi, les recherches pharmacologiques doivent être multipliées et approfondies et pour cela, il faut des moyens. Et je lance un appel aux autorités pour que les laboratoires soient mieux équipées et approvisionnées en réactifs et en animaux de laboratoire pour faciliter la recherche des principes actifs responsables de ces différentes activités thérapeutiques. Par ailleurs la faculté doit aménager son bureau des archives parce qu’il doit constituer la banque des thèses. Mais aussi je propose à la scolarité d’informatiser le fichier des thèses car les cahiers où sont enregistrées les thèses peuvent se perdre un jour. Mais aussi, le fichier doit aussi nous renseigner sur le laboratoire où l’étude a été effectuée. D’autre part la bibliothèque doit contribuer à la sauvegarde de notre patrimoine scientifique en prenant soin de mieux conserver les qui lui sont confiées et de les bien exposer.
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Table des matières
Introduction
Première partie : GÉNÉRALITÉS SUR LA PHYTOTHÉRAPIE
I. DÉFINITION DE LA PHYTOTHÉRAPIE
1. DÉFINITION D’UNE PLANTE MÉDICINALE
2. LES PRINCIPES ACTIFS DES PLANTES MÉDICINALES
3. UTILISATIONS ET FABRICATIONS
4. AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS
II. APERÇU HISTORIQUE DE LA PHYTOTHÉRAPIE
1. L’AMÉRIQUE PRÉCOLOMBIENNE
2. LA MÉDECINE ÉGYPTIENNE
3. LA MÉDECINE BABYLONIENNE
4. LA MÉDECINE CHINOISE
5. LA MÉDECINE INDIENNE
6. LA MÉDECINE GRECQUE
7. LA MÉDECINE EUROPÉENNE
DEUXIÈME PARTIE : INVENTAIRE DES THÈSE SOUTENUES DE 1991 A 2000 A LA F.M.P.O.S DE L’U.C.A.D
I BUT DE L’INVENTAIRE
II MÉTHODOLOGIE DE L’INVENTAIRE
III EXPRESSION DES RÉSULTATS
TROISIÈME PARTIE : RÉSULTATS DE L’INVENTAIRE
I EXPLOITATION DES THÈSES
1. NOMBRE DE THÈSES PAR ANNÉE
2. NOMBRE DE THÈSES PAR THÈME
3. NOMBRE DE PLANTES RECENSÉES
4. RÉPARTITION DES ESPÈCES PAR FAMILLE
5. LISTE DES PLANTES AYANT FAIT L’OBJET D’ÉTUDE EXPÉRIMENTALES
6. LISTE DES PLANTES AYANT FAIT L’OBJET D’ENQUÊTES
II DIFFICULTÉS RENCONTRÉES
DISCUSSION
CONCLUSION
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