INVENTAIRE DES SITES ET LIEUX DE MEMOIRE DU BASSIN SUD DE LA RUVUBU AU BURUNDI

La résidence royale communément appelée Ingoró

   C’est une résidence dont la spécificité se trouve dans son architecture et sa construction. Elle est constituée de trois cours. La première cour est appelée intāngāro. Elle abrite le sanctuaire des tambours sacrés. La deuxième est la cour royale. Elle est plus grande et comprend la résidence royale. A l’époque des rois, elle était généralement réservée aux grands chefs alors que dans l’arrière-cour (appelée ikigó) se trouve l’habitation des servantes, la case du culte (appelée Indâro ya Rugabo) et les greniers. Cette cour était la propriété de la famille royale. Avant d’y accéder, il y a une place publique nommée Inâma qui servait de premier lieu d’attente pour tous les visiteurs.

Analyse et interprétation

   L’origine et le début du site de Gishōra sont toujours inconnus. Cependant, les arbres sacrés présents montrent qu’il ne s’agit pas d’un site qui date de très longtemps ; du moins si on les compare à ceux du site de Kidásha. Leur grosseur et leur grandeur sont de loin inférieures à celles de ces derniers. Les deux tambours Rucitemé et Murimírwa dont on nous parle devaient être soumis aux analyses de laboratoire afin de vérifier s’il ne s’agit pas d’autres qui en auraient remplacé. Les rites en rapport avec le culte de Kirānga font partie des rites qui n’ont pas pu disparaître complètement dans la société burundaise. La présence de la tradition des batteurs et fabricants des tambours et leurs bosquets à Gishōra prouve qu’il ne s’agit pas d’une simple création. C’est plutôt une tradition qu’on ne parvient pas à situer exactement dans le temps. C’est comme si on nous demandait de situer dans le temps le début de l’usage des tambours dans le domaine religieux. Pourtant, la plupart des religions (chrétiennes et traditionnelles) présentes sur le sol africain et particulièrement au Burundi utilisent, pendant le culte, le tambour avec tous ses rites. Pourtant, « si le rite s’insère dans de telles manifestations, il en constitue généralement le temps fort, autour duquel s’organise l’ensemble du déploiement cérémoniel, qui peut alors être qualifié de ‘’rituel’’. Le rite ne se confine nullement à la sphère du religieux ; c’est plutôt celle-ci qui ne peut s’en passer, car elle se manifeste à travers lui et revendique l’exclusivité de sa mise en œuvre ». Le culte de Kubāndwa était incontournable à la cour du roi. C’est dans ce sens que l’enclos royal devait comprendre une case conçue exclusivement pour une femme célibataire appelée Muka Kirānga (la femme de Kirānga). Si, souvent, des gens provenant de tous les horizons se rassemblaient à la cour, cela n’était pas un phénomène né du hasard. Les uns y allaient pour prier, les autres pour demander des biens et services et d’autres encore pour différents objectifs.

Les matériaux présents dans le site

   Arrivé à Higiro, au sommet d’une haute montagne, on y trouve une petite forêt d’arbres naturels sacrés d’environ 100m2. Les uns sont très grands alors que d’autres sont d’une courte taille. Selon NZIGIRABÁRYA André, les petits arbres ont été plantés à nouveau afin de garder ce lieu sacré pour les générations futures. Il s’agit en fait des ficus octomelifolia, des dragonniers et des ficus ovata. A l’intérieur on peut voir un enclos constitué de petits bois renfermant deux cases. Ces dernières ont été construites par les ritualistes tambourinaires; dépositaires et gardiens des traditions à l’aide des fonds donnés par un touriste qui aurait apprécié ce site. A l’intérieur de l’une de ces cases se trouve un stock de tambours de cinq catégories : Karyēnda (hauteur est de 27,5cm avec un diamètre de 13,5cm), Inkōkezo (hauteur : 90cm, Diamètre : 33cm), Inkiránya (hauteur : 46cm, diamètre : 88,5cm), Inshikizo (hauteur : 94cm, diamètre : 51cm) et Nahigiro (hauteur 102cm, diamètre : 62cm). Dans l’autre case il n’y a rien. Il paraît que les ritualistes de ce site voulaient le reconstituer mais, faute de moyens, les travaux ont été suspendus. A 60m, dans la partie nord du site se trouve un bosquet appelé « ishǒngore » (composé de ficus octomelifolia, des ficus ovata et des dragonniers) qui aurait été un lieu d’habitation du python royal. Le gardien des secrets de ce dernier, appelé « Umuhezá», habitait à 20m dudit bosquet vers le Nord-ouest. A l’Ouest de l’enclos se trouve un grands ficus où se situait la case des ritualistes de la fête des semailles du sorgho appelé « Umuganuro ».

Les matériaux présents dans le site

   Les matériaux trouvés à l’intérieur et à l’extérieur de la grotte de Magǎmba sont différents de ceux qui sont livrés par les sites précédemment étudiés. A l’extérieur de la grotte, les matériaux sont limités. Ce sont des pierres en petit nombre qui sont dispersées de telle façon qu’on peut penser qu’elles sont utilisées à la place des tabourets par ceux qui visitent l’endroit. A l’intérieur, on remarque une situation qui semble particulière et étrange. On y trouve des poteries remplies de différentes sortes de terres, des bouteilles, des récipients de différentes formes aussi remplis de substances qui semblent provenir de la matière végétale. Ensuite, les choses les plus visibles sont les offrandes que l’on ne connait pas l’auteur.

RAPPORT ENTRE LES SITES SACRES ET LA MONARCHIE SACREE

   Les sites sacrés que nous avons identifiés sont des circonscriptions situées soit sur les hauts sommets des montagnes, soit dans les marais. Excepté la localité de Mū mâna zā Mugera qui est une circonscription, les autres sites sont des petits domaines retirés des villages. Ces emplacements sont respectés suite aux pratiques qui y sont liées. Cependant, du point de vue social, ils jouent un rôle important : il s’agit des lieux de guérison du fait qu’un grand nombre des Barǔndi affirme avoir guéri parce qu’ils auraient fréquenté au moins l’un d’entre eux. De plus, certains sont aussi des lieux des pratiques mystiques. Jadis, il n’y avait pas de rapport entre ces sites et la monarchie sacrés. Cependant, même si Mū mâna zā Mugera avait les caractéristiques des lieux précédents, il avait des relations avec la monarchie sacrée. D’abord, l’enclos royal de Kidásha fait partie des terres sacrées. Et puis, C’est à Mugera que mourut le roi Ntáre RUGǍMBA. Même s’il était interdit que les rois y aillent, cela était valable quand ils étaient encore en fonction. Cependant, ils pouvaient y naître ou y aller pendant la période de retraite. Ensuite, l’administration de ce lieu revenait au représentant du roi, aidé par les chefs et les sous-chefs qui dirigeaint le domaine de Mugera. Autrement dit, Mū mâna zā Mugera n’était pas une circonscription dirigé par un ritualiste ou un devin à l’instar des domaines des grands ritualistes. Il était dirigé indirectement par le roi, sauf qu’il ne pouvait pas y aller comme il voulait. C’est pourquoi nous n’allons pas revenir sur la manière dont les domaines royaux étaient dirigés. Les tambourinaires ritualistes que nous avons trouvés dans les environs du site de Kidásha appartiennent aussi à cette localité du fait qu’il s’agissait d’un seul domaine. Comme nous l’avons remarqué dans le site de Kidásha et nous le trouvons chez RUTEMBESA F., Mugera faisait partie des régions spécialisées dans les activités liées aux rites de la royauté, en l’occurrence, la fabrication des tambours sacrés.

CONCLUSION GENERALE

   Les sites et lieux de mémoire du bassin sud de la Ruvubu se subdivisent en trois catégories selon leurs caractéristiques et leur rôle. Il s’agit :
– des enclos des domaines royaux (ibirǐmba vy’ívyǐbare vy’ábǎmi),
– des enclos domaines des grands ritualistes (ibirǐmba vy’ívyǐbare vy’ábaganúza)
– et des domaines sacrés (ahāntu ndêngabwênge)
Les deux premières catégories de sites étaient directement liées à la monarchie sacrée. Quant aux sites sacrés, il s’agit d’une création populaire qui ne relève d’aucune responsabilité politique comme nous l’avons constaté. Malgré cette différence, ces sites identifiés jouaient le rôle de stabilisation du pays et de renforcement des relations sociales. Fondé sur les principes métaphysiques, le pouvoir du roi était basé sur la politique, la religion et la sorcellerie. C’est dans ce sens que le pouvoir royal était sacré. L’administration du pays était planifiée pendant les réunions et les prières organisées à la cour. Aussi, les sorciers et les devins jouaient un rôle important dans l’organisation du pays. C’est du moins ce qui a inspirait le héros RUNYOTA à partir de la divination pour organiser la révolte populaire de 1922. Selon NTAHOKAJA J.B.108, à la tête du pays, il y avait le roi souverain. Au deuxième échelon venaient les princes, les représentants du roi (Abîshikirá) et les grands ritualistes qui avaient les domaines à diriger. Ils avaient leurs capitales mais dépendaient du roi. Au troisième échelon venaient les chefs (ivyârihó) nommés par ces derniers pour les représenter dans différentes localités ; chacun dans son territoire. Au quatrième et dernier échelon se trouvaient les sous-chefs (abahámagazi appelés aussi Ba Ndayūhúrume ou Abamotsi). Autrement dit, le roi divisait le pays en domaines ; le prince, les représentants du roi et les grands ritualistes subdivisaient leurs domaines en chefferies ; le chef partageait lui aussi sa chefferie en collines. Cependant, un prince pouvait être chassé de son domaine par un autre fort avec le soutien des autres ou d’un roi. Ceci pouvait prendre origine dans sa récalcitrance ou sa mauvaise cohabitation avec les autres princes. Les offenseurs pouvaient être aussi des princes qui voulaient agrandir leurs territoires. Nous donnerons l’exemple de KARABÔNA, fils de MWÊZI et dont le grand-père est NTARE Rugamba, qui s’était taillé une part de lion à tel point qu’il ne pouvait pas contrôler correctement tout son territoire.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
I. CONSTRUCTION DE L’OBJET DE RECHERCHE
1. description du sujet
2. Problématique de la recherche
3. Objectifs du travail
4. Hypothèses de travail
5. Définition des concepts-clés
II. METHODE DE COLLECTE ET D’ANALYSE DES DONNEES
1. Terrain d’enquête
a. Localisation
b. Choix et caractéristiques du terrain
2. Méthodologie de la recherche
a. Conception de la méthode de recherche
b. Population d’enquête
c. Analyse des données
CHAPITRE I : LES DOMAINES ROYAUX 
A. LE SITE DE KIDÁSHA 
1. Localisation du site
2. Matériaux présents dans le site
3. Origine et caractérisation du site
4. Analyse et interprétation
B. LE SITE DE GISHŌRA 
1. Localisation du site
2. Matériaux présents dans le site
a. La résidence royale communément appelée Ingoró
b. Le sanctuaire des tambours sacrés
c. L’habitation des servantes
d. La tribune des jeux de tambours et des cérémonies
3. Origine et caractérisation du site
4. Analyse et interprétation
C. LE SITE DE HIGIRO 
1. Localisation du site
2. Les matériaux présents dans le site
3. Origine et caractérisation du site
4. Analyse et interprétation
D. LE SITE DE RWĒSERO (appelé aussi KIDÁSHA)
1. Localisation du site
2. Les matériaux présents dans le site
3. Origine et caractérisation du site
4. Analyse et interprétation
1. L’administration
2. L’économie
CHAPITRE II : LES DOMAINES DES GRANDS RITUALISTES
A. LE SITE DE MAGǍMBA 
1. Localisation du site
2. Les matériaux présents dans le site
3. Origine et caractérisation du site
4. Analyse et interprétation
B. LE SITE DE BURŪNGA 
1. Localisation du site
2. Les matériaux présents dans le site
3. Origine et caractérisation du site
4. Analyse et interprétation
C. LE SITE DE KIRWA 
1. Localisation du site
2. Les matériaux présents dans le site
3. Origine et caractérisation du site
4. Analyse et interprétation
A. Le clan au Burundi 
B. L’administration 
C. L’économie 
CHAPITRE III : LES DOMAINES SACRES 
A. LE SITE DE MŪ MÂNA ZĀ MUGERA 
1. Localisation du site
2. Matériaux présents dans le site
3. Origine caractérisation du site
a. Mu gisēnga
b. La colline de Namugānza
4. Analyse et interprétation
B. LE SITE DE KW’ĪSENGA RYĀ MAGǍMBA 
1. Localisation du site
2. Les matériaux présents dans le site
3. Origine et caractérisation du site
4. Analyse et interprétation
C. LE SITE DE NYAKARARO 
1. Localisation du site
2. Les matériaux présents dans le site
3. Origine et caractérisation du site
4. Analyse et interprétation
D. LE SITE DE GISHŪHA 
1. Localisation du site
2. Les matériaux présents dans le site
3. Origine et caractérisation du Site
4. Analyse et interprétation
E. LE SITE DE RWÂBUYE RWĀ NYÁKWĒZI 
1. Localisation
2. Les matériaux présents dans le site
3. Origine et caractérisation du site
4. Analyse et interprétation
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
1. Les dictionnaires
2. Les ouvrages
3. Articles des revues
4. Autres documents
5. Les sites Internet
ANNEXES

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