PROBLEMATIQUE et HYPOTHESES
Pour plus de 70% de la population rurale malgache, le seul moyen de se soigner reste l’utilisation des plantes proposées par la médecine traditionnelle (L’Homme et l’Environnement, 2011). De plus, les médicaments distribués sont en grande partie importés et coûtent très chers. Leurs pouvoirs d’achats assez limités ne permettent pas d’accéder aux produits pharmaceutiques. Conséquemment, le recours aux plantes médicinales que ce soient cultivées ou sauvages deviennent de plus en plus fréquent. La forêt littorale de l’Est de Madagascar est connue par sa biodiversité importante. Pour la NAP de Tampolo, environ la moitié de ses espèces est spécifique de cette forêt littorale (Ratsirarson et Goodman, 2005). La richesse de la biodiversité locale, renfermant des espèces de médicinales permet d’avoir accès aux bénéfices apportés par ses vertus thérapeutiques. Plusieurs chiffres sont avancés par des chercheurs : Razafimamojy en 1995 a inventorié 13 espèces médicinales les plus utilisées de la population locale, Onjalalaina en 2014 a trouvé 59 plantes médicinales dont 39 endémiques et l’association AVERTEM en 2016, a recensé 51 plantes médicinales. Mais l’exploitation irrationnelle des forêts qui est la principale activité socio-économique de la population, constitue la principale pression sur la forêt littorale de Madagascar. La forêt de Tampolo est soumise aux différentes menaces et pressions due à la forte demande en charbon de bois et en bois de construction de la ville de Fénérive-Est. En vue de satisfaire les besoins, beaucoup d’exploitations illégales sont pratiquées dans cette forêt (Onjalalaina, 2014 ; PNUE, 2017). De plus, les cyclones sont très fréquents dans cette zone. Ils constituent des menaces pour les ressources naturelles de Tampolo surtout les plantes médicinales par destruction de l’écosystème. A Madagascar, la connaissance sur l’utilisation de la flore en médecine traditionnelle reste encore insuffisante. La liste des plantes médicinales malgache est loin d’être exhaustive alors que les connaissances traditionnelles disparaissent progressivement face à l’invasion de la culture moderne (Randrianjafy, 2017). A l’issue de toutes ces observations, la problématique, que cette étude répondra, se formule comme la disponibilité en plantes médicinales de la NAP face aux différentes menaces anthropiques. La question principale se pose ainsi comme suit : la nouvelle aire protégée de Tampolo constitue-t-elle une source importante de plantes médicinales ? Trois (3) QUESTIONS DE RECHERCHE découlent de cette problématique :
La NAP contient-elle des plantes médicinales importantes ?
Comment la population locale exploite et utilise-t-elle ces plantes ?
Quelles sont les espèces médicinales les plus utilisées et prélevées ?
Et, pour mieux y répondre, deux HYPOTHESES sont émises :
Hypothèse 1 : « la NAP dispose encore plusieurs espèces médicinales importantes ».
Hypothèse 2 : « les plantes médicinales utilisées pour les maladies chroniques sont encore abondantes ».
Deux (02) OBJECTIFS SPECIFIQUES sont ainsi proposés :
Identifier toutes les plantes médicinales présentes dans la zone et connaitre leurs vertus médicinales.
Identifier les maladies fréquentes dans le milieu et les espèces les plus utilisées en vue de l’amélioration des soins de santé et la protection des ressources naturelles.
ANALYSE DES HAUTEURS
La hauteur moyenne de Brochoneura acuminata dans la forêt littorale est plus élevée que dans la forêt marécageuse. Cette espèce est connue comme bois de construction mais vu sa taille, son exploitation reste faible. Malgré le fait que la forêt marécageuse est favorable au développement de Brochoneura acuminata, sa hauteur moyenne est moins de 1,5 m. La plupart des pieds sont des régénérations. Les espèces les plus hautes sont les plus exploitées car elles contiennent beaucoup de latex pour la blessure et la dermatose et son extraction est facile.
Burasaia madagascariensis atteigne une hauteur beaucoup plus élevée dans la forêt littorale que dans la forêt temporairement inondée. Xylopia buxifolia se développe bien aussi dans ce type de forêt. L’humidité pendant la saison pluvieuse dans la forêt temporairement inondée est défavorable pour le développement de ces deux espèces. Pourtant, Tambourissa sp. existe seulement dans cette écologie.
Même si Croton noronhae peut atteindre une hauteur de 2 m, ici, la hauteur moyenne est de 0,2 m pour l’état perturbé et 0,27 m pour l’état normal. La plupart des plantes sont constituées de rejets. C’est qui s’explique par un prélèvement des rameaux feuillés pendant l’exploitation.
Il en est de même pour Phyllarthron madagascariensis. Cette espèce est très abondante dans la forêt littorale mais la hauteur moyenne est très petite. Ceci est dû à une surexploitation de ses tiges pour soigner la diarrhée par la population locale.
Problèmes rencontrés
Quelques difficultés ont été quand même rencontrées au cours des travaux. Les informateurs interviewés, par peur de représailles, gardent quelque fois le silence ou donnent des informations fausses sur les espèces qu’ils utilisent, sur la quantité prélevée. La liste des plantes médicinales utilisées n’est pas complète car la plupart des guérisseurs ne veulent pas dévoiler leurs savoir-faire. Les données ne sont donc pas toutes forcément exactes. Fautes de temps et de ressources humaines, la surface inventoriée est loin d’être représentative de la surface totale. Mais des adaptions avec la situation comme le choix des personnes ciblées pour l’enquête (personnes âgées, des tradipraticiens et chefs traditionnels des villages), l’échantillonnage raisonné (des parcelles contenant au moins une des espèces cibles) ont permis d’acquérir des données assez fiables.
Discussion sur les hypothèses
La première hypothèse stipule que la NAP dispose encore plusieurs espèces médicinales importantes. 38 plantes médicinales ont été trouvées représentant 10,56 % des espèces totales inventoriées. Ces différentes espèces peuvent guérir différents types de maladies fréquentes dans le milieu. Ce taux est assez faible par rapport à l’effectif total aussi l’hypothèse semble moins confirmée. Cependant, il est quand bien même important de noter que ces espèces suffisent à guérir les maladies chroniques dans la zone d’étude. La deuxième hypothèse énonce : les plantes Médicinales utilisées pour soigner les maladies chroniques sont encore abondantes. D’après les résultats, l’exploitation de Croton noronhae et de Phyllarthron bojeranum madagascariensis est élevée. Ces deux espèces sont en surexploitation. L’exploitation à fin médicinal de Burasaia madagascariensis et le Xylopia buxifolia dans la NAP ne présente par des problèmes pour ces espèces et la populaion locale alors peut en procurer. Pourtant, des menaces pèsent sur ces espèces dont l’exploitation des plantes avoisinantes. Brochoneura acuminata et Tambourrissa sp. sont en abondance mais l’exploitation des Brochoneura acuminata nécessitent des gestions durables. Par conséquent, la seconde hypothèse est partiellement vérifiée car elle est seulement confirmée pour certaines espèces mais par pour toutes les espèces ciblées.
CONCLUSION
Cette étude menée dans les villages autour de la NAP Tampolo a permis d’apprécier les maladies courantes et l’utilisation des plantes médicinales par la population locale. Deux méthodes ont été ainsi conduites à savoir une enquête et l’inventaire des plantes ciblées. L’inventaire floristique dans la NAP a permis de connaitre la disponibilité de ces plantes médicinales Après les analyses, la NAP contient environ 38 espèces qui sont utilisées dans différents types de maladies. La fièvre, la diarrhée et les maux de ventre sont des maladies fréquentes dans ce milieu. La population locale utilise ainsi des plantes médicinales pour se soigner en s’approvisionnant dans la NAP. Les espèces les plus utilisées pour ces maladies sont Croton noronhae Brochoneura acuminata, Burasaia madagascariensis, Phyllarthron bojeranum madagascariensis, Tambourissa sp. et Xylopia buxifolia. Croton noronhae est plus exploitée pour guérir la diarrhée et la toux. La méthode de récolte utilisée pour son exploitation constitue une menace pour cette espèce. Il en est de même pour Phyllarthron Bojeranum madagascariensis qui est utilisée principalement pour la fatigue. Le prélèvement de l’écorce de Tambourissa sp. pose des problèmes sur son développement. Les autres espèces cibles sont à l’état normal mais l’exploitation d’autres plantes avoisinantes constitue une menace. En terme de quantité, Croton noronhae et Phyllarthron bojeranum madagascariensis sont peu abondante. Mais ces deux plantes sont très appréciées par la population locale de par leurs vertus. D’après ces résultats, la première hypothèse sur la disponibilité des plantes médicinales dans la NAP est moins confirmée. Par rapport à la liste de plantes inventoriées en 1998, ces plantes médicinales représentent 10,56% des espèces listées. La deuxième hypothèse sur l’abondance des plantes médicinales pour les maladies fréquentes est partiellement vérifiée. Les deux espèces Croton noronhae et Phyllarthron bojeranum madagascariensis sont difficiles à trouver. Des mesures sur la conservation de la biodiversité s’avèrent importantes. L’éducation environnementale et la surveillance de la forêt doivent prendre place. La gestion durable des espèces forestières avec des enrichissements même un reboisement sont utiles. Si l’exploitation rationnelle de ces plantes médicinales est envisagée, comment valoriser mieux ces plantes pour répondre totalement aux besoins de la population locale ?
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Table des matières
INTRODUCTION
I METHODOLOGIE
I.1 PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
I.2 PROBLEMATIQUE et HYPOTHESES
I.3 MATERIELS ET METHODES
II RESULTATS ET INTERPRETATION DES RESULTATS
II.1 MALADIES FREQUENTES
II.2 PLANTES MEDICINALES DANS LA FORET
II.3 EXPLOITATION DES PLANTES MEDICINALES
II.4 ESPECES CIBLES
II.5 ANALYSE DE L’ABONDANCE
II.6 ANALYSE DES HAUTEURS
III DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
III.1 DISCUSSIONS
III.2 RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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