La plupart des moyens découverts par l’Homme pour soulager ses maladies et panser ses blessures sont d’origine végétale. Un dicton malgache disant «Sery vitan’anamalaho ve ka hamonoina vantotr’akoho » (Si une soupe de Spilanthes suffit pour soigner le rhume, pourquoi sacrifier la poule pour en faire un bouillon?) montre que les plantes peuvent bien être utilisées et étaient déjà employées par l’être humain depuis un temps immémorial dans la lutte contre les maladies. Leurs usages comme médicaments est très fréquent de par le monde. D’après l’OMS (2002), au moins 80% de la population mondiale utilise les plantes médicinales pour les soins de santé primaire. Jusqu’à 70% des populations des pays en voie de développement utilisent, pour leur thérapie, uniquement des plantes (RASOANAIVO, 1996).
Etant un pays en voie de développement, l’utilisation des plantes comme remède constituait la seule thérapie appliquée avant l’arrivée de la médecine moderne à Madagascar. Son isolement biogéographique et les variétés des climats, des reliefs, et de la pédologie ont favorisé le développement d’une flore très remarquable, unique au monde avec un degré d’endémisme atteignant environ 90% (PRIMACK et RATSIRARSON, 2005). Dans la grande île, malgré le contact avec la civilisation occidentale et l’introduction de la médecine moderne, la médecine traditionnelle occupe encore une place importante et même de premier recours par rapport à la médecine moderne (ANDRIANTSIFERANA, 1983) surtout dans le milieu rural malgache. Pour plus de 70% de la population rurale malgache, le seul moyen de se soigner reste l’utilisation des plantes proposées par la médecine traditionnelle (L’Homme et l’Environnement, 2011) ; une poignée de feuilles achetée chez l’herboriste ou récoltée ailleurs, à faire bouillir, et la potion est prête. Nombreuses de ces plantes proviennent de la forêt. Pourtant cette dernière connait désormais une dégradation progressive causée en générale par des activités anthropiques (exploitation abusive de bois, culture sur brulis, exploitation minière, etc.).
PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE
Situation administrative et localisation de la zone d’étude
Le Projet Ambatovy comprend six (06) composantes majeures : le site minier, le pipeline, l’usine de traitement, le parc à résidu, le port et la zone de compensation. Le site de la mine, appelé Ambatovy, est situé à une vingtaine de kilomètre (km) au Nord-Est de Moramanga, en suivant la Route Nationale n° 44 reliant Moramanga avec la ville d’Ambatondrazaka, et en prenant une route secondaire à partir du Fokontany Ampitambe. Il se trouve sur l’un des deux escarpements qui séparent le plateau central de la côte Est, à 130 kilomètre (km) environ à l’Est d’Antananarivo, dans la région centre-Est de Madagascar (DYNATEC CORPORATION, 2006). Ambatovy appartient à la région Alaotra-Mangoro, au District de Moramanga et à la Commune Rurale d’Ambohibary . Les coordonnées géographiques sont comprises entre 18°79’00’’et 18°96’95’’de longitude et entre 48°26’83’’ et 48°51’45’’ de latitude. L’altitude de la mine est d’environ 1000 mètre (m), soit approximativement 600 mètre (m) plus bas qu’Antananarivo.
Milieu physique
Climat
Ambatovy est soumis à un climat de type tropical humide et frais, composé de deux saisons distinctes: sèche et humide. La précipitation moyenne annuelle dans la zone d’exploitation minière est de 1400 millimètre (mm) (DYNATEC CORPORATION, 2006) dont 70% ont lieu entre novembre et mars, et la température moyenne annuelle est de 17°C.
Hydrographie
Ambatovy est situé le long du sommet de la crête d’Ambavalabe. Cette crête constitue une ligne de partage des eaux de la région. La partie Ouest de la région de la mine se déverse dans le bassin versant de la rivière Mangoro. La rivière Sahamarirana supérieure et la rivière Antsahalava drainent le gisement d’Ambatovy respectivement au Sud et à l’Ouest, alors que les rivières Ankaja et Sakalava drainent le gisement d’Analamay au Nord. La partie Est du secteur de la mine fait parties des bassins versants des rivières Vohitra et Rianila. Les eaux de la région de la mine qui s’écoulent vers l’Est atteignent le Sahatandra, et traversent la partie orientale du District de Moramanga avant de rejoindre la rivière Vohitra et par la suite à la rivière Rianila. (DYNATEC CORPORATION, 2006). D’ailleurs, quelques-uns de ces réseaux hydrographiques se déversent dans le marais de Torotorofotsy.
Sol
Les sols dans le secteur de la mine sont connus comme étant des latérites, définis comme des sols tropicaux fortement altérés et riches en fer. Les gisements sont caractérisés par une cuirasse ferralitique, avec une couche de surface dure, de type rocheux.
Quatre (04) types de sol majeurs caractérisent le secteur de la mine d’Ambatovy (DYNATEC CORPORATION, 2006) :
– Les sols à carapace ferralitique sur les plateaux topographiques possédant une couche de surface indurée. L’enracinement sur ces sols est difficile à cause de la toxicité suspecte de l’aluminium et de la phytotoxicité du nickel et du cobalt.
– Les sols pisolitiques sur des positions topographiques plus basses que les premiers. Ce type de sol peut contenir un éventail de concrétions et de cuirasses cassées, selon la position de pente et d’autres facteurs de formation du sol.
– Les sols ferralitiques rouges/jaunes sur les bas de pente qui présentent moins de concrétions.
– Les sols organiques repérés dans les dépressions qui se sont formés à partir d’une matière d’origine organique ; ils sont acides et ont une faible saturation en bases.
Topographie et géomorphologie
Les secteurs du projet d’Ambatovy et Analamay se trouvent sur la bordure Ouest de la chaîne de l’Ankay, sur un des deux escarpements qui séparent le plateau central des basses terres de la côte Est. Ces escarpements se caractérisant par un terrain montagneux avec des altitudes dépassant 1 100 mètre (m) (DYNATEC CORPORATION, 2006), s’étendent du Nord au Sud et bordent le rebord oriental du plateau central de l’île. La géomorphologie du gisement d’Ambatovy est caractérisée par un plateau en ligne de crêtes, bordé de collines et de vallées. Ce plateau couvre la portion Nord-Est du gisement d’Ambatovy en raison d’une cuirasse ferralitique résistante à l’érosion. La cuirasse ferralitique s’amincit sur les flancs du plateau et des collines, devenant ainsi plus susceptible à l’érosion.
Milieu biologique
Flore et végétation
La Mine d’Ambatovy est située au cœur de l’une des régions particulièrement riches en espèces, dans l’extrémité Sud de ce qui reste du corridor forestier de l’Est, situé entre les terres basses de l’Est et la forêt de Montagne. La couverture végétale y est constituée par deux (02) grandes formations végétales (forêt zonale et forêt azonale) alternées par une forêt de transition . D’autres types de végétations non forestières sont également rencontrés dans l’aire de la mine tels que les plantations d’Eucalyptus et les brûlis non forestiers caractérisés par des savanes parsemées de plantations sporadiques d’eucalyptus (Entreprise HANITRINIALA, 2010).
Faune
La faune y est caractérisée par une riche diversité tant en espèces qu’en familles, en animaux terrestres qu’en animaux aquatiques dont certaines sont préoccupantes (localement et régionalement endémiques, espèces figurant dans la liste rouge de l’IUCN et des espèces appartenant aux annexes de CITES). La forêt recèle quinze (15) espèces de lémuriens, huit (08) espèces d’amphibiens, vingt et un (21) espèces de reptiles, cent quinze (115) espèces d’oiseaux incluant les migrateurs, douze (12) espèces de poissons et vingt-cinq (25) espèces de micromammifères (Entreprise HANITRINIALA, 2010).
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : MATERIELS ET METHODES
I.1. PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE
I.1.1. Situation administrative et localisation de la zone d’étude
I.1.2. Milieu physique
I.1.2.1. Climat
I.1.2.2. Hydrographie
I.1.2.3. Sol
I.1.2.4. Topographie et géomorphologie
I.1.3. Milieu biologique
I.1.3.1. Flore et végétation
I.1.3.2. Faune
I.1.4. Milieu humain
I.1.4.1. Démographie
I.1.4.2. Activités économiques
I.1.4.3. Pressions humaines sur le milieu
I.2. CADRE METHODOLOGIQUE
1.2.1. Problématique
1.2.2. Hypothèses
1.2.3. Méthodes de collecte de données
1.2.3.1. Etude cartographique
1.2.3.2. Inventaire floristique
1.2.3.3. Enquête ethnobotanique
1.2.4. Traitement et analyse des données
1.2.5. Cadre opératoire de la recherche
1.2.6. Résumé de la démarche méthodologique
PARTIE II : RESULTATS ET DISCUSSIONS
II.1. ETAT DES FORÊTS PÉRIPHÉRIQUES DES ZONES DE CONSERVATION
II.1.1. Structure floristique des forêts périphériques des zones de conservation
II.1.1.1. Composition floristique des forêts périphériques
II.1.1.2. Diversité des familles des forêts périphériques
II.1.1.3. Diversité floristique et Abondance des espèces des forêts périphériques
II.1.2. Structure totale des forêts périphériques
II.1.3. Analyse de la régénération naturelle
II.1.3.1. Composition floristique de la régénération naturelle
II.1.3.2. Diversité floristique et Abondance de la régénération naturelle
II.1.3.3. Indice de dispersion
II.1.3.4. Taux de régénération
II.2. ENQUÊTE ETHNOBOTANIQUE
II.2.1. Plantes médicinales des forêts périphériques des zones de conservation
II.2.1.1. Catégories d’usages des plantes (Indications thérapeutiques)
II.2.1.2. Plantes médicinales à usages très fréquent
II.2.2. Exploitation des plantes médicinales
II.2.2.1. Parties utilisées des plantes
II.2.2.2. Méthode de récolte
II.2.2.3. Mode de préparation
II.2.2.4. Tendance villageoise sur l’utilisation des plantes médicinales
II.2.3. Valorisation des PM et les espèces valorisables de la forêt d’étude
II.2.3.1. Marchés des tapa-kazo dans la capitale et à Moramanga
II.2.3.2. Espèces médicinales présentes dans la forêt d’étude exploitées par les industries malgaches
II.2.3.3. Valorisation scientifique pour la recherche de nouveau médicament
II.2.3.4. Valorisation culturelle
II.2.4. Zones exploitables pour les plantes médicinales dans la forêt d’étude
II.2.5. Analyse FFOM du milieu d’étude en matière de valorisation de plantes médicinales
PARTIE III : RECOMMANDATIONS
III.1. Etudes chimiques sur les plantes médicinales rencontrées à Ambatovy
III.2. Recherche sur la production d’huile essentielle avec les PAM d’Ambatovy
III.3. Gestion des informations sur les plantes médicinales
III.3.1. Capitalisation et diffusion des informations
III.3.2. Mise en valeur et préservation des connaissances traditionnelles sur les plantes médicinales
III.4. Mesures de valorisation durable des plantes médicinales
III.4.1. Mesures techniques
III.4.2. Mesures socio-économiques
III.4.3. Mesures politiques, juridiques et stratégiques
III.5. Contribution du projet Ambatovy à la valorisation des plantes médicinales
CONCLUSIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
WEBIOGRAPHIE
ANNEXES