Vรฉritable maladie de civilisation, la constipation est effectivement le reflet de notre mode de vie : sรฉdentaritรฉ (civilisation du fauteuil : de la voiture au bureau, en passant par la tรฉlรฉvision), rรฉgime alimentaire dรฉsรฉquilibrรฉ (privilรฉgiant grillades et laitages au dรฉtriment des lรฉgumes, fruits et cรฉrรฉales), restriction hydrique, rรฉpression du besoin dโexonรฉration. Il est vrai aussi que la constipation est une affection qui a indiscutablement un retentissement sur lโรฉtat gรฉnรฉral : le constipรฉ se sent volontiers ballonnรฉ, lourd, gรชnรฉ, mal dans sa peau, voire fatiguรฉ. On dรฉfinit gรฉnรฉralement le constipรฉ comme un sujet ayant mois de 3 selles par semaine [5]. En mรฉdecine moderne le traitement symptomatique de la constipation fait appel ร des mรฉdicaments laxatifs de diffรฉrents types et ร des conseils hygiรฉno-diรฉtรฉtiques [61]. Mais dans les pays africains, au Sรฉnรฉgal en particulier les plantes mรฉdicinales sont beaucoup utilisรฉes. Les croyances et habitudes traditionnelles aidant les herboristes et tradipraticiens sont de plus en plus sollicitรฉs ; ce qui est comprรฉhensible, puisquโils mettent ร disposition des patients une expertise locale ร moindre coรปt. Le constipรฉ a tendance ร banaliser son mal et ne trouve pas nรฉcessaire dโaller ร lโhรดpital, dโoรน une automรฉdication et surtout le recours aux plantes mรฉdicinales.
DรFINITION
La constipation est un symptรดme frรฉquent qui peut รชtre le motif principal de consultation ou bien un signe associรฉ ร de trรจs nombreuses maladies [5]. On peut toutefois considรฉrer comme constipรฉ un sujet ayant moins de trois selles par semaine [5]. Une autre dรฉfinition est encore possible selon le poids des selles : moins de 35 grammes de selles par jour en moyenne [61].
รPIDรMIOLOGIE
Il est difficile de dรฉterminer lโรฉpidรฉmiologie de la constipation. Et cela parce quโil existe normalement de grandes variations individuelles dans le temps de transit colique et le rythme des exonรฉrations. De plus les critรจres retenus par les diffรฉrentes รฉtudes pour confirmer un รฉtat de constipation varient dโun auteur ร lโautre [17]. La prรฉvalence est variable dโune รฉtude ร lโautre 1-2% [18] ,3% [19] ,8% [20], 14,7% [21] ,10-17% [22], 19,2% [23] ,18% [24]. Selon lโรฉtude de Docteur MBODJ [7] qui est la premiรจre au Sรฉnรฉgal, la prรฉvalence globale est de 21,8% sur une population cible des diffรฉrents services de l`hรดpital Aristide LE DANTEC (HALD) . La relation de la constipation avec lโaugmentation de lโรขge reste controversรฉe .
En revanche, il y a une relation รฉvidente avec le sexe, les femmes รฉtant beaucoup plus constipรฉes que les hommes [20,29]. Il a รฉtรฉ mentionnรฉ au Sรฉnรฉgal un taux de 57,8% de prรฉdominance fรฉminine [7]. En plus de lโรฉvaluation brute de lโรฉvidence du symptรดme, il faut tenir compte dans lโรฉtude รฉpidรฉmiologique des diffรฉrents facteurs รฉtiologiques et prรฉdictifs, du comportement ou du vรฉcu du trouble [30]. Parmis les facteurs รฉvoquรฉs nous avons :
-le bas niveau socio-รฉconomique [18]
-la frรฉquence du facteur psychologique ร lโorigine de la constipation chronique
-la consommation abusive de mรฉdicaments psychotropes
-la possibilitรฉ de formes familiales de constipation : il semblerait que la prรฉdisposition gรฉnรฉtique augmente si un parent ou un frรจre est affectรฉ de la constipation.
PHYSIOPATHOLOGIE
Rappels anatomiques sur la constipation et lโintestin
Lโintestin est un long tube creux, รฉtendu du pylore ร lโanus. Il est formรฉ de deux parties anatomiquement et fonctionnellement distinctes, lโintestin grรชle et le gros intestin sรฉparรฉs par la valvule ilรฉo-cรฆcal. Lโintestin grรชle est fixe dans sa premiรจre portion, le duodรฉnum et flottant dans sa deuxiรจme portion, le jรฉjuno-ilรฉon. Le gros intestin comprend :
– un segment initial, en cul de sac, le cรฆcum
-un segment moyen ร courbures accentuรฉes, le colon
-un segment terminal presque droit, le rectum obturรฉ par les sphincters annaux.
Chez lโhomme, lโintestin grรชle a une longueur de 6-8 mรจtres (4-6 fois la taille de lโhomme) et un diamรจtre moyen de 25-30 millimรจtres. Le gros intestin a 1,4 ร 1,8 mรจtre de long et un diamรจtre de 6-7 centimรจtres. Le cheminement des aliments et des produits de la digestion tout le long du tube digestif, de son extrรฉmitรฉ buccal ร son extrรฉmitรฉ annale, est assurรฉ par toute une sรฉrie dโactes moteurs parfaitement coordonnรฉs.
Rappels physiologiquesย
La motricitรฉ du gros intestinย
Chez les carnivores et les omnivores, la digestion et lโabsorption sont pratiquement achevรฉes lorsque le chyle franchit la valvule ilรฉo-cรฆcal. Arrivรฉ liquide en ce point, le contenu intestinal devient de plus en plus consistant au cours de la traversรฉe du gros intestin, du fait dโune rรฉsorption dโeau dโimportance variable selon la nature des aliments digรฉrรฉs. Les fรจces ainsi formรฉs sโaccumulent dans le colon terminal dโoรน la dรฉfรฉcation les expulse par le rectum. La motricitรฉ du gros intestin est adaptรฉe ร ces fonctions : dans sa partie proximale (cรฆcum, colon ascendant, premiรจre moitiรฉ du colon transverse) rรฉsorption dโeau ; dans sa partie distale(deuxiรจme moitie du colon transverse, colon ascendant et pelvien, rectum), entrepรดt et รฉvacuation des fรจces. La fixitรฉ relative et la configuration anatomique du gros intestin font que ses clichรฉs radiologiques sont excellents, soit quโon le remplisse avec un lavement barytรฉ, soit quโon le distende avec de lโair. Aprรจs avoir sรฉjournรฉ dans le cรฆcum pour y avoir parachever lโabsorption, les matiรจres se moulent dans les bosselures latรฉrales du colon oรน, devenues de plus en plus รฉpaisses, elles s`agglomรจrent en petites boules puis progressent jusquโau colon pelvien (anse sigmoรฏde).
Le cรฆcum et le colon ascendant ayant propulsรฉ le contenu dans le colon transverse, des contractions antipรฉristaltiques de ce segment lui font effectuer un va-et-vient et peuvent mรชme le refluer dans le colon proximal. ร intervalles trรจs รฉloignรฉs (2-3 fois par jour), le colon transverse se vide en masse, brusquement dans le colon descendant et lโanse sigmoรฏde ou les fรจces sรฉjournent jusquโร leur chasse dans le rectum et leur expulsion par lโanus (figure 1). Il existe 4 formes de mouvements. Le type I est une activitรฉ locale non propagรฉe, de frรฉquence rapide, qui est lโรฉquivalent du mouvement pendulaire de lโintestin grรชle ; elle exerce une dรฉpression dรฉcroissante de 12 ร 6 centimรจtres dโeau depuis le dรฉbut jusquโa la fin du colon. Sans effet propulseur, ces mouvements brassent les matiรจres principalement dans le cรฆcum et le colon proximal. Les contractions de type II sont plus espacรฉes et รฉnergiques ; elles se propagent de part et dโautre ร quelque distance du point oรน elles naissent ; elles sont lโexpression de lโactivitรฉ des fibres circulaires et dรฉveloppent une pression de 10 ร 20 centimรจtres dโeau ; leur rรดle est dโรฉpandre le contenu intestinal sur la muqueuse afin de favoriser la rรฉsorption dโeau. Le type III consiste en variation lente du tonus de la musculature sur lesquelles se greffent les mouvements de type I et II (figure 2). Ces ondulations crรฉent de faibles accroissements de la pression (de 3 ร 5 centimรจtres dโeau) ; leur effet est propulseur, des matiรจres vers le rectum. Le type IV est spรฉcial au gros intestin : cโest une contraction puissante, en masse, de segments รฉtendus du colon dont elle expulse le contenu.
Le contrรดle nerveux de la motricitรฉ intestinale
Comme lโestomac, lโintestin est dotรฉ sur toute sa longueur dโinnervation intrinsรจque et extrinsรจque (figure 3). Ses tuniques sont parcourues dโinnombrables ramifications nerveuses et contiennent les plexus myentรฉriques dโAUERBACH et sous muqueux de MEISSNER, lโun et lโautre trรจs abondamment pourvus dโamas de cellules ganglionnaires. Les nerfs extrinsรจques de lโintestin grรชle et de la premiรจre moitiรฉ du gros intestin sont de provenance vagale et sympathique (nerf splanchniques) ;leurs fibres terminales cholinergiques et adrรฉnergiques aboutissent aux cellules contractiles aprรจs sโรชtre mรฉlangรฉes au riche rรฉseau nerveux intraparietal. En ce qui concerne le colon descendant, lโanse sigmoรฏde et le rectum, ils reรงoivent leur innervation motrice (parasympathique) du nerf รฉrecteur sacrรฉ, et inhibitrice (sympathique) du nerf hypogastrique. Les mouvements de lโintestin sont dits automatiques. Ils trouvent leur cause dans lโallongement des fibres circulaires et longitudinales de la musculeuse : chacune des deux couches est en effet capable dโextรฉrioriser isolement son autorythmicitรฉ propre. Ce fonctionnement neuromusculaire intrinsรจque est placรฉ sous le control de lโinnervation extrinsรจque. Celle ci est double et antagoniste : les nerfs pneumogastriques (ou nerfs vagues) sont moteurs ; ce sont des รฉlรฉments parasympathiques cholinergiques, leur excitation faradique dans le thorax en dessous du cลur accroรฎt le tonus de la musculature entรฉrique accรฉlรจre et amplifie ses mouvements.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIรRE PARTIE : GรNรRALITรS SUR LA CONSTIPATION
I- DEFINITION
II- รPIDรMIOLOGIE
III- PHYSIOPTHOLOGIE
III-1- Rappels anatomiques sur la constipation et lโintestin
III-2- Rappels physiologiques
III-2-1- La motricitรฉ du gros intestin
III-2-2- Le control nerveux de la motricitรฉ intestinale
III-2-3- Lโรฉquilibre hydroรฉlectrolytique
III-2-4- La dรฉfรฉcation
III-2-5- La chronologie du transit digestif
IV- LES DIFFรRENTES FORMES CLINIQUES
IV-1- La constipation cologรจne
IV-2- La constipation ano-rectale
IV-3- La constipation dite iodopathique
V- LE DIAGNOSTIC
VI- LE TRAITEMENT
IV-1- Le traitement curatif
IV-1-1- Les laxatifs de lests
IV-1-2- Les laxatifs lubrifiants
IV-1-3- Les laxatifs osmotiques
IV-1-4- Les laxatifs stimulants
IV-1-5- Les laxatifs locaux
IV-2- Le traitement prophylactique
DEUXIรME PARTIE : ENQUรTE ET รTUDE MONOGRAPHIQUE
I- BUT ET CADRE DE TRAVAIL
II- METHODOLOGIE
II-1- Echantillonage
II-2- Difficultรฉs rencontrรฉes
III- RรSULTATS ET COMMENTAIRES
III-1- Statut gรฉnรฉrale des enquรชtรฉs
III-1-1- Les herboristes et tradipraticiens
III-1-2- Les mรฉnages
III-2- Plantes de la phytothรฉrapie sรฉnรฉgalaise contre la constipation
III-2-1- Plantes proposรฉes par les herboristes et les tradipraticiens
III-2-2- Plantes utilisรฉes par les mรฉnages
IV- รTUDES MONOGRAPHIQUES CASSIA ITALICA
I- Classification
II- Description botanique
III- Culture et rรฉpartition gรฉographique
IV- Composition chimique
V- Propriรฉtรฉs pharmacologiques et emplois BRIDELIA MICRANTHA
I- Classification
II- Description botanique
III- Rรฉpartition gรฉographique
IV- Composition chimique
V- Propriรฉtรฉs pharmacologiques et emplois
DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES