Inventaire des glissements de terrain du secteur d’étude
Présentation de l’aire d’étude
Introduction
Ce chapitre est consacré à la présentation géographique générale mais surtout aux contextes géomorphologique, stratigraphique, lithologique et structurale en plus des conditions climatiques et hydrologiques. Tous ces éléments physiques montrent bien que l’aire d’étude correspondant au site du village de Moulay Yacoub et ses environs immédiats constitue un terrain idéal des glissements du terrain. Ce site nous permet d’observer sur le terrain des bons exemples du glissement, de faire des mesures sur le terrain et prendre des échantillons pour l’étude au laboratoire de LPEE.
Situation géographique
Le village de Moulay Yacoub est situé à 25 km au NW de la ville de Fès (fig.26), il fait partie géographiquement du Prérif qui est un relief collinaire mou où affleurent principalement les formations marneuses tendres sauf quelques reliefs rocheux (Zalagh, Moulay Bouchetta El Khammar, etc) formés d’écailles de roches dures (souvent calcaires).
Figure 26 : Situation géographique du village de Moulay Yacoub
La zone d’étude est caractérisée par la résurgence de nombreuses sources thermales sourdant au sein des formations miocènes du Sillon Sud Rifain. Ce dernier est localisé entre le domaine Pré-Rifain, au Nord, et le Massif Hercynien central (Meseta marocaine) et le Moyen Atlas, au Sud (fig.27). Plus précisément, Moulay Yacoub occupe la bordure du Saïs au contact de la section molle du Prérif, sans rides, comprise entre le massif de Zerhoun à l’ouest et le Tghat-Zalagh à l’est.
Figure 27: Situation du village de Moulay Yacoub au sein des grandes unités structurales du Nord du Maroc (A.LAKHDAR et all 2006)
Le contexte géomorphologique
On rappel que le charriage est un mouvement tectonique horizontal de grande amplitude, d’une dizaine à une centaine de kilomètres qui pousse une masse de terrain sur une autre. Le contact anormal entre les deux unités (le Rif et le Saïs) s’effectue par un plan peu incliné qui n’est autre qu’une grande surface de chevauchement (Mohammed CHARROUD M. et al. 2007). A la différence d’un glissement du terrain qui est un déplacement local d’une masse de terrain le long d’un versant. Le site de Moulay Yacoub est dominé par des collines marneuses traversées par des ravins qui constituent l’essentiel du réseau hydrographique de la zone. L’altitude moyenne des reliefs mous de la région ne dépasse pas les 500m (fig.28), or, les cours d’eau incisent facilement dans les marnes délimitant des talus à pentes raide (fig.29), provoquant l’instabilité des talus, ainsi, les phénomènes de glissements sont très abondants, dont certains ont des impacts dangereux sur l’habitat et autres infrastructures du village.
Figure°28: carte des altitudes de la zone d’étude
Figure 29 : Carte des pentes de la région de Moulay Yacoub
Le contexte lithostratigraphique
Le Sillon Sud Rifain, où jaillissent les sources thermales de Moulay Yacoub, est défini comme un bassin d’avant fosse (WINCKEL, 2002 et SENDIDE, 2000 cité par Lakhdar 2006) comblé par une épaisse série sédimentaire à dominance marneuse (fig.30). Cette formation date du Miocène et Plioquaternaire.Dans la zone de Moulay Yacoub, cette série est constituée de bas en haut par (fig.31):
• des marnes bleutées compactes du Tortonien basal;
• une série marneuse grisâtre du Messinien inferieure surmontée par une formation gréseuse à caractère turbiditique nommée « Grés I » (WERNLI, 1978);
• des marnes du Messinien supérieur marquée par des intercalations de bancs calcaires et surmontées par une barre gréseuse nommée « Grés II » (WERNLI ; 1978);
• une formation conglomératique hétérogène d’une centaine de mètres environ de puissance. En effet, ces dépôts d’âges Pliocène moyen à supérieure, qualifiés comme catastrophiques, seraient en relation avec la surrection de l’anticlinal de la ride de Jbel Tghat (LAKHDAR, 2004; LAKHDAR et al. 2005).
• des calcaires lacustres quaternaires. Cette série est chevauchée au nord par des nappes de charriage prérifaines essentiellement marno- gréseuses de l’Eocène et de l’Oligocène.
Figure 31: Colonne stratigraphique de la zone de Moulay Yacoub (Lakhdar. et al 2006, modifiée)
Les levées cartographiques et les nombreux sondages témoignent de la présence d’un substratum, constitué essentiellement par les formations triasiques à crétacées, affleurant au niveau des fronts de chevauchement de direction E-W. Dans certains sites, les formations triasiques apparaissent avec deux niveaux d’argiles rouges très riches en évaporites, intercalées de basaltes doléritiques verdâtres. Le Crétacé est essentiellement formé de marnes verdâtres. Aussi, des débris de socles ont été trouvés pour la première fois. Ce sont de petites extrusions métriques à décamétriques de blocs de calcaire liasique et de blocs de nature magmatique et méta-sédimentaire très minéralisées appartenant au socle paléozoïque. Elles sont localisées au niveau de l’intersection entre les fronts de chevauchements E-W et les accidents NE-SW (A.LAKHDAR et all 2006).
Cadre Structural
La structuration observée dans la zone de Moulay Yacoub est typique de la tectonique alpine de la chaine rifaine. Il s’agit de la migration des chevauchements vers l’extérieur de la chaine. Au nord de Moulay Yacoub, les formations prérifaines marno-calcaires de l’Eocène ont été affectées par plusieurs branches de chevauchement jalonnées parfois par des formations argileuses triasiques et crétacées (fig.32). Les mouvements chevauchants sont associés localement à des retro-chevauchements, à rejet métrique enregistré par le décalage des bancs marno-calcaires (A.LAKHDAR et all 2006).On observe aussi dans les formations marneuses du Miocène supérieur qui abritent les sources de Moulay Yacoub, des plis d’entrainement à axe N110 à N120° et des pendages variant de 35°S à 50°N. Ceci est dû à un chevauchement aveugle qui déforme la couverture miocène (fig.33).Le mouvement de ce chevauchement serait à l’origine de la surrection de la ride anticlinale de Moulay Yacoub générant vers le sud une pente où s’installeraient les dépôts chaotiques du Pliocène moyen à supérieure. Dans ce site du domaine externe de la chaine rifaine, le fonctionnement de ces chevauchements serait au moins d’âge pliocène moyen à supérieur. Cette interprétation permettrait d’intégrer la structuration de la région de Moulay Yacoub dans le même dispositif que celui observé au Nord dans le domaine Prérifain. Ce dispositif structural se complique par des accidents NE-SW, NW-SE et N-S qui parcourent cette zone. Ainsi, ce style tectonique cassant rappelle selon certains auteurs celui du substratum meseto-atlasique (PIQUE et al, 1998; WINCKEL, 2002). Ce dernier est sous forme de plateaux organisés en panneaux étagés reflétant un agencement en blocs basculés (SABAOUI, 1998; SOUFIANI et al, 2002) en relation avec le rejeux des accidents NE -SW et NW-SE hérités du socle hercynien lors de la tectonique alpine.
Climatologie et hydrologie
Climatologie
Selon le modèle Bioclimat d’Emberger (modifié par C.Sauvage 1963), le site de Moulay Yakoub, qui ne diffère pas du plateau Saïs-Fès, appartient à l’étage bioclimatique subaride à été chaud (fig.34). Le facteur générateur (P) des écoulements varie spatialement entre 400mm (dans les vallées aux alentours de Moulay Yaàkoub) et 800mm sur les reliefs avoisinants de J. Zarhoun et J. Zalgh. (fig.35).La moyenne des précipitations annuelles est de l’ordre de 516,3 mm calculée sur période de 96 ans avec un maximum mensuel en décembre (75.3mm) et un minimum en juillet (1.6mm) (Tableau 1). La courbe de tendance des précipitations annuelles enregistre une diminution des pluies au cours de la période 1915 à 2011 (fig.35). D’après le diagramme ombrothermique (fig.38), le régime mensuel des précipitations montre 7 mois humides d’octobre à avril et 5 mois secs et chauds. Le régime saisonnier des précipitations atteint son maximum saisonnier en hiver avec 39.4% suivi de printemps 32.2% et l’automne 24.8%. Ce régime saisonnier est inégal puisque 369,8mm équivalent à 71,6 % de ces précipitations tombent en deux saisons seulement (l’hiver et le printemps) alors que l’été reçoit seulement 3.5% sous forme d’orage très concentré dans le temps et dans l’espace (fig.36 et 37).
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Table des matières
Introduction générale
Le contexte
La problématique
La méthodologie
Le contenu
Chapitre 1 : Méthode d’approche géotechnique des glissements de terrain
Introduction
I/ Phase 1 : collecte et exploitation des données disponibles sur l’aire d’étude et définition préliminaire des sites d’investigation
II/ Phase 2 : reconnaissances géotechniques préliminaires
II.1- Essais in situ
II.2- Essais de laboratoire
II.2.1- Essais d’identifications
II.2.2 – Essais mécaniques
Conclusion
Chapitre 2 : présentation de l’aire d’étude
Introduction
I/ Situation géographique
II/ Le contexte géomorphologique
III/ Le contexte lithostratigraphique
IV/ Cadre Structural
V/ Climatologie et hydrologie
V-1/ Climatologie
V-2/ Hydrologie de l’aire d’étude
VI/ Inventaire des glissements de terrain du secteur d’étude
Conclusion
Chapitre 3 : Représentation, analyse et interprétation des donnés des essais géotechniques
Introduction
I/ Représentation et analyse des donnés
I.1/ Essai de laboratoire
I.2/ Essai in-situ
II/ Interprétation générale
Conclusion et recommandations
Bibliographie
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