INTRODUCTION DES LANGUES NATIONALES DANS LE SYSTEME EDUCATIF SENEGALAIS

L’ETHNIE

ย  ย La diversitรฉ ethnique et culturelle est un fait reconnu ร  travers le monde et constitue un facteur d’enrichissement mutuel mais peut รฉgalement รชtre un obstacle ร  la cohรฉsion sociale. Le terme ethnie est apparu en 1896 dans la langue franรงaise et servait ร  dรฉsigner les groupes humains. L’ethnie selon le dictionnaire le Robert dรฉsigne un ยซ ensemble d’individus que rapprochent un certain nombre de caractรจre de civilisation, notamment de langue et de culture ยป. Cette notion d’ethnie sera restreinte dans le cadre de notre รฉtude pour correspondre ร  des membres d’une sociรฉtรฉ ayant en commun un ou plusieurs traits socioculturels communs comme une langue, une religion et des modes de vie communs. C’est ainsi qu’on retrouve des expressions comme groupe ethnique, communautรฉ ethnique et mรชme communautรฉ ethnolinguistique pour plus de prรฉcision et de concision et parer ร  toute รฉventualitรฉ de confusion. Partant de ces dรฉfinition nous pouvons dire que le sentiment d’appartenir ร  une ethnie quelconque prรฉsuppose partager au prรฉalable une ascendance commune c’est ร  dire avoir le mรชme ancรชtre. Mais cela n’est suffisant pour rรฉclamer cette appartenance ; il faut parler une langue commune ce qui constitue un facteur d’unificateur et รฉpouser les mรชme coutumes. Une ethnie doit avoir une ressemblance des traits physiques et partager le vรฉcu quotidien de leur histoire. L’ethnie joue un rรดle trรจs important sur le plan social et politique car elle est au cล“ur de la notion d’identitรฉ qui est trรจs sensible et quelque fois subjective. Le Sรฉnรฉgal qui constitue notre champ d’investigation regorge d’une multitude d’ethnies ร  l’image des autres pays africains. Cependant rappelons avant tout que la rรฉpartition des ethnies ne fait pas l’objet de consensus entre les sรฉnรฉgalais. La langue et la culture sont les principaux obstacles. Par exemple dira-t-on que Peuls et Toucouleurs d’une part et d’autre part Wolofs et Lรฉbous appartiennent-ils successivement l’une comme l’autre ร  une mรชme ethnie. Face ร  cette difficultรฉ il suffit de remonter ร  leurs origines, leurs pratiques sociales et leurs croyances traditionnelles pour noter les diffรฉrences. S’il est vrai que le brassage des diverses ethnies d’un pays constitue, comme on a l’habitude de le dire, une richesse culturelle, le Sรฉnรฉgal est parfaitement dotรฉ de ce patrimoine culturelle. Nous y retrouvons une vingtaine d’ethnie reprรฉsentรฉes en nombre inรฉgal mais toutes porteuses de particularitรฉs et de coutumes qui permettent de les identifier. La population sรฉnรฉgalaise est estimรฉe ร  douze millions d’habitants et s’est rรฉpartie en plusieurs groupes ethniques dont certaines dominent par le nombre de leurs locuteurs. Retenons :
โ€ข les Wolofs (40%) : Ils sont plus nombreux et prรฉsents sur la cรดte entre Dakar et Saint Louis, dans le Nord et le centre du pays. Prรฉsents dans la sphรจre politique ce sont aussi des cultivateurs surtout d’arachide et des commerรงants. Ils parlent tous la mรชme langue qui est le wolof malgrรฉ les petites diffรฉrences de parlers qu’on note selon les zones gรฉographiques.
โ€ข Les sรฉrรจres (19%) : Ils peuplent principalement la petite cรดte et le Saloum. Ils sont de trรจs grands cultivateurs, de pรชcheurs mais constitue รฉgalement une bonne partie de l’รฉlite sรฉnรฉgalaise. Cette ethnie est composรฉe de sous-groupes comme le groupe qui parle les langues dites cagin que l’on retrouve dans la rรฉgion de Thiรจs et le sรฉrรจre siin. On note une incomprรฉhension entre les locuteurs de cette ethnie due aux langues.
โ€ข Les Peuls : Ce sont incontestablement l’une des ethnies les plus connues d’Afrique et surement la plus dissรฉminรฉe. Ils parlent la mรชme langue le Pulaar et ont comme activitรฉ traditionnelle l’รฉlevage. Les peuls sont assez peu scolarisรฉs et occupent rarement de hautes places en politique comme en affaires.
โ€ข Les toucouleurs : Trรจs proches historiquement et socialement des peuls, ils vivent dans les mรชmes rรฉgions mais s’impliquent plus dans la vie รฉconomique du pays. Ce sont de grands guerriers et fiers de leur ancรชtre Elhadji Omar Tall, qui venu de Halwar, a ensuite organisรฉ un grand djihad. Comme activitรฉ รฉconomique ils dรฉtiennent un grand nombre de boutique.
โ€ข Les Lรฉbous : Bien qu’il soit une ethnie ร  part entiรจre ils sont presque entiรจrement ยซ wolophisรฉs ยป. Ce sont les principaux et premiers occupants de la presqu’ile du Cap Vert. Les lรฉbous sont des pรชcheurs et occupent des zones telles que Ngor village, Yoff et sont en majoritรฉs musulmans layรจnes. Ils ont un taux d’alphabรฉtisation trรจs dรฉplorable. Quant aux casamanรงais ils sont constituรฉs d’ethnies habitant la plus riche zone forestiรจre du pays. Cette aire de forรชt dense abrite une forte densitรฉ d’ethnies parmi lesquelles nous citerons :
โ€ข les diolas : C’est une ethnie comme les sรฉrรจres qui est divisรฉe en sous-groupes qui parfois ne se comprennent les uns les autres. Il s’agit des Essils, des Fognys, des Bayots etc. Ils sont pour la plupart agriculteurs mais se touvent aussi dans les hautes sphรจres du pouvoir.
โ€ข Les balantes : Ce sont des cultivateurs dans toute la rรฉgion frontaliรจre du sud. Une grande victoire des balantes est la reconnaissance de leur langue comme langue nationale en 2009 ร  l’image des autres comme le wolof, le sรฉrรจre, le pulaar etc promues au titre de langue nationale.
โ€ข Les mandingues : ils occupent la rรฉgion orientale du Sรฉnรฉgal. Leur principale langue est le mandingue dont le bambara, le malinkรฉ,et le diakhankรฉ en sont des variรฉtรฉs dialectales. Entre autre ethnie nous citerons les manjak, les mankagnes, les bainouk, les pรฉpels, les bassais, les tendats bรฉdiks, les coniaguis, les sarakholรฉs…

LES AUTRES LANGUES NATIONALES

ย  ย Il s’agit ร  ce niveau des langues nationales hormis le wolof que nous venons d’รฉtudier. Ce sont des langues nationales remplissent une fonction de vernaculaire. Rappelons qu’une langue vernaculaire est une langue maternelle d’un groupe socialement ou politiquement dominรฉ par un autre groupe qui parle une langue diffรฉrente de leurs langues. Toute langue locale du pays peut accรฉder ร  ce titre car le nombre n’est limitรฉ. Seul un travail de linguiste au prรฉalable s’impose pour sa codification. C’est ainsi que la quatriรจme constitution de la Rรฉpublique du Sรฉnรฉgal adoptรฉe par rรฉfรฉrendum en 2001 stipule en son article premier alinรฉa quatre(4) : ยซ La langue officielle de la Rรฉpublique du Sรฉnรฉgal est le Franรงais. Les langues nationales sont le Diola, le Malinkรฉ, le Pular, le Sรฉrรจre, le Soninkรฉ, le Wolof et toute langue nationale qui sera codifiรฉe. ยป1 La liste des langues nationales ne cesse de s’accroitre et aujourd’hui treize autres langues viennent rallonger la liste. Ce sont : le Balante, le Guลˆuun, le Hassaniya, le Jalunga, le Kanjad, le Laala, le Manjaku, le Mancagne, le Bรฉdik, le Noon, le Ndutt, le Bassari et le SaafiSaafi. Ces diffรฉrentes langues maternelles ne sont pas toujours les principales langues de leurs locuteurs. Elles reflรจtent le plus souvent les identitรฉs ou les groupes ethniques des individus. Le statut de toutes ces langues promues au rang de langues nationales ne change en rien leur fonctionnement, leur utilisation dans la sociรฉtรฉ bien que la codification signifie que l’รฉtat reconnaรฎt ces langues.

Lโ€™ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

ย  ย Lโ€™enseignement supรฉrieur est assurรฉ dans les universitรฉs et les institutions de formation supรฉrieure au profit des apprenants titulaires du baccalaurรฉat. Avec lโ€™augmentation du taux des nouveaux bacheliers, on assiste ร  des effectifs plรฉthoriques ce qui conduit ร  la crรฉation dโ€™autres institutions universitaires telles lโ€™universitรฉ Assane Seck de Ziguinchor, le CUR de Bambey etc. Ces structures dโ€™รฉtudes supรฉrieures donnent aux passionnรฉs les diplรดmes le plus รฉlevรฉs et entretiennent des relations importantes avec les autres universitรฉs du monde entier avec les bourses dโ€™รฉtudes et lโ€™รฉmigration des cerveaux.

CONCLUSION

ย  ย La politique dโ€™introduction des langues nationales dans le systรจme รฉducatif sรฉnรฉgalais est devenue une longue histoire. Elle a fait lโ€™objet de discussions dรจs lโ€™implantation de la premiรจre รฉcole sรฉnรฉgalaise(1819) avec Jean Dard. Les missionnaires ont jugรฉ aussi nรฉcessaire de passer par nos langues pour faciliter la conversion en touchant lโ€™รขme des fidรจles car ils ont compris que cโ€™est en passant par la langue premiรจre de lโ€™apprenant que lโ€™apprentissage devient plus facile, plus accessible et rentable. Cette politique linguistique se fait dans un contexte plurilingue avec aujourdโ€™hui vingt et une langues รฉlevรฉes au rang de langue nationale et dโ€™autres qui sont en phase dโ€™รฉtude. Ce plurilinguisme rend la politique dโ€™introduction de nos langues ร  lโ€™รฉcole plus complexe car chaque ethnie reste trรจs attachรฉe ร  sa langue qui constitue un symbole dโ€™identitรฉ. Aussi peuton trouver dans une mรชme ethnie plusieurs langues oรน leurs locuteurs ne se comprennent. Nous avons constatรฉ au cours de nos recherches sur le terrain que parfois les personnes enquรชtรฉes ignorent le fonctionnement de lโ€™รฉcole bilingue ou mรชme la rapprochent aux รฉcoles dโ€™alphabรฉtisation en langues nationales et par consรฉquent essayent de montrer ses limites. Cela est dรป ร  un manque de sensibilisation de la part des autoritรฉs compรฉtentes, habiletรฉs ร  faire la promotion et la valorisation de nos langues et de nos cultures qui sont intrinsรจquement liรฉes. Cโ€™est pourquoi les populations de ces deux localitรฉs (Fimela et Mbour) nโ€™hรฉsitent pas ร  dรฉnigrer lโ€™รฉcole bilingue au profit de lโ€™รฉcole unilingue qui a comme mรฉdium dโ€™enseignement le Franรงais. Pour elles cโ€™est la seule รฉcole dโ€™oรน sont sortis les cadres de notre pays autrement qui garantit la promotion sociale depuis toujours. Cependant, ces mรชmes populations saluent lโ€™orientation politique de notre pays oรน nos diffรฉrentes langues nationales seront prises en compte ร  lโ€™รฉcole. Mais cela ne va sans condition parce que presque toutes les personnes souhaiteraient apprendre leurs propres langues sauf quelques-unes qui optent pour le wolof, principale langue vรฉhiculaire du pays. Il faut รฉgalement que nos langues nationales deviennent au mรชme titre que le franรงais des langues de promotion sociale, selon la population, pour encourager les apprenants. Pour ne pas crรฉer des tensions sociales et veiller ร  la rรฉussite de cette politique รฉducative, les acteurs de lโ€™รฉducation bilingue doivent รชtre ร  lโ€™รฉcoute de la population et essayer de satisfaire la demande sociale. Mais on peut se poser la question ร  savoir si lโ€™รฉtat dispose de ressources humaines et financiรจres pour calmer tous les esprits.

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Table des matiรจres

INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE ะ†: LANGUES ET ETHNIES, POLITIQUES ร‰DUCATIVES ET REPRร‰SENTATIONS
ะ†- ETHNIES ET LANGUES
1. LES ETHNIES
2. LES LANGUES
ะ†ะ†-LE STATUT DES LANGUES AUX SENEGAL
1. LE FRANร‡AIS
2. LE WOLOF
3. LES AUTRES LANGUES NATIONALES
4. LES LANGUES LOCALES
ะ†ะ†ะ†- LA CONFIGURATION DU SYSTEME EDUCATIF
1. L’ENSEIGNEMENT PRESCOLAIRE
2. L’ENSEIGEMENT ELEMENTAIRE
3. L’ENSEIGNEMENT MOYEN SECONDAIRE ET GENERALE
4. L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE
5. L’ENSEIGNEMENT SUPERIEURE
IV- POLITIQUE LINGUISTIQUE EDUCATIVE
1. LE FRANร‡AIS ET LES LANGUES NATIONALES : QUโ€™ELLE HISTOIRE ?
2. LA PLACE DES LANGUES NATIONALES A L’ECOLE
3. INITIATEURS ET BAILLEURS
V- ETUDE SPATIO-TEMPORELLE ET ANALYSE CONCEPTUELLE
1. Lโ€™ESPACE
1.1 LA COMMUNE DE MBOUR
1.2 LA COMMUNAUTE RURALE DE FIMELA
2. LE TEMPS
3. ANALYSE CONCEPTUELLE
VI- LES REPRESENTATIONS: PRESENTATION ET ANALYSE DU QUESTIONNAIRE
1. PRESENTATION DU QUESTIONNAIRE
2. ANALYSE QUANTITATIVE
3. ANALYSE QUALITATIVE
4. APPRECIATIONS ETHNIQUES
5. SYNTHESE DES ANALYSES
CHAPITRE II: LES CRITERES DE CHOIX DES LANGUES DANS LE SYSTEME EDUCATIF
I- POURQUOI CHOISIR?
II- QUELLES LANGUES FAUT-IL CHOISIR?
1. LES CRITERES DE CHOIX
2. LE PROCESSUS DU CHOIX
3. L’ECHELLE DU CHOIX
III- QUELLE SOLUTION POUR UNE BONNE INTEGRATION DES LANGUES NATIONALES
CONCLUSION

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