Apporter la preuve par l’observation de la progression
J’ai fait mes premiers pas d’enseignant au collège Alphonse de Lamartine à Paris où j’ai notamment assuré des cours d’allemand à des élèves de cinquième, en classes à horaires aménagés musicales (CHAM). Leur apprentissage de la langue avait débuté un an plus tôt.
Hormis la pratique d’un instrument enseigné au collège et au Conservatoire, nombre de ces apprenants se consacraient également au chant. Les activités d’expression orale que j’organisai avec ces élèves me permirent de déceler la qualité phonétique et prosodique de leur expression.
N’était-ce là qu’un heureux hasard ou le résultat de la fameuse « oreille absolue » du musicien, tendant à confirmer son aptitude et son aisance à manier d’autres langues ? Pourtant, les illustres contre-exemples contredisant cette prétendue prédisposition sont nombreux : Luciano Pavarotti, le célèbre ténor italien, qui se produisit sur les plus grandes scènes du monde, répugnait à chanter dans une langue autre que la sienne et se faisait assister d’un interprète au cours de ses entretiens avec la presse, refusant de recourir à un anglais véhiculaire pour lequel il ne manifestait aucune appétence.
Le questionnement qui a sous-tendu la rédaction de ce mémoire m’a permis de formaliser les réflexions inspirées de cette première année d’enseignement. Elles sont nées de l’observation de ces élèves — CHAM et non CHAM — dans leur progression sur les plans pragmatique et phonétique, sous l’effet de la pratique du chant en langue allemande. Hormis le classique entraînement aux cinq activités langagières, il ne fait nul doute que l’expression chantée a constitué, pour ces élèves, une source de désinhibition linguistique par la transmission de leurs émotions tout en étant un catalyseur de stimulation cognitive.
Toutefois, ce travail n’aurait vraisemblablement pas vu le jour sans une collaboration cruciale : celle de ma collègue de musique. Elle m’a prêté main-forte tout au long d’un projet que nous avons mené dans une parfaite coordination. J’aurai l’occasion d’insister sur les avantages de ce travail d’équipe qui a largement contribué au succès de cette entreprise. Il a permis de libérer l’énergie d’une classe entière pour l’enregistrement de lieder de Schumann et la conception d’une maquette d’un support audio. Quant à moi, j’accompagnais ces élèves dans l’étude des textes des lieder, leur décryptage culturel ainsi que l’amélioration prosodique de leur expression chantée — une dimension essentielle dès lors qu’elle touche à la modulation des sentiments.
S’inscrivant dans une démarche à la fois réflexive et actionnelle, la collaboration que j’ai menée avec une pédagogue rompue à la pratique de l’enseignement musical démontre à quel point la segmentation des matières — telle qu’elle est aujourd’hui encore fortement suggérée — peut être dépassée. Les enseignants devraient davantage miser sur la complémentarité de deux, voire de plusieurs approches disciplinaires, pour mobiliser l’attention et nourrir durablement l’envie d’apprendre des élèves en décuplant, par la note et le mot, le plaisir de communiquer leurs émotions. Compte tenu de l’importance qu’elle revêt dans le cadre de ce projet, je me propose de développer les atouts de l’approche interdisciplinaire dans la partie liminaire de ce travail.
Par ailleurs, une recherche documentaire approfondie m’a permis de mesurer l’ampleur des études sur la thématique que je traiterai ici : l’impact de l’expression chantée sur l’apprentissage linguistique. Répertoriée en didactique des langues ou en musicologie, une littérature scientifique, riche et dense, s’accorde à souligner les indéniables effets du chant sur l’acquisition de langues étrangères. C’est la raison pour laquelle je me propose d’exposer dans la première partie de ce mémoire, sans volonté d’exhaustivité de ma part, quelques découvertes majeures sur l’interaction entre le chant et l’apprentissage des langues étrangères. D’une aide précieuse dans la mise en place de mon approche pédagogique, ces résultats scientifiquement établis dans des disciplines telles que les neurosciences, les sciences comportementales ou la linguistique ont constitué un fil directeur tout au long de ma réflexion et la rédaction du présent mémoire.
En outre, il sera intéressant de consacrer la deuxième partie de ce travail à l’observation de ce projet interdisciplinaire à l’aune de son déroulement et des difficultés auxquelles il s’est parfois heurté. La démarche dans laquelle ma collègue et moi nous sommes engagés, relevait, somme toute, d’une certaine évidence attendu qu’elle conciliait l’enseignement de l’allemand — une des langues les plus chantées aux XIXe et XXe siècles — et l’expression musicale romantique du monde germanique, sublimée par les lieder de Robert Schumann. Ce projet s’est largement appuyé sur l’entraînement vocal et linguistique d’élèves CHAM et non CHAM, issus d’une classe de cinquième, à quelques compositions du célèbre musicien. Si le répertoire et la pratique de l’expression chantée étaient de la responsabilité de ma collègue de musique, je complétais son enseignement par un apprentissage linguistique et culturel, proposant ainsi aux élèves un éclairage supplémentaire à ces productions musicales. J’apportais ma contribution de germaniste en montant des séquences centrées sur l’explicitation historique, littéraire et psychologique des lieder, la correction phonétique et prosodique des jeunes chanteurs sans transiger sur les activités langagières au cœur de l’enseignement linguistique, comme l’acquisition lexicale et grammaticale, rendue nécessaire par des textes parfois exigeants. Je me permettais aussi parfois de me glisser, en « auditeur libre », dans ces cours de musique durant lesquels, après avoir obtenu les autorisations nécessaires, je procédais à quelques enregistrements audio et vidéo pour mesurer la progression des apprenants dans le cadre de cette étude. Aujourd’hui encore, je reste intimidé par la qualité de leurs prestations et fier de l’engagement dont ces élèves ont su faire preuve. L’objectif que nous nous étions fixé s’inscrivait dans une approche de « gestion de projet ». Il devait se matérialiser par la production d’une maquette de CD conçue à partir des enregistrements vocaux des jeunes chanteurs. Hormis cette prestation musicale, ce CD devait aussi être le reflet de leur créativité graphique et rédactionnelle pour la réalisation du livret d’accompagnement, une tâche dans laquelle j’accompagnais les élèves lors de séances consacrées à ce projet.
La troisième et dernière partie de ce mémoire sera centrée sur la synthèse des évolutions observées chez les apprenants et compilées tout au long de cette étude — points de progrès notables, zones de stagnation cognitive, stratégies de remédiation susceptibles d’être mises en place. À la lumière des résultats obtenus dans le cadre restreint de cette expérience, je me proposerai donc de mesurer l’impact induit par l’interaction entre l’expression chantée et l’apprentissage de l’allemand sur ce groupe d’apprenants. Le professeur de langue que je suis s’attachera avant tout à déterminer le champ des acquis linguistiques sous l’angle des cinq activités langagières, mais il ne manquera pas non plus de s’intéresser aux ressorts psychologiques qui ont poussé ces jeunes chanteurs à mener à bien ce projet de CD tout en proposant quelques pistes de réflexion en vue de tirer durablement profit des regains de motivation pour l’allemand.
Pourquoi le Liederkreis, opus 24 de Schumann ?
Indépendamment du caractère interdisciplinaire de notre démarche pédagogique, je laissais à ma collègue de musique le choix du répertoire adapté à cette classe de cinquième.
De nombreux paramètres, notamment la maturité de ces élèves, m’échappaient sur le plan de la didactique du chant et ne m’autorisaient pas, en ma qualité de professeur d’allemand, à émettre un avis tranché sur le plan musical. Au cours de nos échanges sur la construction de cette séquence, j’évoquais le lied comme expression ultime du romantisme allemand et je soulignais la place particulière qu’il occupe, aujourd’hui encore, dans l’espace culturel germanophone. Le lied est une musique vocale accompagnée le plus souvent au piano. Le chant est tiré de poèmes romantiques et ce style permet de rapprocher le plus possible la voix des sentiments.
S’engageant dans cette voie pour ses recherches, madame Zanutto me suggéra rapidement de nous appuyer sur les compositions de Robert Schumann pour notre approche commune. Deux chants strophiques simples du Liederkreis — le « Cycle des chants », composé en 1840 — de l’opus 24 ont finalement retenu notre attention : le premier lied, « Morgens steh’ ich auf » — chaque matin, je me lève 17— ainsi que le huitième lied — « Anfangs wollt’ ich fast verzagen »— au début, j’étais sur le point de me laisser abattre 18.
Alors que l’œuvre de Robert Schumann s’était jusqu’ici limitée à un répertoire pour piano, 1840 se caractérise par une production prolifique de 150 lieder, année au cours de laquelle il compose son Liederkreis sur les poèmes de Henri Heine tirés du « Buch der Lieder » — le « Livre des chants » paru en 1827. C’est également une période marquée par un événement majeur dans la vie du musicien allemand : son mariage tant espéré avec Clara Wieck, compositrice et pianiste de renom au XIXe siècle.
À la fois empreint de sentimentalité et d’ironie, l’univers poétique de Henri Heine trouve écho dans l’âme du compositeur allemand, en proie au tourment. En dépit d’un sujet central récurrent en plein cœur de cette période romantique — les souffrances résultant des amours malheureuses — qui répond aux affres du compositeur, le traitement musical proposé par Robert Schumann frappe par une approche radicalement différente. Le compositeur abandonne le piano pour offrir par le lied une expression lyrique et explicite de ces passions déçues. Contrairement à Henri Heine, submergé dans ses poèmes par l’amertume et la noirceur d’un pessimisme tenace, le compositeur allemand met au service de l’œuvre du poète tout son génie pour exalter musicalement une légèreté, une douceur, voire un enthousiasme, de fait entièrement absent de la poésie de Heine — des sensations particulièrement perceptibles dans les lieder 1 et 8 du Liederkreis, opus 24.
C’est ce lyrisme chantant les sentiments humains et des paysages magnifiant la beauté de la nature à travers une langue limpide et colorée qui nous a incités à porter notre choix sur ces deux lieder de Robert Schumann. Ils nous ont paru correspondre en partie à l’univers de sens d’adolescents d’une classe de cinquième, prêts à investir tout leur énergie et leur enthousiasme dans un projet où ils devraient relever le défi d’une expression chantée dans une langue pas ou peu maîtrisée pour la plupart.
Fondements théoriques de l’étude : le chant, outil de stimulation cognitive
Des études corroborant le fait que l’expression musicale favorise l’apprentissage des langues
Au cours de ces vingt dernières années, les effets de la pratique et de l’écoute musicale sur les mécanismes de l’acquisition cognitive ont fait l’objet de nombreuses études. Ainsi, les sciences comportementales et la neuro-imagerie sont parvenues à mesurer une activité cérébrale importante chez les sujets exposés à des stimulations musicales. De même, elles ont mis en évidence les nombreuses interactions anatomiques et fonctionnelles qui se chevauchent entre le traitement musical et les compétences non musicales, qu’elles soient linguistiques, motrices ou émotionnelles.
D’autres études ont démontré l’avantage des musiciens dans la perception des modulations fines des stimuli linguistiques. Ainsi, dans un article dans la revue spécialisée « Frontiers in Human Neuroscience » , les chercheurs suisses Mathias Oeschlin, Adrian Imfeld, Thomas Loenneker, Martin Meyer et Lutz Jäncke observent, dans leurs travaux menés à partir des techniques d’imagerie à résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), que les musiciens qui possèdent l’oreille absolue ont une activation plus importante du sulcus temporal supérieur dans une tâche de perception de phrases manipulées sur le plan lexical ou prosodique. Dans leurs conclusions, les auteurs affirment que les modifications neuroanatomiques observées ne permettent pas seulement aux musiciens d’optimiser leurs performances en matière de traitement musical, mais aussi de développer des capacités de segmentation acoustiques dont le bénéfice va bien au-delà du champ des compétences musicales.
Selon les recherches de L. Robert Slevc à la University of California à San Diego, et de Akira Miyake à la University of Colorado à Boulder, dont les résultats sont publiés dans la revue « Psychological Science » , il existerait une corrélation entre les habiletés musicales et les aptitudes phonologiques dans l’apprentissage d’une seconde langue. D’autres expérimentations étayent également la thèse selon laquelle l’expertise musicale et la perception de la prosodie du langage seraient en grande partie liées. De ce fait, les musiciens détectent mieux des incongruités prosodiques dans une langue étrangère. Ils sont aussi plus réactifs à les déceler que les non musiciens . Parallèlement, lorsque des musiciens doivent comparer la prosodie des phrases enseignées à des mélodies qu’on leur propose ensuite, leurs performances s’avèrent nettement supérieures à celles des non musiciens — que ce soit dans leur langue maternelle ou une langue étrangère . Enfin, les musiciens détectent davantage les modifications de hauteur tonale qui les amènent notamment à distinguer les énoncés interrogatifs dans leur langue maternelle . Cette sensibilité à la perception de la prosodie se développerait dès le plus jeune âge : un entraînement musical de six mois permettrait déjà à des enfants non musiciens de huit ans de développer une plus grande sensibilité prosodique et une meilleure maîtrise des modulations tonales25 . En revanche, certaines personnes dites « amusiques » — présentant un trouble des habiletés dans la perception ou la production musicale — seraient susceptibles d’éprouver des difficultés de distinction des variations prosodiques dans des phrases interrogatives.
Le projet : renforcer l’apprentissage de l’allemand à travers les lieder de Schumann
Les lieder de Schumann : un choix raisonné
L’intérêt pédagogique de l’expression chantée
Au cours des mois qui ont précédé la rédaction du présent travail, les articles scientifiques que j’ai consultés dans une littérature prolixe sur le sujet, m’ont confirmé que la pratique du chant permet non seulement d’exercer la prononciation et l’intonation de l’apprenant – e, mais l’aide aussi à développer une pratique fluide du discours dans la langue d’étude. L’intérêt phonologique et prosodique du chant est une composante d’autant plus importante dans l’enseignement des langues vivantes que les paroles chantées sont généralement prononcées à un débit réduit de moitié par rapport à l’expression parlée.
En mariant ce rythme ralenti à une structure mélodique qui s’accorde à l’intonation naturelle de la langue, la technique du chant peut s’avérer particulièrement efficace dans l’enseignement de la prononciation, de la grammaire et du lexique.
Par conséquent, l’enseignant – e veillera à choisir des chants dont la mélodie et le rythme se prêtent à cet exercice. Il est important de débuter avec une matière mélodique accessible aux jeunes apprenants qui, dans le cas contraire, ne manqueront pas de faire part de leur insatisfaction face aux difficultés qu’ils rencontrent.
L’expression chantée puise dans un fonds lexical extrêmement riche que l’enseignant – e peut exploiter pour sélectionner le support adapté à l’âge et au niveau des élèves. Le chant regorge de structures syntaxiques et d’expressions imagées dont le maniement entraîne les jeunes chanteurs à aborder une langue authentique. Il s’avère aussi être une méthode efficace pour appréhender l’exercice grammatical de façon moins académique. Les textes assimilés à travers le chant peuvent ainsi être exploités dans le cadre d’exercices de grammaire à la fois structurants et captivants pour les élèves.
Libérée de certaines contraintes formelles de langue, l’expression chantée se distingue par une créativité telle qu’elle aide les apprenants à lâcher prise en laissant s’exprimer leur imagination — ce qui favorise un apprentissage hors cadre. De fait, un grand nombre d’élèves éprouvent des difficultés à parler dans leur langue d’étude en salle de classe, son cadre anxiogène ajoutant un stress à l’élève . Le recours à l’expression chantée et la voie musicale peut alors réduire cette tension dans l’enceinte scolaire, parfois jugée « hostile », et avoir un effet désinhibant et relaxant sur l’apprenant – e.
Une énergie créatrice au service d’un projet transmédiatique
Force est de constater que cet environnement musical a libéré l’inspiration des élèves ayant pris en charge la réalisation graphique de ce projet. Ils ont révélé, dans cet exercice, un véritable talent d’artistes de l’expression visuelle en rendant, par le trait et le crayon, le monde foisonnant de dessins et de couleurs qu’ils se représentaient au travers de l’univers vocal des lieder. Central dans la réalisation de la tâche finale, ce travail exigea de leur part esprit d’analyse et de synthèse, patience et diplomatie avec les autres équipes qui agissaient envers eux comme des donneurs d’ordre en rapport avec leurs propres missions. En tant qu’enseignant, il était intéressant d’observer leurs interactions, parfois sans concession, au cours desquelles se dévoilèrent de vrais leaders de groupe. Je m’appuyais à dessein sur l’enseignement de madame Frédérique Longuet à l’INSPÉ de Paris pour leur faire découvrir la diversité des formes d’expression créatives dont ils disposaient à partir de la « matière première », le média vocal et musical.
Des séances filmées pour mesurer la progression des jeunes chanteurs
Pour conforter mes thèses, il était nécessaire d’apprécier qualitativement les prestations des élèves à l’aune de critères phonétiques et prosodiques ainsi que de considérations grammaticales et lexicales. Pour ce faire, il me fallait constituer un échantillonnage d’apprenants se prêtant à la même série d’exercices à des étapes charnières de la séquence.
Muni d’un caméscope, je suivais le cours de madame Zanutto afin de repérer les élèves susceptibles de faire partie du périmètre de cette étude. Pour renforcer la validité de mes conclusions, il était important de former un groupe d’apprenants suffisamment hétérogène par leurs profils scolaires et leur genre. Ainsi, je sollicitai quatre garçons et quatre filles pour prendre part à cette expérience. Ma collègue de musique et moi jugions ces élèves suffisamment éloignés sur le plan artistique et linguistique pour les faire participer à l’expérimentation.
Chacun d’entre eux fut filmé en début de séquence, puis en milieu de séquence — soit quatre séances plus tard — et après que celle-ci fut achevée . Ces trois étapes clés de la séquence nous paraissaient constituer des jalons significatifs sur le plan de la progression des élèves.
Une épreuve d’expression chantée des deux strophes
À l’issue de cet exercice de lecture, il était demandé à chaque élève de chanter, une seule fois et sous l’œil de la caméra, les deux strophes des poèmes de Henri Heine, sans fond musical.
Ces auditions se sont déroulées en présence de ma collègue d’expression chantée.
Une épreuve de « texte à trous » des deux strophes lues et chantées
Une fois les deux premiers exercices terminés, un « texte à trou » était finalement proposé à chacun des élèves. L’objectif de cet exercice consistait à mesurer leur niveau d’assimilation lexicale des deux lieder. Nous savons que la mémoire est sélective et que notre surdité à certaines langues est « élective » . En tant qu’enseignant d’allemand, cet exercice me permettrait de vérifier que l’entraînement à de nouveaux phonèmes par le chant dépassait le simple champ de l’éveil à de nouveaux graphèmes et qu’il était aussi susceptible de contribuer à l’acquisition de nouveaux lexèmes. Cet exercice sous forme de support écrit leur étant proposé à trois reprises, les élèves se sont engagés à ne pas apprendre par cœur les textes pour éviter de brouiller la qualité des données collectées. Par ailleurs, aucune information préalable ne leur était fournie sur la date et l’heure de l’exercice, ce qui entretenait un effet de surprise.
Placée sous l’angle — encore peu exploité — de l’interdisciplinarité et de la créativité pédagogique, cette séquence s’est avérée riche d’enseignement pour ses instigateurs et ses bénéficiaires. Si elle a contribué à conforter ou infirmer des théories dont je me suis inspiré, cette expérience nous a avant tout surpris par le champ des possibilités innovantes qu’elle offre en matière de la didactique de l’allemand. En dépit du contexte inédit dans lequel cette séquence s’est déroulée et du cadre restreint de l’étude, je me propose maintenant d’analyser qualitativement ces résultats partiels — à la fois encourageants et en attente de validation — que j’ai recueillis à la faveur de cette expérimentation.
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Table des matières
Introduction : l’expression chantée au service de l’universalité de l’émotion
1. Cadre de l’étude : s’inscrire dans une démarche interdisciplinaire pour élargir le champ des connaissances
1.1. Faire le pari de l’interdisciplinarité
1.1.1. Genèse du projet
1.1.2. De l’importance d’un savoir transversal pour mutualiser les connaissances
1.1.3 De l’approche interdisciplinaire par opposition à la polyvalence pluridisciplinaire
1.1.4. Les Enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI)
1.2. Pourquoi le Liederkreis, opus 24 de Schumann ?
2. Fondements théoriques de l’étude : le chant, outil de stimulation cognitive
2.1. Des études corroborant le fait que l’expression musicale favorise l’apprentissage des langues
2.1.1. Des interactions indéniables entre musique et mémoire
2.1.2. La musique rend-elle plus intelligent ?
2.1.3. La musique peut-elle être assimilée à un langage ?
2.1.4. Une oreille par définition musicale
2.1.5. L’expression chantée pour une remédiation linguistique efficace
3. Le projet : renforcer l’apprentissage de l’allemand à travers les lieder de Schumann
3.1. Les lieder de Schumann : un choix raisonné
3.1.1. L’intérêt pédagogique de l’expression chantée
3.1.2. Chanter des lieder de Schumann : un projet interdisciplinaire au service de l’apprentissage de l’allemand
3.1.3. Un projet à quatre mains, sur des périmètres délimités par domaine de compétences
3.1.4. Une double sollicitation sur le chant et la recherche documentaire
3.1.5. Une énergie créatrice au service d’un projet transmédiatique
3.1.6. Des séances filmées pour mesurer la progression des jeunes chanteurs
3.1.7. Une expérience sollicitant les expressions orale, chantée et écrite des participants
4. Interprétation des données : des thèses partiellement vérifiées à travers le spectre de
cette étude
4.1. Une étude entravée par un contexte d’alerte sanitaire généralisée et des conditions de confinement inédites
4.1.1. « L’oreille musicale », un avantage dans l’acquisition phonétique de l’allemand ?
4.1.2. L’expression chantée, un outil de motivation à l’enrichissement lexical ?
4.1.3. Le chant au service de la correction prosodique de l’allemand ?
4.1.4. Une bonne expression chantée peut-elle contribuer à la maîtrise des règles grammaticales de l’allemand ?
Conclusion : des possibilités encore inexploitées
Bibliographie
1. Monographies
2. Articles spécialisés
3. Article de presse
4. Thèse
5. Ressources institutionnelles
Sitographie
Annexes
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