Avec l’évolution des soins bucco-dentaires et l’augmentation des efforts de prévention, nous pouvons constater une diminution du nombre de patients édentés totaux(1). La population mondiale vieillit et des études épidémiologiques ont montré que la population mondiale de plus de 60 ans est d’environ 11% et pourrait augmenter jusqu’à 22% d’ici 2050.(2) Le contexte d’augmentation de la durée de vie et les données issues de diverses enquêtes nationales sur la santé dentaire dans les pays industrialisés indiquent que la proportion de personnes édentées continuera de baisser et que davantage de personnes conserveront plus de dents jusqu’à un âge avancé(2). Cela suggère une diminution de la perte dentaire mais un besoin accru de prise en charge de ces patients édentés partiellement.
De nos jours, l’implantologie apporte un renouveau aux traitements prothétiques. Cependant, de nombreux patients ne peuvent pas en disposer à cause de contres indications médicales ou pour des raisons financières. La prothèse amovible partielle est l’une des solutions les plus répandues dans l’arsenal thérapeutique du chirurgien dentiste pour compenser la perte des dents. Sa conception a connu une évolution conjointe aux progrès scientifiques (4). Elle permet de rétablir les fonctions masticatoires et phonétiques, l’esthétique et le confort psycho-social des patients. De plus, elle préserve les structures anatomiques résiduelles et prévient les différents types de mouvements dentaires (égressions, versions…).
Néanmoins, de nombreux patients porteurs de prothèses amovibles partielles se plaignent de différents problèmes : instabilité de ces prothèses, diminution du pouvoir masticatoire et crochets inesthétiques dans certaines situations cliniques. Aujourd’hui, l’implantologie nous amène un autre regard sur ces prothèses amovibles et de nouvelles alternatives thérapeutiques voient le jour telles que les prothèses partielles adjointes à complément de rétention implantaire.
Les principes de la prothèse amovible partielle
La prothèse amovible partielle est constituée d’un châssis métallique supportant des dents artificielles, ayant pour but de rétablir les fonctions : masticatoire, phonétique, esthétique et la préservation optimale des dents résiduelles.
Les impératifs mécaniques à la conception d’une prothèse amovible partielle
La triade de Housset
La prothèse partielle amovible peut être considérée comme un objet en équilibre dans la cavité buccale. Pour être acceptée par le patient, elle doit répondre à un équilibre entre 3 impératifs biomécaniques : la SUSTENTATION, la STABILISATION et la RETENTION (5). Le respect de ces trois piliers fondamentaux permet la répartition équilibrée de la charge occlusale entre les dents et les crêtes.
• La SUSTENTATION :
C’est l’ensemble des forces axiales qui s’opposent à l’enfoncement de la prothèse dans les tissus de soutien. Les tissus de soutien sont classés en tissu dentaire et tissu fibro-muqueux. De part cette dualité tissulaire l’enfoncement de la prothèse est hétérogène. Les dents peuvent s’enfoncer de 1/10mm alors que la fibro-muqueuse peut se déprimer de 4/10mm à 2mm. Cette sustentation s’obtient donc à la fois au niveau de la composante dento-parodontale et la composante fibromuqueuse.(5) La sustentation muqueuse est proportionnelle à la surface d’appui de la prothèse sur les structures muqueuses. La sustentation dentaire est plus efficace que la sustentation muqueuse de par la solidité des appuis complémentaires de la PAP et de l’organe dentaire.
• La STABILISATION :
C’est l’ensemble des forces qui s’opposent aux mouvements de translation horizontale ou de rotation de la prothèse La stabilisation muqueuse est obtenue en exploitant les versants des crêtes, de la voute palatine, les tubérosités et les éminences piriformes. La stabilisation dentaire est assurée par les parties rigides des bras de calage des crochets, les fils d’appuis et les connexions complémentaires.
• La RETENTION :
C’est l’ensemble des forces axiales qui s’opposent à l’éloignement de la prothèse de sa surface d’appui empêchant ainsi la désinsertion de la PAP Cette désinsertion est provoquée par plusieurs facteurs :
– La mastication du fait de la consistance collante de certains aliments, au cours de laquelle il se crée un déséquilibre par enfoncement du coté travaillant et soulèvement du coté balançant
– La phonation par mobilisation de certains muscles ou de certaines insertions ligamentaires
– Le poids de la prothèse au maxillaire .
Deux types de rétention existent :
– la rétention de la prothèse à la muqueuse est obtenue par l’intermédiaire du film salivaire et grâce à la qualité d’une empreinte anatomo-fonctionnelle.
– la rétention dentaire est assurée par les parties rétentives des crochets qui exploitent les zones de contre-dépouilles des dents et les attachements jouent ce rôle.
Les éléments du châssis métallique
Les prothèses amovibles partielles à infrastructures métalliques sont composées de différents éléments :
– les crochets : éléments métalliques se plaçant sur les dents
– les selles : partie qui vient au-dessus des crêtes et où seront fixées les dents prothétiques.
– les connexions principales
– les connexions secondaires .
Les crochets
Ces moyens d’ancrages assurent essentiellement la rétention de la prothèse mais jouent également un rôle dans la sustentation et la stabilisation de celle-ci. Ils se décomposent en différentes parties :
– Bras de rétention : situé sur la face vestibulaire, il assure dans sa première partie, au-dessus de la ligne guide, la stabilisation et la sustentation puis venant en dessous de celle-ci il devient rétentif. Son extrémité est flexible.
– Bras de calage : situé sur la face palatine/linguale et au-dessus de la ligne guide dans la zone de dépouille il est rigide et indéformable. Il est principalement stabilisateur et sustentateur et participe à la neutralisation de l’effet scoliodontique effectué par le passage de la ligne guide du bras rétentif.
– Taquet d’occlusion : petit taquet métallique situé sur la face occlusale de la dent dont la partie aménagée se nomme logette. Il participe à la sustentation.
– Potence : élément reliant le crochet à la connexion principale.
Contre-indications absolues
Lors de la consultation, le chirurgien-dentiste analyse les conditions locales, générales et psychologiques du patient afin de poser ou non l’indication implantaire. Du fait de son caractère chirurgical, il existe des contre-indications médicales absolues :
– Patients à risque d’endocardite infectieuse
– Toutes les affections malignes à mauvais pronostics à court terme
– Les différentes hémopathies ou leucémies aigues
– L’hémophilie
– Les affections nécessitant une transplantation d’organe
– Les patients greffés sous immunosuppresseurs
– Les états de VIH avancé
– Toutes les affections nécessitant un transfert d’organe .
Contre-indications relatives
Il s’agit de contre-indications temporaires ou contournable par l’application de protocoles adaptés.
– Les patients à risque (bruxomane, parodontite non contrôlée, tabagisme excessif)
– La dépendance alcoolique ou médicamenteuse
– Un volume et/ou une qualité osseuse insuffisants
– Une distance interocclusale insuffisante .
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Table des matières
INTRODUCTION
I. RAPPELS
1.1 LES PRINCIPES DE LA PROTHESE AMOVIBLE PARTIELLE
1.1.1 Les impératifs mécaniques à la conception d’une prothèse amovible partielle
1.1.1.1 La triade de Housset
1.1.1.2 Les mouvements de TABET
1.1.1.3 Les éléments du châssis métallique
1.1.2 Les critères anatomiques de conception d’une prothèse amovible partielle
1.1.2.1 Les indices dentaires
1.1.2.2 Les indices ostéo-muqueux
1.1.3 Classification des édentements
1.1.4 Limites de la prothèse amovible partielle
1.1.4.1 Limites esthétiques
1.1.4.2 Dualité tissulaire
1.1.4.3 Les lois biologiques et physiologiques
1.2 IMPLANTOLOGIE
1.2.1 Contre-indications absolues
1.2.2 Contre-indications relatives
1.2.3 Impératifs de l’implantologie
1.2.3.1 Impératifs anatomiques, biomécaniques et examens
1.2.4 Phase pré-implantaire
1.2.5 Phase chirurgicale et temporisation post implantaire
1.2.6 Les types d’implants utilisés
1.2.7 Le triple appui
II. LES PROTHESES PARTIELLES ADJOINTES A COMPLEMENT DE RETENTION IMPLANTAIRE
2.1 INTERETS THERAPEUTIQUES DES PROTHESES ADJOINTES PARTIELLES SUR IMPLANTS
2.1.1 Intérêts fonctionnels
2.1.2 Intérêts prophylactiques
2.1.3 Intérêts cosmétiques
2.1.4 Confort, satisfaction du patient
2.2 INDICATIONS DES THERAPEUTIQUES PAR PROTHESES ADJOINTES PARTIELLES SUR IMPLANTS
2.2.1 Domaines d’indications des PAPSI
2.2.1.1 Limites de la prothèse implantaire fixe
2.2.1.2 Limites de la prothèse amovible conventionnelle (composite, totale)
2.2.2 Apport biomécanique des implants en fonction des classes d’édentements
2.2.2.1 Les édentements de classes I et II de Kennedy-Applegate
2.2.2.1.a) Les inconvénients d’une PAP conventionnelle
2.2.2.1.b) Apport de l’implantologie
2.2.2.2 Les édentements de classes III et VI de Kennedy-Applegate
2.2.2.2.a) Les inconvénients d’une PAP conventionnelle
2.2.2.2.b) Apport de l’implantologie
2.2.2.3 Les édentements de classe IV de Kennedy-Applegate
2.2.2.3.a) Les inconvénients d’une PAP conventionnelle
2.2.2.3.b) Apport de l’implantologie
2.2.2.4 Les édentements de classe V de Kennedy-Applegate
2.2.2.4.a) Les inconvénients d’une PAP conventionnelle
2.2.2.4.b) Apport de l’implantologie
III. LES LIMITES DES PROTHESES AMOVIBLES PARTIELLES A COMPLEMENT DE RETENTION IMPLANTAIRE
3.1 LES LIMITES CONCEPTUELLES
3.2 LE RECUL CLINIQUE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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