Intérêts de la vitamine B6 dans la prise en charge des tremblements dus au lithium

DIAGNOSTIC DE TROUBLE BIPOLAIRE

   La bipolarité représente un ensemble de troubles de l’humeur qui se traduit par l’alternance d’épisodes maniaques (ou hypomaniaques ou mixtes) avec des épisodes dépressifs. Cette alternance est fréquente mais n’est pas obligatoire, la succession des épisodes dans le temps variant d’un sujet à l’autre. Selon le DSM-V, nous distinguons :
– le trouble bipolaire de type I qui se caractérise par la présence d’au moins un épisode maniaque.
– le trouble bipolaire de type II qui se définit par la présence d’un ou plusieurs épisodes hypomaniaques et d’un ou plusieurs épisodes dépressifs caractérisés.
– les troubles cyclothymiques caractérisés par la présence d’épisodes hypomaniaques ou dépressifs sub-syndromiques (c’est-à-dire qui ne remplit pas les critères d’un épisode hypomaniaque ou dépressif selon le DSM-V) pendant au moins deux ans.
– les troubles bipolaires non spécifiés définis par la présence de symptômes dépressifs et d’hypomanies ne remplissant pas les critères diagnostic d’un épisode caractérisé en termes de durée ou de nombre de critères rencontré à chaque épisode. Les différents épisodes thymiques (manie, hypomanie, épisode dépressif) tels que définis par le DSM-5 sont présentés dans les annexes 1, 2 et 3. Néanmoins, la clinique nous montre que la symptomatologie au cours des épisodes est polymorphe :
– Épisode maniaque : Il existe différentes expressions symptomatiques : aigues (agitation marquée, comportements violents, réactions clastiques), confuses (activité onirique, troubles cognitifs marqués, désorientation dans le temps), hallucinatoires (le plus souvent des hallucinations auditives et visuelles), délirantes (thèmes de mégalomanie, persécution, mystique, politique, érotique …), le plus souvent congruentes à l’humeur, c’est-à-dire en rapport avec les idées de grandeur et l’exaltation de l’humeur.
– Épisode hypomaniaque : il présente les mêmes caractéristiques que l’état maniaque, mais les symptômes sont moins nombreux, moins intenses et moins invalidants. L’état hypomaniaque passe très souvent inaperçu lors de l’interrogatoire du patient sur son histoire et ses antécédents.
– Épisode mixte : Il se caractérise par l’intrication de symptômes maniaques et dépressifs. Il est difficile à distinguer de l’état maniaque où l’on retrouve une labilité de l’humeur. La justification de son individualisation repose sur le risque suicidaire élevé et le recours à des mesures thérapeutiques spécifiques. Ils sont observés dans 20% des troubles bipolaires de type I.
– Épisodes dépressifs bipolaires : Ils peuvent présenter certaines caractéristiques spécifiques qui les différencient des dépressions unipolaires : l’âge de début précoce, le risque suicidaire plus élevé, les symptômes psychotiques, l’hyperphagie, l’hypersomnie, le ralentissement psychomoteur plus intense, l’émoussement des affects. D’autres éléments différencient aussi ces deux catégories de dépression : le risque de virage maniaque sous antidépresseur, l’abus de substance, l’histoire familiale, la saisonnalité, les troubles en post-partum, la labilité de l’humeur sont plus souvent observés dans les dépressions bipolaires qu’unipolaires.

Trouble bipolaire et risque suicidaire

   Avec un taux de suicide abouti 15 à 30 fois supérieur à la population générale [12], le trouble bipolaire est l’une des maladies les plus à risque de suicide abouti. En effet, 6 à 15% des patients souffrant de troubles bipolaires décèdent de suicide, et 20 à 56% feront une tentative de suicide dans leur vie [13].

EVOLUTION ET PRONOSTIC DU TROUBLE BIPOLAIRE

   L’histoire naturelle du trouble bipolaire comprend souvent des périodes de rémission et des périodes de rechute, en particulier si l’observance du traitement est mauvaise. Dans une étude de suivi de 15 ans, les patients atteints de troubles bipolaires [29] ont eu un état d’euthymie pendant plus de la moitié de la période de l’étude (53%). La dépression était ensuite l’état d’humeur le plus répandu, rapporté pendant 31% de l’étude. Les épisodes mixtes et hypomaniaques/maniaques ont été enregistrés pendant 6% et 9% de l’étude. Les états subsyndromiques étaient trois fois plus fréquents que les épisodes syndromiques complets. Bien que les patients atteints de trouble bipolaire aient une cognition normale avant le diagnostic, le trouble bipolaire a été associé à des déficits neurocognitifs et ce peu importe les états d’humeur et y compris lors des périodes de rémission [30-32]. Ces modifications progressives ont été englobées par l’idée de neuro-progression. [33-34] Cette dégradation des fonctions cognitives semble être liée à la gravité de la maladie, la présence de symptômes psychotiques, la durée de la maladie, à davantage d’épisodes maniaques et à des symptômes de dépressions sub-syndromiques [35]. Cela pourrait également expliquer en partie les difficultés psycho-sociales observées chez les patients bipolaires même en rémission. En plus de la cognition et du fonctionnement, la santé physique est affectée chez les patients atteints de trouble bipolaire comme vu dans le chapitre II.4. La mortalité est également augmentée, les résultats d’une étude de suivi de 30 ans montrent que les maladies cardiovasculaires et le suicide sont les principales causes de décès. [36] L’espérance de vie, dans la population bipolaire malgré un traitement adéquat, est plus faible de huit à dix ans par rapport à la population générale.

Prise en charge de la prévention des rechutes

   Le trouble bipolaire a longtemps été présenté comme la succession dans le temps d’épisodes thymiques de polarités inversées, entrecoupés de périodes d’euthymie. Cette description, qui met l’accent sur le traitement des phases aiguës ne prend pas en compte la gestion des périodes d’équilibre alors que le pronostic de la pathologie se trouve davantage dans la prévention d’un nouvel épisode thymique que dans le traitement des phases aiguës. La définition de la phase aiguë d’un épisode thymique est arbitrairement limitée entre 6 à 12 semaines et vise un retour à l’euthymie. Compte tenu de la fréquence des rechutes (généralement inférieure à 6 mois), il est difficile de juger de l’efficacité d’un traitement choisi dans ce délai. C’est généralement après plusieurs mois (au moins un an), que l’on pourra réellement avoir une idée précise de l’effet prophylactique de la ligne de traitement adoptée et de sa tolérance. Pour la plupart des auteurs [42], un traitement thymorégulateur est une médication qui doit démontrer une efficacité curative et prophylactique. Dans cette acceptation, le lithium a la plus probante efficacité [43] tout comme certains anticonvulsivants (lamotrigine, valproate) et antipsychotiques (quétiapine, olanzapine) [38].

Les différents répondeurs

    Certains patients, pour lesquels des caractéristiques communes ont été retrouvées, présenteraient une meilleure réponse au traitement par lithium en termes d’efficacité et de prévention des rechutes. Ces caractéristiques sont :
– Les troubles bipolaires de type 1 [68].
– L’existence d’antécédents familiaux de bonne réponse au lithium [69].
– Une polarité maniaque prédominante [70-72]
– Une séquence évolutive manie – dépression – intervalle libre [73].
Plusieurs caractéristiques cliniques permettent également de prédire une mauvaise ou une non-réponse à la lithiothérapie :
– Un nombre élevé d’épisodes avant l’instauration du traitement [74]
– La présence de cycles rapides [75], de caractéristiques mixtes ou psychotiques [76].
– Un épisode inaugural à type de dépression [77].
– La séquence évolutive dépression – manie – intervalle libre [73].
– Troubles associés : la dépendance à l’alcool ou à d’autres substances [78], les troubles graves de la personnalité et les troubles anxieux.
Parmi les indices biologiques étudiés, le rapport érythroplasmatique (REP) entre 0,3 et 0,4 mmol/l prédirait une bonne réponse à la lithiothérapie, car il témoigne à la fois d’une bonne pénétration cellulaire du lithium et d’une bonne observance [79]. De plus, comme pour la plupart des psychotropes, les caractéristiques psychologiques et sociales doivent être prises en compte : par exemple, un sujet isolé présente des risques de mauvaise observance, l’existence de conflits conjugaux est également un facteur défavorable [80].

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Table des matières

I. INTRODUCTION
II. LE TROUBLE BIPOLAIRE
1. DIAGNOSTIC DE TROUBLE BIPOLAIRE
2. EPIDEMIOLOGIE
3. COMORBIDITES
A. TROUBLE BIPOLAIRE ET RISQUE SUICIDAIRE
B. COMORBIDITES PSYCHIATRIQUES
C. COMORBIDITES NON PSYCHIATRIQUES
4. EVOLUTION ET PRONOSTIC DU TROUBLE BIPOLAIRE
5. PRISE EN CHARGE PHARMACOLOGIQUE
A. PRISE EN CHARGE DES EPISODES MANIAQUES
B. PRISE EN CHARGE DES EPISODES DEPRESSIFS
C. PRISE EN CHARGE DE LA PREVENTION DES RECHUTES
III. LE LITHIUM
1. PHARMACOLOGIE
A. LITHIUM ET CASCADE DE SIGNALISATION
B. LITHIUM ET IMMUNITE
C. LITHIUM ET GENETIQUE
D. LITHIUM ET MODIFICATION CEREBRALE
2. INDICATIONS ET MODALITES D’UTILISATION
A. LES DIFFERENTS REPONDEURS
B. CONTRE-INDICATIONS
C. BILAN PRE-THERAPEUTIQUE
D. INITIATION DU TRAITEMENT
E. SURVEILLANCE
F. ARRET DU TRAITEMENT
3. EFFETS INDESIRABLES
IV. LES TREMBLEMENTS
1. DEFINITION ET CAUSES DES TREMBLEMENTS
A. TREMBLEMENTS DE REPOS (OU TREMBLEMENTS PARKINSONIENS)
B. TREMBLEMENTS D’ACTION
2. LES TREMBLEMENTS INDUITS PAR LE LITHIUM
A. PREVALENCE DES TREMBLEMENTS INDUITS PAR LE LITHIUM
B. LES TYPES DE TREMBLEMENTS INDUITS PAR LE LITHIUM
C. LES MECANISMES DES TREMBLEMENTS INDUITS PAR LE LITHIUM
D. L’EVALUATION DES TREMBLEMENTS INDUITS PAR LE LITHIUM
E. LES TRAITEMENTS DES TREMBLEMENTS INDUITS PAR LE LITHIUM
V. LA VITAMINE B6
1. GENERALITES
2. MECANISME D’ACTION
A. VITAMINE B6 ET FONCTIONNEMENT CEREBRAL
B. VITAMINE B6 ET PROPRIETES ANTIOXYDANTES
3. CARENCES ET SURDOSAGE
A. CARENCES EN VITAMINE B6
B. SURDOSAGE EN VITAMINE B6
4. EFFICACITE DE LA VITAMINE B6 DANS LES ESSAIS CLINIQUES
A. DANS LES NAUSEES DE LA FEMME ENCEINTE
B. DANS LE SYNDROME PREMENSTRUEL
C. DANS LE DECLIN COGNITIF
D. DANS LE SYNDROME CANAL CARPIEN
E. DANS LA PREVENTION DES MALADIES CARDIOVASCULAIRES
F. DANS L’ANXIETE ET LA DEPRESSION
G. DANS LES MOUVEMENTS ANORMAUX
H. DANS LES TREMBLEMENTS INDUITS PAR LE LITHIUM
5. SECURITE DE LA VITAMINE B6 DANS LES ESSAIS CLINIQUES
VI. ETUDE CLINIQUE
1. OBJECTIFS
2. MATERIEL ET METHODE
3. RESULTATS
A. PARTICIPANTS
B. ANALYSE DES FACTEURS D’INFLUENCE POTENTIELS SUR LES TREMBLEMENTS
C. ANALYSE DE L’HYPOTHESE PRINCIPALE
D. ANALYSE MULTIVARIEE DES FACTEURS D’INFLUENCE POTENTIELS
4. DISCUSSION
VII.CONCLUSION
VIII. ANNEXES
IX. BIBLIOGRAPHIE

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