L’évolution des techniques de collage, la volonté de se tourner vers une dentisterie moins invasive et la possibilité d’obtenir un champ opératoire étanche sont des facteurs permettant l’amélioration des techniques de restauration en faveur de l’utilisation de la résine composite. En revanche comme toute technique, la manipulation de la résine composite présente des inconvénients non négligeables. La restauration en composite suppose le respect d’un protocole qui peut s’avérer chronophage pour le praticien et sa manipulation nécessite des compétences techniques pour obtenir une morphologie occlusale, harmonieuse et fonctionnelle avec les dents antagonistes (1). Pour pallier ces inconvénients, une nouvelle technique de restauration de la face occlusale a été proposée par le docteur Waseem Riaz (2). Elle permet de réduire de façon significative le temps de manipulation de la résine composite par le praticien, tout en améliorant le rendu esthétique pour le patient. Cette technique est nommée « la microbrush stamp technique », « l’occlusal stamp technique » ou plus simplement « la stamp technique». Nom que l’on peut traduire littéralement par la technique de l’empreinte à la micro-brosse ou bien la technique de l’empreinte occlusale. Cela consiste en la fabrication d’une matrice occlusale mimétique de l’anatomie occlusale de la dent cariée. Cette matrice permet de presser le composite final avant polymérisation et reconstitue la morphologie originale de la dent traitée (3). Toutefois la « stamp technique » ne peut s’appliquer que sous certaines conditions. La problématique de ce mémoire consiste à étudier si cette technique permet un réel apport en odontologie restauratrice. L’objectif de ce mémoire est d’examiner les conditions d’utilisation de cette technique novatrice et ses limites. L’avantage qu’elle présente en termes d’amélioration de la morphologie occlusale tant d’un point de vue fonctionnel qu’esthétique. L’apport de temps qu’elle permet mais également l’intérêt de sa pratique dans un cabinet classique par un omnipraticien non expert des techniques de restaurations esthétiques, enfin, sa viabilité économique. Dans un premier temps, nous tenterons de définir les conditions d’utilisation de la « stamp technique ». En présentant un rappel de la morphologie occlusale des différentes dents postérieures, des deux principales classifications de la maladie carieuse et des différentes méthodes de restaurations des cavités occlusales. Cela nous permettra de déterminer à quel stade de la maladie carieuse la « stamp technique » peut être employée. Ensuite, nous développerons la mise en pratique de la « stamp technique». Nous détaillerons les moyens matériels nécessaires à la réalisation de cette technique et établirons un Protocole précis. Enfin, nous exposerons plusieurs cas cliniques de l’utilisation de cette technique, afin d’en définir les avantages et les inconvénients.
Intérêt d’une nouvelle technique de restauration de la face occlusale
Description des différentes morphologies occlusales des dents postérieures
L’organe dentaire est constitué de la dent-elle-même et de son environnement : le parodonte. L’arcade dentaire humaine définitive présente plusieurs dents postérieures : 8 prémolaires et 12 molaires. Parmi les prémolaires, on distingue deux types de prémolaires maxillaires et deux types de prémolaires mandibulaires. Chez les molaires on distingue 3 types au maxillaire et 3 types à la mandibule. Dans cette partie, nous nous intéresserons à la partie coronaire de l’organe dentaire et plus précisément à la face occlusale des différentes dents postérieures définitives. Puis nous allons décrire les différentes faces occlusales de chaque prémolaire et molaires. L’objectif étant de mettre en évidence la diversité et la complexité morphologique des dents postérieures humaines.
Terminologie
L’anatomie occlusale est constituée de formes concaves : les sillons et de pointes convexes les cuspides. La morphologie occlusale des dents pluricuspidées se caractérise par des formes convexes (hémisphériques) : les cuspides, constituant la réponse ergonomique aux impératifs physiologiques. On distingue deux types de cuspides (porteuses ou surplombantes) dissociées selon leur façon de s’engrener dans la fosse centrale de la dent antagoniste :
➤ Les cuspides d’appui (qui entretiennent des contacts antagonistes par ses deux versants) sont au maxillaire les cuspides linguales et à la mandibule les cuspides vestibulaires (dans des rapports d’occlusion physiologique)
➤ Les cuspides guides (qui entretiennent des contacts antagonistes par son seul versant interne et guide les surfaces d’appui antagonistes au cours des mouvements mandibulaires) sont au maxillaire les cuspides vestibulaires et à la mandibule les cuspides linguales (dans des rapports d’occlusion physiologique).
A l’intersection de plusieurs cuspides se crée un sillon. Un sillon est « principal » lorsqu’il sépare deux cuspides entre elles et rejoint les fosses nées de la rencontre de trois éléments arrondis. De ces sillons principaux émergent des ramifications, nommées « sillons secondaires », qui creusent les bombés cuspidiens qui permettent une augmentation considérable du rendement masticatoire. Les sillons constituent également des voies d’échappement pour le bol alimentaire et pour les cuspides antagonistes évitant les interférences occlusales lors des mouvements mandibulaires.
La face occlusale est la face dentaire des dents pluricuspidées délimitée par la ligne de plus grand contour, s’affrontant normalement avec celles des dents antagonistes.
La table occlusale est la surface délimitée par les lignes des crêtes cuspidiennes et marginales.
La fosse occlusale est une zone de convergence de plusieurs sillons principaux délimitée par au moins trois cuspides.
La fossette marginale est une zone de convergence du sillon principal et des sillons marginaux.
La fossette périphérique est l’extrémité d’un sillon principal périphérique.
Le pan cuspidien représente chacune des quatre faces d’une cuspide. Un versant cuspidien est composé de deux pans séparés par une arête.
La ligne des crêtes cuspidiennes est l’ensemble des points culminants qui délimitent la table occlusale.
L’arête ovalaire interne ou lobe ovalaire médian, dit « triangulaire », représente l’éminence principale de la face interne de chaque cuspide. Il s’étend du sommet cuspidien au sillon principal. Deux sillons secondaires le délimitent mésialement et distalement.
Le sillon dentaire est une dépression située sur la surface dentaire. On distingue les sillons principaux, secondaires, marginaux et périphériques.
Le sillon marginal est le sillon situé à l’intersection d’un pan cuspidien et d’une crête marginale. Certaines dents présentent un sillon marginal séparant la crête marginale en lobes marginaux : le sillon marginal secondaire.
Le sillon principal est le sillon situé à l’intersection des deux cuspides.
Le sillon secondaire est le sillon séparant les versants cuspidiens en lobes cuspidiens : les sillons secondaires remontent en s’affinant sur les versants cuspidiens, et fréquemment, en se ramifiant à leurs extrémités. Chaque versant occlusal est alors scindé en un lobe médian et des lobes latéraux.
Description des faces occlusales des prémolaires
La première prémolaire maxillaire
La ligne de plus grand contour de cette dent a une forme hexagonale, la cuspide vestibulaire est pourvue de deux dépressions de part d’autres de la crête délimitant 3 lobes. La cuspide linguale, fortement convexe, a un sommet déporté mésialement. La cuspide vestibulaire est plus large que la linguale. La table occlusale est divisée en deux par le sillon centrale mésio-distale qui se terminent de part et d’autre par des fossettes proximales. Ces fossettes séparent les crêtes marginales des arêtes triangulaires. Chaque fossette comprend :
– un puit, point le plus profond et aboutissement des différents sillons.
– un sillon vestibulaire.
– un sillon lingual.
– le sillon marginal uniquement pour la fossette mésiale et séparant la crête marginale jusqu’à la surface proximale.
La deuxième prémolaire maxillaire
La 2ème prémolaire se distingue de la première sous plusieurs aspects. Son allure est plus ovoïde qu’hexagonale. De plus, les angles mésio et disto-vestibulaires sont plus arrondis et leurs arêtes vestibulaires et lobes sont faiblement perceptibles. Le contour de la table occlusale est rectangulaire. La cuspide linguale, est médiane, a la même largeur mésio-distale que la cuspide vestibulaire et les crêtes marginales sont parallèles vestibulo-lingualement. Le sillon central est plus court et donc les sillons secondaires mésiaux et distaux sont beaucoup plus près du milieu de la surface occlusale. Il n’y a pas de sillon marginal mésial. Les sillons linguaux peuvent être plus profonds.
La lésion carieuse : classification SISTA et ICDAS
La classification SISTA
Cette classification a été proposée par Mount et Hume en 1997 paru dans la revue «quintessence internationale ». La révolution de la dentisterie adhésive a mis en place des préparations de cavité en tissu dentaire beaucoup plus économe que les préparations à l’amalgame, dû aux artifices liés à la rétention du matériel et à la stabilité de la restauration. Une nouvelle classification adaptée à une dentisterie restauratrice était donc nécessaire.
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Table des matières
Introduction
I.Intérêt d’une nouvelle technique de restauration de la face occlusale
1.Description des différentes morphologies occlusales des dents postérieures
1.1 Terminologie
1.2 Description des faces occlusales des prémolaires
1.3 Description des faces occlusales des molaires maxillaires
1.4 Description des faces occlusales des molaires mandibulaires
2. La lésion carieuse : classification SISTA et ICDAS
2.1 La classification SISTA (4) (5)
2.2 La classification ICDAS (6) (7) (8)
3. Différentes méthodes de restauration des cavités occlusales (10)
3.1 Thérapeutiques non chirurgicales (11)
3.2 Thérapeutiques microchirurgicales (10) (12)
3.3 Techniques de restaurations coronaires directes (10)
3.4 Techniques de restaurations coronaires indirectes (10) (21)
4. Synthèse
II. Description de « l’occlusal stamp technique »
1.Matériel préconisé à l’application de la technique
1.1 Instrumentations nécessaires à la mise en œuvre de restauration occlusale
1.2 Liste du matériel consommable nécessaire
1.3 Choix de matériaux
2. Protocole de mise en œuvre de « l’occlusal stamp technique »
2.1 « L’occlusal stamp technique » sur les cavités de classe I (BLACK)
2.2.1 Entretien clinique
2.1.2 Examen clinique
2.1.3 Examen radiographique
2.1.4 Diagnostic
2.1.5 Protocole (3) (34) (35)
2.2 « L’occlusale stamp technique » sur les cavités de classe II (BLACK) (36)
2.2.1. Protocole de mise en œuvre de « la stamp technique »
2.2.2 Variante à la fabrication de la matrice occlusale (36)
III. Application de « l’occlusale stamp technique »
1. Cas cliniques
1.1 Cas clinique n°1 (35)
1.2 Cas clinique n°2 (3)
1.3 Cas clinique n°3 (36)
1.4 Cas clinique n°4 (36)
2. Mise en application de la technique
IV. Discussion
V. Conclusion