Portées par l’aspiration à un monde plus juste, plus solidaire, plus humain, nos sociétés sont actuellement en mutation :
L’émergence simultanée, dans des contextes géographiques et socioculturels très différents, de réalisations de formes identiques – alterconsommation, monnaies locales, coopératives de travail et d’habitat, formes participatives de démocratie-constitue par bien des aspects un phénomène inédit à commencer par son ampleur. L’étendue de ces mobilisations et de ces changements de modes de vie est difficilement mesurable mais l’ensemble de ces mouvements concerne probablement plusieurs millions de personnes dans le monde . (Manier, 2012, p.324) .
Par conséquent, la nécessité d’une économie plus collaborative et d’une démocratie plus participative est mise-en-avant. Dans un tel contexte global, la conception de la culture a également évolué. En effet, le terme français « culture » peut être traduit en « Bildung » et « Kultur » en Allemand. D’une part, le mot « Bildung » se traduit en français par « formation et vise plutôt cette dimension « formatrice » de la culture. D’autre part, le mot « kultur » renvoie plutôt aux habitudes culturelles sédimentées et nous orientent davantage vers ce qu’est la « civilisation ». Cette observation est importante. Elle nous invite à saisir la question des politiques culturelles sous l’angle de la formation, et de ce pas, du développement .
En associant culture et formation, la langue allemande suggère que les politiques culturelles doivent être réfléchies comme des politiques à la fois de formation, si on prend l’échelle des individus, et de développement, si on prend des échelles plus larges. En tant que politique de formation, l’horizon est à déterminer, qu’il s’agisse de l’homme cultivé, du citoyen responsable, ou de l’individu épanoui. Au 18e siècle, la question de la culture comme « Bildung » s’est fortement explicitée autour des réflexions sur les missions de l’Université, notamment quand il a été question de savoir quel type de personnalité devait former cette institution. Les défenseurs de la Bildung insistaient alors sur le fait que la formation universitaire ne devait pas s’enfermer dans les spécialisations techniques et dans des enseignements professionnalisants. Outre sa conception en tant que formation, la culture est aussi pensée comme accès aux œuvres.
Présentation de l’Is’Art et son réseau
L’origine de l’Is’art Galerie
Pour comprendre l’histoire d’Is’Art Galerie, il est primordial de remonter en 1999. Cette année-là, conscients que l’art contemporain était très peu représenté dans le pays, Richard Razafindrakoto et Rafalimanana Ndremo fondèrent ensemble ce qu’ils ont convenu d’appeler l’atelier ISA : « Innovation et Synergie pour l’Art ».
A la fois atelier et galerie, ISA avait pour objectif d’apprendre aux enfants du quartier à connaître et aimer l’art plastique, d’aider les artistes à promouvoir leurs travaux, d’organiser des évènements culturels et artistiques. Elle a permis de former de nombreux artistes comme Eric Rakoto, Andry Anjonina, Nono Ramaro, RAV, Tahina Rakotoarivony ainsi que d’autres contributeurs.
Parmi les évènements marquants de l’ISA on peut citer:
– Razana sy Vina (ancêtres et vision) en 1999 à Antananarivo et en 2001 à la Réunion
– Dia Mananilatany en 2003 combinant spectacle et film documentaire environnemental
– Elabakana (glissement perpétuel) en 2003 à la Réunion et en 2006 à Antananarivo.
Pendant l’exposition Elabakana de 2006, l’artiste Richard Razafindrakoto est décédé, laissant un grand vide pour ses élèves artistes qui se sont dispersés dans leurs activités personnelles. Plus tard, en 2011, le benjamin de ses disciples, Tahina Rakotoarivony, a repris cette initiative et a monté l’Is’Art galerie , devenue ensuite un centre d’art contemporain.
Les objectifs d’Is’art et ses différents organes
Seul centre d’art de son genre, l’Is’art a pour objectif de promouvoir le travail des artistes et de valoriser leur rôle social. Ce qu’Is’art offre c’est un espace qui sert tantôt de lieu de production et d’échanges artistiques – tantôt de lieu de diffusion du travail des artistes, et parfois tous les deux à la fois. En effet, c’est la seule galerie d’art contemporain de Madagascar, jusque là encore reconnue comme telle. En tant que centre d’art, Is’Art propose une offre culturelle focalisée sur l’art contemporain. Pour ce faire, plusieurs organes collaborent. L’Is’Art, La Teinturerie et le Comptoir des artistes forment un réseau interdépendant. En effet, ce sont là trois organismes différents, mais liées, notamment par une personne: l’artiste et maître des lieux Tahina Rakotoarivony. En effet, après trois ans et demi à Analakely et à l’issu de 50 expositions, Is’Art Galerie a déménagé à Ampasanimalo. C’est là que l’initiative de fonder une association a germé. C’est ce qui a donné naissance à l’association d’artistes La Teinturerie. Actuellement, elle est présidée par Tahina Rakotoarivony. Puis, en 2016, le comptoir des artistes a vu le jour. Ce snack est géré par Madame Cécile Bidaud elle-même, épouse de l’artiste.
Etant donné que la présentation du terrain de notre étude s’arrête ici, nous allons procéder à celle des concepts clés, à commencer par le concept de médiation.
Introduction au concept de médiation
Qu’est-ce que la médiation? C’est à cette question que nous allons répondre dans cette section de notre étude. Pour ce faire, une approche étymologique du terme semble primordiale. C’est ensuite qu’elle sera analysée sous un angle pragmatique. En ce sens, quelques cas seront pris en compte pour expliquer les différentes formes de médiation et les principes propres à sa mise-en-pratique.
Etymologie et conceptions de la notion de « médiation »
En référence à son étymologie, le terme « médiation » vient du latin mediato, nom correspondant au verbe mediare qui signifie « être au milieu ». Appartenant au champ lexical de medius , ce mot revêt le sens de division. Le suffixe -tion ajoute une dimension dynamique à la racine med-, d’où la définition très large de la médiation comme « ce qui relie». Après avoir eu en ancien français le sens de «division », le mot «médiation», a pris, au XVIe siècle, sa valeur moderne d’«entremise destinée à concilier ». Par extension, ce mot est utilisé dans le domaine didactique, plus particulièrement en philosophie.
Dans la dialectique, en philosophie hégélienne, médiation s’applique au fait de servir d’intermédiaire. Cité dans Le Robert, Dictionnaire Historique de la langue française (1992), Hegel avance qu’ « une réalité doit se faire comprendre par la médiation qui consiste à un processus dialectique par lequel, une chose ou une signification se nie elle-même et entre ainsi en rapport avec son autre ». Hegel fait appel à la médiation de ce concept par un autre concept, « la liberté », afin de comprendre en terme philosophique ce qu’est la « nécessité ». Pourtant, au cours de l’histoire, ce sont devenus deux termes, deux concepts en contradiction. Par extension du sens initial, vers 1878, le mot fut utilisé dans le domaine juridique et diplomatique: médiation juridique, médiation d’ordre politique.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: MATERIELS ET METHODES
Chapitre Premier. Présentation du terrain et du cadre conceptuel de l’étude
Chapitre 2. Rappel sur les fondements théoriques de la médiation culturelle, la médiation de l’art contemporain, la médiation et la communication interculturelles
Chapitre 3. La méthodologie de l’étude
CONCLUSION DE LA PARTIE MATERIELS ET METHODES
DEUXIEME PARTIE: RESULTATS
Chapitre 4. Présentation du dispositif de médiation culturelle de l’Is’art
Chapitre 5. Panorama des activités à l’Is’art
Chapitre 6. Rétrospective des pratiques de médiation culturelle de l’Is’art
CONCLUSION DE LA PARTIE RESULTATS
TROISIEME PARTIE: DISCUSSION
Chapitre 7. La stratégie d’Is’art face aux généralités des stratégies des institutions muséales, centres culturels et/ou centres d’arts contemporain a l’échelle locale et/ou internationale
Chapitre 8. Perspectives sur les enjeux de la politique de médiation culturelle d’Is’art
Chapitre 9. Diagnostic stratégique de l’Is’art et recommandations
CONCLUSION DE LA PARTIE DISCUSSION
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES
ANNEXES