Interconnexions et inductances sur substrat silicium bicmos

La conception de circuits monolithiques sur silicium pour un fonctionnement vers les frรฉquences millimรฉtriques n’est possible que si les รฉlรฉments actifs (transistors bipolaires SiGe), trรจs performants, sont associรฉs ร  des รฉlรฉments passifs faibles pertes. Ce premier chapitre est donc consacrรฉ ร  l’optimisation des performances des รฉlรฉments passifs ยซย sensiblesย ยป sur substrat silicium pour une utilisation au-delร  de 20 GHz.

LE SUBSTRAT SILICIUM BICMOS

Nous avons pu bรฉnรฉficier dโ€™une filiรจre BiCMOS SiGe 0,25 ยตm pour la rรฉalisation des circuits. Cette filiรจre a รฉtรฉ mise ร  notre disposition par le fondeur ST Microelectronics, dans le cadre dโ€™une collaboration avec notre laboratoire.

Caractรฉristiques du substratย 

Contrairement aux technologies CMOS, les substrats employรฉs dans les filiรจres BiCMOS SiGe sont faiblement dopรฉs, de lโ€™ordre de 10-20 โ„ฆ.cm, afin de garantir des performances convenables pour les รฉlรฉments passifs intรฉgrรฉs. Cependant, des couches fortement dopรฉes (couches enterrรฉes P+ /N+ ) sont gรฉnรฉralement implantรฉes ร  la surface du substrat P- au dรฉbut du processus de fabrication. Ces couches sont indispensables pour prรฉvenir des phรฉnomรจnes de verrouillage (ยซย latch upย ยป) dans les circuits logiques CMOS, mais vont aussi induire des pertes importantes dans certains รฉlรฉments passifs, notamment les inductances, du fait de leur forte conductivitรฉ.

Fort heureusement, il est possible dโ€™รฉviter lโ€™implantation de ces couches enterrรฉes fortement dopรฉes dans les zones au-dessus desquelles seront intรฉgrรฉs ensuite les รฉlรฉments passifs. Cependant, la couche supรฉrieure du substrat sur laquelle sont fabriquรฉs tous les รฉlรฉments actifs est dรฉposรฉe par รฉpitaxie (Nรฉpi), aprรจs l’implantation des couches enterrรฉes susnommรฉes. Il nโ€™est donc pas possible dโ€™avoir un dopage P- jusquโ€™ร  la surface du substrat pour des raisons รฉvidentes de planรฉitรฉ. Il est toutefois possible de changer les caractรฉristiques de cette couche รฉpitaxiale en procรฉdant ร  l’implantation de caissons de type P (Pwell) ou N (Nwell), utilisรฉs notamment pour la fabrication des transistors MOS. Parmi ces trois configurations possibles, c’est la couche dans sa configuration initiale (Nรฉpi) qui est susceptible de fournir les meilleurs rรฉsultats en terme de pertes pour les รฉlรฉments passifs, puisqu’elle possรจde la plus forte rรฉsistivitรฉ. Ce rรฉsultat sera confirmรฉ lors de l’รฉtude rรฉalisรฉe sur les inductances (cf. ยง 4.4.2).

Les niveaux de mรฉtallisationย 

Classiquement, les filiรจres silicium disposent d’un grand nombre de niveaux mรฉtalliques positionnรฉs sur la partie supรฉrieure du substrat . Ces mรฉtallisations sont gรฉnรฉralement rรฉalisรฉes avec un alliage ร  base d’aluminium. Le niveau de mรฉtallisation supรฉrieur est toujours le plus รฉpais et offre la meilleure conductivitรฉ parmi tous les niveaux disponibles. Son รฉloignement par rapport ร  la surface du substrat est aussi maximal ce qui permet de minimiser le couplage รฉlectromagnรฉtique entre un ruban mรฉtallique et le substrat. Pour tous ces avantages, les lignes de transmission ainsi que les inductances sont alors prรฉfรฉrentiellement rรฉalisรฉes en utilisant ce dernier niveau mรฉtallique. La filiรจre BiCMOS SiGe dont nous disposons est constituรฉe de cinq niveaux de mรฉtallisation.

LE CHOIX DES INTERCONNEXIONS POUR LA BANDE Kย 

Il existe essentiellement deux catรฉgories d’interconnexions pour la rรฉalisation de circuits micro-ondes monolithiques, qui sont la ligne microruban et le guide coplanaire. Historiquement, la technologie microruban a รฉtรฉ la plus dรฉveloppรฉe, tout d’abord pour les applications hybrides, puis pour la conception de circuits monolithiques. Cette technologie d’interconnexions dispose de modรจles analytiques paramรฉtrรฉs fiables et รฉprouvรฉs qui permettent de concevoir des circuits performants trรจs rapidement. Le guide coplanaire a รฉtรฉ introduit par C.P. Wen en 1969. A cette รฉpoque, les recherches รฉtaient surtout orientรฉes vers les frรฉquences centimรฉtriques pour lesquelles le guide coplanaire est moins intรฉressant que la ligne microruban en raison des pertes รฉlevรฉes qu’il prรฉsente. Depuis quelques annรฉes cependant, on le retrouve dans certaines applications millimรฉtriques sur GaAs ou InP, frรฉquences auxquelles ses performances deviennent รฉquivalentes voire supรฉrieures aux lignes microrubans dans ces mรชmes technologies. Le guide coplanaire est aussi reconnu pour sa faible dispersion frรฉquentielle ainsi que pour le couplage rรฉduit entre lignes adjacentes. Sur silicium, plusieurs รฉtudes ont montrรฉ les potentialitรฉs des guides coplanaires. Mais le plus souvent, ces รฉtudes sont rรฉalisรฉes en employant des substrats particuliers, ร  haute rรฉsistivitรฉ [8] ou en procรฉdant ร  son micro usinage [9]. Quelques auteurs ont cependant reportรฉ des pertes comparables aux lignes microruban en utilisant des substrats silicium classiques [10] [11], ce qui rend le guide coplanaire potentiellement trรจs intรฉressant.

Validation expรฉrimentale des simulations รฉlectromagnรฉtiquesย 

L’รฉvaluation des pertes dans les diffรฉrents types de lignes de transmission nรฉcessite un grand nombre de lignes de test pour rรฉaliser des abaques prรฉcis. Ce travail peut aussi รชtre effectuรฉ ร  l’aide de simulations รฉlectromagnรฉtiques (EM), en ne fabriquant que quelques motifs de tests pour calibrer et valider les simulateurs utilisรฉs.

Spรฉcificitรฉs des simulateurs รฉlectromagnรฉtiques employรฉs

Nous disposons au laboratoire de deux logiciels de simulation รฉlectromagnรฉtique qui sont Sonnet et HFSS. Le premier est un simulateur planaire 2,5D employant la mรฉthode des moments qui permet l’รฉtude de petites structures de faรงon trรจs rapide. Le second est un simulateur 3D basรฉ sur le principe des รฉlรฉments finis capable de rรฉsoudre les รฉquations de Maxwell dans un volume donnรฉ. Leur emploi nรฉcessite plusieurs prรฉcautions afin d’obtenir des rรฉsultats de simulation corrects. Avec le logiciel Sonnet, la prise en compte de l’effet de peau dans les conducteurs est rรฉalisรฉe de faรงon analytique en utilisant un coefficient RRF qui traduit l’รฉlรฉvation de rรฉsistance dans le mรฉtal [12]. Sa valeur est dรฉterminรฉe par l’utilisateur au travers d’une relation qui suppose que le courant ne circule que sur une seule face de la mรฉtallisation. Cette approximation est correcte lorsque l’on modรฉlise des lignes microruban dont la largeur du ruban est trรจs supรฉrieure ร  son รฉpaisseur. Pour tout autre type de ligne, l’approximation rรฉalisรฉe n’est plus valable et tend ร  surestimer les pertes. Dans notre cas, l’รฉpaisseur et la largeur du conducteur sont du mรชme ordre de grandeur et le courant passe aussi sur les cรดtรฉs, quel que soit le type de ligne. Il faut donc prendre en compte l’รฉpaisseur des conducteurs [12] et dรฉterminer la constante RRF’ < RRF de faรงon empirique en se rรฉfรฉrant ร  la mesure prรฉcise d’un motif de ligne.

Il existe deux faรงons de modรฉliser l’effet de peau dans le simulateur HFSS. La premiรจre, la plus couramment utilisรฉe, consiste ร  employer une impรฉdance de surface calculรฉe de maniรจre analytique et qui constitue une condition aux limites pour le calcul des champs autour de la structure. Cette technique traduit correctement les pertes par conduction aux hautes frรฉquences mais sous-estime fortement la rรฉsistivitรฉ du mรฉtal aux basses frรฉquences, lorsque l’effet de peau n’existe pas encore. Il est alors nรฉcessaire d’utiliser la seconde technique qui consiste ร  mailler l’intรฉrieur des mรฉtallisations pour calculer de maniรจre physique la pรฉnรฉtration des ondes dans les conducteurs. Cette mรฉthode est trรจs efficace mais nรฉcessite un nombre de mailles trรจs important, ce qui se traduit par des temps de simulations considรฉrablement accrus. De ces deux mรฉthodes, il n’y en a pas une meilleure que l’autre et le choix doit รชtre fait en fonction de la structure ร  รฉtudier. Parmi les critรจres qui vont dรฉterminer le choix de l’utilisateur, on peut citer la prรฉcision souhaitรฉe sur la rรฉsistance รฉquivalente des mรฉtallisations, la taille du domaine d’รฉtude, les frรฉquences auxquelles la structure est รฉtudiรฉe puisque la mรฉthode qui procรจde au maillage des mรฉtallisations possรจde une limite supรฉrieure frรฉquentielle dรฉpendant de la densitรฉ du maillage, etc. โ€ฆ

Validation des simulations ร  partir de mesures sur diffรฉrentes lignes

Dans cette partie nous allons valider les simulations รฉlectromagnรฉtiques sur lesquelles nous allons nous appuyer pour รฉvaluer les potentialitรฉs des divers types d’interconnexions. Pour cela, nous avons rรฉalisรฉ plusieurs types de lignes, pour ensuite confronter les caractรฉrisations expรฉrimentales aux simulations รฉlectromagnรฉtiques. Pour ces simulations, notre choix s’est portรฉ sur Sonnet pour sa rapiditรฉ avec les lignes microrubans. Pour la ligne coplanaire, nous avons prรฉfรฉrรฉ HFSS qui permet de dessiner et de tenir compte de maniรจre plus prรฉcise la couche de passivation. Contrairement ร  la ligne microruban, cette couche a effectivement une incidence forte sur la capacitรฉ linรฉique simulรฉe, et donc sur l’impรฉdance caractรฉristique obtenue.

Les รฉcarts constatรฉs entre les simulations et les mesures (ฮฒ, Zc) rรฉsultent de l’imprรฉcision de la technique utilisรฉe pour l’extraction des รฉlรฉments parasites liรฉs aux accรจs. En procรฉdant selon la mรฉthode suggรฉrรฉe par Eisenstadt, les รฉlรฉments parasites sรฉrie des plots de mesure ne sont pas retirรฉs de la mesure brute et il rรฉside ainsi une incertitude sur la longueur effective de la ligne. Dans le cas d’une ligne de plusieurs millimรจtres de longueur, l’erreur introduite est nรฉgligeable et ne nuit pratiquement pas aux rรฉsultats obtenus. Dans notre cas oรน les lignes sont courtes (1 mm), l’erreur produite sur les caractรฉristiques รฉlectriques extraites est significative. D’autres mรฉthodes de caractรฉrisation ont alors รฉtรฉ envisagรฉes. Nous avons rรฉalisรฉ deux nouvelles lignes accompagnรฉes de motifs de test supplรฉmentaires constituรฉs d’un court tronรงon de ligne (motif ยซย thruย ยป). La premiรจre est une ligne microruban comportant un ruban de 7 ยตm de large. La seconde ligne est un guide coplanaire avec les caractรฉristiques gรฉomรฉtriques suivantes : w = 11 ยตm, g = 4,5 ยตm et wgnd = 50 ยตm. L’impรฉdance caractรฉristique de ces deux lignes a รฉtรฉ fixรฉe ร  environ 50 โ„ฆ.

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Table des matiรจres

INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I : INTERCONNEXIONS ET INDUCTANCES SUR SUBSTRAT SILICIUM BICMOS
1. Introduction
2. Le substrat silicium BiCMOS
2.1 Caractรฉristiques du substrat
2.2 Les niveaux de mรฉtallisation
3. Le choix des interconnexions pour la bande K
3.1 Validation expรฉrimentale des simulations รฉlectromagnรฉtiques
3.1.1 Spรฉcificitรฉs des simulateurs รฉlectromagnรฉtiques employรฉs
3.1.2 Validation des simulations ร  partir de mesures sur diffรฉrentes lignes
3.2 Potentialitรฉ des diffรฉrentes structures de propagations รฉtudiรฉes
3.2.1 La ligne microruban
3.2.2 Le guide coplanaire
3.2.3 La ligne ร  rubans coplanaires
3.3 Conclusion
4. Optimisation des inductances pour les frรฉquences millimรฉtriques
4.1 Les mรฉcanismes ร  l’origine des pertes dans les inductances intรฉgrรฉes
4.1.1 Pertes dans les mรฉtallisations
4.1.2 Pertes dans le substrat
4.2 Un critรจre d’รฉvaluation des performances d’une inductance : le facteur de qualitรฉ
4.3 Influence des diffรฉrents types de pertes sur les performances d’une inductance
4.3.1 Expression du facteur de qualitรฉ en fonction des diffรฉrents types de pertes
4.3.2 Dรฉtermination analytique des diffรฉrentes contributions
4.4 Minimisation des pertes
4.4.1 Les pertes dans les conducteurs
4.4.2 Solutions pour la minimisation des pertes liรฉes au substrat
4.5 Elaboration d’une bibliothรจque d’inductances intรฉgrรฉes destinรฉe aux applications millimรฉtriques
4.5.1 Problรจmes posรฉs par les mesures
4.5.2 Description de la bibliothรจque d’inductances
4.5.3 Mise en place d’un plan de masse autour des inductances
4.5.4 Amรฉliorations possibles
5. Conclusion
CHAPITRE II : TOPOLOGIES DE PAIRES DIFFร‰RENTIELLES EXPLOITABLES AUX FRร‰QUENCES MILLIMร‰TRIQUES
1. Introduction
2. Rappels thรฉoriques
2.1 Modes pair/impair et modes commun/diffรฉrentiel
2.2 Application aux amplificateurs diffรฉrentiels : taux de rรฉjection de mode commun
2.2.1 Dรฉfinition
2.2.2 Equivalence du TRMC avec les รฉcarts en phase et en gain
3. Facteurs limitatifs de la paire diffรฉrentielle classique
4. Conception de paires diffรฉrentielles ยซย hautes frรฉquencesย ยป
4.1 Condition d’annulation du mode pair
4.2 Matrice impรฉdance d’un TBH SiGe montรฉ en รฉmetteur commun
4.3 Application aux trois configurations possibles pour les transistors
4.3.1 Dรฉtermination de l’impรฉdance de couplage optimale
4.3.2 Configuration รฉmetteur commun
4.3.3 Configuration base commune
4.3.4 Configuration collecteur commun
5. Conclusion
CHAPITRE III : ETUDE ET CONCEPTION D’UN DIVISEUR DE PUISSANCE ACTIF 180ยฐ
1. Introduction
2. Dรฉfinitions
2.1 Le diviseur de puissance 180ยฐ
2.2 Paramรจtres caractรฉristiques
3. Un bref รฉtat de l’art sur les coupleurs Si/SiGe
3.1 Coupleurs passifs
3.2 Coupleurs actifs
4. Conception du diviseur de puissance 180ยฐ
4.1 Cahier des charges
4.1.1 Impรฉdances d’entrรฉe et de sortie
4.1.2 Facteur de bruit, gain et linรฉaritรฉ 78
4.2 Description du diviseur de puissance 180ยฐ
4.2.1 Choix de la topologie
4.2.2 Optimisation du premier รฉtage
4.2.3 Optimisation du second รฉtage
4.2.4 Rรฉalisation du dessin des masques
4.3 Rรฉsultats de simulation
4.3.1 Caractรฉristiques linรฉaires
4.3.2 Caractรฉristiques non linรฉaires
4.3.3 Conclusion
4.4 Etude de la stabilitรฉ
4.5 Analyse statistique des dispersions sur les รฉlรฉments du circuit
5. Mesures du circuit
5.1 Le report de la puce
5.2 Technique employรฉe pour la mesure des paramรจtres S
5.3 Rรฉsultats de mesure
5.3.1 Caractรฉristiques ยซย petit signalย ยป
5.3.2 Caractรฉristiques non linรฉaires
5.4 Conclusion
6. Amรฉliorations possibles du diviseur de puissance 180ยฐ
7. Conclusion
CONCLUSION GENERALE

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