Toutefois, il est important de remarquer que le concept même de paysage est une notion polysémique ayant évolué au fil du temps et dont les acceptations sont multiples avec des contenus variables. En effet, ce concept prend racine pendant la Renaissance, au travers des arts, avant qu’une multitude de disciplines scientifiques s’y intéressent, parmi lesquelles l’histoire, la géographie, l’anthropologie, mais également l’écologie. Ainsi, dans le cadre de cette thèse, le paysage a principalement été abordé d’un point de vue géographique, considérant à la fois le paysage physique comme matérialité du tissu géographique, mais également le paysage sensible abordé d’après les perceptions et les représentations des populations humaines qui y résident et le façonnent. Cependant, cela n’a pas empêché de mobiliser au cours de cette recherche des approches relevant de l’histoire, de l’anthropologie et de l’écologie afin de dresser une analyse la plus inclusive possible du paysage, et notamment des dynamiques de déforestation à l’œuvre au sein de celui-ci. Cette démarche découle également d’un choix personnel. Issu d’un cursus en écologie mais défendant cette thèse en géographie, j’ai souhaité par le choix de cet objet d’étude qu’est le paysage, mettre en exergue la délimitation arbitraire et artificielle entre systèmes sociaux et systèmes écologiques dans un contexte de changements globaux auxquels les sociétés humaines, mais également l’ensemble de la biosphère, doivent faire face.
État de l’art : paysage, déforestation et interactions humains-milieux
Les paysages des fronts de déforestation, définis par des espaces naturels forestiers principalement conquis par les êtres humains via l’abattis-brûlis (Oszwald & Demichelis, 2020) sont caractéristiques de nos sociétés extractivistes et productivistes de par le monde. En ce sens, la déforestation est un phénomène anthropique perturbant le milieu écologique et ayant des origines principalement économiques dont l’empreinte est directement visible sur le paysage. Pour ces raisons, l’étude des paysages et des fronts de déforestation nécessite des approches intégrées mobilisant les outils et les méthodes d’analyse aussi bien issus des sciences naturelles que des sciences sociales.
État des lieux de la déforestation tropicale et en Afrique
Les forêts tropicales contribuent aux principaux processus écologiques à l’échelle planétaire, régulent le climat mondial et représentent un tiers de l’activité métabolique à la surface terrestre (Malhi, 2012). En outre, elles fournissent de nombreux services à des centaines de millions de personnes (Edwards et al., 2019), et les êtres humains interagissent avec ces écosystèmes depuis des dizaines de milliers d’années (Malhi et al., 2014). Ces interactions ont eu pour conséquence de provoquer des modifications d’origines anthropiques importantes dans le monde entier depuis la préhistoire (Willis et al., 2004). Parmi les principales activités anthropiques transformatrices des écosystèmes forestiers tropicaux depuis le début de l’anthropocène, reviennent machinalement la conversion des terres en espaces agricoles, la foresterie, la chasse, le braconnage commercial et la surexploitation des ressources naturelles (Gardner et al., 2009 ; Malhi et al., 2014). Concernant la déforestation à proprement dit, en 2020, le World Wide Fund for Nature (WWF) définit 24 fronts de déforestation dans les régions tropicales et subtropicales, lesquelles regroupent à elles seules plus des deux tiers de la couverture forestière mondiale. Ces fronts de déforestation sont caractérisés par une concentration de points chauds où les forêts encore existantes sont elles aussi sous la menace de la déforestation (WWF, 2020). Ils concernent les trois continents abritant des forêts tropicales : le massif forestier asiatique s’étalant sur l’Asie du Sud et l’Océanie (Australie incluse), le massif forestier africain s’étalant sur une majeure partie de l’Afrique subsaharienne (Afrique de l’Ouest, Afrique Centrale, Afrique de l’Est et Madagascar) et le massif forestier sud-américain comprenant l’ensemble du massif amazonien, mais également depuis peu les forêts mexicaines sur lesquelles la pression ne cesse de croître. La déforestation au sein de ces 24 points chauds représente une perte de 43 millions d’hectares de forêts entre 2004 et 2017, toujours d’après le rapport du WWF (2020). Ces forêts tropicales et subtropicales abritent à elles seules plus des deux tiers de la biodiversité mondiale terrestre (Gardner et al., 2009) et pour autant subissent de plein fouet les impacts des activités anthropiques, altérant la qualité des biens et services qu’elles rendent aux populations humaines (Lewis et al., 2015).
Toutefois, ces observations à l’échelle mondiale doivent être nuancées. Les cartes généralement produites sur de vastes zones font bien souvent état de l’ampleur des perturbations forestières, et non de la déforestation réelle. Aucune distinction n’est faite entre les conversions permanentes des forêts, apparentées à un processus de déforestation, et les autres perturbations temporaires telles que les incendies de forêts, la foresterie ou encore les cultures itinérantes (Curtis et al., 2018). Ainsi, entre 2000 et 2015, seuls 27% des pertes de forêts dans le monde pourraient en réalité être attribuées à une déforestation effective (Curtis et al., 2018). Ces chiffres viennent notamment mettre en évidence l’importance de considérer la variabilité des contextes locaux quant à la transformation des paysages forestiers afin d’appuyer les politiques locales. L’impact sur la forêt, ainsi que les enjeux, ne sont pas les mêmes dans le cadre d’une agriculture familiale itinérante que pour une industrie intégrée sur le marché mondial.
Après l’extinction de la mégafaune due à la chasse, puis l’agriculture itinérante de faible intensité, c’est bien les activités agricoles pérennes et intensives, ainsi que les exploitations forestières industrielles, toutes deux intégrées dans un marché mondial, qui représentent aujourd’hui la principale pression sur les paysages forestiers, entraînant notamment leur fragmentation (Lewis et al., 2015). Toutefois les situations sont variables selon les continents, chacun connaissant un modèle de déforestation qui lui est propre.
Parmi la déforestation liée aux marchandises de base, l’agriculture itinérante, la foresterie et les incendies, la perte de couverture forestière en Afrique tropicale est principalement due à l’agriculture itinérante, tandis que de vastes zones en Amérique du Sud et en Asie du Sud-Est ont été touchées par la déforestation liées à la production de marchandises de bases à vocation commerciale (Curtis et al., 2018 ).
Cette tendance est d’ailleurs confirmée par le WWF (2020) : alors qu’en Asie du Sud-Est la déforestation est majoritairement due à la culture de l’huile de palme, en Amérique du Sud les forêts sont ouvertes pour la culture du soja ou l’élevage de bétail, le Brésil ayant pour objectif de redistribuer sa viande sur l’ensemble des marché mondiaux. En Afrique la situation est plus diversifiée. Au niveau de l’Afrique de l’Ouest, ce sont les plantations de café et de cacao qui ont pris le pas sur les espaces forestiers, alors qu’en Afrique Centrale c’est bien l’agriculture vivrière qui représente le principal moteur de la déforestation, dans les deux cas entraînant un mitage du paysage caractéristique de la déforestation africaine. Ce mitage entraîne notamment un processus de fragmentation des espaces forestiers, à l’inverse des fronts de déforestation asiatique et d’Amérique Latine où est davantage observé un véritable recul de la forêt qui s’effectue de manière linéaire. Cette particularité en Afrique reste encore aujourd’hui sous documentée, la déforestation étant davantage étudiée sur le continent sud-américain et en Asie du Sud.
Même si les modèles sont différents, les forêts d’Afrique Centrale restent malgré tout confrontées à des menaces environnementales majeures dont la déforestation et la dégradation des forêts font partie (Abernethy et al., 2016). Toutefois, par rapport aux autres régions tropicales, la déforestation est relativement faible en Afrique Centrale (Achard et al., 2014). En effet, l’exploitation forestière sélective, c’est à dire focalisée sur certaines essences forestières d’intérêt économique, a bien souvent été préférée à la conversion agricole à grande échelle (Mayaux et al., 2013 ; Rudel, 2013). Les principaux facteurs de déforestation identifiés en Afrique Centrale sont l’agriculture itinérante, l’extraction de bois de chauffage, l’exploitation forestière et l’exploitation minière (Abernethy et al., 2016 ; Gillet et al., 2016), même si à l’échelle du continent c’est bien l’impact de l’agriculture itinérante qui prédomine (Curtis et al., 2018). Par ailleurs, la croissance démographique de la population influe directement sur l’ampleur de l’agriculture itinérante en zone rurale, et en zone urbaine la demande en ressources forestières telles que le charbon et la viande de brousse ne cessent de croître. De même, une accessibilité accrue aux écosystèmes forestiers accélère également la déforestation et la dégradation des forêts (Damania & Wheeler, 2015), ce qui est le cas en Afrique Centrale ces dernières années avec une augmentation du nombre de routes ou de pistes à proximité des zones boisées (Abernethy et al., 2013 ; Koerner et al., 2017). Cette tendance est notamment due à l’exploitation forestière sélective. Bien qu’elle ait un impact modéré sur la déforestation, un effet secondaire est l’ouverture et la fragmentation de blocs forestiers continus permettant un accès facilité à des zones reculées (Poulsen et al., 2011). Dans les années 2000, le développement du secteur de l’exploitation forestière industrielle en Afrique Centrale a conduit à une expansion considérable du réseau de routes(Laporte et al., 2007), lequel a doublé entre 2003 à 2019 au sein des concessions forestières(Kleinschroth et al., 2019). Même si ce phénomène est ancien avec la création de routes pour percevoir les impôts et acheminer la main d’œuvre, le développement aujourd’hui exponentiel des infrastructures de transport devrait devenir le principal moteur de la déforestation dans le bassin du Congo au cours des dix prochaines années (Kleinschroth et al., 2019 ; Megevand, 2013).
Les paysages des fronts de déforestation au prisme de la télédétection
Avec le développement rapide de l’imagerie satellitaire ces dernières décennies, la télédétection a véritablement révolutionné l’étude des paysages. Celle-ci permet de couvrir de larges zones et de produire des analyses sur de grands ensembles paysagers. De plus, la qualité des images disponibles ces dernières années, toujours plus précises spatialement, radiométriquement ou temporellement, permet de produire des analyses de l’occupation des sols et de la déforestation aussi bien à l’échelle mondiale (Curtis et al., 2018) et continentale (Mayaux et al., 2004), que sur des zones plus régionales, telles que le bassin du Congo (Mayaux et al., 2003 ; Bourbier et al., 2013). Ces suivis peuvent également être réalisés de manière plus localisée grâce à la disponibilité croissante d’images disposant d’une haute résolution spatiale, comme en périphérie des villes (Sikuzani et al., 2017) ou au sein d’aires protégées (Kyale Koy et al., 2019). En ce sens, l’utilisation de la télédétection, couplée aux analyses par système d’information géographique (SIG), est apparue au fil des ans plus que pertinente pour caractériser la matérialité géographique des paysages, et ce d’autant plus dans les forêts d’Afrique Centrale où les terrains peuvent être difficiles d’accès (Laporte et al., 1995 ; Mayaux & Achard, 1999 ; Mayaux et al., 1999 ; Eva & Lambin, 2000 ; Gond et al., 2003 ; Kerr & Ostrovsky, 2003 ; Potapov et al., 2008 ; Gond et al, 2016). Ainsi, les suivis de la déforestation font quasi systématiquement appel à la télédétection, ce qui permet de dresser rapidement et de manière précise un état des lieux de la situation du couvert forestier (Mayaux et al., 2003 ; N’Da et al., 2008 ; Demaze, 2011 ; Bourbier et al., 2013 ; Gond et al., 2016). Dans une même optique la télédétection est également utile dans la surveillance des feux de brousse (Eva & Lambin, 2000 ; Bucini & Lambin, 2002) et plus généralement dans le suivi des perturbations anthropiques sur la dynamique et la structure des paysages (Oszwald et al., 2007 ; Vancutsem et al., 2009 ; Oszwald et al., 2015). De plus, les dernières études mettent en avant la puissance de la télédétection pour différencier, sur la simple base des statistiques contenues dans les pixels composant les images satellites, les types de perturbations du couvert forestier observées, qu’elles soient issues d’un véritable processus pérenne de déforestation, ou qu’il s’agisse de perturbations temporaires (Curtis et al., 2018).
Toutefois, étudier le paysage uniquement sur la base de données physiques et statistiques contenues dans l’imagerie satellitaire tend à figer le paysage dans le temps et dans l’espace, ne permettant pas d’appréhender véritablement les dynamiques à l’œuvre au sein de celui-ci sur le temps long, ne disposant pas de données avant les années 1970. Même si ces analyses sont essentielles, elles ne détaillent pas la façon dont les populations locales caractérisent, perçoivent et ont utilisé leur environnement et leurs ressources au fil du temps. En effet, même si certaines de ces études se basent sur des données empiriques dans le cas d’analyses plus fines, à l’échelle régionale voire locale, elles peinent à prendre en compte l’aspect social du paysage. Ces recherches intègrent majoritairement des connaissances en physique, en écologie et en agronomie pour produire des cartes d’occupation des sols (Mayaux et al., 2004 ; Sano et al., 2010) et seulement quelques études, pour la plupart récentes, en Afrique subsaharienne ont intégré les savoirs locaux dans des analyses par télédétection au sein de régions présentant une dégradation du couvert forestier (Yiran et al., 2012 ; Sulieman & Ahmed, 2013 ; Tahir et al., 2017 ; Del Rio et al., 2018), et cela est également le cas ailleurs dans le monde (Jiang, 2003 ; Kumpula et al., 2010). Ces contributions démontrent notamment que les analyses par télédétection peuvent être mises en dialogue avec les savoirs locaux afin d’enrichir la compréhension faite des paysages et de leurs dynamiques. Cela permet notamment d’ancrer les résultats et les cartes produites dans la réalité du terrain, et donc de considérer le point de vue et les perceptions des populations et des acteurs qui utilisent et façonne le paysage, ce qui est essentiel pour proposer des programmes de conservation et de développement adaptés aux contextes et aux enjeux environnementaux et sociaux locaux.
De l’importance des sciences sociales pour étudier les interactions humains milieux
L’intégration d’approches sociales apparaît plus que pertinente afin d’étudier les interactions humains-milieux et leur implication dans la dynamique des paysages. Les forêts sont vitales aux sociétés humaines, que ce soit d’un point de vue économique, mais également au niveau sanitaire : en milieu rural tropical, elles sont bien souvent à la fois une source alimentaire pour les populations locales, mais également une source de développement (Hladik et al., 1996). Le développement a très longtemps été purement économique, basé sur une exploitation effrénée de l’environnement, avec des logiques extractivistes et productivistes responsables des grands fronts de déforestations. Cela a participé à définir une économie de l’environnement, lequel se retrouve monétarisé avec une valeur bien souvent dépendante de facteur externes fluctuants, caractérisés par le cours des marchés mondiaux (Vivien, 2007). Même si c’est encore majoritairement le cas de par le monde, depuis les années 1960-1970 et la reconnaissance d’une crise environnementale mondiale, de plus en plus de courants de pensées défendent une économie écologique caractérisée par un développement plus durable et respectueux l’environnement face à une économie globalisée (Vivien, 2007 ; Laurent & Cacheux, 2015). Cette nouvelle perspective défend notamment une pensée systémique, considérant des systèmes complexes ainsi que leurs interrelations afin d’appréhender les interactions entre la biosphère, les activités humaines et l’économie, et ce de manière interdisciplinaire (Froger et al., 2016). Ainsi, le développement n’est plus simplement économique, mais intègre la notion de bien-être et doit devenir socialement durable, c’est-à-dire pouvant être transmis de manière intra et intergénérationnelle (Ballet et al., 2004).
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Table des matières
INTRODUCTION
Partie 1 : Introduction générale
1. Préambule
2. Contexte de recherche et évolution du sujet de thèse
2.1. Parcours universitaire et personnel
2.2. Le projet de recherche et le sujet initial de la thèse
2.3. Choix du terrain d’étude
2.4. Évolution du sujet de recherche et chronologie de la thèse
3. État de l’art : paysage, déforestation et interactions humains-milieux
3.1. État des lieux de la déforestation tropicale et en Afrique
3.2. Les paysages des fronts de déforestation au prisme de la télédétection
3.3. De l’importance des sciences sociales pour étudier les interactions humainsmilieux
3.4. Le paysage comme concept intégrateur des interactions humains-milieux
4. Terrain d’étude : la chefferie des Batéké Nord
4.1. Géographie, environnement et société
4.2. Histoire socio-économique
5. Problématiques et hypothèses de recherche
6. Structure du manuscrit
Partie 2 : Approche théorique et méthodologique du paysage
1. Préambule
2. Introduction
3. Contexte scientifique et terrain d’étude
4. Le paysage, un système complexe : approche socio-écosystémique
5. De la théorie au terrain : approche inductive et méthodologies de collecte des données
5.1. Données qualitatives issues d’enquêtes sociales
5.2. Données socio-économiques quantitatives issues de questionnaires
5.3. Données géographiques
5.4. Données botaniques
5.5. Archives africaines
5.6. Imagerie satellitaire
6. Du terrain à l’analyse des données : approche spatio-temporelle du paysage
7. La transdisciplinarité du paysage : un atout à valoriser
Partie 3 : Analyse du paysage dans ses différentes composantes : land cover, land unit et land use
1. Préambule
2. Introduction
3. Materials and methods
3.1. Study site
3.2. Data collection
3.2.1. Qualitative data
3.2.2. Geographical data
3.2.3. Botanical data
3.2.4. Remote sensing analysis
4. Results
4.1. Landscape structure according remote sensing
4.1.1. Land cover map based on Sentinel-2 satellite image
4.1.2. Quality of the land cover map
4.2. Landscape dynamics based on land units
4.2.1. Land units composing agricultural areas
4.2.2. Land units constituting the forest complex
4.2.3. Landscape dynamics according classification based on land units and land uses
5. Discussion
5.1. Contributions of Sentinel-2 satellite images
5.2. Contributions of local knowledge and practices
5.3. Usefulness of an integrated remote sensing-field observations approach
6. Conclusion
Partie 4 : Analyse géo-historique du paysage et influence des mobilités villageoises
1. Préambule
2. Introduction
3. Materials and methods
3.1. Study site
3.1.1 Geography and environment
3.1.2. History and economy
3.2. Data collection
3.2.1. Qualitative data
3.2.2. Geographical data
3.2.3. Botanical and land use data
3.3. Data analysis
3.3.1. History and typology of village mobilities
3.3.2. Statistical analysis
4. Results
4.1. Local migration histories
4.1.1. Mobility histories of current villages
4.1.2. Archival evidence for village mobilities
4.2. Impact of village mobilities on landscape dynamics
4.2.1. Date of mobility and land cover composition
4.2.2. Distance to current village and land use
4.2.3. Land use and land cover change following mobility according oral histories and botanical data
5. Discussion
5.1. Local history of village mobility linked to oral testimonies
5.2. Implication of village mobility in landscape dynamics
5.3. Contributions to conservation and development programs
6. Conclusion
CONCLUSION